La Croix-Rouge ? On n’y croit plus

Un membre de la Croix-Rouge internationale s'entretient avec des terroristes du Hamas sur le lieu de la remise de deux otages israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dans le cadre de la septième libération d'otages, le 22 février 2025. (Crédit AFP / Omar AL-QATTAA)
Un membre de la Croix-Rouge internationale s'entretient avec des terroristes du Hamas sur le lieu de la remise de deux otages israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dans le cadre de la septième libération d'otages, le 22 février 2025. (Crédit AFP / Omar AL-QATTAA)

SEMMO n° 23 – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient

Et aussi : Sykes-Picot : fondateur de l’identité palestinienne – La nouvelle Constitution syrienne est décevante – Le Liban aussi paie les terroristes.

Info n°1 : la Croix-Rouge, on n’y croit plus

Nombreux sont ceux qui voient rouge lorsqu’on leur parle de la Croix Rouge. Ce qui suit ne va pas arranger les choses.

Dans cette contribution[1], je montrai que les primes versées par l’Autorité palestinienne (AP) aux prisonniers qui ont été condamnés par la Justice israélienne pour leur implication dans des attentats étaient proportionnelles à la gravité des faits, les assimilant par-là à des primes de tueurs à gage.

La Croix Rouge qui, semble-t-il, ne rate jamais une occasion historique de contribuer au malheur des Juifs, est devenue partie prenante dans ce système de primes contraire aux principes de base de la moralité civilisée. Comment ?

Comme le Hamas nous l’a montré cruellement, ce n’est pas parce qu’il se comporte avec sauvagerie à tuer des bébés et des vieillards, à violer et couper des têtes, qu’il doit faire abstraction de la paperasserie. Au contraire, celle-ci contribue sans doute même à persuader ces sauvages qu’ils ne le sont pas tant que cela. « Nous ne sommes pas tant sauvages que cela, puisque nous faisons de la paperasserie ». Les Nazis avaient d’ailleurs recours au même artifice de bonne conscience.

Un membre de l’équipe de la Croix-Rouge signe des documents avant la remise de trois otages israéliens par des terroristes palestiniens du Hamas à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, le 8 février 2025, dans le cadre du cinquième échange otage-prisonnier d’un cessez-le-feu fragile. (Crédit : AFP / Eyad BABA)

Pour accomplir cette « paperasserie », l’AP, prenant modèle sur le Hamas, utilise la collaboration que la Croix-Rouge offre avec bienveillance. Celle-ci rend visite aux condamnés pour acte de terrorisme et établit des documents prouvant cette incarcération dans les prisons israéliennes. L’AP demande aux familles de fournir ces attestations de la Croix-Rouge et verse les indemnités promises.

Cette procédure est établie de manière transparente, comme le prouvent les instructions officielles de l’AP.

En janvier 2024, Qadura Fares déclarait à la TV palestinienne :

Les forces d’occupation [Israël] empêchent la Croix-Rouge de rendre visite aux prisonniers. Et de ce fait, la Croix-Rouge ne peut plus produire le document […] qui prouve qu’ils sont toujours en prison.

(Crédit : MEMRI)

La Croix-Rouge, qui fournit ses documents, sait très bien qu’ils servent à une cause immorale. Mais là ne semble pas être son souci. Elle nous a montré que la moralité n’est pas au centre de ses préoccupations en refusant même de demander à rencontrer les otages israéliens enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023, qu’ils soient bébés ou vieillards, qu’ils aient besoin de médicaments ou non.

La Croix-Rouge est une cause perdue, toute personne raisonnable le sait. Mais est-ce que tous ses soutiens dans monde le savent ?

Pour en savoir plus : https://palwatch.org/page/37068

Info n°2 : Sykes-Picot, fondateurs de l’identité nationale palestinienne

L’Académie de Géopolitique de Paris est un établissement privé d’enseignement supérieur reconnu par le rectorat de Paris et autorisé, à ce titre, à délivrer des diplômes de 3ème cycle dans le domaine de la géopolitique ou de la géostratégie.

(Crédit : Capture d’écran Youtube / Academie de géopolitique de Paris ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Fin mars 2025, cet organisme a organisé un colloque intitulé : « Quel destin pour la Palestine ? ».

Constitué d’une dizaine d’intervenants, tous plus ou moins d’accord, tant sur le mal fondamental et historique que représente Israël, que sur le caractère victimaire palestinien. Aucun Israélien ni défenseur d’Israël n’était présent. Inutile de préciser que la contradiction, le débat enrichissant, la confrontation des points de vue n’avait pas sa place au sein de ce colloque académique.

Même les questions, posées à la fin du colloque par des journalistes et par des étudiants, étaient plus dignes de l’académie de Pyongyang que celle d’Oxford.

Dans sa présentation, l’Académie de Géopolitique de Paris précise[2] que la géopolitique n’est pas une science mais une discipline. Ce colloque l’a bien prouvé : pour en faire partie, il fallait faire preuve d’une discipline anti-israélienne de fer.

D’ailleurs, un des intervenants, Karel Vereycken, est chercheur à l’Institut Schiller ; institut fondé par Lydon LaRouche, ce sulfureux extrémiste (de gauche puis de droite) américain, antisémite, complotiste en série, dirigeait son mouvement comme une secte. Vereycken ne renie pas LaRouche, renvoyant l’audience à un plan établi par ce dernier et que Jacques Cheminade, autre complotiste sulfureux, avait été amené à présenter.

Mais l’intervention la plus intéressante est sans nul doute celle de Safwat Ibraghith, ambassadeur désigné pour la délégation permanente de l’État de Palestine auprès de l’Unesco.

Revenant sur l’histoire et le démantèlement de l’empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, Ibraghith déclare[3] :

La partition de la Grande-Syrie selon Sykes-Picot, a réussi à [la] départager en morceaux : la Syrie actuelle moderne, le Liban, l’Irak, la Jordanie qui n’existait pas avant 1948, la Palestine. Quand on parle de patriotisme, ou d’une nation, ou d’une identité nationale [palestinienne], il faut que les Palestiniens soient traités sur le même pied d’égalité que les autres [la Syrie, le Liban etc.…]. Ou bien [sinon], on revient en arrière [avant Sykes-Picot] et on se fait tous dissoudre dans la Grande Syrie. Il n’y a pas de problème, les Palestiniens accepteront.

Nombreux sont ceux qui font beaucoup d’efforts pour définir l’identité nationale palestinienne en faisant preuve de créativité historique : « Jésus était palestinien », « les Cananéens étaient Palestiniens », et même « les premières traces d’humanoïdes dans les cavernes du Carmel étaient Palestiniennes ». Mais au contraire, Ibraghith est très clair : ce qui définit l’identité palestinienne n’est en fait rien d’autre que l’opposition à l’identité nationale juive. Supprimons cette identité nationale juive, et donc supprimons Israël, et nous pourrons oublier toutes nos revendications.

Cet aveu, d’un représentant officiel palestinien, démontre que les opposants à Israël ne font qu’utiliser la cause palestinienne pour arriver à leur fin : détruire Israël.

Pour en savoir plus et voir tout le colloque : https://academiedegeopolitiquedeparis.com/compte-rendu-quel-destin-pour-la-palestine/

Info n°3 : la nouvelle constitution syrienne

Oui, elle est officiellement transitoire. Oui, Joulani avait admis que pour bâtir une démocratie, il lui faudrait au moins 5 ans. Mais voyons si cette constitution provisoire va sur le chemin de la démocratie.

Signée le 13 mars 2025 par le nouveau président syrien et dirigeant du groupe djihadiste HTS-Ha’yat Tahrir Al-Sham, Ahmed Al-Shara – connu aussi sous son nom de guerre Abu Mohammed Al-Joulani, cette Constitution est, en théorie, le résultat de la Conférence de dialogue national qui s’était tenue deux semaines auparavant, et qui avait rassemblé des centaines de délégués représentant différents courants de la société syrienne. Certains de ces courants, dont les Kurdes, n’avaient toutefois pas été invités, et n’étaient donc pas représentés.

Les trois pouvoirs dans les mains de Joulani

Cette constitution prévoit que le président nomme

  • les membres du parlement (un tiers directement et le reste par un comité qu’il forme), les membres du gouvernement,
  • les juges de la Haute-Cour constitutionnelle,
  • et les membres du Conseil National de sécurité.

Elle ne prévoit aucun organisme de contrôle ni de contre-pouvoir. Elle ne statue pas non plus que le peuple est à l’origine du gouvernement.

Les ethnies kurdes et druzes sont particulièrement déçues. Selon elles, cette constitution est une déclaration dictatoriale. Elle fait abstraction du fait que la révolution de décembre 2008 était soutenue par le peuple. Finalement, estiment-ils, il ne s’agit que du remplacement d’une dictature par une autre dictature.

Il est intéressant de noter que le poste de Premier ministre est supprimé. La gestion du gouvernement est donc bien entièrement dans les mains du président.

Certaines clauses de la Constitution, il est vrai, feront bonne figure :

  • Tous les citoyens sont égaux devant leurs droits et obligations, sans considération de race, de religion, de sexe ou d’origine. Ils doivent aussi avoir accès au travail de manière égalitaire.
  • Les droits humains, de liberté et d’expression, les droits de la presse seront garantis.

Mais, le président ne peut être que musulman, et tous les droits citoyens peuvent être suspendus par un état d’urgence que le président peut décréter unilatéralement.

Bien sûr, nombreux sont ceux qui ne sont pas surpris par le caractère dictatorial de ce nouveau régime.

Mais les dirigeants du monde qui se sont précipités à Damas dans les semaines qui ont suivi la prise de pouvoir par Joulani, lui attribuant par là un début de légitimité, auraient été bien inspirés de faire patienter leur enthousiasme naïf. Auraient-ils attendu quelque peu, et à tout le moins que cette Constitution fut établie, leur influence en aurait été plus significative, et le caractère dictatorial de ce nouveau gouvernement aurait peut-être même été quelque peu atténué.

Mais en l’état actuel, on est forcé de ne constater qu’ils n’ont pas été plus que des « idiots utiles ».

Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/rage-syria-constitutional-declaration-approved-president-yet-another-step-path-new

Info n°4 : les « allocations aux familles des terroristes » aussi au Liban

Le concept immoral de compensation financière des familles de terroristes impliquées dans les actes terroristes contre des Juifs israéliens n’est pas exclusif à l’Autorité palestinienne (voir plus haut l’info n°1 et voir cet article).

Au cours des derniers mois, sans doute en conséquence de l’affaiblissement dramatique du Hezbollah au Liban sous les coups répétés d’Israël, des rapports sont émis dans ce pays, dénonçant une pratique vieille de 25 ans.

Les finances du Liban, dont le budget 2024 est financé pour près d’un tiers par l’aide étrangère (États-Unis et Union Européenne), sont dans un état de misère.

Ces paiements sont néanmoins émis par l’État libanais, et destinés, de manière transparente ou non, aux terroristes du Hezbollah et à leur familles.

Ainsi, un accord datant de 1999 prévoit que les combattants du Hezbollah et leurs ayants-droits bénéficieraient des mêmes avantages que les soldats de l’armée régulière libanaise. De plus, un accord de 2001, stipule que les prisonniers en Israël ou dans les mains de l’ALS-Armée du Liban Sud seraient compensés proportionnellement à leur durée d’emprisonnement. On retrouve là le même phénomène immoral qu’au sein de l’Autorité palestinienne : plus les actes sont graves, plus l’allocation est élevée.

Certains paiements sont liés à des actes spécifiques. Par exemple :

  • Dans le cadre de l’attaque d’Israël par le Liban le 8 octobre 2023, alors que le Hamas était encore en train de commettre ses atrocités dans le Sud, le gouvernement libanais a alloué 10 millions de USD aux « victimes de l’agression israélienne ». Cette aide a en fait bénéficié, en presque totalité, aux membres du Hezbollah.
  • En mai 2024, encore une allocation de 1 million de USD a été votée pour 52 familles résidentes du Sud-Liban, qui avaient été déplacées à cause des « attaques » israéliennes. Un député libanais qui n’est pas sous influence du Hezbollah a par la suite prouvé que 49 de ses familles étaient en fait des activistes du Hezbollah.

Ces pratiques commencent à éveiller les critiques ouvertes au sein de la société civile libanaise. Journalistes et députés non-affiliés au Hezbollah expriment leur opposition au fait qu’une entité qui agit en faveur des intérêts iraniens, et en opposition aux intérêts libanais, bénéficie d’aides de l’État. Alors qu’en fait, selon ces voix, ceux qui ont entraîné le Liban dans cette guerre devraient, au contraire, compenser le Liban pour le mal qu’ils lui ont causé.

Le processus de « libération » du Liban de la pression du Hezbollah est encore long. Israël y a fortement contribué par ses actions de l’automne 2024. Les citoyens libanais doivent maintenant agir pour poursuivre la démarche. Évidemment, la haine d’Israël que l’on continue à trouver de manière très large au sein de la population libanaise n’aide pas, mais la haine du Hezbollah l’emportera peut-être.

Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/pay-slay-–-lebanon-edition-lebanese-government-pays-hizbullah-operatives-and-their-families

[1] https://frblogs.timesofisrael.com/les-geoliers-de-sansal-des-gardiens-de-la-revolution/
[2] https://academiedegeopolitiquedeparis.com/a-propos-de-nous/
[3] https://youtu.be/zFmj0GGGLgM?si=5sxV1YPF7S_ijE5V&t=1031

à propos de l'auteur
Laurent souhaiterait partager ses observations de la vie israélienne et française à travers son regard de Juif français devenu israélien en 2008. Il a pris l'habitude de regarder et analyser les phénomènes politiques, culturels, religieux, géopolitiques, sous un regard différent de celui qu'on a l'habitude de voir. En effet, avant d'arriver en Israël, il a vécu en France, en Allemagne, en Belgique et au Royaume Uni. Il observe les phénomènes humains avec un très large point de vue, puisant dans son expérience de vie et dans son désir d'écrire. Laurent a passé son enfance en Allemagne, fait ses études de management en Alsace et passé sa carrière professionnelle au Royaume-Uni, en France, en Belgique, en Israël.
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