Zone dangereuse

Dure semaine que celle qui a vu le mois de mars succéder à celui de février : des attentats, un pogrom, des violences policières et des comportements imbéciles.
Deux attentats ont coûté la vie à trois jeunes Israéliens en Cisjordanie, l’un avec deux frères tués à bout portant en traversant le village de Huwara en Samarie; l’autre au nord de la Mer morte où des tueurs embusqués le long de la route ont ôté la vie à un étudiant en voyage amical.
Pour « venger » le premier, un pogrom a été programmé pendant toute la journée du 26 février sur les réseaux sociaux des « jeunes des collines », ces Juifs qui, au sortir d’une l’adolescence entre cannabis et désœuvrement, confondent religion et purification ethnique.
La nuit venue, des bandes de jeunes fanatiques ont déferlé sur le village déclaré maudit, brûlant voitures et maisons, terrorisant les habitants, et menant une chasse à l’homme où un Palestinien a trouvé la mort.
Dans un registre heureusement moins dramatique, le « jour de perturbation » (yom ha shiboush) du jeudi 1er mars contre la « réforme » du système judiciaire a été émaillé de violences policières.
Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale (sic) avait donné à ses troupes des consignes de « fermeté ». La journée s’est achevée avec l’incident ridicule qui a vu le salon de coiffure où s’était rendue Sarah Netanyahou bloqué par des manifestants que l’on aurait souhaité mieux inspirés.
Pendant cette folle semaine, le président de l’Etat a renouvelé sa proposition de compromis, relayé par deux représentants de la coalition (Dany Danon et Yuli Edelstein, députés Likoud) et deux autres de l’opposition (Adi Eizencot et Ili Tropper, députés du Camp de l’Etat). Peine perdue. Le compromis n’est pas à l’ordre du jour et ne l’a d’ailleurs jamais été.
Du reste, la semaine s’est achevée avec le vote à La Knesset de toutes les lois portées par le gouvernement ; avec un important ministre, Bezalel Smotricht, déclarant qu’il fallait « raser » Huwara avant de s’envoler pour les Etats-Unis où aucun officiel de l’administration Biden ne le recevra ; avec un Binyamin Netanyahou plus arrogant que jamais soutenant ses ministres extrémistes en reprenant leurs propos sur les manifestants « anarchistes ».
Personne ne sait où tout cela mènera. Mais nul doute que ce saut dans l’inconnu n’arrivera pas à faire taire des ministres irresponsables multipliant les déclarations incendiaires ; ne ralentira pas la régression de l’économie israélienne sur les marchés internationaux ; n’empêchera pas des terroristes de tous bords de profiter du climat de chaos pour commettre leurs forfaits. Seule certitude dans cet Israël entré dans la zone de tous les dangers : rien ne nous sera épargné.