Martin Heidegger, Engänzungen und Denksplitter (GA91)
Stéphane Domeracki enseigne la philosophie au Lycée Galatasaray. Il est l’auteur d’Heidegger et sa solution finale: essai sur la violence de la pensée, publié en 2016 et Nouveaux essais sur l’entendement inhumain, Heidegger et sa solution finale tome II, en 2021. Après le volume 101 (1957-1959), le volume 102 (1963-1970) le dernier des Cahiers noirs de la Gesamtausgabe de Martin Heidegger, publié outre-rhin, en novembre 2021, il revient cette fois sur le volume 91, publié outre-rhin, en décembre 2021.
Martin Heidegger Engänzungen und Denksplitter (GA91) : Compléments et fragments (éclats) de pensée
Un tel titre peut à bon droit suggérer que Martin Heidegger avait savamment concocté un certain ordre temporel de sa publication, afin d’orchestrer la compréhension des œuvres en fonction de ses objectifs sigétiques et métapolitiques : d’abord les structures les plus présentables de sa pensée, puis, petit à petit, de plus en plus de textes gênants, puis carrément offensifs. Pour prendre un exemple simple : aucun des dizaines de volumes publiés pendant les décennies précédentes ne laissait filtrer ni apparaître la moindre référence à ce qui semble pourtant constituer le cœur battant de sa « guerre invisible » : ce qu’il nomme la « métapolitique ». Or, nous voilà en 2022, et ce volume 91 sort où ce terme est largement thématisé, ce qu’il aurait loisible de savoir depuis 1945, mais Heidegger gardait sous le coude les éléments les plus vénéneux de ses spéculations ontologico-historiales. Ils sont ici distillés entre des considérations apparemment plus nobles et plus scolaires où il discute des pensées d’Aristote, Plotin ou des Mégariques, et c’est ce mélange bien connu des genres qui rend sa pensée si dangereuse. Elle présente sans scrupule des éléments plutôt présentables d’histoire de la philosophie, qui donne l’impression que sa pensée est plutôt inoffensive, avec des considérations où, de toute évidence, il tente de mieux comprendre le nazisme qu’il ne s’est compris lui-même. Ce genre de mixtion où de brun et de blanc fait partie de sa stratégie générale pour introduire le nazisme dans la philosophie – parce que sinon, comment ses admirateurs peuvent-ils nous expliquer que nous puissions passer, en quelques pages seulement, d’analyses serrées de textes d’Aristote à des vaticinations sur le sang allemand ? De discussions compassées au colloque de Cerisy à des méditations sur l’aliénation du peuple ? La constitution éditoriale des écrits heideggeriens pour le moins obscure. Et pourquoi tous les fragments de la seconde partie ne sont pas offerts au lecteur avec une datation ? À la limite, si Heidegger avait pour désir que nous ne dations pas son parcours, cela aura au moins mérite de nous rappeler qu’il vaut en effet mieux toujours lire son « œuvre » en rappelant sa cohérence interne. Ici sont mêlés des séminaires des années cinquante où il jouissait d’un vedettariat grotesque, reposant précisément sur la méconnaissance de ses textes extrêmes – et des sortes de brouillons où il élabore son propre nazisme, au début des années trente – – et au moins nous comprenons bien que le tout forme bien un ensemble qu’il ne faut pas chercher à dissocier.
La métapolitique de l’extermination et sa lente élaboration
Dés le premier texte consacré à la métapolitique, il est loisible de ne pas se laisser mener par le bout du nez par tous ceux qui, ayant fait une carrière « philosophique » et universitaire à euphémiser, ont toujours cherché à détourner du surnazisme heideggerien. Nous retrouvons en effet ce qui est le plus brun dans les Cahiers noirs et les traités ésotériques des années trente. Lisons plutôt : « G- La métapolitique comme logique. Le savoir métapolitique. Métapolitique. Dans la discrimination. En tant que logique « authentique ». Convenant à la « politique » et au savoir lui convenant. À la « logique » encore une fois. À la philosophie. À la Weltanschauung. À la croyance écclésiale-religieuse. À la « science ». À toute « pédagogie ». Le savoir métapolitique profond et le plus originaire du Dasein à venir. Le savoir métapolitique et les existentiaux (catégories)» Ce premier texte nous donne en effet déjà des indications importantes. :
a. Les heideggeriens orthodoxes ou inorthodoxes, « de gauche » (sic!), universitaires, dévots ou fantaisistes, ne pourront plus faire comme si la problématique du Legein n’avait pas partie liée avec cette métapolitique de l’extermination, comme la nomme à juste titre Emmanuel Faye. Nous le savions de toute façon déjà depuis les écrits de 1933 et de 1934 avait interprété dans L’introduction du nazisme dans la philosophie : Heidegger cherche à redéfinir le Logos pour le renvoyer à ses scabreuses spéculations para-schelligiennes sur « l’ajointement » qui fondent son manichéisme antisémite, sa cible étant l’insurrection de la subjectivité renégate se « désajointant » de l’amour du Seyn par endurcissement idiotique : ainsi pense-t-il la « prédestination de la communauté juive à la criminalité planétaire » (L’histoire de l’être, p.78, censuré par Peter Trawny à sa sortie en 1998). Cela signifie que toute la littérature secondaire qui pérore sur le rapport de Heidegger à « la logique », « l’énoncé », « le logocentrisme », etc, n’avaient pas accès à une clé herméneutique centrale permettant d’évoquer ces enjeux convenablement. Un droit d’inventaire de toutes leurs approximations s’impose donc. Car s’ils ont bien compris que Heidegger pensait élaborer une logique « authentique », echte, ils ont tendance à la dissocier autant que possible de son nazisme, croyant pouvoir « sauver » cet aspect. Les mauvais lecteurs de Heidegger croient toujours pouvoir imposer le cherry-picking ; cela se fait toujours au détriment de la compréhension de l’ensemble de sa pensée, et surtout de sa cohérence.
b. La métapolitique est présentée comme un « savoir », si ce n’est peut-être le savoir. Ce terme est bien entendu promu comme celui de Besinnung ; au détriment d’autres termes méprisés comme « connaissance », « analyse », « science ». Délire féodal oblige – qu’il est loisible de présenter sobrement comme une simple architectonique, ce savoir métapolitique rayonnerait sur toutes les « disciplines » jugées inférieures : la philosophie elle-même (dont Heidegger appelait à la « fin » pour permettre l’avènement de la métapolitique, justement, dans les Cahiers noirs), et pêle-mèle tout ce qu’il ne cesse de vitupérer : théologie, science-qui-ne-pense-pas, éducation, nazie ou non, d’ailleurs. Combien de professionnels de la philosophie, flattés de se sentir eux-mêmes titulaires d’un tel savoir « supérieur », valideront, ratifieront cette mise au pas et subjugation de tous les savoirs au profit de « la pensée de l’être », quand bien même elle devient nettement nommée « métapolitique » désormais ?
c. L’obsession pour l’hystérologique, l’eschatologique, la messianicité avec ou sans messianisme, est un symptôme des pensées post-modernes et différencialistes, en particulier des nietzschéo-heideggeriens qui s’amusent à coupler ce bazar avec Benjamin. Combien de derridiens vont continuer de suivre ces radotages incessants sur quelque « Dasein à venir » ? La thématique de l’ « à venir » nous paraît ô combien plus dangereuse politiquement, par ses délires projectifs an-archique, que quelque « phonophallogocentrisme » archique de la « métaphysique de la présence ». Ici cet « à venir » auquel il faudrait offrir une belle « hospitalité » selon certains, est clairement lié au « savoir métapolitique », autrement dit, au surnazisme par lequel Martin Heidegger radicalise et justifie à sa façon la « mission destinale » nazie.
d. Le savoir métapolitique est relié à l’analyse des existentiaux telle qu’elle apparaît dans Sein und Zeit ; voir un Jean-Claude Monod croire pouvoir trouver dans la pensée de Jacques Bouveresse, une sorte de reconnaissance que cet ouvrage serait en quelque sorte protégé, comme par un cordon sanitaire, des enjeux antisémites et extrêmes apparaissant juste après, est tout simplement comique. Le désir ardent de « sauver » une partie de Heidegger de sa métapolitique paraît à chaque nouvelle publication plus sujette à caution, au point que nous inviterions désormais plutôt un tel admirateur de Schmitt à nous montrer ce qui ne serait pas du tout prédisposer au nazisme dans Être et temps. Notre hypothèse est toujours que cet écrit de circonstance universitaire était déjà sigétique : sous Weimar, Heidegger protégeait sa carrière, et ne pouvait trop écrire d’horreurs sans les cacher, les euphémiser au maximum. Beaucoup demeurent alors dupes de ces enjeux, justement, métapolitiques, de sa guerre invisible. Pas Emmanuel Faye, là encore, qui dans un exceptionnel article sur le rôle des existentiaux et des catégories, comprend que dés 1925-1927, Heidegger est déjà prêt pour l’hitlérisme (« Des catégories aux existentiaux : la destruction programmée de la philosophie »)
Heidegger est amené à regretter que plus personne n’y comprenne rien : « Ce qu’il y a de plus compromettant dans le tournant », écrit-il, c’est que « le on s’enlise dans l’approche interrogative d’Être et temps » (p.720). Les chercheurs les mieux disposés ne semblent pas comprendre quand « le Sein devient proéminent par rapport au Dasein (et non plus le Dasein sur le Sein) » : le Hauptwerk fut si apprécié que tout le retournement impliquant le Geschcick des Seins et ce qu’il implique (accomplir le premier commencement jusqu’à son nihilisme technique extrême) semble escamoté. À la page suivante, Heidegger lie de façon nette cet envoi destinal aux « processus de production économique » et de la « superstructure idéologique ». Que les Gérard Granel de 2022 ne s’enthousiasment pas trop, Heidegger n’est pas devenu marxiste : très vite, ceci est rapporté sans surprise au Ge-stell, cette manigance qui tire profit de tout en le cadrant, ce, « aussi bien » dans le cadre d’imposition de la « politique communiste » que des « démocraties occidentales » (p.721) Il conclue ce texte : « le plus menaçant n’est pas la révolution sociale plutôt bien avant tout et seulement la souveraineté de l’im-position ». Le « dis-positif » qui dispose de tout et de tous joue exactement le même rôle que la Judentum qui tire profit de tous les protagonistes des guerres et des temps de paix dans les Cahiers noirs. Heidegger propose bien sûr juste un nouveau mot-couverture. Le « politique » n’est jugé qu’en tant que moyen de l’organisation et du « disposable ». Du reste, toute « institution » (ibid.) qu’elle ressorte de « la culture » ou de « la nature », tombe sous ce joug occulte et ne peut lutter d’égal à égal avec elle. Sur ce point, Heidegger semble avoir évolué entre ses années hitlériennes et les années cinquante : « Ni la dictature ni la démocratie ne correspondent au « monde » régnant dans le quadrillage » (p.722) L’échec du nazisme l’amène à penser que la juiverie serait tellement puissante et diabolique, que même ses pantins les plus enjuivés, les dictateurs, n’arriveraient pas à déployer ce contre-coup permettant l’anéantissement. La métaphysique de la présence que cherche tout autant à déconstruire Derrida est décrite comme gigantesque boursouflure : « la présence du présent règne en maître comme disposition de tout fonds et prend déjà des dimensions interplanétaires à travers la documentation historique universelle » (p.553) La métapolitique qui décrit ces processus doit le faire à partir d’une nouvelle façon de penser le legein, le colliger. Le logos reconceptualisé de façon surnazie est présenté comme la «jointure fondamentale (Grundgefüge), le procès (Verfahrung) et le modelage (Gestaltung) du völklichen Dasein» (ibid.) ce qui permettra de surseoir à la capture et l’emprisonnement pas une malfaçon et contrefaçon ancienne du Logos par « la technique » : la manigance, Machenschaft. Comme Derrida plus tard, Heidegger compte faire imploser la logique afin de désabriter le principe de domination qui y gît et commande en retrait. Le logocentrisme qu’il combat vers 1932 appelle une nouvelle compréhension du legein qui lie les membres du peuple. Le « savoir » qu’il prétend détenir, dit-il, ne vient pas qu’en tant que « supplément », mais plutôt comme pro-éminence (Vor-Sprung, jeu de mot avec le « saut en avant ») et disposition (Vorhalt, ce terme désignant aussi bien la « réserve » -cela va plaire aux derridiens qu’un « aval », l’accord donné à une décision).
La métapolitique est décrite à la page suivante comme une nécessité d’être woke, comme Erweckung, « éveil et pré-construction du savoir prétendant au Völklich-étatique. » : cette attention à l’éthnicité et aux personnes racisées ne pourra que séduire nombreux lecteurs d’aujourd’hui. D’autant que cette « relance », ce « réveil », l’Erweckung est encore rapportée à la suite à une redéfinition de « la logique » qui court et s’impose depuis Platon et le logocentrisme, qu’il faudrait « zürückbinden », ré-initialiser. C’est le fameux thème de la répétition par laquelle lui comme Derrida font croire que la déconstruction ne serait pas destruction : plutôt un retour, une régression, permettant de « libérer » des aspects inaperçus et décisifs. L’aube dorée interviendra une fois l’Allemagne émancipée de ce carcan invisible à déconstruire : celui de la logique re-pensée, relancée.
La partie suivante intitulée : « Métaphysique : métapolitique du Volk » ; il précise rapidement que ce ne sera « pas une correspondance rigide et externe à la métaphysique » ; il essaie plutôt de méditer la politique à partir du « Dasein historial du peuple » en « l’exposition de sa volonté » : la « fissuration » (Zerklüftung) du Sein. Il est désormais connu que Heidegger présente une équation très claire entre Seyn et Volk. Mais ici la graphie est encore Sein : elle indique que le peuple est encore jeté dans la douleur d’être ex-proprié improprement – mais encore insuffisamment. Plus tard, Heidegger appellera à aggraver cette fissure et cette douleur, estimant que le nazisme serait la chance de cet enjuivement plénier par lequel seul, paradoxalement, il serait possible de trouver transition vers un nouveau commencement, par une solution finale à l’inessence du premier commencement. Mais déjà appelle-t-il à l’initiative (Vorstoß) et à la « traversée » (Übergang) de cette fissuration. Juste à coté de ces notes laconiques, il note le « péril » ici présent : « Treue (zum Schicksal.», loyauté, fidélité à l’envoi destinal.(Rappelons le slogan des crétins hitlériens de la Waffen SS: « Meine Ehre heißt Treue », soit « Mon honneur s’appelle fidélité ».) « Trotz (der Fragwürdigkeit) » : « en dépit (de son caractère douteux) » Fragwürdig est souvent traduit par « ce qui est digne de question » en un sens philosophique noble, alors qu’il y a bien la connotation du « douteux » au sens du malsain. Il s’agirait pourtant de comprendre ce que signifie Fragen pour leur cher surnazi de Messkirch : « Das neue Fragen – nich mehr nach Wesen und inneren Möglichkeit, sondern Mut zum Auftrag und nur diesem » (p.175) « Le nouveau questionnement – plus que l’essence et sa possibilité intime, mais plutôt sur le courage pour la mission et seulement cela ». Les heideggerolâtres sont évidemment assez sots pour croire que cette Auftrag serait une tâche purement intellectuelle : celle de la méditation. Ce terme, invitant à « porter » quelque chose à jour, a pourtant une teneur nettement plus menaçante et sinistre pour quiconque à compris la « logique » de l’autoanéantissement du judaïque par le « judaïque » (le national-socialisme) dans les Cahiers noirs. Mais si en totale incompétence, les interprètations périmées tiennent à ce que cette « mission » demeure « spirituelle », voilà ce qu’en notait le regretté Nicolas Tertulian en 2007 : « La révolution, à ses yeux, ne peut pas être purement politique (ce serait rester à la surface des choses), mais elle doit être surtout spirituelle : sa pensée se veut l’expression de cette « mission cachée » (verborgener Auftrag) du peuple allemand. Une fois destituées l’ancienne métaphysique de la subjectivité, ainsi que sa dernière excroissance (le règne de la manipulation, de la Machenschaft) sont remises en cause, par voie de conséquence, les formes sociétales qui en découlent : les sociétés libérales-démocratiques, au premier chef, mais, plus globalement, l’« américanisme », aussi bien que le « bolchevisme », dernier avatar du règne de la Machenschaft. » (« Heidegger entre philosophie et histoire contemporaine », in Cahiers philosophiques, 2007/3, 111, p.12). Le thème de la résolution, déjà présent dans Être et temps, est sans surprise rélié aux enjeux de la métapolitique du peuple (GA91, p.147), l’Ent-Schliessung devant se jouer en instant clé, Augenblick de la dé-cision discriminante. Mais Heidegger se pose des questions délicates. Il se demande tout de même à la même page s’il ne faudrait pas choisir entre « métapolitique » ou « métaphysique », et si ce ne seraient pas tout de même des Fremdworte, des mots étrangers, ce qui n’est pas forcément recommandable à l’époque de Dachau. Mais il est rassuré, Phusis et Polis semblant bien affirmer le « sol », Boden, et le domaine, Bereich. L’essentiel étant de comprendre que la « métapolitique » ne serait pas ce qui viendrait de façon « rétroactive, ultérieure » mais le retourné, l’inversé » (« Nicht Nachträgliches, sondern umgekehrt »). Il faudrait bien être candide pour croire que ce qui serait ainsi à retourner – enfin, surtout à renvoyer à l’envoyeur dans son néant – serait Parménide ou quelque autre présocratique… « Meta, mit- und unterher », s’empresse de préciser Martin : « par-delà, accompagner avec »., « Et poursuivre, précéder (« ») Apparemment il y a quelque chose d’ainsi imposé dont il se demande où il faudra le mettre « wohin damit gestellt ? » qui n’appelle « pas à repousser et à déprécier la politique », « mais à la retourner ! » (« Nicht das « Politische abgedrängt oder herabgewürdigt, sondern umgekehrt ! » La politique, en particulier dictatoriale, pour Heidegger, est intimement correspondante au monothéisme judéo-chrétien, c’est ce qu’il écrit dans ses Anmerkungen. La disqualification morale de l’hitlérisme n’a donc aucun sens à ses yeux, il entend plutôt, par sa métapolitique, penser ce qui est censé se re-tourner en et par la « mission » confiée au national-socialisme. Dans le même fragment, il lie laconiquement « Dasein -Sein ». Ce trait d’union signifie pour ceux qui n’y comprendraient rien que la facticité missionne l’Allemand à se jeter littéralement dans le premier commencement – le Sein, pas le Seyn, seule façon d’en finir avec l’inessence qui le parasite, qu’il faut mener à son accomplissement pour s’en débarrasser. En ce sens, Heidegger comprend la fonction méta du métapolitique pas tellement à la lumière habituelle de quelque transcendance, lumination ou idée, mais comme, « ciselure éclatée avec fissure – entraînant la déchirure ouverte » (« sprengende meisselung mit Riss -aufreissender, hineinreissender mitriss ») Il y a ici beaucoup à expliquer, mais en gros Heidegger accuse l’insurrection de la subjectivité juive de diffuser le « bris » « criminel » (même racine en allemand, Brechen, Verbrechen) au sein de l’amour ajointé du Seyn, et incite les nazis à être encore plus « juifs » en ce sens et « d’aggraver la fracture » pour mettre fin à la facture, à l’endettement envers le premier commencement. D’ailleurs, dans les lignes suivantes de ce nouveau volume auquel nous nous référons, il fait référence à la magouille juive avec l’un de ses termes favoris : « Was dieser Geschäft [ist] und worin er ruht und von wo ihm Raum und Macht sich bestimmt » : Qu’est-ce que qu'[est]cette entreprise/ ce business, où elle repose-t-elle et d’où l’espace et le pouvoir sont-ils déterminés » (ibid.) Il se demande ce qui y est « protégé et conservé » en de « l’ininterprété et ininterprétable » : une sorte de mystère bien gardé. La métapolitique de l’extermnation heideggerienne est une paranoïa en roues libres qui cherche à désabriter un ennemi spirituel invisible. D’aucuns auront la sottise d’y voir une sorte de pensée du soupçon pouvant éventuellement inspirer des « déconstructions » et susciter quelques « éveils » «an-archiques » contre les « dominations ». Ce sont pourtant tout simplement des éléments d’une sorte de surantisémitisme complètement délirant. Ici, Heidegger en est persuadé : l’aveuglement des nazis se trouve tout entier dans son incapacité à saisir avec ce qui se joue d’ancien et qu’il faut « porter » à son acmé, qu’il faut réaliser : « Cela seul au fond porte les débris, la hâte et la béance du jour », estimant d’ailleurs que « plus authentique est ce jour (politique), plus haute et plus riche est la nuit » (ibid., p.175-176.) Autrement dit : Hitler doit pulvériser ce qui pulvérise : la machination juive, « la technique », ce serait l’action poïétique salutaire du nazisme. Heidegger écrit d’ailleurs juste ensuite : « Die Metapolitik als das produktive Politische ». Tous ceux qui continuent de nous le présenter en contempteurs de la technique et du « faire », de la « fabrication », n’y comprennent comme prévu rien du tout. Heidegger compte bien retourner le Ge-stell (il écrit nettement que le Wendeort, le site de revirement sera bien lui à la page 627) et la manigance contre ceux qui l’ont lancé, c’est tout le sens de sa pensée (s’) expliquant (avec) le nazisme. S’il définit « l’essence de l’homme comme combat (Kampf), souci et résolution » en rapportant cette définition à l’entente du Sein (« Seinvestandnis ! » souligne-t-il), c’est tout de suite pour rappeler la « danse macabre » s’engageant dans le gigantesque entre le judaïque et le « judaïque » (le national-socialisme » : « Créez les grands et essentiels ennemis (adversaires) et grandissez avec eux » (ibid.) La « juiverie » est accusée de se susciter un correspondant terminal aussi bouffie, boursouflée qu’elle dans la volonté de volonté, pour que ces deux tumeurs co-enflent l’une avec l’autre, jusqu’à auto-anéantissement. N’y comprenant rien et se laissant mener par le bout du nez par cette coadversité, les nazis et leurs soutiens du style de Schmitt seraient bien loin de saisir tout cela : « L’étroitesse bourgeoise-libérale de ceux qui portent actuellement la politique – par des tâtonnements ! » (ibid.) Contre leurs demi-mesures, la métapolitique se devrait d’être « complet renversement » des sciences (p.177) méditant le versement de l’idéologie nazie dans le raciale, le « naturel » et sa domination : cela n’est pas questionné, cela reste Fraglos, reçu et pris comme une évidence par la Weltanschauung des Volkes (ibid.) qui reste aussi pris dans les rets de la Gesellschaft. Heidegger entend mieux penser le peuple que ses petits potes nazis, mais aussi le « sang » ; une note (p.186) semble le prendre très au sérieux, qui l’interroge à partir de la volonté d’institution, les limites de ses possibilités, et ses prétentions au savoir : le « sang », note-t-il, « ne pas être calculé rationnellement du tout, donc ne peut pas non plus fixer la limite – mais ériger la disparité la plus originaire, proche et la plus grande possible, la plus contraignante et créative de l’esprit à partir de la racine commune » (« gar nicht rational auzurechnen, daher auch nicht die Grenze setzen – wohl aber die ürsprunglich verwandte und grösstmögliche -bindende -schöpferische Gegensätzlichkeit des Geistes aus der gemeinsamen Wurzel aufrichten ! ») Tout un programme, que le point d’exclamation final ne semble pas franchement présenter comme l’habituel « refus du biologique » par lequel on croit toujours devoir présenter Heidegger, qui est resté durablement fidèle à son ami Eugen Fischer.
Les poubelles de l’historial : les nazis face à leurs ravisseurs
Il y a d’autres passages pour le moins (d)étonnants disséminés un peu partout dans ce fatras. Leur compréhension implique d’avoir bien lu les écrits qui leurs sont contemporains. Ainsi de celui-ci, qui va l’amener à citer une drôle de référence. « L’assurance pour la nécessité du Dasein, quotidienneté et coutumes, mos : vetustate probata consuetudo . La volonté respective de décision et de disposition pour la décision» (p.172) Ce terme de « décision » revenait de façon interminable pendant la révolution conservatrice, mais prenait une résonance bien plus sinistre dans les mois où Heidegger conseillait à son frère de lire Mein Kampf. La citation en latin dit que « les mœurs sont coutumes de longue date » : l’idée qu’un certain affermissement de l’habitude, de la tranquillisation en la quotidienneté se joue par d’anciennes coutumes, certainement à dé(cons)truire puisque c’est leur durable présence qui fait la loi. C’est ici une citation de l’ecclésiastique Isidore de Séville, auteur d’un délicieux De fide catholica contra Iudaeos (« Sur la foi catholique contre les juifs »). Connu pour avoir largement contribué à la conversion Wisigoths, majoritairement ariens, au christianisme trinitaire, son épiscopat fut marqué par de dures lutte antijudaïques. Tout prosélytisme juif est en effet puni de mort ; il n’admet aucune célébration de fête juive, il refuse le shabbat, etc. Charmant personnage donc (comme l’antisémite enragé Abraham a Santa Clara pour lequel Heidegger avait consacré son tout premier et son tout dernier écrit). Ailleurs, Heidegger rappelle que le nihilisme qui se maintient et jette des millions d’individus dans les divers Weltanschauungen comme le bolchévisme pro-vient d’une machination plus radicale, ancienne et tenace : « L’homme et l’aliénation – dispersion et masses, Russie – – parce qu’en ce qui y est essentiel, jamais surmontée que de manière conflictuelle mais équivoque, et subjuguée en cela par le ravissement, le rapt » (GA91, p.184) Jouant comme à son habitude sur les mots, il lie cet « enlèvement » qui dépossède de sa puissance la germanité, Entrückung, pour le lier par une flèche dans son manuscrit à Rückgang, recul, régression – ce qui est certainement à lier au fameux Schrittzüruck auquel il appelait aussi. L’homme est aliéné parce qu’il est em-porté depuis des millénaires par une engeance dont il ne risque pas de se départir simplement en le combattant frontalement, l’anti- d’un anti-sémitisme trop direct ne faisant que renforcer cette étrangèreté spectrale, spirituelle de la manigance, l’affermir, ce qui implique des stratégies sigétiques plus contournées. Un fragment intitulé ἀ–λήθεια fait encore état de cette nécessité de rependre à son compte la « fabrication » juive pour lui opposer un contrecoup, un contrepoint, pour que de la souveraineté (écrasante, « überwältigend » est-il écrit à la page précédente) du Sein parasité par le judéo-chrétien un passage puisse se faire faire un Seyn bien teuton et un étant réstitué -oui, au sens d’une Tiqqun : « Qui accomplit et administre l’advenir ? L’homme comme Da-sein. Comment le cèlement et le décèlement sont d’autant plus jetés, comment indique l’être-jeté, comment se forme l’émergence du Seyn et du sur- étant en l’œuvre – bien mieux re-tournée– et comment cela constitue le régner du monde en contrepoint de ce ravissement » (p.517) « Wer vollbringt und verwaltet das Geschehen? Der mensch als das Da-sein. Wie Verborgenheit und Unverborgenheit zumal gerworfen sind, wie Geworfenheit diese besagt, wie sich im « Heraus »-treten des Seyns das Seyende zum Werk bildet – besser umgekehrt- und wie dieses als Entgegen aus der Entrückung das Walten der Welt ausmacht. » L’œuvre, la production à bien mieux retourner à l’envoyeur, ce n’est pas franchement une œuvre d’art, sauf peut-être aux yeux de Heidegger : c’est celle que « la technique » (contre)- façonne, que les nazis sont appelés destinalement à accomplir pleinement, comme contrepoint au ravissement originaire. Il est rappelé un peu plus loin (p.528) que l’essence de la technique est le Gestell comme déni, refus de l’expropriation en l’Ereignis, et après d’énièmes considérations scabreuses sur la bombe atomique, un fragment intitulé « Gestell et université » montre que cette dernière n’a plus que le caractère de Bestand-Stück, terme par lequel il était aussi loisible de décrire les cadavres dans les chambres à gaz, comme « pièces d’un stock » : « Malgré toutes les tentatives à partir de là pour amorcer un retour là-bas, un penseur doit aujourd’hui laisser l’université à elle-même – à savoir à son caractère de pièce de stock du Gestell qui se dessine – ce, même au péril que, dans cette institution et à travers elle la génération montante soit exclue de ce qui est. » (p. 529, « Trotz aller Versuche von dort, ein Rückkehr dahin einzuleiten, muss ein Denkender heute die Universität sich selbst überlassen – nämlich ihrem unaufhaltbaren Bestand-Stück-Charakter innerhalb des erst herauskommenden Gestells, – auch auf die Gefahr, dass in dieser Institution und durch sie das aufwachsende Geschlecht von dem, was ist, ausgespart »). Ce volume montre que le Gestell désigne aussi bien le journalisme, le monde de la littérature, la sociologie, la démocratie, pêle-mêle tout ce qu’il exècre. Ce n’est évidemment pas une surprise pour quiconque a parcouru un peu sérieusement les Cahiers noirs : l’espèce de gnosticisme acrimonieux de Martin Heidegger lui permet de multiplier les insultes à l’un contre un monde im-monde, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui, aujourd’hui, de la « gauche » déconstructrice aux néo-fascistes, prennent une vitupération répétitive contre le néo-libéralisme pour une démarche philosophique en soi – quitte à ratifier des énoncés antisémites et négationnistes au passage.
Heidegger pour exécrer le monde actuel
Lui qui désirait mettre fin à la philosophie pour faire advenir la métapolitique ne pouvait qu’enrager en voyant l’affairement « culturel » entourant cette discipline se renforcer. Que penserait-il aujourd’hui de ses défenseurs comme Mickaël Foessel ou Jean-Claude Monod se donnant en spectacle sur France Culture ou dans des conférences publiques organisées par Philosophie magazine ? « Comme d’autres industries du divertissement, la philosophie et la psychologie ont aussi besoin de leurs défilés de mode et de leurs foires. Là sont montrées les dernières robes de l’insouciance ; ici la vanité est célébrée. Sinon, on les appelle des congrès. » (p.531) Pour quelqu’un qui se donne littéralement en spectacle à Cerisy (le colloque est proposé à la lecture dans ce volume) et qui s’est prêté comme Derrida au jeu ridicule des photographies plus qu’aucun autre, il y a vraiment de quoi sourire. De fait, sa sigétique l’amènerait certainement à être ravi d’être lui aussi l’objet d’un affairement de la société du spectacle, et une industrie littéraire fait un bon business à partir de lui comme Gallimard à partir des écrits de l’antisémite Céline. Le retour en grâce des auteurs d’extrême-droite passe en effet par cette propension de la société du spectacle à faire feu de tout bois, jusqu’à normaliser et euphémiser de bois qui prépare déjà les prochains bûchers et échafauds. Les obsédés du décolonialisme qui passent leur temps à demander à l’Occident, aux USA et à Israël des actes de contrition et d’auto-déconstruction tiendront des discours similaires à ceux de néo-fascistes comme Douguine pour réclamer la fin de l’impérialisme pour un monde multipolaire. Carl Schmitt, que les deux ont tant vantés, est désormais lu assidûment en Chine, et Heidegger semblait d’avance se réjouir de la montée en puissance de ceux qui pourraient mettre fin à l’américanisme : « La Chine vient – comme unique peuple-monde. La revenance finale de Lao Tzu. A l’heure où le on dénonce à l’aide du droit un racisme dont il a complètement enduré le caractère magouillé, il ne peut plus même soupçonner – encore moins penser – à la haute pensée de la capacité d’un peuple à se déterminer. L’envers photographique : le méli-mélo, la mixture des américains. » (p.667, « China kommt -als einziges Welt-Volk. Zu einer Zeit, da man mit Recht einen vollendeten machenschaftlich-erfahrenen Rassismus verurteilt, blendet man sich selsbst, um nichts mehr zu ahnen – geschweige denn zu denken – vom hohen Gedanken der Bestimmbarkeit eines Volkes zu im selbst. Das Gegenbild : das Gemengsel der Amerikaner ») Heidegger avait à l’évidence encore à travers la gorge la victoire des alliés et l’imposition d’une démocratie marchande en sa chère Allemagne. Il faut aussi rappeler que s’il semble s’en prendre ici au racisme, c’est uniquement parce qu’il a montré dans les Cahiers noirs que l’obsession pour le racial serait de pro-venance juive, et que pour lui l’américanisme enjuivé est tout simplement « horrible ». Sa simple référence méprisante au melting-pot suffira à relativiser sa défense de l’éthnique, qui ravira pour autant tous les esprits de clocher et les consanguins narcissiques haïssant le cosmopolitisme. Beaucoup d’entre eux attendent de ses « méditations » de pacotille que sa « dictée » annonce ce qui serait susceptible de les faire frétiller politiquement. Mais déjà, Heidegger précise que sa « saga » n’a rien de « prophétique » (p.713), et pour cause, puisqu »elle voue aux gémonies le prophétisme juif rapporté à « la technique ».. À la suite, sa « Sage », qui a tout l’air d’un « Diktat » plus que d’une « dictée de l’être », tient à se différencier du « souci historiciste pour l’antiquaire », de quelque « mise en scène d’une renaissance de la pensée présocratique », de « l’escompte d’une époque dialectique » ou de toute tentation à « dénier l’historial (par une incompréhension historiciste) ». Page 715, ce risque de nivellement par les historiens est clairement rapporté au « journal », aux « informations » (Nachricht). Son négationnisme historial lie sans scrupule l’activité des sciences historiques avec le monde médiatique comme « détournement sans méditation de l’historicisme absolu » (ibid.) Les complotistes du jour apprécieront au moins autant que ceux qui se plaisent à légitimer et à maintenir les divers révisionnismes. « La pensée » heideggerienne se concocte sa propre « Histoire ». Elle consiste toujours à « laisser » crever l’inessence du premier commencement. « L’historial demeure : la garde de la brusquerie de l’envoi destinal », lequel est voué à sombrer à pic dans l’Ereignis. Or, cet avènement appropriant est rapporté constamment au Ge-stell. Heidegger sauvegarde donc bien son schéma des années nazies où la « manigance » technique doit « nécessairement » s’auto-anéantir Il invite en tout cas en permanence à garder en ligne de mire cette ancienne insurrection de la subjectivité renégate contre l’être, qui permettrait même de penser les dérives de la physique moderne. Alors qu’il entre en débat avec la physique quantique et Heisenberg, il rappelle : « Une auto-illusion évidente et donc répandue de la physique pourrait encore vouloir se sécuriser en venant essayer de faire admettre que son affaire et intention d’une formule du monde ne concerneraient que la nature matérielle et laisseraient intacts les intérêts de la culture et de la religion. Tout d’abord, le on aimerait à répliquer : Mais l’application et l’effet technique dans l’industrie nucléaire prouvent que la conception nucléo-physique de la nature a des conséquences destructrices pour le changement de l’état du monde. Cette référence est inutile car elle ne reflète pas les vrais faits, parce que la conception moderne de la nature, dans son prélude comme dans sa dernière conséquence débridée (zügellosen) à la physique nucléaire, a à vrai dire déjà consumé l’ensemble des étants, parce que cette science procède (stammt) de l’essence disposée (gestellhtaften) de la technique moderne, essence plus initiale que la physique et la technologie ; elle éclaircit et en même temps contrefait (verstellt) les «étants » au sens de l’événement, c’est-à-dire de la fugue d’une relation (Verhältnis) in-finie » (« La provocation pré-destinée (Geschickhafte) dans le commander et la physique moderne »), pp.565-566). Heidegger ne s’en prend donc pas qu’à Einstein et aux prémisses historiques de la physique moderne, mais toujours à une sorte de crime ontologico-historial originel, celui d’une dissociation insurgée d’un « mauvais infini » idiotique et « débridé » ayant toujours-déjà-rompu le « rapport » (« Verhältnis » en lequel l’animal rationnel ne se tient pas : p.741) de co-appartenance intime au Seyn. Son antisémitisme tient dans le manichéisme qui résulte des violentes critiques à l’encontre de cette aséité renégate, ingrate, qui délie et même brise tout l’ajointé et l’amour de l’offrande. En marge de ce passage, il renvoie au passage d’un essai d’Heisenberg où il croit détecter le « lautlose unmittelbare Tönen des Geschicks im Gestell » : le bruit silencieux et immédiat de l’envoi destinal dans le Gestell. » (ibid.) L’ancienne machination judaïque contre laquelle il mène sa « guerre invisible » implique une écoute de ses derniers échos, et son complotisme ne peut voir en la toute dernière modernité que des avatars de cette malignité. C’est toute la folie de l’écriture heideggerienne, qui dés lors séduit tant tous ceux portés à confondre soupçon et paranoïa, critique des abus de notre monde et exécration généralisée de tout ce qui s’y présente. Nous ne prétendons pas ici avoir résumé tout ce que Heidegger a cherché à diffuser à tous les vents pour la postérité, où des spéculations nazies pathétiques sont mêlées à des méditations sur la science et sur l’art, comme si elles avaient un statut aussi digne. Un premier parcours de ce volume très dense mêlant des écrits des années trente à ceux des années cinquante permet toutefois de voir affleurer des passages décisifs que la métapolitique éditoriale de Heidegger destinait à l’extrême droite de demain – et d’aujourd’hui. Songeons à l’usage que pourront faire de tout cela un Aleksander Dugin ou n’importe quel complotiste halluciné – et demandons nous ce que fait un tel auteur toujours recommandé à la lecture en classe de terminale.
Merci à Sidonie Kellerer de m’avoir procuré ce volume.
Stéphane Domeracki, lycée Galatasaray d’Istanbul