Boualem Sansal arrêté – l’éléphant qui craint la souris
SEMMO n° 7 – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient
Boualem Sansal arrêté, ou l’histoire de l’éléphant qui a peur d’une souris – Le frein à la prospérité : la haine des Juifs – Le plan démocratique pour l’Iran – « Non, non, non, je refuse de croire que c’est un conflit religieux » disait le naïf.
Info n°1 : Boualem Sansal arrêté, ou l’histoire de l’éléphant qui a peur d’une souris
L’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, a été arrêté par les autorités algériennes à son arrivée à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024.
Les autorités algériennes ont mis quelques jours avant d’admettre cette arrestation.
Le 24 novembre 2024, le communiqué de presse de l’APS-Algérie Presse Service raille le fait que la « France macronito-sioniste […] s’offusque de l’arrestation de Sansal », cette France qui « n’a toujours pas déclaré au monde si elle disposait de la souveraineté nécessaire de pouvoir arrêter Benjamin Netanyahu, si jamais il se pointait à l’aéroport Charles-de-Gaulle ».
Les fantasmes complotistes algériens n’ont pas dû se calmer, depuis que le Quai d’Orsay a effectivement spécifié, par un communiqué du 27 novembre 2024, que l’immunité accordée aux États non-parties à la Cour Pénale Internationale, s’appliquera à Netanyahu[1].
La chaîne du service public algérien, Canal Algérie, a organisé une rencontre entre plusieurs intellectuels algériens et européens (il serait faux d’appeler cela un débat étant donné l’uniformité anti-Sansal qui s’y est exprimée). Kamal Mansari, consultant pour Canal Algérie, y a accusé Boualem Sansal de « créer une discorde [entre le Maroc et l’Algérie au sujet de leur frontière commune], discorde qui fait le lit de l’extrémisme en France […] qui a des accointances avec les lobbys juifs, les lobbys sionistes. C’est quelqu’un [Boualem Sansal] qui s’est vraiment inscrit dans une logique de soutien à Israël et à ses lobbys, en dépit du fait que l’opinion internationale est carrément anti [sic] ce courant sioniste et raciste ».
Mansari poursuit son analyse en prétendant que le fait que Sansal soutienne Israël, « remet en cause la souveraineté de l’Algérie ».
Cette dernière remarque est très intéressante et mérite d’être analysée.
L’Algérie, 10ème pays le plus grand au monde, 10ème producteur mondial de gaz, 4 fois la taille de la France, plus de 100 fois celle d’Israël, estime que sa souveraineté est menacée par le fait qu’un de ses écrivains, exprime son soutien à un pays avec lequel elle n’a même pas de frontière !
D’une part, Boualem Sansal, aussi bon écrivain soit-il, et même si certains membres de l’Académie française proposent de le rendre immortel, n’est de loin pas assez puissant pour constituer une menace pour l’Algérie.
D’autre part, prétendre que le petit État d’Israël, qui lutte aujourd’hui pour sa survie, qui fait l’objet de menaces de destruction pure et simple par un pays au seuil de disposer de l’arme nucléaire (la République islamique d’Iran), constituerait un danger pour l’Algérie, relève au mieux d’un manque de discernement caractérisé, au pire, de paranoïa nationale.
À moins que… L’Algérie, sa culture, sa religion, son système politique, sont en fait tellement faibles, tellement fragiles que, malgré tout, l’éléphant a peur de la souris ?
À moins que… L’existence même d’un État juif, un État de Juifs, représente une menace pour un État musulman ? Ces Juifs, qui, dans tous les pays musulmans pendant des siècles, sont restés soumis à leur statut de dhimmis. Ces Juifs, qui se sont révoltés, qui sont revenus sur leur terre, qui ont bâti, eux, une vraie démocratie multi-ethnique méditerranéenne. C’est peut-être cela que l’Algérie voit comme une menace ?
Cela confirmerait la faiblesse intrinsèque de l’Algérie, de sa culture, de sa religion, de son unité, de sa société. L’arrestation brutale de Sansal, n’est pas un signe de puissance. C’est un signe de déficience. La France, qui accordé la citoyenneté à Boualem Sansal, serait bien inspirée de traiter cet emprisonnement avec courage et force, sans crainte de heurter le pouvoir algérien, beaucoup plus faible qu’il n’y paraît.
Info n°2 : le frein à la prospérité : la haine des Juifs
Mahmoud Abu Al-Hija est rédacteur en chef de l’organe de presse palestinien Al-Hayat Al-Jadida, également porte-voix de l’Autorité palestinienne. Lors des manifestations contre l’Autorité palestinienne en juillet 2012, manifestations que certains avaient désignées comme émanations du « Printemps arabe » et qui avaient été lourdement réprimées par le pouvoir de Mahmoud Abbas, Abu Al-Hija avait trouvé le coupable : c’est Israël et son occupation. « Ce n’est pas contre Mahmoud Abbas que les manifestants devraient se tourner ».
Si Mahmoud Abbas s’accroche au pouvoir, reste en poste malgré l’absence d’élections depuis 2008, opprime toute opposition, a perdu toute légitimité aux yeux des occidentaux, les manifestants ne doivent pas lui en vouloir. Tout est la faute « des Juifs », doit-on comprendre dans ses remontrances[2].
En novembre 2016, lors de la lutte pour le pouvoir entre Mahmoud Abbas et Muhammad Dahlan, qui avait été expulsé du Fatah en 2011, Abu Al-Hija s’en était pris à Dahlan et à ses soutiens en les accusant de suivre la voix de « leur maître, Israël »[3].
Récemment, il s’en est pris… au Hamas. Tout d’un coup, c’est devenu clair pour lui, comme une révélation. En substance, son raisonnement est le suivant : le Hamas n’a rien obtenu avec la dernière guerre déclenchée le 7 octobre 2023. D’ailleurs, il n’a rien gagné non plus avec toutes les guerres avec Israël depuis qu’il est au pouvoir à Gaza en 2007. Bien sûr, c’est Israël qui a déclenché toutes ses guerres [sic], mais le Hamas, avec ses roquettes, n’a pas réussi à l’en dissuader. Les victimes de ces guerres côté Gaza furent vaines, puisque rien n’a été atteint.
Ce raisonnement rappelle celui du Mufti de Gaza qui reprochait au Hamas d’avoir déclenché une guerre vaine le 7 octobre 2023, une guerre dont il savait qu’elle serait inefficace[4].
Abu Al-Hija poursuit et argumente : si vous aviez laissé le Fatah au pouvoir à Gaza en 2006, nous aurions pu créer un « Singapour palestinien ». Nous avions déjà un port et un aéroport, des passages douaniers vers des pays arabes frères. L’Autorité palestinienne était sur la voie d’un avenir prospère et d’un développement culturel.
Les paroles de Abu Al-Hija semblent positives à première vue. Bien sûr, comme le mufti de Gaza, ce n’est pas la moralité qui l’anime. Il ne prononce donc aucune parole condamnant les exactions cruelles et violentes du 7 octobre.
Mais, au fait, dans les territoires de l’Autorité palestinienne, en Judée-Samarie, est-ce le Hamas qui empêche les développements économiques et culturels ? Là non plus, il n’y a pas de Singapour, ni même un dixième de Singapour.
Non, ce qu’il y a, de manière indécrottable, d’ailleurs tant à Gaza qu’en Judée-Samarie, c’est la haine des Juifs. Voilà l’ingrédient paralysant, anesthésique, qui, dans toute l’histoire du monde, a toujours été un frein à la prospérité.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/editor-palestinian-authority-daily-if-it-werent-hamas-constantly-triggering-wars-gaza-could
Info n°3 : le plan démocratique pour l’Iran
La République islamique d’Iran est aujourd’hui réputée pour ces Mollahs, pour son Guide Suprême, pour son programme nucléaire, pour ses jeunes filles courageuses et dévoilées, pour ses Gardiens de la Révolution, pour ses proxys en Irak, en Syrie, au Liban, à Gaza et au Yémen… Et pour son désir d’éradiquer Israël.
Gageons qu’elle va désormais aussi être connue pour les revendications indépendantistes du Baloutchistan (au sud-est de l’Iran), des Kurdes, des Azéris et des Ahwazis (populations arabes).
Ces ethnies ont présenté un plan statuant que : « le régime iranien théocratique actuel fait face à de la résistance civile de la part de Perses et de non-Perses ».
Ce plan prévoit une transition démocratique du régime théocratique actuel, transition qui devrait tenir compte de l’avis de chaque ethnie quant à son désir d’auto-détermination.
Il ne fait, selon ce plan, aucun doute que le régime actuel tombera. Son souci est d’organiser la suite.
Si effectivement le régime des Mollahs tombe, le Moyen-Orient sera reconfiguré, mais, on le voit aussi sans doute, le pays lui-même. La question est de savoir si ces revendications d’indépendance vont accélérer sa chute ?
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/free-balochistan-movements-democratic-transitional-plan-iran
Info n°4 : « Non, non, non, je refuse de croire que c’est un conflit religieux » disait le naïf
Le fils de feu le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réagi à la trêve conclue entre le Liban et Israël.
Depuis une ruine au Liban, il a adressé un message à Allah par l’intermédiaire d’une vidéo sur Instagram :
Béni soit Allah qui nous a permis, nous les martyrs de la nation, de partager cette expérience avec ce peuple brave, fidèle, prêt au sacrifice, en versant le sang le plus pur, en étant évacué de ses maisons, en les voyant détruites et en demeurant au Liban depuis le premier jour de la guerre jusqu’à ce jour de victoire.
Es-tu satisfait Allah [de tous nos sacrifices] ? Prends-en plus jusqu’à ce que cela te satisfasse. Félicitations pour cette victoire précieuse.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/muhammad-mahdi-nasrallah-son-hassan-hizbullah-ruin-home-victory
[1] https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/article/israel-cour-penale-internationale-27-11-24
[2] https://www.memri.org/reports/public-protest-ramallah-and-fears-palestinian-spring
[3] https://www.memri.org/reports/abbas-dahlan-power-struggle-over-palestinian-presidential-succession
[4] https://frblogs.timesofisrael.com/le-mufti-de-gaza-contre-le-hamas-ce-nest-pas-ce-que-vous-croyez/