7 Octobre ou l’antisémitisme décomplexé

Une pancarte antisémite représentant une Magen David dans une poubelle sous l'inscription "Please keep the world clean » (SVP gardez le monde propre), lors d'une manifestation pro-palestinienne d'étudiants de l'Université de New York et d'autres personnes, dans le Washington Square Park, à Manhattan, le 25 octobre 2023. (Crédit : X ; capture d'écran utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Une pancarte antisémite représentant une Magen David dans une poubelle sous l'inscription "Please keep the world clean » (SVP gardez le monde propre), lors d'une manifestation pro-palestinienne d'étudiants de l'Université de New York et d'autres personnes, dans le Washington Square Park, à Manhattan, le 25 octobre 2023. (Crédit : X ; capture d'écran utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Le monde entier sait rattacher la date du 7 octobre 2023 à un attentat terroriste de grande ampleur perpétré sur le territoire israélien par des terroristes, le Hamas. La presse a abondamment relayé les horreurs commises sur des êtres humains, parce que Juifs, depuis le nourrisson jusqu’au vieillard.

Après l’indicible massacre que l’on sait, les terroristes, le Hamas, ont enlevé des centaines de personnes, depuis le nourrisson jusqu’au vieillard. Et lorsqu’ils ont fait entrer ces innocents à Gaza, les terroristes ont été accueillis comme des héros par une immense foule grisée par la joie à mesure qu’elle voyait défiler ces êtres blessés, hagards, désorientés, pieds et poings liés, ensanglantés. Cette foule déchaînée était composée de civils, ces Gazaouis avec lesquels les populations internationales sont entrées en compassion dès les premières opérations de l’armée israélienne visant à récupérer les otages et démanteler les infrastructures terroristes de Gaza.

Les Gazaouis, civils, toute joie extériorisée, crachaient, frappaient les désormais otages sans distinction aucune entre les vieillards, les enfants, les femmes ou les hommes. Certains d’entre eux d’ailleurs avaient escorté les terroristes jusqu’au lieu de leur carnage ; ils les avaient assistés ; ils en avaient aussi profité pour piller les maisons des innocentes victimes. Nombre de ces Gazaouis étaient même des employés des kibboutz attaqués avant de devenir les informateurs de premier plan des terroristes du Hamas.

En témoignent ces extraits du dossier intitulé « 7 octobre 2023. Un pogrom » paru dans le magazine Le Point n° 2675 du 9 novembre 2023 :

Une douzaine d’assaillants bien renseignés se sont infiltrés dans le kibboutz. […] « Ils savaient exactement où se trouvaient les bâtiments collectifs, la synagogue ou l’infirmerie. Ils connaissaient les adresses des membres du groupe d’autodéfense. Selon moi, ils ont bénéficié de renseignements en amont de l’attaque de la part d’employés agricoles gazaouis qui travaillaient là », avance Noam.

Ofri Bargig, 18 ans, raconte comment des civils palestiniens sont ensuite arrivés dans le kibboutz. « Ils ont pillé les maisons, volé tout ce qu’ils pouvaient, des vélos, des tracteurs, des voitures, des bijoux… »

« Je vois un homme qui ne ressemble pas à un combattant, sans arme de guerre, poignarder un jeune festivalier au ventre et à la poitrine. Le sang gicle. L’assaillant sourit », se souvient Omri.

Il [Evyatar, 22 ans] est exhibé dans les rues de Gaza, violenté devant des civils en liesse.

Ce pogrom fut si inimaginable qu’il m’a fallu plus de deux semaines pour me le figurer. C’était au moment de l’arrestation des premiers terroristes. Et vous, c’était quand ?

Devant les autorités israéliennes, les barbares passent à table, avec leur lâcheté au menu. Ils répondent spontanément aux questions des policiers israéliens et balancent tout sans état d’âme. Ils seront soignés, nourris, logés, blanchis et protégés derrière leurs barreaux, le tout aux frais du contribuable. À ce stade, nous savons que jamais la justice ne sera à la hauteur de leur sadisme.

Les informations rapportées par les médias israéliens tombent comme la foudre. Elles sont épouvantables. On voudrait ne pas y croire. On entend l’enregistrement de cet échange téléphonique d’un terroriste appelant ses parents pour leur annoncer qu’il vient de décimer une famille et qu’une de ses victimes gît, juste là, à ses pieds, qu’il les appelle même avec le téléphone de cette femme innocente, morte par ses mains. Une jubilation intense le transporte stimulée par la réaction de ses parents qui crient et pleurent de joie en entendant le récit du pogrom commis par leur fils.

Et puis ces centaines de milliers de drapeaux palestiniens flottant sur toutes les places de dizaines de pays, portés par des centaines de milliers de citoyens ivres de haine, hurlant leur « solidarité avec Gaza ». Ils scandent « From the River to the Sea Palestine will be free » (du fleuve jusqu’à la mer, la Palestine sera libre) sans même savoir de quel fleuve ou de quelle mer il est question. Ils s’amusent d’apprendre, par ceux qui sondent leur ignorance, que cette phrase constitue un appel à la destruction pure et simple de l’État d’Israël.

Ou encore la photo qualifiée par l’agence Associated Press comme « l’une des photos les plus importantes des 50 dernières années »[1] représentant la jeune Shani Louk aux prises des barbaro-sadiques du Hamas la « chargeant » dans leur maudit pick-up pour l’emmener dans leur diabolique bastion après l’avoir fait parader parmi les Gazaouis qui la briment, où elle sera torturée avant d’être assassinée en captivité[2].

À gauche, Ricarda Louk, tenant une photo de sa fille Shani enlevée par des terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023 ; à droite, Shani Louk. (Crédit : Autorisation ; Capture d’écran/X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Ici, ils injurient au grand jour dans l’espace public, là ils arrachent les portraits des otages en faisant un doigt d’honneur à la caméra qui les regarde faire. Au Dagestan, des émeutiers déchaînés s’en prennent à des passagers en transit d’un avion en provenance d’Israël. Partout, les Israéliens, touristes ou résidents étrangers, doivent désormais se cacher pour éviter l’agression antisémite. Les appels au boycott se multiplient, dont celui envers la candidate israélienne à l’Eurovision 2024, Eden Golan. On se souvient du pogrom survenu à Amsterdam le 7 novembre 2024 sur des supporters d’une équipe de football israélienne. Il n’est plus un endroit dans le monde où le Juif peut se sentir en sécurité, pas même en Israël.

Comment se peut-il que le pogrom du 7 octobre 2023 soit passé inaperçu pour les populations du monde – qui se sont en revanche insurgées contre une armée partie délivrer ses concitoyens des mains de sanguinaires terroristes – sans jamais regretter l’ignominie perpétrée sur des Israéliens, du bébé au vieillard, innocents arrachés de leur foyer pendant la fête de Simhat Torah, une des plus joyeuses du calendrier juif, ainsi que sur des jeunes réunis pour danser à l’occasion d’un festival ?

Même une personnalité comme Barack Obama n’a pas eu de mots pour compatir au carnage laissé par les terroristes en terre d’Israël. À l’inverse, il en a trouvé pour le peuple palestinien, victime sempiternelle :

Ce que le Hamas a fait est horrible et rien ne le justifie, mais ce qui est également vrai, c’est que l’occupation et ce qui arrive aux Palestiniens sont insupportables.

Monsieur Obama omet de rappeler que la bande de Gaza est aux Palestiniens depuis 2005, qu’elle est contrôlée depuis 2007 par le mouvement terroriste du Hamas, élu par les citoyens gazaouis. Il élude le dessein du Hamas : attaquer l’État d’Israël et ses habitants jusqu’à leur reddition. Il ne mentionne pas non plus les nombreuses offres de partage du territoire par l’État d’Israël, toutes rejetées par l’Autorité palestinienne.

Et la réaction de l’éminent professeur et avocat Alan Dershowitz donne la mesure de l’abjecte complaisance d’Obama :

Non ! Vous ne pouvez pas faire ce type de comparaison Barack Obama. Ce que vous avez dit est méprisable […] Et quel que fut le respect que j’ai pu avoir pour vous, je l’ai complètement perdu […] J’ai honte d’avoir été votre ami […] J’ai honte de m’être fait avoir en croyant dans votre soutien à Israël. N’importe quel individu aimant Israël n’aurait jamais fait l’obscène, odieuse comparaison entre meurtre, viol, kidnapping, civils brûlés et l’occupation disputée encore et encore en raison des refus des offres proposées aux Palestiniens par le président Clinton et d’autres membres de l’administration américaine, pas par vous. Vous n’avez rien fait en faveur de la paix, mais Clinton l’a fait, Trump l’a fait également, d’autres l’ont fait, mais pas vous. Tout ce que vous avez fait est de condamner Israël […].

Si aujourd’hui l’excuse du sionisme est toute trouvée pour exulter, l’antisémitisme a l’âge du christianisme dominant de l’Empire romain, et les humiliations, les expulsions, les actes de barbaries subis par les Juifs ont été incessants de tous temps et en tous lieux, y compris en Israël.

Ainsi, le christianisme a d’abord été le moteur de l’antisémitisme. Étiqueté comme peuple déicide, le peuple juif n’a donc jamais réussi à se défaire de ce « malentendu » qui perdure dans toutes les sociétés.

Pourtant, le peuple juif est le premier des peuples monothéistes. Il a reçu la Loi voilà plus de trente siècles, soit plus de dix siècles avant le christianisme et plus de dix-sept siècles avant l’islam. Il a supporté les pires infamies, les a surmontées, s’est reconstruit à chaque drame, ce qui fait de lui le peuple le plus résilient de l’humanité.

La création de l’État d’Israël en 1948 a donné au peuple juif le moyen de se protéger, une situation pour le moins insolite, inconcevable. Et nous voyons bien qu’il suffit de voir un Juif se défendre pour déclencher l’ire générale.

Israël n’a pas initié la guerre. Israël a subi le pire pogrom jamais perpétré depuis la Shoah. Israël et son armée n’ont pas eu d’autre choix que d’intervenir pour la libération des otages et l’anéantissement du mouvement terroriste Hamas.

Israël ne peut se permettre de laisser prospérer une organisation terroriste à sa frontière. Les responsables des victimes palestiniennes sont les terroristes du Hamas et non pas l’armée israélienne qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour éloigner les civils des zones de guerre.

En voyant ces millions d’individus de par le monde s’insurger contre l’action d’Israël, par des comportements et agressions antisémites, je me demande pourquoi cette énergie n’est pas mise à profit pour soutenir tangiblement les civils gazaouis.

L’Islam compte une cinquantaine de pays et d’immenses richesses, en plus de la diaspora musulmane et des innombrables Occidentaux qui se proclament pro-palestiniens. Quel soutien concret cette monumentale force a-t-elle apporté à la population gazaouie ?

Jeter l’opprobre sur l’État d’Israël sans condamner le Hamas est pur déni.

[1] https://frblogs.timesofisrael.com/la-photo-de-lannee-a-lassociated-press-le-corps-de-shani-louk-et-le-photographe/

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mort_de_Shani_Louk

à propos de l'auteur
Joëlle Roubine a fait son alya en 2006. Elle a résidé à Jérusalem jusqu'en 2012 avant de rentrer en France. Lorsqu'elle redécouvre Paris après six ans d'absence, elle fait le triste constat d'un antisémitisme bel et bien installé. Et elle l'exprime dans un article paru en 2014 (« Israël ou la putain de l'humanité »). En 2024, elle publie un livre intitulé « Pour trente-cinq mille carrés Hermès » composé d’œuvres diverses (nouvelles, contes, chansons, théâtre, poésie).
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