Worthalter ou le faux courage

L'acteur Arieh Worthalter dans "Le Procès Goldman". Affiche du film.
L'acteur Arieh Worthalter dans "Le Procès Goldman". Affiche du film.

L’excellent Arieh Worthalter, lauréat 2024 du César du meilleur acteur, a de nouveau frappé. Après avoir condamné la riposte d’Israël contre le Hamas suite à ce qu’il appelle « l’événement » du 7 octobre, cet impénitent tartuffe vient de signer avec plus de 500 artistes belges un appel au boycott des institutions culturelles israéliennes. Mais contrairement à beaucoup de signataires, Worthalter n’a pas pour lui l’excuse de l’ignorance, étant donné qu’il a grandi dans la tradition juive au sein d’une famille sioniste notoire.

Le concept de « haine de soi » a été théorisé en 1930 par le philosophe autrichien Theodor Lessing dans Der jüdische Selbsthass (La Haine de soi juive)[1]. Il utilisait ce terme pour décrire l’attitude de certains Juifs, qui en réaction à l’antisémitisme, rejetaient leur identité en adoptant un discours proche de celui des antisémites. C’est ce que font aujourd’hui les Juifs qui expriment une hostilité à l’égard d’Israël sous la pression du conformisme ambiant.

Il y a encore toujours des Juifs qui ont honte des éléments constitutifs de leur identité et qui souhaitent se rendre indistincts dans la grisaille de l’air du temps. Ces Juifs-là sont atteints d’un désir pathologique d’assimilation et adoptent des postures antisémites dans le but de se faire admettre là où le soutien à Israël constitue un obstacle pour leur avancement.

Ces Juifs sont sujets à une crainte atavique des stigmates associés à l’identité juive au cours de l’Histoire. Ils présentent leur rejet comme une forme de courage alors que ce n’est en réalité qu’une sujétion au contexte sociétal. Ils s’associent ainsi à l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme dans l’espoir de se rendre acceptables. Mais aux yeux de ceux-là mêmes qu’ils veulent séduire, ils n’arrivent souvent qu’à apparaître comme méprisables. Il est vrai que de nos jours le vrai courage consiste plutôt à prendre la défense d’Israël que de joindre sa voix à celle d’une populace islamo-gauchiste décérébrée.

Le ralliement de Juifs à l’antisionisme relève d’une quête de reconnaissance sociale. En prenant une position hostile à Israël, ils cherchent à se distancier de stéréotypes négatifs associés à leur identité et à faire partie de milieux où un antisionisme revendiqué est un gage de bonnes mœurs.

Il est vrai que la haine de soi a parfois pour origine une souffrance personnelle qui pousse ces Juifs à renier leur identité, vécue comme encombrante. Mais comme cela a pour conséquence de délégitimer Israël et d’inciter à l’antisémitisme, il faut choisir entre les plaindre et les condamner.

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Haine_de_soi_juive

à propos de l'auteur
Daniel Horowitz est né en Suisse, où ses parents s’étaient réfugiés pour fuir l’occupation de la Belgique. Revenu à Anvers il grandit au sein de la communauté juive. A l’âge de quinze ans il entre dans l’industrie diamantaire et y fait carrière. Passé la soixantaine il émigre en Israël où il se consacre désormais à l’écriture. Il a récemment publié aux éditions l'Harmattan un ouvrage intitulé "Leibowitz ou l'absence de Dieu".
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