Mehdi Belhaj Kacem : « Déconstruisons toutes les Subsomptions »

Capture d'écran - Mehdi Belhaj Kacem - Etre et sexuation
Capture d'écran - Mehdi Belhaj Kacem - Etre et sexuation

Lettre à la bonne conscience de gauche, même “radicale”

Mehdi Belhaj Kacem, qui a publié Système du pléonectique, Immortelle finitude – Sexualité et philosophie, en 2020 et David Graeber, L’anarchie pour ainsi dire, en 2021.

Le présent texte est la réécriture d’une lettre que j’ai écrite en réponse à une personne qui s’est risquée à me traiter d’antisémite. J’ai bien évidemment effacé de cette réécriture toute trace qui permettrait d’identifier ladite personne; par les temps ultra-délationnels qui courent, il n’est pas à exclure qu’en ce point comme sur tant d’autres, je sois une exception qui confirme la règle. C’est seulement la seconde fois de ma vie qu’on ose m’accuser de la sorte (j’évoque la première occurence dans le cours de la lettre); et, je ne sais pas vous, mais moi, je n’apprécie pas du tout. J’ai jugé bon de rendre cette lettre publique, car, d’une part, elle lave à l’avance mon honneur de tous ceux qui voudraient à l’avenir me couvrir d’une telle injure; et aussi de fournir un arsenal argumentatif à tous ceux qui, comme moi, ne veulent en aucun cas encourir ce genre d’affront.

Mais, d’autre part, je rends publique la présente lettre car elle contient une analyse politique de la situation qui, je le crois, aidera beaucoup de monde à se repérer dans le chaos notionnel où, en la matière, nous pataugeons depuis un an et demi à l’heure où j’écris, sinon beaucoup plus longtemps. En effet, nombre des catégories qui nous sont “innées” pour analyser les situations politiques à quoi nous nous trouvons confrontés se sont, depuis au moins un an et demi à l’heure où j’écris, entièrement dissoutes. Là encore, je me persuade que le texte qui suit va fournir de nombreux repères pour s’orienter dans la vie et dans la pensée, au sein du chaos sémantique monstrueux qui nous entoure de toutes parts à l’heure où j’écris.

Enfin, et avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à faire une annonce solennelle : le présent texte sera la dernière intervention publique que je ferai avant sans doute longtemps. Je suis, depuis une dizaine de mois, en dissidence absolue par rapport à la politique tant nationale que mondiale qui se poursuit depuis un an et demi, pour ne rien dire des discours insensés qui prétendent la justifier, comme en témoigne le film que j’ai consacré à ce sujet, “Colaricocovirus”, que tout le monde peut visionner sur la chaîne odysee. Mais j’ai décidé d’aller plus loin, et d’entrer carrément en clandestinité au moins symbolique, et donc de ne plus m’exprimer en public. Les raisons de cette abstinence comptent au nombre de trois, au moins. D’abord, les conditions totalement empoisonnées qui entourent le débat public, depuis un an et demi à l’heure où j’écris, rendent ce débat à mes yeux impossible. Ensuite, étant données les perspectives qui se profilent dans les semaines qui viennent au niveau politique en France à l’heure où j’écris, j’ai fini par comprendre que tout discours était désormais devenu parfaitement inutile. Je me suis acquitté de mon devoir d’intellectuel, avec le film “Colaricocovirus”, et avec quelques autres interventions qu’on peut trouver sur la toile; je m’estime quitte d’avoir à y ajouter quoi que ce soit. Enfin, et en parfaite conséquence logique de ce qui précède, comme le dit un professeur d’Université en droit, pendant l’une des innombrables manifestations qui ont agité la France depuis deux mois et demi à l’heure où j’écris, le pouvoir actuel ne connaît ni les notions de bien et de mal, ni les notions de vrai ou de faux; il ne comprend que le langage de la force.

Il n’y a plus, dans mon pays comme dans la plupart des autres sur la planète, d’état de droit, de constitution, pour ne rien dire d’une illusoire “démocratie”. Comme je le dis dans plusieurs de mes interventions de ces derniers mois, nous vivons la première guerre civile mondiale de toute notre histoire, avec toutes les conséquences qui s’imposent. Non seulement je ne reconnais plus aucune légitimité au gouvernement actuel et aux institutions de toutes sortes qui l’appuient; mais j’estime qu’au bas mot, ce gouvernement et les institutions qui l’appuient sont criminels. Opposer au discours mensonger et délirant de ce gouvernement un discours de vérité et de raison est peine perdue, comme le dit le professeur que j’ai cité plus haut. Comme le disait le poète Dante Alighieri, “ce n’est pas avec des arguments qu’on peut répondre à une telle bestialité, mais avec le couteau.”

 

Ma bien chère X.,

je ne te réponds qu’aujourd’hui dimanche, hier j’étais, comme tous les samedis, dans les mobilisations.

Comme je te l’ai dit du tac au tac en découvrant ton mail, ma première réaction a été le rire, devant un tel mélange psychédélique de malentendus.

Le lendemain au réveil, cependant, je ne riais plus, puisque ton mail contient quelque chose de vraiment odieux. Tu te doutes déjà de quoi il s’agit.

J’ai bien conscience du fait que tous ces malentendus sont dus à ma maladresse dans la communication. Mais cette maladresse est elle-même due à ton attitude la dernière fois que tu es venue chez moi. J’écris cette lettre pour t’expliquer en quoi.

J’en viens à ce que ton mail contient d’inadmissible : l’accusation, très grave, d’antisémitisme. Je le prends, bien évidemment, pour une insulte.

L’insulte, l’agression, la condescendance, le manque de respect, l’hystérie ne sont pas de bonnes bases pour la discussion, surtout dans le moment très grave que nous vivons, où la discussion est quelque chose de fondamental. Je commence donc par l’obstacle le plus insurmontable, et qui est l’insulte, avant de passer au reste.

Je n’évoquerai pas, pour laver l’affront, mon arbre généalogique, ce qui sentirait quelque peu l’argument d’autorité. Disons pudiquement que, si je le voulais, je pourrais briguer la nationalité d’un certain pays très controversé du proche-orient.

C’est, aussi bien, un signe indubitable de mon antisémitisme foncier, que j’aie choisi de donner à mon fils un prénom juif.

A raison inverse, c’est sans doute à cause de leur judaïsme schizophrénique, masochiste et suicidaire, que David Graeber disait à tout le monde que j’étais le plus grand philosophe vivant, que pendant des années c’est un juif qui m’a hébergé régulièrement chez lui quand je passais à Paris, qu’une grande philosophe de cette origine, dont je tairai le nom pour ne pas la compromettre publiquement par les atroces temps qui courent, a qualifié ma vidéo « colaricocovirus » de « géniale », ou qu’un autre grand philosophe vivant, pas moins hébraïque, que je ne nommerai pas non plus pour les mêmes raisons, a dit que j’étais le seul à prouver qu’il était possible de faire de la philosophie hors de l’Université. Je peux quand même citer Derrida, qui est mort, et m’a dit il y a plus de vingt ans : “vous prouvez qu’il y a des événements!”

Ironie facile mise à part, je suis de très près, depuis le début de l’année, ce qui se passe en Israël, et c’est juste l’horreur. La résistance de centaines de milliers d’israéliens est héroïque. Je regarde, par exemple, pas mal de vidéos de rabbins; le sujet préféré de leurs prêches, c’est actuellement Bill Gates. C’est de tout ça qu’il faudra parler, une fois les malentendus dissipés, et d’abord l’insulte infamante renvoyée dans les cordes. La situation est, dans le monde entier, apocalyptique, parfois littéralement (en Australie, en Afrique du Sud, en Colombie, au Liban… c’est la guerre civile. Et ça a de fortes de chances d’être partout pareil demain).

Revenons à l’insulte. Si tu connaissais un peu mon travail, tu saurais que non seulement il ne s’y trouve pas, bien entendu, la moindre trace d’antisémitisme; mais que le nombre de mes héros intellectuels qui sont juifs est très élevé, ne serait-ce que dans le texte que je viens d’écrire au sujet de ce que nous vivons depuis un an et demi. Et je ne les case pas là, tous ces auteurs, parce qu’ils sont juifs : je me méfie presque autant du philosémitisme indifférencié que je n’abhorre l’antisémitisme, comme toutes les formes de racisme (ni plus, ni moins : il n’y a pas, pour moi, de « racisme de première classe »). Je dirai un peu plus loin pourquoi. Si je cite, dans mon travail, tous ces créateurs, philosophes, poètes, scientifiques et anthropologues de tout premier plan, c’est tout simplement parce que j’admire leur travail, et qu’ils m’ont énormément apporté.

Je ne suis pas, n’ai jamais été et ne serai jamais antisémite, pour une raison très simple : parce que, à mes yeux, « les » juifs, ça n’existe pas. Pas plus que « les » femmes, « les » arabes, « les » noirs, etc. Il y a des juifs, tous plus singuliers les uns que les autres. Or, je peux dire que j’ai deux passions en philosophie : l’argumentation claire (donc si tu veux discuter avec moi…), et la singularité. Je combats toutes les formes de généralisation, qui sont la chose au monde qui font le plus de mal à l’humanité et à ce qui l’entoure (ça n’a jamais été aussi évident que depuis un an et demi). En termes technico-conceptuels : une pensée des singularités combat ce qu’on appelle la subsomption, c’est-à-dire la réduction du cas particulier à un universel abstrait. Mon travail philosophique montre, de manière très sophistiquée, comme c’est précisément cette manie intellectuelle, cooriginaire à l’humanité qui, par torsion abréactive, créé de la singularité. Je ne m’y arrête pas ici, je l’illustre un peu, sur fond de la situation que nous vivons, dans le texte dont je t’ai parlé (ça s’appelle “Colaricocovirus”, j’ai fait une lecture vidéo sur Odysee, que tu peux aller voir).

« Les » juifs, donc, ça n’existe pas.

Quel rapport entre un des mes héros absolus, Alexandre Grothendieck, le plus grand mathématicien du vingtième siècle, anarchiste et écolo, qui a refusé par intégrité la médaille Fields, et a fini les trente dernières années de sa vie dans une cabane perdue dans la forêt, quel rapport entre ce type, dis-je, et, mettons, tout à fait au hasard, Bill Gates, savoir l’oligarque le plus puissant, le plus influent et le plus malfaisant de tous les temps, et principal responsable de ce qui nous arrive depuis un an et demi? Réponse : il n’y en a aucun.

Quel lien peut bien unir Emma Goldman, l’une des plus grandes figures de l’anarchisme qui fut jamais, et, mettons, Golda Meir? Réponse : pas le moindre.

Quelles affinités peuvent bien rapprocher Paul Goodman, une autre grande figure de l’anarchisme, et, disons, Ariel Sharon? Je crois bien qu’il n’y en a pas une seule.

Quelle communauté peut-il bien exister entre Véra Sharav, une rescapée de la Shoah toujours en vie aujourd’hui, médecin et, pendant des décennies, militante anti-industrie pharmacologique, une femme qui a fait une vidéo dont le visionnage, en début d’année, a été pour moi un électrochoc crucial de réveil quant à ce qui se passe aujourd’hui, et la criminelle Agnès Buyzin, planquée aujourd’hui en Suisse, et payée 15.000 euros par mois par la fondation Bill et Melinda Gates, sans parler des fortunes qu’elle reçoit de l’industrie pharmaceutique? Tu peux leur demander à toutes les deux, elles te répondront : aucune. Elles sont, absolument, ennemies jurées. C’est la lutte à mort, et à qui crèvera la première.

Quel point commun entre Michel Warchawski, que j’ai rencontré plusieurs fois lors de mon voyage en Israël en 2007, et Bibi Nethanyaou? Pas un seul, c’est vraiment le moins qu’on puisse dire.

Qu’est-ce qui rapproche mon ami David Graeber, l’un des plus grands anthropologues et penseurs anarchistes de notre temps, leader d’Occupy Wall Street, et BHL, qui a publié un de mes livres et est criminel de guerre (je ne suis pas fier, mais passons)? Rien du tout.

Comment confondre Vladimir Zelenko, l’un des plus importants médecins américains actuels, terrible lanceur d’alerte dont je te conseille les glaçantes vidéos (au même titre que Charav), et notre croque-mort mythomane national, Jérôme Salomon? Rigoureusement impossible.  »

Comment trouver un terrain d’entente entre Raphaël Enthoven, le « philosophe » pour amibiens, et Raphaël Cohen, un héroïque avocat anti-corruption, qui intente un procès pour crime contre l’humanité à notre gouvernement, à l’OMS et à la fondation Gates, sur la base de révélations sidérantes sur ce qui nous arrive depuis un an et demi? Il faudra se lever de bonne heure. »

Comment mettre dans le même sac Eric Hazan et Jacques Attali, Gainsbourg et Enrico Macias, Kafka et Marc Lévy, Marx et Rotschild, Einstein et Epstein, etc.etc.? Tu pourras faire ce que tu veux, le seul moyen que tu trouveras, c’est de faire comme les antisémites, justement : ils sont « tous » juifs. Tu feras ce qu’en philosophie on appelle : une subsomption.

Donc voilà. J’ai pris bien sûr des exemples extrêmes, des génies et des bienfaiteurs de l’humanité d’un côté, des monstres, des tarés ou des médiocres, de l’autre. Il y a une infinité de nuances entre les deux. C’est pourquoi je me méfie du philosémitisme porté en bandoulière, du goy qui s’exclame : « j’adore les juifs! » C’est une généralisation, une subsomption qui est au fond aussi malsaine et fallacieuse que l’antisémitisme lui-même. Autre exemple : un grand statisticien israélien qui s’appelle Franklin Meimoun, et un des médecins de plateaux télés les plus en vue en France, Cyril Cohen, une crapule. Ils passent leur temps à se friter sur les réseaux. Si tu t’intéressais à la question d’aussi près que moi, tu constaterais que chez « les » juifs, ça se divise grave, comme partout ailleurs dans le monde. Jamais l’expression « diviser pour régner » n’a été aussi pertinente qu’aujourd’hui. Jamais.

Corsons un peu les choses, en évoquant l’existence d’oiseaux rares curieux : les antisémites géniaux. Si si, ça existe. Infiniment moins nombreux que les juifs géniaux, Dieu merci (c’est le cas de le dire…), mais ils existent. Je ne suis pas loin de penser, par exemple, que Schopenhauer est le plus grand philosophe de tous les temps. Hélas! Il était férocement antisémite. Dois-je le bannir de ma bibliothèque, façon « cancel culture »? Non, j’exerce mon esprit critique en le lisant, j’essaie d’entrer dans la logique qui l’a mené là, par exemple quant à sa rivalité mimétique avec Spinoza. Je ne suis pas loin de penser, et toi non plus ce me semble, que Baudelaire est le plus grand des poètes français. Poil sur la soupe : il était férocement antisémite lui aussi, parlant tout de même de « l’extermination de la race juive », et il y a des allusions antisémites explicites dans quelques-uns de ses poèmes (« une nuit que j’étais près d’une affreuse juive… »). Que faire? L’autodafé?

Je ne suis pas loin aussi de penser que Céline est le plus grand styliste en langue française du vingtième siècle. Or, son antisémitisme confinait au délire. Il a pourtant fait sa thèse de médecine sur un docteur juif, et a protégé des juifs pendant la seconde guerre mondiale. En la matière, rien n’est simple, tout blanc ou tout noir.

Sophistiquons encore davantage, dans cet exercice de philosophie pratique : « pensons par singularités, déconstruisons toutes les subsomptions », et évoquons un autre des mes héros absolus, qu’il faut beaucoup de bonne volonté pour classer « précurseur du conspirationnisme d’extrême-droite antisémite », j’ai nommé Walter Benjamin. Savais-tu qu’il était fasciné par l’Action Française (« au moins, ils savent ce qu’ils veulent »)? Et qu’il admirait beaucoup Maurras? Il lisait Schopenhauer aussi, et je suis presque sûr qu’il a dit le plus grand bien de Céline. J’ai lu par hasard Maurras une fois, et à ma grande surprise, c’était sacrément bien écrit et pas con du tout; j’ai eu de la chance, c’était un livre sur la poésie, par sur la politique. Par ailleurs, à qui doit-on le meilleur livre jamais écrit sur Baudelaire? A Benjamin, et à nul autre. Rien n’est tout blanc ou tout noir.

A la même époque, un certain Emmanuel Lévinas, grande inspiration notoire du conspirationnisme fasciste antijuif mondial, était très ami avec un certain Maurice Blanchot, qui, à l’époque, était ouvertement d’extrême-droite, et très antisémite. Cela fait-il de Lévinas un antisémite?

Car c’est ça, ton « raisonnement ». La phrase, maladroite car comme un cheveu sur la soupe (j’expliquerai donc les raisons de cette maladresse), de mon mail dit simplement qu’en effet, je connais deux « antisémites intelligents ». Ben oui, ça existe, hélas. Ce ne sont pas exactement des amis, ni, tu t’en doutes, mes fréquentations préférées, mais des connaissances liées aux cercles assez nombreux que je suis amené à fréquenter depuis des mois, à cause de l’extrême gravité de tout ce qui est en train de se passer. Au début, j’évitais la discussion avec eux. Après, je leur entrais dans le lard avec le même type de déconstruction que celle à quoi je viens de me livrer (« les » juifs, ça n’existe pas). Ils encaissent les coups, tout le monde compte les points, ils sont un peu K.O., mais ils n’en démordent pas. Dont acte. Mais après, je me suis aperçu qu’ils étaient des gens intéressants, cultivés; c’est comme ça. Oui, l’antisémitisme, c’est une maladie de la pensée. Nous avons tous les nôtres, de maladies, et, sans en appeler à l’indulgence, je trouve que ce serait bien aussi que chacun apprenne à balayer à sa porte, avant de prétendre passer l’aspirateur chez autrui. Toi et moi, niveau troubles psychiques, on n’est pas exactement en reste.

« Tu discutes avec des antisémites, donc tu es antisémite », eh bien non. Pas plus que Benjamin admirant Maurras et Baudelaire, ou Lévinas ami de Blanchot.

Parce que c’est ça qui est malsain dans tout ça : c’est que ce sont des types symétriques de raisonnement : dire que si on est au contact d’un antisémite, on est ipso facto antisémite, c’est dire exactement pareil que le pire antisémitisme, celui des années trente et quarante du vingtième siècle : il ne faut pas s’approcher des juifs, parce qu’ils sont infectieux, littéralement et en tous sens. Et Dieu sait si l’infectiologie de comptoire, c’est un sport à la mode aujourd’hui.

C’est ça qui est malsain, depuis de nombreuses décennies maintenant, et qui a empoisonné le débat public français jusqu’à l’insupportable. On a deux types de « raisonnements » qui sont symétriques, entre les antisémites qui disent : « Bill Gates, Rotschild, Soros, donc… »; et les influenceurs puissants qui disent : « Vous dites Bill Gates, Rotschild, Soros, donc vous êtes antisémite ». Tout ça, en vérité, est d’une profonde débilité. Mais aux conséquences hélas considérables sur le débat politique public, partout empoisonné par ces « raisonnements » qui n’en sont pas. La subsomption, c’est la principale ennemie de la philosophie moderne depuis Kant, et la cause principale de la bêtise qui nous entoure presque partout.

Je connaissais un type qui faisait un gros blog sur moi, et qui ne jurait que par Heidegger. Et puis crac, les « Cahiers noirs » sont sortis, il ne pouvait plus y avoir de doute pour qui que ce soit que Heidegger était antisémite (ce que, moi, je soutenais depuis très longtemps, lectures très fines à l’appui). Le type, il est entré dans une psychose. Déjà que ce qu’il écrivait n’était pas terrible, mais à partir de là, c’est devenu de la bouillie. Tous ceux qui lisaient Heidegger étaient devenus antisémites. Agamben était antisémite, Nancy était antisémite, Lacoue-Labarthe était antisémite, Derrida était antisémite (lol), Malabou était antisémite (lol2), Jean-Clet Martin était antisémite, Schürmann était antisémite, j’étais antisémite; au final, tous les philosophes ou presque étaient antisémites, puisque tous ou presque avaient lu Heidegger. C’est de la pensée « Marabou, bout de ficelle ». Bon, il a vraiment disparu des radars, lui, personne ne le supportait plus, c’était le type même du troll psychopathe sur les réseaux. Les trolls, ils accusent tout le monde d’être infecté, mais ce sont eux qui essaient d’être infectieux, par les plus vils et les plus stupides moyens.

Corto Maltese disait : « le monde est beau parce qu’il est varié ». Je ne dirai pas : beau (il n’est pas beau du tout en ce moment), mais : passionnant. Dernier exemple donc, pour illustrer la richesse, en singularités, de notre monde : Nietzsche. Comme tu crois que je suis un féru de Nietzsche… ce n’est pas du tout le cas. Ca l’a été dans ma jeunesse, mais maintenant c’est un de mes « ennemis conceptuels » préférés. Est-il antisémite? Ses nombreux admirateurs disent que non, pas du tout, au prétexte qu’il disait pis que pendre des antisémites allemands, et qu’il faisait des éloges vigoureux de la puissance du peuple juif. Vrai, mais c’est en fait plus complexe que ça, et je suis le seul à l’avoir démontré. Nietzsche n’a en effet pas de mots assez élogieux pour les juifs tant qu’il restent entre eux. Il dit tantôt : c’est la race la plus puissante d’Europe, leur intelligence est supérieure, c’est le plus admirable des peuples, etc. Mais il déchaîne, au nez et à la barbe de ses admirateurs hypnotisés, un vocabulaire antisémite caractérisé quand il s’agit de la naissance du christianisme, c’est-à-dire quand le judaïsme commence à conquérir le monde. Là, c’est les teints pâles, les nez crochus, l’hygiène douteuse du ghetto, le « cynisme logique du rabbin », et “n’oublions pas que quand on ouvre le nouveau testament, on est entre juifs”… Tout antisémitisme a quelque chose de psychotique, mais, dans le cas de Nietzsche, c’est carrément schizophrénique.

Bref, comme disait l’un de mes énième héros complotiste antisémite d’extrême-droite, Spinoza (cela dit, il y a quelques intellectuels qui soutiennent vraiment que Spinoza était antisémite! On vit dans un monde merveilleux…) : « Ne pas rire, ne pas juger, mais comprendre. »

Comment peux-tu croire une seconde à cette construction fumeuse, « le conspirationnisme d’extrême-droite antisémite »? Ce sont exactement les mêmes qui nous ont bastonné sémantiquement pendant des années avec l' »islamo-gauchisme », et ce sont tout simplement les mêmes qui, dans les années trente du siècle dernier, parlaient de « judéo-bolchevisme ». En réalité, dans le vaste milieu qu’on qualifie à la va-comme-je-te-pousse de « complotiste », il y a très peu d’antisémitisme, même s’il existe, tant du reste à l’extrême-droite (Pierre Hillard) qu’à l’extrême-gauche (Alain Soral). Mais la construction « il existe un important courant conspirationniste d’extrême-droite antisémite », je ne sais pas vraiment d’où tu la tiens, sinon, probablement, de la propagande médiatico-gouvernementale qui a cours depuis un an et demi, propagande que je boycotte et ignore autant que possible. Donc : du pouvoir lui-même, qui est, en toute chose, dans une stratégie désespérée de fuite en avant, y compris sémantique. Je te rappellerai mon C.V. politique un peu plus loin, mais j’anticipe un peu : j’enlève d’abord l’infamante insulte, « antisémite », et le bord politique, l’extrême-droite, auquel je n’appartiens évidemment pas, sous aucune forme que ce soit. Je garde juste le mot : « conspirationnisme ». Mais bon, moi j’utilise le mot « complotisme », parce que c’est surtout lui qui est utilisé en France.

D’abord, je mets ma main à couper que tu ne sais pas qui a inventé ce curieux néologisme, « complotisme ». Eh bien, il s’agit de la C.I.A. Il ont créé ce terme dans les années soixante, suite à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, pour discréditer et calomnier, voire persécuter et éliminer, toute personne qui oserait s’élever contre la version officielle des faits, en proposer une version différente, mener l’enquête un peu sérieusement, déconstruire l’absurde narratif officiel de ce qui s’est passé, etc. Donc tu vois, la matrice du mot n’est pas exactement innocente, ni anodine.

Quoi qu’il en soit, cette chasse aux sorcières aux “complotistes” a plus ou moins porté ses fruits, et réussi à étouffer toutes les voix discordantes. A la suite de quoi, pendant trois décennies, le mot a été laissé au placard. Il a resurgi, quand? Après les attentats du 11 septembre 2001. Pareil : il s’agissait de faire taire toutes les voix dissidentes qui contestaient la narration officielle des faits, qui en fait ne tient pas debout une seconde, quand on est capable de mettre deux neurones en contact, et de se documenter correctement. Ca a été une répression vraiment féroce, tu t’en souviens peut-être; dans les médias en France, seuls Kassovitz et Bigard (déjà) osaient ouvrir leur gueule. C’est pourquoi je suis un peu étonné du silence de Kassovitz, que j’aime bien, en récidiviste malade de ce que tu sais, sur ce qui se passe en ce moment. Toute personne qui, à chaud, mettait en cause le narratif officiel se faisait presque physiquement menacer. Bigard et Kassovitz recevaient des coups de fil menaçants directement de l’Elysée. “Fermez votre gueule, sinon votre carrière est finie”. Et puis, toute voix discordante étouffée, on a à nouveau mis le mot « complotiste » au rencard.

Et il y a donc eu la « crise du Covid 19 », en réalité une opération planifiée depuis longtemps, et ils avaient évidemment prévu de longue date d’utiliser le mot « complotiste » contre tous ceux qui viendraient contester le récit officiel de ce qui s’est passé, qui a l’insigne faiblesse, si j’ose dire, d’être encore plus inepte que celui de l’assassinat de JFK, ou des attentats du 11 septembre. Donc, autant que tu sois au courant : quiconque utilise le mot « complotiste » pour (dis)qualifier quelqu’un, utilise, qu’il le sache ou pas, qu’il le veuille ou pas, une notion par définition policière, créée par le service de renseignement le plus puissant, le plus influent et le plus malfaisant du monde (bon, je ne vais pas parler du Mossad, ça aggraverait mon cas.)

Si tu traversais l’écran de fumée du « complotisme », agité par le pouvoir pour terroriser la population, tu découvrirais une constellation de gens incroyablement différents (passion de la singularité, toujours), venant d’absolument tous les horizons politiques, professionnels, ethniques, philosophiques et le reste. Il y a, absolument, toutes les nuances de l’arc-en-ciel. Donc oui, tu croiseras des illuminés, des fachos, des antisémites. Mais tu rencontreras plein d’autres personnes, dont beaucoup sont, tout simplement, extraordinaires : des héroïnes et des héros modernes.

Quel est le seul et unique point commun de tous ces gens qui, effectivement, se réunissent sans cesse, que ce soit numériquement, par millions et millions de personnes en France, ou physiquement, par millions de personnes aussi, depuis plus de deux mois dans toute la France (car ce sont bien au moins trois millions de personnes dans les rues chaque samedi, et pas les chiffres décroissants qu’annoncent semaine après semaine les médias.)?

Eh bien, le seul et unique point commun de tous ces gens, c’est qu’ils ont totalement déconstruit le narratif officiel des médias quant à ce que nous vivons depuis un an et et demi. Alors, poses-toi cette question : comment se fait-il qu’en l’espace de seulement un an, les “complotistes” aient poussé comme des champignons, et se comptent dans le monde par centaines de millions de personnes?

J’avancerais l’élément suivant de réponse : à la différence de J.F.K. et du WTC, non seulement tous ces gens ont déconstruit le narratif officiel des événements, et ne sont donc plus dupes de tout ce que nous racontent à longueur de temps le gouvernement, et les médias à sa botte. Mais, là où personne ne sait encore ce qui s’est réellement passé pour J.F.K. et le WTC (il y a d’intenses faisceaux de présomption, mais pas plus), bien des gens savent à peu près qui est-ce qui est derrière toute l’immonde machination criminelle actuelle, et comment ça s’est passé. Et ça, c’est une victoire politique tellement extraordinaire, que tu vas voir qu’on va assister au plus incroyable moment politique qui ait secoué toute l’histoire de l’humanité.

Pour tout dire, nous y sommes déjà. Donc, je ne sais pas qui doit se réveiller. Et moi, je ne te dis pas ça avec violence, agressivité, mépris et condescendance, comme toi avec moi. Moi, je te le dis avec douceur, rationalité, respect et équanimité. Parlons d’une autre vertu précieuse : l’humilité.

Car, sur toutes les questions dont nous traitons, et qui sont d’une extrême gravité, si l’on crève l’écran de fumée de la narration dominante des faits, il est vraiment important d’être, au préalable, très humble. Moi, je suis très humble envers tous ceux qui m’ont d’abord réveillé, en décembre dernier; ça a commencé avec le Dr Louis Fouché. C’est lui qui m’a mis la première puce à l’oreille : « quelque chose cloche avec tout ce qu’on nous raconte depuis huit mois ». J’ai vu le film Hold-Up, devenu très vite culte, et qui disait l’essentiel. Puis, de fil en aiguille, j’ai découvert des scientifiques et des médecins qui sont, pour la plupart, des sommités dans leur domaine : le Dr Vladimir Zélenko donc, la Dr Astrid Stuckelberger, la Dr Simone Gold, le Dr David Martin (des antiésémites évidents et patentés), le Dr Peter Mac Cullough, le Dr Michael Yeadon, le Dr Roger Hodkinson, le Dr Robert Malone (inventeur de la technique arN messager), le Dr Charles Hoffe, le Dr Richard Flemming, le Dr Ryan Cole, le Dr Geer van der Bosche, la Dr Dolorès Cahill, la Dr Jane Ruby, le Dr Luc Montagnier, le Dr Christian Perrone, la Dr Alexandra Harnon-Caude, le Dr Gérard Delépine… et la liste est loin d’être exhaustive. Ce sont des gens admirables de compétence, d’intelligence, de courage, d’abnégation, d’intégrité. Résultat : on les calomnie, on les insulte, on les persécute (je viens d’apprendre que Montagnier a dû fuir la France, au Japon), on les vire de leur poste. Les discours qu’ils tiennent ne sont ni de droite ni de gauche, ce sont des discours de spécialistes extrêmement pointus dans leurs domaines. Avant donc de parler de politique proprement dite, ce que je ferai un peu plus loin, c’est vrai que le terrain sur lequel nous devons nous appuyer, c’est celui de la biopolitique, qui ne connaît pas les catégories habituelles que nous avons pour parler et faire de la politique. Je pense que, si Foucault était encore en vie, il serait stupéfait du caractère prophétique du néologisme qu’il a inventé.

D’où l’extrême désorientation où sont la plupart d’entre nous pour affronter la situation présente : la plupart des catégories politiques préexistantes, et notamment droite et gauche, sont totalement impuissantes à nous en dire quoi que ce soit. Ah, sous ce rapport, j’ai fait une petite erreur : parmi tous ceux-là (qui ont sans doute des opinions politiques en privé, mais n’en font nulle part état dans leurs interventions publiques), il y a une exception, qui est justement l’initiateur de mon réveil, Louis Fouché. Et c’est d’ailleurs saisissant, parce que tu prends un baba-cool écolo, pacifiste et très ancré à gauche, doté d’une très solide culture philosophique par ailleurs, et tu fais son portrait dans la grande presse détenue par les neuf plus grandes fortunes de France. Surprise! voilà qu’il s’est transformé, en un coup de baguette magique, en militant de l’extrême-droite antisémite conspirationniste. Fascinant. Apparemment, le tour de passe-passe est en train de devenir très à la mode. Vive la lecture de “‘Lundi matin”, tous les matins!

Mais, depuis au moins un an et demi, on vit un peu dans le monde de Houdini. Donc, ce furent eux mes premiers informateurs : des médecins et des scientifiques de tout premier plan. En France, le meilleur site de médecins et scientifiques indépendants est Réinfo-covid (des « complotistes », bien entendu, selon les médias dominants), et, encore beaucoup plus puissant, aux Etats-Unis, America’s Frontline Doctors, qui compte pas moins de 700.000 membres, tous autant qu’ils sont, bien entendu, taxés de « complotistes » par les médias dominants de là-bas. Donc : demande-toi par quel miracle, en une année et demi seulement, le terme « complotiste », qui jusque-là désignait, après l’oubli de son inflation post-11 septembre, quelques milliers de zozos épars dans le monde qui devisaient de soucoupes volantes, de platisme terrestre ou de pédo-satanisme, en est venu à désigner des centaines de millions de personnes dans le monde, et au moins une dizaine de millions de personnes en France; et pourquoi ils font aussi peur au pouvoir. Macron, tu le sais peut-être, vient de monter une « commission d’enquête sur le complotisme ».

C’est-à-dire qu’il faut, je le répète, bien comprendre comment a été menée l’impitoyable guerre biopolitique que nous subissons depuis un an et demi, pour ensuite recommencer à parler de politique au sens à la fois intellectuel et philosophique, et activiste et militant. Pour une information plus large que la seule dimension “sanitaire” de la situation, je te conseille les vidéos de Reiner Fuellmich, et les textes et vidéos de James Corbett, l’un des plus grands journalistes indépendants des vingt dernières années, après le génial Julian Assange. En une heure de n’importe laquelle des vidéos de Fuellmich, qui est d’abord un grand avocat allemand (il a fait condamner de nombreuses grosses compagnies, comme la Deutschbank, Wolswagen…), tu en apprends plus qu’en un an et demi de propagande par les grands médias totalement contrôlés par l’Etat et l’oligarchie (ce sont eux, les ultra-riches, qui sont les vrais électeurs partout dans le monde; et c’est pour ça que, nulle part et surtout pas en France, il n’y a encore de démocratie). La force des vidéos de Fuellmich, c’est qu’il interroge des gens d’absolument tous les horizons et de toutes les spécialités; la confluence des informations ne laisse absolument aucun doute sur l’organigramme politique de tout ce qui se passe : sur qui est aux commandes.

Et là, le constat est tout simplement accablant. Enfin, accablant; le mot est faible. Horrifiant, sidérant, inimaginable… aucun adjectif n’est assez fort. C’est pourquoi je n’ai pas compris comment tu as pu dire que tu ne « trouvais rien d’intéressant » sur Internet. Moi, depuis dix mois, je ne trouve pas le temps de m’ennuyer. J’aimerais avoir dix vies pour pouvoir m’informer dix fois plus. Non pas que je m’amuse; car, ce qui ressort de tout ceci, c’est que nous vivons, et de très loin, la plus grave crise qu’ait jamais traversé l’humanité. Ni plus, ni moins. Fuellmich parle, depuis déjà un an, de « plus grand crime contre l’humanité jamais commis », et il a raison. Mike Yeadon, rien moins qu’ex-vice-directeur de Pfizer, parle de « troisième guerre mondiale », et il a raison. Figure-toi qu’il y a six mois, quand je me suis exprimé pour la première fois en public sur la situation (ah oui : j’ai oublié de te dire que mon entretien avec Nika a été publié dans une feuille antisémite notoire, The times of Israël), j’ai quant à moi utilisé l’expression « première guerre civile mondiale de l’Histoire »; et l’expression est désormais reprise par pas mal de gens. Enfin, nous parlons tous, pas enrhumés des yeux, du plus grand génocide jamais perpétré sur cette planète. C’est un génocide non conventionnel, comme on parle de « guerre non conventionnelle »; on n’utilise plus de mitrailleuses, de chambres à gaz ou de machettes, mais des confinements, des masques chirurgicaux et des « vaccins » qui ne méritent pas ce nom.

Car c’est un fait que les confinements, partout dans le monde, ont brisé la vie de milliards de personnes (dont celle de ma mère). Les masques ont d’ores et déjà traumatisé et handicapé mentalement toute une génération d’enfants et d’adolescents, et rendu fous ou débiles pas mal d’adultes aussi (qui conduisent seuls dans leur voiture avec un masque, prennent une douche avec le masque, nagent en piscine ou en rivière avec le masque, essaient de mettre le masque à leur chat ou à leur chien…). Avec le confinement et les masques, on a vu apparaître un phénomène terrible : le suicide des enfants, ce qui est du jamais vu dans l’histoire de la médecine. Le suicide des adolescents, c’est très triste aussi, mais ça a toujours existé. Mais là, c’est des enfants de douze ans, de dix ans, de huit ans, de six ans qui se jettent par la fenêtre ou se pendent. J’ai vu une vidéo avec un de ces petits bouts de chou de six ans, une voix super traînante : « Bonjour, je m’appelle Untel, j’ai six ans, je suis dépressif, j’ai envie de me suicider ». Je pleure chaque fois que j’y pense, je pleure en te l’écrivant. Ca, je ne peux juste pas supporter.

Enfin, les « vaccins » ont d’ores et déjà fait incommensurablement plus de victimes que le virus qu’il sont censés combattre. Je donne et analyse les chiffres officiels dans la lecture vidéo intégrale de mon texte, qui sortira dans quelques jours; je ne vais donc pas « spoiler ». Je me contenterai de ce que je vois autour de moi depuis un an et demi. Je ne connais aucun mort du covid, et les personnes de ma connaissance qui l’ont chopé se comptent sur le doigt d’une main, aucune n’ayant fait de forme grave. Par contre, depuis la vaccination, c’est l’hécatombe. Un mort (42 ans, arrêt cardiaque), un handicapé à vie (un athlète de 25 ans qui ni ne buvait ni ne fumait, et qui a fait un AVC), une dame d’un certain âge qui a pris dix ans dans la gueule en six mois, un asthme chronique qui ne veut pas disparaître, une ménopausée depuis des années qui a à nouveau ses règles, et, surtout (car c’est le plus systématique des effets secondaires recensés dans le monde), plein de jeunes femmes et d’adolescentes qui ont des cycles menstruels gravement perturbés (je ne suis pas madame Irma, mais il n’est pas difficile de comprendre quelles seront les probables conséquences dans le futur, en termes de fertilité). Il y a partout une explosion de thromboses, d’embolies, d’AVC donc, de troubles gastro-intestinaux graves (je connais là aussi un cas…), de paralysies en tous genre, d’épilepsies, de convulsions, même des cas rares de cécités ou de surdités, et beaucoup d’autres choses encore. C’est d’ores et déjà une hécatombe, et encore ne s’agit-il que des effets secondaires à court et moyen terme; nous verrons ce que nous réserve le long terme, mais il n’y a, bien évidemment, pas une seule raison d’être optimiste.

Si tu étais en manif tous les samedis avec les soignantes et les soignants et que tu les écoutais, tu ne ne te demanderais plus pourquoi 350.000 d’entre eux, de toutes spécialités, ont préféré quitter leur emploi sans indemnité ni droit chômage, donc au risque pour beaucoup de finir dans la misère ou à la rue, pour avoir refusé l’injection miracle. Pareil avec les pompiers : tous leurs syndicats ont refusé le principe de la vaccination obligatoire, et ils sont des dizaines de milliers à avoir quitté leur boulot. On se demande bien pourquoi ils ne font pas confiance à Pfizer, l’entreprise pharmaceutique la plus corrompue et condamnée en justice de tous les temps (plus de 40 verdicts, plus de 5.000.000.000 de dollars de dommages et intérêts en tout…), ni au couple Macron, qui, en 2011, quand il travaillait pour la banque Rotschild, a négocié un contrat de plus 10.000.000.000 de dollars entre Nestlé et… Pfizer (vous avez dit « compte offshore »? Savais-tu que le compte de Cahuzac en Suisse était arrosé par… Pfizer?). Et Brigitte, eh bien elle a tout plein d’actions dans Pfizer, comme du reste l’omniprésent Bill Gates.

Mince alors, ça en fait des coïncidences. Mais bon, on peut leur faire confiance, à ces gens-là. Ils nous veulent du bien, c’est sûr. Tout ce qu’ils font depuis un an et demi, c’est totalement logique, c’est excellent pour la santé physique, économique, mentale et psychologique de tout le monde. Un gouvernement ne peut pas vouloir notre mal, notre mort, non madame; il est là pour nous pro-té-ger. Jamais on n’a vu un homme politique mentir et se contredire autant que Véran, ce qui n’est évidemment pas peu dire pour ce métier, mais c’est sans doute pour notre bien, au fond, qu’il nous raconte rigoureusement n’importe quoi depuis un an et demi. Et même s’il nous cache tout plein de choses, c’est forcément aussi pour notre bien, n’est-ce pas?

Eh bien, c’est ça, ce qu’on appelle aujourd’hui les « complotistes ». Ce ne sont pas des gens qui pensent tous la même chose et portent tous un chapeau en aluminium. Ce sont des gens qui se posent des questions. Ils se demandent : à quelle logique obéit le déroulé des événements depuis un an? Et ils répondent : à s’en tenir à la narration officielle de ce qui se passe : absolument aucune. Tout est délirant. « Il y a une pandémie mondiale dévastatrice, qui tue, selon les chiffres officiels, 0,03% de la population mondiale, comptant l’écrasante majorité de ses victimes chez des gens déjà gravement malades, et ayant excédé de beaucoup leur espérance de vie. » Ce n’est pas seulement une antiphrase, c’est une chimère sémantique. N’importe quel étudiant en philo de première année sait que, si tu pars d’une prémisse fausse, toute la suite de ton raisonnement sera faite de n’importe quoi. Et c’est bien ce qui se passe depuis un an et demi sur la place publique. Rien ne fait sens, rien n’est cohérent, rien n’est fait pour notre bien, absolument rien. Le « complotiste » qui a des enfants, eh bien c’est celui qui ose se demander, contre le terrorisme médiatico-gouvernemental : « pourquoi administrerais-je une double injection de potion expérimentale à mon fils de sept ans, contre une maladie pour laquelle il ne risque absolument rien? ». « Quel sens de bienveillance ça a d’expliquer à mon gosse de cinq ans que, s’il ne porte pas le masque, il va être une menace de mort pour papi et mamie? » “Pourquoi est-ce que je le priverais de 20% d’oxygène, et de 30% de ses capacités cognitives, contre une maladie pour laquelle il ne risque rien?” Un « complotiste », aujourd’hui, c’est tout simplement quelqu’un qui ose se poser ce genre de questions, qui passent pour des crimes dans les grands médias subventionnés. C’est dire, en matière de liberté de parole, où on en est.

Le « complotiste », ce fou paranoïaque congénital, préfère donc partir de deux prémisses différentes : 1-la logique de ce qui se passe doit se trouver ailleurs que dans la narration officielle, totalement informe, illogique et délirante; 2-ce gouvernement nous veut, en fait, du mal, et pas qu’un peu. Pour la prémisse 1, le « complotiste » commence par fermer sa télé, fermer les grandes radios d’Etat (France-ceci-, France-cela), ne plus acheter les grands quotidiens, détenus par un tout petit noyau de personnes (et en réalité, quand on va se renseigner, ce sont les médias officiels du monde entier qui sont très strictement centralisés, vraiment Big Brother), et même éviter les réseaux sociaux trop voyants, qui sont en réalité archi-contrôlés et archi-censurés. Il arrête d’utiliser Google, un Léviathan de contrôle et de censure numériques, et utilise Duckduckgo, un moteur de recherche aussi puissant, où il n’y a ni contrôle, ni censure. Il arrête d’aller sur « You Tube », archi-censuré et archi-contrôlé lui aussi, et va plutôt sur Odysee et Rumble, qui ne censurent rien. Il arrête d’aller sur Face-Book, où le contrôle est total et la censure, féroce, et s’inscrit plutôt à Telegram, où la parole est absolument libre.

Là, le « complotiste » en apprend tous les jours, des vertes et des pas mûres. Il ne fait pas encore de politique à proprement parler, mais il satisfait au moins au réquisit minimal pour faire de la politique à l’époque où il vit : être très exactement renseigné sur le réel politique (biopolitique, en l’occurrence) du monde tel qu’il est. Et il se passe alors quelque chose de très étrange : là où ceux qui le traitent de « complotiste » sont en état de dissonance cognitive avancée, parce qu’ils veulent de façon désespérée croire aux absurdités qu’on leur raconte depuis un an et demi, et qui considèrent, pour comble, que l’ami « complotiste » est en plein délire, eh bien le « complotiste », lui, a une vision absolument claire et rationnelle de la situation. Il sait que le monde démentiel où tout le monde vit depuis un an et demi obéit, en réalité, à une logique implacable, relativement complexe mais même pas tant que ça, et éminemment descriptible, dans ses moindres détails. Les « anti-conspi », eux, sont en état de dissonance cognitive avancée, parfois même de démence clinique ou de débilité, parce qu’ils sont exactement comme ceux qui, le siècle dernier, assistaient à l’avènement du nazisme ou du stalinisme, et ne voulaient pas en croire leurs yeux. Ils sont dans le déni du réel, et, comme le sait quiconque a ouvert un livre de Lacan, la forclusion du réel, ça s’appelle la psychose. Pour supporter cette psychose, ils cessent de penser, ce à quoi les aident les chaînes télévisées, en les hypnotisant avec toujours plus d’absurdités intenables, fondées sur une prémisse insensé (« il y a une pandémie mondiale d’un virus qui porte l’estocade à des gens déjà très malades, et qui ont largement dépassé leur espérance de vie »).

Accostons, sur ces bonnes bases, la question de l’engagement politique proprement dit, aujourd’hui, par rapport à tout ce qui se passe (ou qui se « pass », hahaha). Avant d’être transformé, comme le pauvre Fouché, par un coup de baguette magique en « conspirationniste d’extrême-droite antisémite », je tiens tout de même à rappeler mon CV sous ce rapport. Mon « extraction » politique, ma sensibilité très précoce, en la matière, c’est l’ultra-gauche anarcho-situationniste. J’ai lu Debord et l’I.S. à 16 ans, et c’est toujours resté ma principale référence en la matière; et aujourd’hui plus que jamais (ma vidéo de lecture intégrale montrera très précisément pourquoi et comment). A 18 ans, j’ai appartenu à un groupuscule situationniste très radical, « La bibliothèque des émeutes »; les R.G. ouvraient mon courrier, je suis fiché « S » depuis, puisque je n’ai pas fait grand-chose jusqu’ici pour me rattraper. Tu me connais tellement bien que tu ignores que ma participation au numéro 2 de Tiqqun, une de tes lectures favorites, et surtout à la « Théorie du bloom », est loin d’être négligeable. Plus tard, mon « militantisme » a essentiellement été intellectuel, en contribuant à installer Badiou au centre des débats de la « gauche radicale ». Plus tard encore, indépendamment de cette épineuse question « qu’est-ce que la gauche? » que je vais bientôt lancer, tu ignores aussi que j’ai été le premier lanceur d’alerte, en France, sur ce qui se passait en Tunisie en 2011, même si j’ai dû le faire en coulisses, car sinon j’aurais mis en danger la vie de ma famille là-bas, tout particulièrement celle de mon père. C’est grâce à moi que les grands journaux français ont fait leur une sur ce qui serait, dix jours plus tard, une révolution. J’en viens plus loin à mes activités d’aujourd’hui.

Je ne dis pas que, en termes de militance, ce soit le CV du siècle. C’est évidemment très loin d’être le cas. Ma façon de « m’engager », jusqu’ici, aura principalement été l’écriture, comme l’écrasante majorité de tous ceux qui écrivent. En particulier, la philo, sur son mode, c’est de la « grande politique », comme disait Nietzsche; c’est-à-dire que tu crées les concepts et les grilles d’intelligibilité du monde de demain (s’il y a un monde de demain, ce qui est loin d’être gagné). Qui sous-estime l’influence du travail de la philosophie sur l’ensemble de notre histoire se trompe très grandement. Pour soupeser mes chances statistiques de réussite à long terme en ce sens, je pense que le minimum syndical de probité en la matière, c’est tout de même de m’avoir lu, et compris. Là encore, je le dis sans te prendre de haut, moi; ni t’obliger à quoi que ce soit. C’est ton droit le plus strict que de considérer à l’avance que tout ce j’écris, à l’image de tout ce que je dis, ne vaut rien. Je continue dans mon CV. Après 2011, la rupture avec Badiou m’a fait entamer une longue traversée du désert. J’étais très paumé, était coupé de tout et en particulier du milieu intellectuel et culturel, j’écrivais très peu. Ca a été long (six ans). En réalité, j’ai beaucoup cogité pendant cette période, sans m’en rendre compte mes concepts ne cessaient de travailler et de mûrir sous cape. J’ai rencontré une jeune femme fantastique, qui m’a donné à nouveau une raison de vivre. Et, là, j’ai pu pleinement déployer mon système philosophique, qui n’a pas beaucoup d’équivalent aujourd’hui, et qui a tout le temps devant lui. Il contient des implications politiques à la fois très amples et très précises. Je ne les aborderai pas directement ici.

Là-dessus, patatras : 2018, les gilets jaunes. Ca a été un électrochoc absolu pour moi, qui m’a fait reconsidérer de fond en comble la question du politique. Je n’ai pas pu y participer comme j’aurais voulu, pour des raisons médicales que je passerai pudiquement sous silence. Mais j’ai quand même très vite pu pondre un petit texte, « Gilets Jaunes mon amour », qu’on peut trouver sur la toile, et qui est très populaire aujourd’hui chez pas mal de GJ. Je suis très fier du diagnostic que j’y pose, que je résumerai plus loin.

Enfin, il y a eu mars 2020. Comme je te l’ai dit, j’ai mis huit mois à commencer à me réveiller (à me transformer irrésistiblement, sans du tout m’en rendre compte, en « conspi »; et pour cause, c’est un mot inventé par l’ennemi).

Il y a donc, ici, deux choses à dire : c’est que les événements récents, en plus des gilets jaunes, m’ont fait comprendre pourquoi l’ultra-gauche d’où je viens, et à laquelle il y a tout lieu de croire que tu te reconnais aussi, n’a jamais été homogène à l’extrême-gauche classique (marxiste, léniniste, trotskiste, stalinienne, maoïste et apparentés…), encore moins aux gauches gouvernementales, type Parti Socialiste. Or, aujourd’hui, quand je viens de voir que le Nouveau Parti Anticapitaliste, suivi par la France soi-disant insoumise, qui passe son temps, depuis un an et demi, à faire de la figuration « oppositionnelle » au parlement, quand j’apprends, dis-je, qu’il ne trouvent rien de mieux à faire que de défiler pour condamner le « conspirationnisme d’extrême-droite antisémite », lors même que des millions et des millions de français, pour la plupart transformés en des citoyens de seconde zone (Vichy 2.0), parmi lesquels 350.000 personnes du personnel soignant, qui dénoncent un génocide délocalisé pur et simple, je comprends pourquoi ces gens n’ont jamais représenté grand-chose pour moi. Je n’ai jamais « senti » les gens du NPA, et je me suis toujours méfié de Mélenchon, contrairement à toi. Ils n’ont jamais pesé très lourd sur quoi que ce soit, mais là, ils ont creusé leur propre tombe. Tu verras que l’expression de “poubelles de l’histoire”, tellement en vogue dans les années soixante et soixante-dix du siècle dernier, va revenir à la mode. Adios amigos, personne ne vous regrettera.

La seconde chose à dire, c’est que le principal diagnostic que j’ai posé quelques mois seulement après le début de l’insurrection GJ, c’est qu’ils ont pulvérisé le clivage gauche/droite. Je ne développe pas ici tous les arguments de ce texte court mais dense. Je préfère donner un exemple, que je tiens d’un des principaux animateurs de la tendance la plus intelligente et radicale du mouvement, la plus prolétaire aussi, les GJ constituants, dont je dois taire le nom aussi, pour des raisons politiquement plus lourdes encore que les noms que j’ai passés sous silence plus haut. Il m’a dit : « au début, c’était un tiers de déçus de la France insoumise, un tiers de déçus du Front national, un tiers d’anarchistes. On a commencé par bien se friter, bien s’engueuler… et puis l’alchimie à commencé à prendre. » C’était mon diagnostic exact dans ce texte : les GJ jaunes, ce sont toute la masse des laissés-pour-compte, de la France périphérique (ou la « diagonale du vide », terme inventé pour désigner la France la plus pauvre, sur laquelle j’ai fait un reportage avec Antoine d’Agata, lui les photos moi le texte). Et, en effet, il se passe la même chose aujourd’hui, puissance dix (car si tu allais sur le terrain, surtout à Paris où c’est monstrueux, je t’assure que tu n’en rencontrerais pas beaucoup, de fachos antisémites « conspi ». Tu rencontrerais le début de peut-être la plus grande insurrection de tous les temps).

Lors de notre première rencontre avec les GJ constituants, on a fait des vidéos sur le thème de l’anarchisme, avec un ami économiste anar et un autre psychiatre, un des plus grands spécialistes de l’autisme en France, ainsi qu’une véritable encyclopédie de l’histoire des anars. Et, depuis, je les observe et écoute avec une énorme admiration. Là encore, humilité extrême : ils m’ont énormément appris et je suis content si, en retour, mes interventions peuvent les nourrir. Je viens régulièrement à Paris défiler avec eux, et si tu venais, en plus de t’apercevoir de l’ampleur colossale du mouvement, tu apprendrais ce que c’est, le militantisme du 21ème. Ils sont super-efficaces, super radicaux, visent toujours juste, et atteignent souvent leur cible. Si tu faisais une vidéo avec eux, tu serais sûre d’avoir au moins 30.000 vues. C’est un des nombreux coup de génie des GJ en général et de GJC en particulier, qui sont les plus forts sur ce terrain comme sur les autres : ils ont compris que, dans le monde où nous vivions, et tout particulièrement en France, il fallait apprendre à s’informer autrement et, pour ce, s’emparer soi-même des instruments à cet effet : ne plus se fier, en quoi que ce soit, aux informations officielles, subventionnées par l’Etat et détenues par l’oligarchie. Une étude a montré que, en termes de liberté de la presse, la France était 34ème ou quelque chose comme ça, derrière la Jamaïque ou le Malawi…

Du reste, si j’ai une définition à donner de la gauche et de la droite, elle est simple, voire simpliste : la gauche, c’est les pauvres, la droite, c’est les riches. Je me suis toujours senti plus à l’aise avec des gens modestes qu’avec des bourgeois, et plus que le temps passait, plus la tendance s’accentuait. J’ai toujours adoré le rade maghrébin pourri ou, pour trois verres, on t’en offre un quatrième, et me suis toujours senti mal à l’aise quand on m’invitait dans des cafés comme le Flore. Il existe aussi une tendance bourgeoise chez les GJ, et il est intéressant de savoir pourquoi; je le dirai, en prenant un détour, un peu plus loin. C’est le gros problème que j’ai fini par avoir avec, disons pudiquement, des figures très célèbres de la gauche radicale, que j’ai fréquentées de très près : tout « radicaux »qu’ils se croient être, ils gardent énormément de réflexes bourgeois. A ce sujet je te conseille une chaîne que tu devrais vraiment aimer, car vraiment de la jeune gauche radicale intelligente d’aujourd’hui, et qui est très suivie : « Le canard réfractaire ». Bon, je ne les regarde plus, justement pour ça : parce qu’ils pensent que le clivage gauche/droite, prolétariat/bourgeoisie, demeure la grille de lecture qui permet au mieux de lire le monde d’aujourd’hui. C’est comme avec « Lundi matin ». Oui, il y a plein d’articles remarquables. Mais ça ne suffit pas, parce que ça reste trop engoncé dans une certaine forme de bien-pensance de gauche, surtout quand elle se dit “ultra”, qui me rappelle un peu l’expérience que j’ai faite avec la revue Lignes, où j’ai très longtemps écrit. Il y a un côté entre-soi, avec une majorité de bourgeois blancs diplômés, dans “Lundi matin” comme chez Lignes. Cela dit, j’ai quand même regardé une des vidéos récentes du « Canard réfractaire », après le discours délirant et nazitaire de Macron du 12 juillet : « Les « complotistes » avaient raison ».

Donc je te pose la question : c’est quoi, aujourd’hui, la gauche radicale pour toi? « Lundi matin », les éditions La Fabrique? OK. Oui, ils publient d’excellents articles et de passionnants livres. La Fabrique est une grande maison d’édition, et, “Lundi matin”, une excellente revue. Mais qu’est-ce que ça donne, en termes d’action, de mobilisation, d’impact politique sensible, de réaction visible du gouvernement? Je te pose la question, là encore, en toute humilité et sans te prendre de haut. Peut-être que je ne suis pas au courant; à toi de me l’apprendre.

Je pense pour mon compte que, pour plein de raisons, c’est effectivement les GJ en général et les GJC en particulier qui ont raison : il faut grandement secondariser les mots de « droite » et de « gauche » dans les débats politiques qui viennent, peut-être même totalement les éviter.

La première, et la plus évidente, des raisons de cette secondarisation, sinon d’un abandon pur et simple, c’est la haute trahison de la gauche de gouvernement. Le P.S. a plus fait pour privatiser le pays et le démanteler, en matière de justice sociale, que tous les gouvernements de droite réunis, et c’est pareil dans toute l’Europe, où tous les gouvernements « de gauche » sans exception ont, justement, vendu leurs pays à cette escroquerie sociale et économique totale qu’est l’Union européenne. Le seul pays à qui tout cela profite, c’est l’Allemagne, et encore, même là-bas, on ne peut pas dire que ça profite exactement à la grande majorité du peuple allemand. C’est encore beaucoup plus vrai depuis la soi-disant “crise sanitaire”, où la classe moyenne s’est vue immoler vive. Tous les autres pays-membres que l’Allemagne ont tout perdu à se fondre dans cette mégastructure vampirique qu’est l’Union européenne. C’est pour ça que la gauche radicale, si j’ose dire, « traditionnelle », est tellement impuissante aujourd’hui : elle ne veut pas sortir de sa zone de confort, cet entre-soi dont je parlais plus haut, s’agissant du seul milieu intellectuel de la « gauche radical chic ». Le mot « gauche » en général a été totalement dévoyé par les gouvernements qui ont porté ce nom. Et que dire des démocrates américains…

Les GJ en général, et les GJC en particulier, ont quitté cette zone de confort, et ont purement et simplement supprimé le clivage gauche/droite, pour le remplacer par le clivage principal qui structurera le débat et le combat politique à l’avenir (si nous survivons à ce qui se passe aujourd’hui et que nous faisons la révolution, car c’est ça qui est en jeu) : le clivage souverainisme/mondialisme. Et là, les choses sont infiniment plus complexes, que de s’en tenir aux confortables réflexes sémantiques que surdétermine le clivage gauche/droite; mais la pensée politique efficiente, agissante, redevient possible. Complexe, car la notion de souveraineté, pour beaucoup, évoque uniquement et seulement la droite et l’extrême-droite. Ce qui n’est pas vrai du tout : et c’est justement là où on s’aperçoit avoir eu à 100% raison d’être anar et ultra-gauche (situ), contre l’extrême-gauche traditionnelle, pour ne rien dire de la gauche de gouvernement, qui a achevé de complètement dévoyer le mot (« gauche »). Un anar est, par définition, souverainiste, puisqu’il veut toujours déconstruire ou détruire les grandes formations hiérarchiques, étatiques, institutionnelles, conscriptrices, classistes, suprastructurelles, centralisatrices, etc. Il n’est pas mal à l’aise avec ce mot, alors que le gros de la « gôche », comme l’écrit un ami (un très bon écrivain qui s’appelle Pierre Peuch), et plus encore de l’extrême-gauche, est très mal à l’aise avec ce mot. Un anar veut toujours relocaliser le pouvoir (par exemple : le « municipalisme libertaire » de l’ami économiste dont je te parlais plus haut…), et Fuellmich, l’avocat héroïque dont je te conseille la fréquentation assidue, ne dit pas souverainisme/mondialisme, mais justement, et bien plutôt, localisme/mondialisme.

Mais il faut être honnête intellectuellement, et reconnaître que, oui, la droite et l’extrême-droite tient plus volontiers un discours souverainiste que la gauche de gouvernement, ou que l’extrême-gauche traditionnelle (à cause de son internationalisme abstrait). C’est pourquoi hélas, en ce moment, bien des gens issus de la droite et de l’extrême-droite auront été beaucoup plus lucides sur ce qui se passe politiquement depuis un an et demi, que bien des gens de gauche et d’extrême-gauche. C’est que la “gauche de gouvernement” a tout fait, depuis quarante ans, pour vendre la France, au nom d’un universalisme tronqué, à ce qui doit désormais être identifié comme l’ennemi, l’ennemi absolu, totalitaire et monstrueux, vampirique et génocidaire : le mondialisme. L’extrême-gauche, elle, ne sait plus où se mettre dans tout ça, parce que son universalisme/internationalisme est trop abstrait (j’en parle beaucoup dans mon travail, je ne m’y arrête pas ici), qui n’a donné, dans les faits, que les horribles communismes d’Etat, qui sont loin de n’avoir survécu qu’en Chine et en Corée du Nord, comme on croyait encore il n’y a pas si longtemps. Bien au contraire, c’est leur modèle de gouvernance qui donne désormais le ton au plus haut niveau, comme on le voit à ciel ouvert depuis un an et demi. Les anars (ou les situs), n’ont pas, eux, de telles horreurs sur la conscience; ils ne sont donc pas coincés dans les raisonnements sophistiques de ce qui reste de la gauche de gouvernement, ni dans les catégories psychorigides où l’extrême-gauche traditionnelle est aujourd’hui paralysée, voire hémiplégique.

C’est là où, une fois de plus, il ne faut pas se laisser terroriser par la rhétorique du pouvoir : « tous les extrêmes se rejoignent, les extrémistes c’est dangereux… » : car, depuis un an et demi, on voit à quel point personne, jamais, n’a été plus criminellement extrémiste que le pouvoir mondialiste qui décide de tout, réduisant les gouvernements et les Etats particuliers à n’être que de simples exécutants. A l’époque des GJ, dans mon petit texte, j’avais fait ce diagnostic : le vingtième siècle fut structuré, en effet, par le clivage gauche/droite, capitalisme/communisme, sous la forme d’une guerre entre deux camps, comme disons le jeu d’échecs peut servir à le symboliser. Et en effet ce que j’avais montré avec mon texte, c’est que des gens d’horizons politiques radicalement opposés, justement l’extrême-gauche et l’extrême-droite, si radicalement hostiles dans l’histoire (et les anarchistes, nombreux chez les GJC, c’est pourquoi ils me sont aussi sympathiques), ont appris à se parler, et à commencer à penser et agir autrement. C’est ce qui arrive derechef en ce moment, mais à la puissance dix. Des gens de bords politiques traditionnellement très hostiles apprennent, comme par miracle, à se parler, puis à agir ensemble; et c’est précisément ce miracle que l’événement des gilets jaunes avait annoncé. Donc, je te réitère mon conseil ici central, car il n’y va pas seulement de ton hygiène mentale, il y ira très vite de ta simple survie physique : sors de ta zone de confort intellectuelle.

Car, à toute cette lumière, le combat politique n’a donc plus la forme d’un combat entre deux camps à peu près également répartis (où le capitalisme, donc la droite, a fini par gagner à plates coutures en 1989, ne laissant à toutes les tendances de la gauche radicale que le hobby, dans les décennies qui ont suivi, de lécher ses plaies). Il a la forme d’un cercle plein de concentricités, où l’écrasante majorité des gens sont jetés dans une sorte de banlieue mentale généralisée (l’alliance des GJ et des banlieues a été l’un des rendez-vous manqué d’il y a trois ans, qui est en train d’être rattrapé en ce moment, de façon très spectaculaire), et où c’est un extrême-centre très restreint, en nombre humain, qui décide de tout, possède tout, contrôle tout (ou croit tout contrôler, et c’est là que les choses commencent à devenir passionnantes politiquement). Et c’est cet extrême-centre, déjà à l’époque des GJ, qui était virtuellement encore beaucoup plus criminel que les pires formes de l’extrême-droite du vingtième siècle, comme le nazisme, ou que les pires formes de l’extrême-gauche du même siècle, comme les Khmers rouges ou le Sentier Lumineux. Depuis un an et demi, ce n’est plus virtuel, c’est le réel tout cru. Dans pas si longtemps, « transhumaniste » sera devenu une insulte qui fera passer celle de « nazi » pour un compliment. Car c’est de ça qu’il s’agit derrière tout ça : du transhumanisme. C’est ça que les milieux injurieusement taxés de « complotistes » disent, un milliard de preuves à l’appui.

C’est pourquoi, aussi, je n’appelle plus ça « l’extrême-centre », avec pas mal d’autres gens, mais, depuis décembre : « fascisme oligarchique mondial ». Car c’est ça qui est aux commandes actuellement. Et c’est ce que je reproche à l’extrême-gauche traditionnelle, mais aussi aux héritiers de l’ultra-gauche : de sans cesse dénoncer le « capitalisme » d’un grand air entendu, mais de ne jamais citer de noms, ou si peu. De peur, justement, d’être étiquetés « complotistes », voire « conspirationnistes d’extrême-droite antisémites ». Or, c’est ça qui s’est passé avec les GJ, et qui se passe désormais avec les « antivaxx complotistes » : ils citent des noms, ils identifient l’ennemi, ce que ne fait ni le NPA, ni la FI, ni, à mon humble connaissance, La Fabrique, Lundi Matin, ou le Canard Réfractaire, se privant de toute possibilité de mener un combat politique réel. Car, pour mener un combat, il faut, avant tout, identifier l’ennemi. C’est ce que les GJ constituants crient sur tous les toits en ce moment, en portant des cagoules quand il faut passer dans les médias. C’est la condition sine qua non du politique : l’identification claire, nette et précise de l’ennemi à abattre. Or, toute cette gauche soi-disant radicale ne le fait pas, pas vraiment, parce qu’elle ne cite pas de noms. Et si l’on n’a pas le courage de dire que Hitler et Pol-Pot, à côté de Bill Gates et Klaus Schwab, c’est des scouts, on n’a aucune chance de faire quoi que ce soit d’efficient politiquement dans l’époque où l’on vit.

C’est parce qu’ils ont appris à s’informer autrement que les GJ ont compris très tôt ce qui se passait avec la pseudo « crise sanitaire », et donc qu’ils ont été immédiatement dans le camp des « complotistes ». Ces millions et millions de personnes en France, qui sont des centaines de millions dans le monde entier, ont parfaitement compris qui était à la manoeuvre : principalement la fondation Bill et Melinda Gates, l’OMS qui leur appartient, le forum de Davos, le groupe de Bilderberg, la fondation Rockfeller, la banque Rotschild, Jeff Bezos, le gouvernement chinois (puisque le monde est en train de se transformer en régime chinois, et que le transhumanisme, là-bas, est encore plus fort qu’aux Etats-Unis, ce qui n’est pas peu dire; raison de plus pour abandonner le mot « gauche », parce que si la gauche, c’est la Chine ou la Corée du Nord ou Cuba actuellement…), Blackrock, Mosanto, Peter Thiel, etc etc… Il y a peut-être des articles de « Lundi matin » qui parlent de tout ça. Je te demande, en toute modestie, de me dire si c’est le cas.

En France, nos cibles sont les succursales de ces gens-là : l’Elysée bien sûr, qu’il faut mettre hors-service. Matignon, itou, et les autres ministères. Le parlement et le sénat : tous en prison ou presque (il y a une infime minorité de résistants). Les grands médias : hors-circuit. Par exemple, en hommage à mon ami David (« Occupy Wall Street »), j’ai lancé dans ma vidéo avec les GJ d’il y a deux semaines le mot d’ordre suivant : « Occupy AFP », qui est la mère nourricière non seulement de toute l’information officielle française, mais dans le monde entier. Un journaliste qui y a travaillé dit qu’aujourd’hui, ça ferait mieux de s’appeller : « La Pravda ». Comme je l’ai dit dans ma vidéo (qui a fait des centaines de milliers de vues…) : prendre ça aujourd’hui, c’est comme prendre la Bastille en 1789. Mon interviewer semi-clandestin et anonyme m’a répondu : « l’AFP, c’est un blockhaus ». Je lui ai répondu : « et la Bastille, c’était un club de pétanque? Quand on a le nombre, on peut tout. »

Résultat : j’ai appris que l’un des cortèges des manifs de samedi (pas pu y aller) ont commencé devant l’AFP. Si tu étudies la question, tu apprendrais que c’est orwellien, l’info aujourd’hui dans le monde entier : c’est extrêmement centralisé. Et, bien entendu, l’ami Bill a filé tout plein de sous à l’AFP, comme à la BBC, à CNN, à Al Jaazira… le type est juste absolument partout, c’est hallucinant. Tu ne sais sans doute pas que son père était le leader du mouvement eugéniste le plus influent des Etats-Unis, l’eugénisme classique, né au dix-neuvième siècle en Angleterre bien avant le nazisme, et qui lui a survécu de très loin, jusqu’à aujourd’hui : justement, parce qu’ils ont appris à se faire discrets après 1945. Et cet eugénisme, ce n’est pas les aryens contre les juifs : c’est d’une confondante simplicité marxiste inversée : c’est les riches contre les pauvres. Les riches, de droit divin, sont supérieurs et méritent ce qui leur arrive; les pauvres sont sales, malsains, malades, infectieux, ils doivent être euthanasiés, stérilisés, etc. Bill Gates est un fanatique de tout ça (et du « vaccin », il n’a que ce mot à la bouche depuis vingt ans), sauf qu’aujourd’hui, avec ce qui se passe, l’idéologie qui donne le ton depuis un an et demi, nommément le transhumanisme, est bien pire que celle du papa de Bilou, Gates du nom : seuls les ultra-riches méritent de vivre une vie digne de ce nom; tous les autres doivent être exterminés, au mieux, devenir esclaves, au pire. Je te dis : Hitler, à côté, c’est Oui-Oui chez les bisounours. Nous sommes dirigés par des psychotiques absolus, qui pensent de surcroît qu’ils vont être immortels grâce à la science, et tout contrôler grâce à la technologie.

Donc, c’est un des innombrables éléments qui indiquent pourquoi nous devons abandonner le clivage droite/gauche : pourquoi est-ce qu’il y a, en effet, tant de gens de droite et d’extrême-droite qui sont plus lucides que tant de gens de gauche et d’extrême-gauche (je te rassure et te le prouverai plus loin, il y a quand même plein de gens issus de toutes les nuances de la gauche qui sont conscients de ce qui se passe)? Prenons juste la droite classique modérée, la bourgeoisie : le massacre économique injustifié qui a lieu depuis un an et demi, c’est la destruction massive des PME et de la classe moyenne. Donc, les éléments éveillés de celle-ci se cabrent, et violemment; et s’allient aux éléments prolétaires, l’essentiel des GJ, pour combattre le même ennemi. Les plus lucides savent même ce qui est en jeu : à la clé, le revenu universel pour tous, le crédit social à la chinoise, le contrôle numérique absolu de tout et de tous. C’est ça qui fait que le mot « gauche » est aujourd’hui inutilisable, et qu’Agamben, un des rares philosophes lucides sur la situation, parle depuis un an et demi de « capitalo-communisme », même si je ne suis pas sûr qu’il mesure à quel point l’intuition est juste. Nous nous dirigeons vers le pire du capitalisme (l’essentiel des richesses et du pouvoir, c’est la même chose, concentrés en quelques mains); et le pire du communisme d’Etat (l’aliénation totale de nos droits individuels et collectifs). Par exemple, le PS espagnol, aussi désastreux que tous les autres, parle désormais de « fin de la propriété privée », ce qui veut dire : 99% des êtres humains n’auront plus rien en 2030, 1% tout. C’est le programme explicite du forum de Davos, l’organisation mondiale la plus influente politiquement des cinquante dernières années (va sur leur site si tu ne me crois pas : « en 2030, vous ne posséderez plus rien, et serez heureux »).

Rien n’est caché. C’est ça le plus rigolo, avec ce mot, « complotiste » : c’est que celui qui est désigné par ce mot n’accuse pas des forces obscures qui agissent dans l’ombre, mais se contente de dire que le roi est nu. Il décrit, simplement, ce qu’il a sous les yeux. Bon, je te l’accorde : il y en a un certain nombre qui désignent des forces de l’ombre, les illuminati, les pédo-satanistes, les khasars et tout ça. C’est un fait, cette tendance existe (cela dit, la pédocriminalité de masse, ça existe aussi, mais nous n’en parlerons pas ici). Mais ils sont une minorité. Aucun des médecins que je t’ai cités, par exemple, ne parlent jamais de tout ça. Plusieurs, par contre, parlent du transhumanisme. Et le transhumanisme, hélas, n’est pas un mythe, pas plus que ne l’a été le nazisme. C’est, comme le nazisme, une mythologie (je compte, si j’en ai la force, écrire un livre qui s’appellerait « Le mythe transhumaniste », en référence au petit classique de Jean-Luc Nancy et Philippe Lacoue-Labarthe, Le mythe nazi). C’est une mythologie beaucoup plus délirante et dangereuse encore que ne l’était le nazisme. Et c’est, malheureusement, cette mythologie-là qui nous gouverne depuis un an et demi. La situation, ma chère, est très grave. Donc, là aussi, il faut sortir de la zone de confort de la bonne conscience de gauche, même radicale, même ultra : si des gens de droite sont en train de se réveiller alors que « l’extrême-gauche » ne trouve rien de mieux à faire que de défiler contre les « conspis fachos antisémites », ne comptant que quelques milliers de clampins dans l’indifférence générale, tandis que des millions de français sont, dans l’étouffement médiatique le plus scandaleux, tous les samedis dans la rue, parce qu’ils sont transformés en citoyens de seconde zone par le gouvernement, dans l’indifférence totale de ces partis « de gauche radicale », c’est qu’en effet le mot « gauche », pas plus que le mot « droite », ne peut avoir encore d’efficacité pour comprendre le monde où on vit. Ces mots auront une utilité généalogique, c’est sûr, dans le monde qui vient (s’il vient…); ce n’est évidemment pas pareil de « venir » de la gauche que de « venir » de la droite. Par exemple, ce n’est pas pareil, en philo, que d’avoir surtout lu Marx et Gramsci, et de surtout avoir lu Nietzsche et Heidegger : et, s’il faut te donner du grain à moudre, j’ai pour ma part surtout lu ces deux derniers (mais j’ai lu les deux autres, et me sens plus proche d’eux… nous sommes tous pleins de paradoxes…). Tu peux, sur cette base, me classer “anarchiste de droite” si le coeur t’en dit. Mais, aujourd’hui, on doit chercher ailleurs et autrement. Les mots “gauche” et “droite”, en eux-mêmes, ne nous sont plus d’aucune utilité pour comprendre le monde où l’on vit.

Enfonçons le clou pour finir. Dans les vastes réseaux de résistance qui sont en train de se former, je connais donc : des GJ, des anars très actifs, des gens issus de l’extrême et ultra-gauche, bien sûr. Mais aussi, eh oui, des gens issus de la droite et de l’extrême-droite traditionnelles. Trois de ces camarades, par exemple, sont des militants des “patriotes” de Florian Philippot, dont un est un ami très proche. Comme tu t’en doutes, je suis loin d’être d’accord avec tout ce qu’ils disent, mais, en discutant avec eux, j’ai découvert des gens éveillés et intelligents (avec l’ami très proche, ça fait longtemps qu’on est loin d’être d’accord sur tout, mais nous avons toujours énormément appris l’un de l’autre. C’est ça aussi, sortir de sa zone de confort. Tu apprendras peut-être beaucoup plus de quelqu’un qui est très éloigné de toi, sous la plupart des rapports, que de quelqu’un avec qui tu es d’accord sur à peu près tout. C’est ça, par exemple, le grand piège des “ghettos” intellectuels). Et, sur la question de la souveraineté, nous sommes, avec les patriotes, d’accord. Il faut quitter fissa l’Union Européenne, recréer une monnaie nationale, réindustrialiser le pays, c’est-à-dire relocaliser l’industrie (et tout le reste : l’avenir politique positif est à la relocalisation et à la dé-mondialisation tous azimuts : ce n’est plus un débat “de gauche” ou “de droite”). Des gens très intelligents de la gauche radicale, comme Emmanuel Todd, disent ça depuis longtemps.

Pour l’anecdote, j’ai accompagné ces trois camarades “patriotes”, tous corréziens, à une des manifestations à Paris organisée par Philippot, fin juillet ou début août, je ne sais plus. J’étais légèrement mal à l’aise, comme tu peux t’en douter, ne sachant pas à qui j’allais avoir affaire, probablement des vieux culs rancis cocardiers. On arrive sur les lieux du départ du cortège, et puis je me frotte les yeux. Il y avait plein de noirs, plein d’arabes, quelques indiens, j’ai appris plus tard qu’il y avait pas mal de juifs, j’ai vu une femme voilée hurler sur du Joe Dassin, la playlist passait “Bella Ciao” et “Le chant des partisans”. Il y avait plusieurs tribuns, dont celui qui m’a le plus impressionné, et dont je ne connais pas le nom, un noir. Tu l’aurais écouté, c’était Robespierre. D’une puissance rhétorique et politique qui donnait le frisson. Et il y avait facilement 100.000 personnes à ce défilé géant, c’est-à-dire exactement le chiffre que les médias officiels disent être celui des français sur l’ensemble du territoire tous les samedis. J’ai demandé à mes trois camarades : “Si c’est ça, l’extrême-droite… où est l’extrême-gauche?” J’ai raconté ça à un GJ plus tard, il m’a dit : “L’extrême-gauche? C’est des bourgeois blancs diplômés, qui restent entre eux tout en parlant sans cesse du peuple, pour le peuple et au nom du peuple.” Remarque acerbe, mais pas dénuée, hum hum, d’un petit fond de vérité. Ce que je te disais sur la “zone de confort”.

Il n’en demeure pas moins que je demeure surtout proche de mes amis anars et GJC, et pas forcément pour les plus évidentes raisons : c’est que je ne comprends pas comment on peut, dans un pays où il n’y a plus d’information libre au niveau du grand public, où les structures démocratiques ont été anéanties, ou l’état de droit n’existe plus, je ne comprends pas, dis-je, comment on peut encore jouer, d’un côté, le jeu électoral, et, d’un autre côté, continuer à passer dans les médias de masse, comme le fait Philippot. Je ne comprends pas comment on peut encore jouer le jeu “démocratique”, là où la démocratie n’existe plus, en quelque sens que ce soit. Mais tu vois : ce à quoi nous assistons actuellement (quand on arrête de regarder la télé, d’acheter le journal ou d’aller sur Face-Book), c’est à l’amplification du mouvement historique impulsé par les GJ : la pulvérisation pure et simple du clivage gauche/droite, la disparition totale des vieux repères qui nous servaient à nous situer dans le champ politique.

Mais, parallèlement à l’amplification du mouvement de refonte totale de nos catégories politiques dont les GJ furent les prophètes historiques, il y a quelque chose d’autre qui est en jeu, plus étroitement lié à ce que nous vivons d’effroyable depuis un an et demi. Pour ce, je te demanderais au préalable de rembobiner ce que je te disais de Benjamin/Maurras, ou de Lévinas/Blanchot. Et je vais, sur cette bonne base, t’en raconter une autre, d’anecdote.

Je me suis retrouvé dans une réunion où il y avait une vingtaine de personnes, je n’ai pas le droit, là encore pour des raisons politiques, voire biopolitiques, de dire qui il s’agissait. Il y avait du très beau monde, tu peux me croire, et là encore venant de toutes les couches sociales, de toutes les professions possibles, et, bien sûr, de toutes les tendances politiques : des anars, des gauchistes, des centristes, des gilets jaunes, des gens d’extrême-droite. Pourquoi crois-tu que des gens si différents, voire opposés, éprouvent le besoin de se réunir? Et bien, voilà ce que j’ai dit dans mon speech à cette réunion : tu es en 1940, tu es un ouvrier communiste, et tu entres dans la résistance. Tu te retrouves avec un bourgeois de l’Action Française. Que fais-tu? Eh bien, tu ne réfléchis pas deux secondes : tu agis avec lui, parce que tu as compris que quelque chose d’abominable était en train de se passer, et que vous combattez exactement le même ennemi. Dans une situation pareille, c’est un devoir moral que de mettre sa “bonne conscience” politique en stand-by, du reste d’un côté comme de l’autre. Mets-toi à la place du bourgeois français d’extrême-droite, quand il se retrouve face à un prolo dont les convictions sont tout ce qu’il croyait combattre jusque-là. Mais indépendamment de l’extrême gravité de tout ce qui arrive, je vais te provoquer une dernière fois, en occupant le terrain de la psychologie la plus triviale : j’ai quand même pas mal rencontré dans ma vie de gens de gauche, même “radicale”, qui étaient des connards, des salauds ou des crétins. Et tout ce qui se passe actuellement me fait, en effet, écouter des gens de droite, même extrême, qui sont des gens probes, généreux et intelligents. C’est comme ça. Les GJC appellent ça : le “décloisonnement”, et ils ont raison. Le monde est passionnant parce qu’il est varié. Je suis un anarchiste philosophique, avant de l’être politiquement. Ce qui me passionne, c’est ce qui est singulier, ce qui ne ressemble à rien d’autre.

Voilà, j’ai commencé cette lettre dimanche, elle est assez longue comme tu vois, je m’arrête ici, mais pourrais continuer longtemps. La version longue de ma vidéo, où tout ce qui sert mes arguments est 100% sourcé, officiel et vérifiable, sort dans les jours qui viennent. Cette lettre ne se contente pas de t’en donner les grandes lignes, je développe plein de réflexions que je me fais et qui n’y sont pas. Donc, soit j’ai réussi mon coup, lavé l’insulte immonde et assaini les conditions pour qu’on ait une discussion sensée sur la situation que nous vivons. Soit j’ai pissé dans un violon, et, au moins, je dispose de ma lettre-robot pour répondre au prochain ou à la prochaine qui se risquera à me traiter de « conspi facho antifeuj ».

Je t’embrasse malgré tout. Mehdi.

à propos de l'auteur
Alexandre Gilbert, directeur de la galerie Chappe écrit pour le Times of Israël, et LIRE Magazine Littéraire.
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