Cette histoire que Vincent Reynouard préférerait oublier

Le Vendredi 16 juin 2023, 80 ans après la mort tragique de leur grand-mère, Debbie, Joanne, Christine, John et Betsy, les cinq petits-enfants d’Alice Simon, gazée, en 1943, par des scientifiques nazis au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, se rendront des États-Unis au Bureau du district de Tübingen, suite à l’invitation de l’historien Hans-Joachim Lang, pour une discussion publique. Cet évènement se déroulera une semaine après la décision des autorités écossaises, du 8 juin 2023, d’extrader ou non le négationniste français Vincent Reynouard qui continue de nier l’existence de la chambre à gaz alsacienne.
Vincent Reynouard, négationniste français, exilé en Grande-Bretagne depuis plusieurs années, est maintenant en prison en Ecosse. Il attend son audience prévue le 8 juin concernant son éventuelle extradition en France. Il a fait la demande de ne pas être extradé. Pouvez vous nous en dire davantage ?
Stephanie Courouble-Share : Vincent Reynouard, anciennement enseignant en mathématiques radié par l’éducation nationale en 1997, a été condamné définitivement à un an de prison pour négationnisme en 2015. Pour échapper à la prison en France, il s’est exilé en Angleterre.
En Angleterre, Vincent Reynouard reste très actif. Il tient un blog, publie des pamphlets et propage sa haine antisémite et négationniste sur les réseaux sociaux. En 2020, il gagne le « prix international Robert Faurisson », une reconnaissance pour lui auprès de ces acolytes négationnistes. À la fin de l’année 2020, il reçoit un don inattendu de 23 000 euros d’un donateur avant que ce dernier ne se suicide. Ce don aide Reynouard dans sa fuite, malgré les condamnations qui continuent à s’accumuler en France : en 2020, il est condamné à 4 mois de prison pour contestation de crime contre l’humanité.
Suite à un long travail tant juridique qu’opérationnel mené depuis août 2020 par l’Office Central de Lutte contre les Crimes contre l’Humanité (OCLCH), un mandat d’arrêt européen pour multiples infractions a été émis contre Reynouard. Une première tentative d’arrestation échoue en 2021, et Reynouard parvient à échapper à la police britannique qui tente de l’arrêter. Cependant, il est arrêté par la police écossaise en novembre 2022 dans un village côtier d’Anstruther, au bord de la mer du Nord, alors qu’il séjournait sous une fausse identité.
La justice française demande à la justice écossaise son extradition. L’avocat de Reynouard, Paul Dunne, a fait savoir que son client refusait cette demande, une audience à ce sujet est prévue, le 8 juin. Rien n’est encore certain, mais si Reynouard est condamné et envoyé en prison, en France, il a déjà annoncé qu’il se réjouissait de cette perspective et affirme qu’il profitera de ce temps pour écrire ses mémoires et des bandes dessinées.
Ses complices continuent d’agir en son nom sur les réseaux sociaux, les forums néo-nazis et négationnistes. Ils ont construit un vaste réseau européen d’extrême droite et diffusent le « nouveau » livre négationniste de Reynouard sur le massacre d’Oradour-sur-Glane – un village français victime d’un massacre perpétré le 10 juin 1944 par la Panzerdivision SS « Das Reich », et pour lequel Reynouard nie toute responsabilité des SS. Il attribue la responsabilité du massacre à la Résistance locale et dénie toute volonté allemande de massacrer la population d’Oradour. Ce livre ressemble à son premier ouvrage interdit en France par le ministre de l’Intérieur en 1997.
Comment Vincent Reynouard se positionne-t-il par rapport à Robert Faurisson, le négationniste français mort en 2018 qui avait créé le scandale en France après des lettres dans le Monde, en 1978/79 et un livre, Mémoire en défense, en octobre 1980, tout cela à quelques semaines de l’attentat de la rue Copernic. Comment le négationnisme a-t-il évolué en France ?
Stephanie Courouble-Share : Suite à la publication d’une lettre dans le quotidien Le Monde, ainsi qu’une tribune libre accordée dans le même journal, suivi de ce livre négationniste, Faurisson acquiert une renommée internationale (Cf. Valérie Igounet, Robert Faurisson, Denoël, 2012, puis, mon livre Les idées fausses ne meurent jamais…Le négationnisme, histoire d’un réseau international, Le Bord de l’Eau, 2021) . Il se présente comme un professeur apolitique et dissimule dès le début ses liens avec le milieu néo-nazi, par exemple une conférence aux Etats Unis, en septembre 1979 au parti néo-nazi américain, National Alliance.
Reynouard est en contact avec Robert Faurisson depuis plusieurs décennies. Alors qu’il accumule de nombreuses condamnations dans les années 1990/2000 pour apologie de crimes de guerre ou contestation de crimes contre l’humanité, Faurisson lui apporte publiquement son soutien. Reynouard participe à plusieurs conférences internationales négationnistes et est intégré dans les réseaux négationnistes.
A la mort du négationniste français Robert Faurisson en 2018, Vincent Reynouard tente de s’imposer comme son successeur légitime, en multipliant les vidéos négationnistes sur les réseaux sociaux ; et en apportant sa « touche post-révisionniste », qui mêle la glorification du nazisme, l’antisémitisme au négationnisme. Cependant, il n’est pas un idéologue comme pouvait l’être Robert Faurisson. A mon avis, il reprend sans vergogne les allégations d’autres négationnistes tels que Germar Rudolf (allemand, exilé aux États-Unis), Carlo Mattogno (italien) et son mentor (Robert Faurisson).
On peut également mentionner un autre négationniste qui continu d’agir en toute impunité en France : il s’agit de Jean Plantin – ancien étudiant de l’université de Lyon-III, condamné pour avoir édité des livres ouvertement négationnistes – ainsi que sa maison d’édition Akribea, qui mêle des ouvrages négationnistes et qui font preuve de distorsions de la Shoah.
Vincent Reynouard a été condamné pour négationnisme en 2007 pour avoir envoyé une brochure négationniste à des maires en Alsace en 2005. Est-ce que Reynouard ou Faurisson se sont également attaqués à nier la chambre à gaz du camp du Struthof, en Alsace ?
Romain Blandre : C’est bien le cas. Robert Faurisson est le négationniste qui s’est le plus pris à l’histoire et à la mémoire du camp de Natzweiler-Struthof. Il semblerait d’ailleurs que c’est la première chambre à gaz qu’il ait visitée et la dernière qu’il ait vue, puisque quelques semaines avant de mourir, il est encore venu au Struthof accompagné d’adeptes pour tenter de trouver des preuves de l’inexistence de cette chambre à gaz. Vincent Reynouard lui succède quelques années plus tard. Tous deux ont voulu démontrer que techniquement, il était impossible de gazer des humains dans la chambre à gaz du Struthof.
A la fin des années soixante-dix, Robert Faurisson profite d’un fait d’actualité : la volonté de reconstruire le musée du Struthof après sa destruction en 1976 par un groupe ultra-autonomiste, les Loups noirs d’Alsace. Il écrit alors un premier article qui dénonce le fait qu’on falsifierait l’Histoire sur ce lieu de mémoire. Mais c’est en 1980 que les choses prennent une nouvelle tournure. Tentant de trouver dans les réserves du Dépôt central des archives de la justice militaire des documents pour étayer sa défense lors d’un procès intenté contre lui, il découvre l’existence d’un rapport d’expertise médico-légal, le Rapport Fabre, qui expliquerait, selon lui, qu’il n’y a jamais eu de gazage homicide au Struthof. Bien sûr, cette archive n’a été que partiellement lue par le négationniste. Le professeur Fabre prend énormément de précautions dans son rapport, dans la mesure où, selon le toxicologue parisien, pour retrouver dans les corps des traces d’acides cyanhydrique, il aurait fallu une exposition prolongée au gaz mortel, surtout si les dépouilles des victimes ont été plongées dans un liquide conservateur depuis près de deux ans. Mais le négationniste ne tient pas compte de cet avertissement.
Robert Faurisson occulte aussi tous les autres documents qui certifient pourtant l’assassinat des 86 victimes juives (autres témoignages, rapport des décès au KL-Natzweiler…). Dès lors, il est persuadé d’avoir trouvé le document providentiel qui prouverait que les chambres à gaz n’ont pas existé. Il ne cessera jamais de mentionner ce rapport en clamant que l’exemple du Struthof est bien une preuve d’une manipulation juive mondiale.
Vincent Reynouard reprend ensuite le flambeau. Lors de son procès qui s’est tenu à Saverne en 2007, l’avocat de la LICRA lui propose de se rendre au Struthof pour constater qu’il s’y trouve encore une chambre à gaz. Cela déclenche chez le négationniste quelques sourires et sarcasmes qu’il exprime lors d’une longue interview publiée sur son site PHDMN. En 2013, il publie une vidéo dans laquelle il répond à un contradicteur et enchaine toute une série d’arguments, tous plus erronés les uns que les autres, pour tenter de démontrer que la chambre à gaz du Struthof ne serait qu’une ancienne chambre froide. En 2019 enfin, il mentionne une nouvelle fois la chambre à gaz du Struthof dans une série intitulée « Shoarnaque ».
Est-ce que d’autres négationnistes internationaux se sont intéressés à la chambre à gaz du camp de Struthof ?
Romain Blandre : Un des acolytes de Vincent Reynouard est un négationniste belge : Herbert Verbeke. Bien que Vincent Reynouard le dédouane d’être un vrai négationniste dans une vidéo intitulée « Vincent Reynouard sans masque » publiée le 25 octobre 2021, c’est lui qui pose les questions pour l’interview concernant le Struthof en 2007.
En revanche, Carlo Mattogno consacre un long chapitre à la chambre à gaz du camp de Natzweiler dans un volume de la série Barnes Review. Il y reprend beaucoup des arguments de Robert Faurisson, mais y ajoute les siens, comme celui de dire que les numéros tatoués sur les bras des victimes, et visibles sur des photographies des corps retrouvées à l’Institut d’anatomie de Strasbourg, ont été grossièrement tracés au feutre indélébile…
Il est vrai cependant que le camp de Natzweiler n’est pas une priorité majeure des négationnistes en général, encore moins chez les étrangers. On y trouve plutôt quelques mentions sur les réseaux sociaux de visiteurs qui racontent ce qu’ils ont vu en se rendant sur place. Le lieu ne doit pas être assez médiatique à leurs yeux.
Le camp de Struthof a connu récemment des rénovations du bâtiment qui renferme la chambre à gaz et l’inauguration d’une exposition, pouvez-vous nous en dire davantage ? En quoi ces travaux ont été importants dans le combat contre le négationnisme ?
Romain Blandre :
L’ancienne muséographie était quasi inexistante. Les nouvelles recherches, notamment celles produites par la commission d’experts qui a travaillé sur les liens entre la Reichsuniversität Strassburg et le camp, ont permis un renouvellement historiographique important. Les liens entre la faculté de médecine de Strasbourg et le KL-Natzweiler ont été mis à jour. Une nouvelle exposition permanente a ainsi pu voir le jour dans le bâtiment. Elle a été inaugurée le 25 novembre dernier. Les panneaux à l’extérieur permettent aujourd’hui de contextualiser l’histoire du lieu, puis le visiteur découvre dans les deux premières salles d’exposition les expérimentations qui ont été pratiquées ici sur l’être humain. Une salle dédiée aux victimes juives et tsiganes redonne un visage à certains des 86 noms. On y évoque aussi les procès.
Les panneaux contiennent des documents historiques irréfutable et il y a la chambre à gaz, elle-même preuve indiscutable de son existence. Contrairement à ce que disent les négationnistes, elle n’a jamais été une chambre froide. Le rapport des experts nommés par le juge Jadin, les professeurs Simonin, Fourcade et Piédelièvre, le certifie en 1945. Ils concluent leur rapport en disant qu’ « il serait donc absurde de soutenir qu’on se trouve en présence d’une chambre frigorifique (…) ». La rigueur historique est le seul moyen efficace de lutter contre les manipulateurs de l’Histoire.
Durant l’inauguration, un hommage aux 86 victimes juives a été rendu en France, il semble avoir été plus discret que celui rendu en Israël. Est-ce une conséquence du fait que la question est sensible en France et en Alsace? (NDLR : je rappelle qu’Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy sont les seuls présidents à ne pas s’être rendus sur les lieux depuis la fin de la seconde guerre mondiale.) Ou est-ce une volonté de ne pas donner prise aux manipulateurs de l’histoire, tels que les négationnistes et les ultra-autonomistes qui ont déjà exploité cette histoire par le passé ?
Romain Blandre : Les cérémonies de commémoration sont assez nombreuses au CERD (Le centre européen du résistant déporté). Il peut s’agir de cérémonies officielles (visite en 2022 d’Ekaterini Sakellaropoulou, présidente de la République hellénique), ou des cérémonies ponctuelles, organisées parfois en lien avec des groupes de visiteurs, scolaires ou non. A leur demande, ou sur proposition du CERD, des gerbes de fleurs sont déposées après un moment de recueillement par exemple.
Le 25 novembre 2022, une cérémonie a eu lieu sur le site en présence d’officiels et d’un public composé de membres d’associations mémorielles, d’invités, d’autorités religieuses, d’historiens et d’élèves de 3ème. Elle visait à commémorer à la fois la découverte du camp par les Américains en 1944 et à inaugurer la nouvelle exposition et la réouverture du bâtiment qui abrite la chambre à gaz. Un bel hommage a été rendu aux victimes juives et tsiganes qui y sont mortes. C’était un moment très émouvant auquel certains de mes élèves ont souhaité participer activement.
La journée dédiée aux victimes et héros de la déportation s’y est tenue le 30 avril dernier en présence de Madame Mirallès, la secrétaire d’Etat aux anciens combattants. Celle-ci a également déposé une gerbe devant les plaques dressées en hommage aux victimes de la chambre à gaz en présence du président du consistoire et du Grand Rabbin de Strasbourg.
Je veux aussi signaler que le CERD, depuis mai dernier, présente en partenariat avec l’université une exposition sur les relations entre la faculté de médecine et le camp. Une exposition itinérante a été créée sur le même sujet. C’est donc un gros travail qui est fait pour sensibiliser les visiteurs et les accompagner sur la compréhension de ce qui s’est passé dans ce lieu.
Je ne sais pas pourquoi Nicolas Sarkozy ne s’est pas rendu sur le site, ni pourquoi Emmanuel Macron n’est pas encore venu. L’année prochaine marquera les 80 ans de la découverte du camp. Ce sera peut-être une bonne occasion.
Je ne pense pas que qui que ce soit, au CERD ou au Ministère, ne cède aux pressions de tous genres, qu’elles viennent des négationnistes ou des autonomistes, même les plus virulents qui dénoncent ce qu’ils estiment être l’asservissement de l’Alsace et des Alsaciens à la République française et qui souhaitent une autonomie totale de l’Alsace. Il est vrai que l’histoire du Struthof a été instrumentalisée, notamment la période pendant laquelle le camp a servi d’outil de l’épuration (fin 1944-1945). Des dérives graves y avaient été commises, il ne faut pas les nier.
En 1976, les Loups noirs d’Alsace, a détruit par le feu le musée. Il s’agissait en fait de deux hommes qui avaient prétexté vouloir venger leurs proches qui y auraient été enfermés après la libération de l’Alsace. Le père de l’un d’eux y aurait subi des violences graves et son fils, venu lui apporter de la nourriture, aurait également été passé à tabac par les FFI. Les recherches actuelles montrent cependant que le père n’a pas été interné dans le camp du Struthof, mais à Schirmeck. Dans les milieux autonomistes, ces hommes font parfois figures de références et de « combattants » de ce qu’ils appellent « la cause alsacienne ».
L’annonce dans la presse de la réouverture du bâtiment a relancé les négationnistes et certains autonomistes qui se sont exprimés essentiellement sur les réseaux sociaux ou sur les pages internet des quotidiens locaux, en commentaires des articles des journalistes.
Existe-t-il des formations à destination des professeurs ou des élèves dispensées au CERD ou ailleurs qui permettent de répondre ou de se protéger contre les discours haineux qui manipulent l’histoire?
Stephanie Courouble-Share : Il existe des formations, par exemple celle en France du Mémorial de la Shoah qui aide les professeurs à répondre au négationnisme en classe, ou encore celle de Yad Vashem en Israël. Il existe aussi des sites qui permettent de réfuter le négationnisme, puis des ouvrages comme mon dernier (Le négationnisme, Histoire, concepts et enjeux internationaux) écrit en collaboration avec Gilles Karmasyn, le fondateur et directeur de Phdn.org, Pratique de l’Histoire et Dévoiements Négationnistes.
Romain Blandre : Depuis quelques années, les guides et médiateurs sont formés pour repérer et répondre à d’éventuels propos négationnistes. Effectivement, certains négationnistes se rendent de temps en temps au Struthof. En règle générale, ils restent discrets et les incidents sont très rares. Cependant, ils prennent des photos et les publient sur les réseaux sociaux, accompagnés de commentaires. Il y a quelques temps l’un d’eux est resté deux jours sur place.
Un atelier pédagogique a été créé pour former les élèves à lutter contre cette dérive. Deux médiatrices du service pédagogique peuvent mener avec des classes cet atelier. Il faut que les professeurs en fassent la demande. L’enjeu est effectivement l’éducation à l’esprit critique et aux médias et à l’information.
Stephanie Courouble-Share est historienne, ancienne élève du professeur Pierre Vidal-Naquet, spécialiste du négationnisme, chercheure associée à The Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy (ISGAP), New York, USA. Elle intervient sur le négationnisme à l’École Internationale pour l’enseignement de la Shoah, Yad Vashem. Livres : Les idées fausses ne meurent jamais, Le négationnisme, histoire d’un réseau international, éd. Le Bord de L’eau, 2021 ; Le négationnisme, Histoire, concepts et enjeux internationaux, Eyrolles, février 2023.
Romain Blandre est un professeur d’histoire/géographie dans un collège de Mulhouse depuis 20 ans. Il occupe le poste de professeur-relais pour l’académie de Strasbourg au Centre européen du Résistant déporté-Struthof depuis 2017 et cumule, depuis trois ans, la mission de correspondant académique pour le Mémorial de la Shoah. Dans le cadre d’une recherche universitaire (Université de Strasbourg), il étudie le discours négationniste et les multiples actes de vandalisme portés à l’encontre du camp du Struthof
Tous les deux collaborent à l’écriture d’un scénario d’une bande dessinée sur les manipulateurs de l’histoire avec la participation du dessinateur Thibaut Lambert.
Articles précédents:
*Dialogue avec Hans Joachim Lang
*Dialogue avec Emmanuel Heyd
*Dialogue avec Georges Federmann
*Dialogue avec Michel Cymès
*Dialogue avec Serge Klarsfeld
*Dialogue avec Georges Federmann (II),
*Dialogue avec Hans-Joachim Lang (II),
*Dialogue avec Raphael Toledano