« À cause du Hamas, notre rêve de détruire Israël n’est plus qu’une utopie »

SEMMO – Savoir Ecouter les Maux du Moyen-Orient n° 13
Il devient très répandu d’entendre ces reproches adressés par le monde religieux et intellectuel arabo-musulman : « le Hamas et le Hezbollah ont commis une grave faute en lançant leurs attaques contre Israël les 7 et 8 octobre 2023 ». Pourquoi ? Parce qu’ils auraient dû savoir qu’ils ne pourraient pas gagner.
Mais le pire n’est pas là. Le pire est que les opinions opposées à celles-ci ne portent pas sur le caractère immoral, raciste et génocidaire des actes du 7 octobre 2023, ce qui aurait eu pour conséquence de délégitimer la cause palestinienne. Non, les opinions opposées expriment le fait que, malgré les répliques d’Israël, un pas a été franchi vers la destruction d’Israël.
Antony Blinken, Secrétaire d’État de l’administration Biden, dans une interview au New York Times le 4 janvier 2025, se lamentait en ces termes :
Pourquoi n’y-a-t ’il pas eu d’appel en chœur dans le monde pour demander au Hamas de déposer les armes, de rendre les otages, et de se rendre ? Je n’ai pas la réponse [1].
Bien sûr, cette question posée par un des hommes les plus puissants de la planète au cours des quatre dernières années est un véritable scandale. S’il avait exercé sa puissance dans la bonne direction, s’il avait appelé le Hamas à se rendre face une guerre qu’il ne pouvait pas gagner, cela aurait épargné des souffrances à Gaza.
Et aujourd’hui, le débat dans le monde arabo-musulman serait plutôt orienté comme cela : « les attaques du 7 octobre 2023 ont-elles porté atteinte, oui ou non, à la cause palestinienne. Est-il encore réaliste de viser l’élimination d’Israël ? ».
Les États-Unis de Biden (largement aidés par les autres pays occidentaux, dont la France), ont commis une faute morale historique en ne formulant pas cette demande. Et ils ont raté l’occasion d’orienter le débat actuel dans le monde arabo-musulman. Espérons que ceux de Trump sauront saisir l’occasion.
Info n°1 : « À cause du Hamas, notre rêve de détruire Israël n’est plus qu’une utopie »
On se rappelle le mufti de Gaza qui s’était élevé contre la Hamas à cause des conséquences négatives que le massacre du 7 octobre 2023 avait entraîné sur les Gazaouis[2]. Celui-ci avait émis des reproches et même une fatwa contre l’attaque du 7 octobre, non pas à cause de son caractère cruel ou immoral. Non, l’argument principal que le mufti avait mis en avant, était que l’opération était vouée à l’échec, parce que le Hamas n’était pas assez puissant pour l’emporter contre Israël. Il n’aurait dû et pu lancer cette opération que s’il était certain de l’emporter.
Ce point de vue fait des émules, et en dehors du monde religieux. Des intellectuels écrivains de l’Autorité palestinienne, font le même raisonnement.
Bassem Barhoum, par exemple, éditorialiste du quotidien de l’Autorité palestinienne Al-Hayat Al-Jadida, a formulé des reproches à l’intention du Hamas, dans son édition du 9 décembre 2024 :
Ce n’est pas le peuple palestinien qui a pris la décision de lancer le déluge d’Al-Aqsa[3]. […] Ils ont agi seuls, et c’est eux qui doivent assumer leur responsabilité, pas le peuple palestinien.
Après cette condamnation en règle du Hamas, on pourrait s’attendre à trouver une condamnation morale des actes inhumains causés par les combattants du Hamas et par les civils qui les ont accompagnés ou soutenus. Mais non. Il ne s’agit, pour cet éditorialiste palestinien, que de mettre en cause les conséquences négatives sur le peuple palestinien.
De ce qui est dit, et surtout, de ce qui n’est pas dit, il faut comprendre que, si le Hamas avait su éviter ces « conséquences négatives », c’est-à-dire les répliques israéliennes, il aurait eu tout le soutien de Bassel Barhoum.
Atef Abu Sayf, ancien ministre de la culture de l’Autorité palestinienne, a exprimé une opinion semblable dans un éditorial du 1er décembre 2024 du quotidien Al-Ayam.
L’écrivain palestinien, Abd Al-Ghani Salameh, dans un éditorial paru dans le même quotidien le 27 novembre 2024, a reproché au Hamas sa mégalomanie et sa croyance délirante qu’Israël était sur le point d’être détruite. Il l’accuse d’avoir mal estimé le rapport de force et d’être la cause de cette nouvelle catastrophe post-7 octobre qui s’abat sur les Palestiniens. Il poursuit :
L’idée de la disparition complète d’Israël en tant que pouvoir occupant, idée qui est naturellement le rêve de tout Palestinien, s’est ancré dans l’esprit des officiels du Hamas qui ont cru que [cette disparition] était à portée de main. […] Considérer cette idée comme atteignable facilement […] sans prendre en compte le rapport de forces […] l’a transformée en utopie irréalisable […].
Autrement dit : « Vous le Hamas, avez déclenché une guerre dont vous auriez dû prévoir que vous ne pouviez pas la gagner, et maintenant, à cause de vous, notre rêve de détruire Israël s’est encore plus éloigné. Il n’est plus qu’une utopie ».
Ces prises de positions contribuent à donner raison aux opinions les plus pessimistes en Israël. Si, effectivement, le rêve de tout Palestinien est de détruire complètement Israël, rêve dont seul un rapport de force défavorable peut empêcher la concrétisation, Israël n’a pas d’autre choix que de demeurer fort, tant par sa position que par ces concessions.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/palestinian-writers-hamas-has-brought-catastrophe-upon-us-whose-consequences-will-be-felt
Info n°2 : « Hezbollah, vous avez péché par arrogance »
Comme les intellectuels de l’Autorité palestinienne (voir l’info n°1), les Libanais opposés au Hezbollah reprochent au mouvement terroriste de leur avoir promis la déflagration de l’ « entité sioniste » sur une simple pression de bouton, et la possibilité de prier à Jérusalem.
Et maintenant, ils tentent de nous faire croire qu’ils sont victorieux, alors que l’accord de cessez-le-feu [de deux mois de novembre 2024 à janvier 2025] n’est en fait qu’une reddition, par suite de leur défaite militaire.
C’est ce que le journaliste libanais Fares Khachan, fondateur de l’organe de presse suisse Newsalist, qui rassemble des journalistes libanais basés en Europe, prétend dans son article du 22 décembre 2024:
En plus de vouloir redéfinir ce que sont une victoire […] et une défaite […], le Hezbollah tente d’attribuer la faute de leur débâcle aux autres : le peuple, l’armée libanaise, la FINUL, et la communauté internationale. […] Mais le Hezbollah est le seul responsable des actions d’Israël […]. Le Hezbollah est le seul acteur qui a menti sur sa force, sur ses intentions. Il est le seul à s’être laissé aller à la grandiloquence, aux mensonges, à la duperie et à l’excès de confiance.
Autrement dit, la faute du Hezbollah n’est donc pas d’avoir surenchéri sur les massacres cruels du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, en lançant contre Israël des attaques de missiles de manière non-provoquées. Non, la faute du Hezbollah est d’avoir pêché par arrogance, de n’avoir pas gagné la guerre contre Israël et, maintenant, de prétendre qu’ils n’ont pas réellement perdu.
Là aussi, difficile de voir un avenir positif entre Israël et le Liban, même avec Hezbollah affaibli.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/lebanese-journalist-hizbullah-who-bears-sole-responsibility-destruction-lebanon-selling-its
Info n°3 : Hamas : après le pogrom, les menaces

La chaine TV qatari Al-Jazeera en arabe a diffusé le 15 janvier 2025, la déclaration du membre du bureau politique Khalil Al-Hayya, alors que l’accord de cessez-le-feu et d’échanges d’otages civils israéliens contre des terroristes palestiniens prisonniers était sur le point de se conclure.
Khalil Al-Hayya, après avoir proféré des paroles très laudatives en faveur de ceux qui ont perpétré des exactions cruelles sur des civils sans défense parmi les plus vulnérables de la société israélienne lors du massacre du 7 octobre, se prend à menacer :
Notre peuple n’oubliera pas ceux qui ont participé au génocide [le prétendu génocide d’Israël à l’égard des Gazaouis], ceux qui ont fourni [à Israël] du soutien politique et de la couverture médiatique, ainsi que ceux qui ont fourni des milliers de tonnes de bombes et d’explosifs. Tous ces criminels seront punis pour leurs actions […]. Nous n’oublierons jamais, nous ne pardonnerons jamais.
La leçon qu’Israël doit tirer de ces déclarations ne peut être différente de celles qu’impliquent les infos n°1 et n°2 : être fort, être prudent sur les concessions. Car la bonne volonté se fait extrêment rare dans ce contexte.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/senior-hamas-official-khalil-al-hayya-upon-signing-ceasefire-agreement-october-7-will
Info n°4 : En Californie, l’imam sait ce qui a causé l’incendie massif de Los Angeles

Le feu faisait encore des ravages à Los Angeles, alors que l’imam californien Marc Manley expliquait :
Tout au long de l’an dernier, nous avons vu les images de Gaza, de la Palestine et d’autres régions montrant des peuples en souffrance. Nous avons vu des séquences vidéo de villes entièrement rasées. Mais maintenant, Allah nous a montré d’autres séquences vidéo […]. Celles de quartiers pas très éloignés de chez nous. Des sionistes qui avaient célébré [les destructions à Gaza], qui avaient appelé à ne pas montrer de pitié, à tout détruire, Allah leur montre maintenant, [par cet incendie], l’ampleur de son pouvoir […]. Allah nous donne un prélude de ce que sera le jour du Jugement.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/california-imam-marc-manley-la-fires-zionist-revenge-gaza
[1] Voir l’interview de Blinken à partir de 24:40. Citation à 38:10 : https://www.youtube.com/watch?v=fSYtF1BGqHg
[2] Voir l’info n°1 de https://frblogs.timesofisrael.com/le-mufti-de-gaza-contre-le-hamas-ce-nest-pas-ce-que-vous-croyez/
[3] « Le déluge Al-Aqsa » est le nom de l’opération que le Hamas a donné au massacre qu’il a commis le 7 octobre 2023.