Vous avez dit corruption ?

L’ancien Premier ministre israélien est jugé devant le tribunal de Jérusalem pour divers délits de corruption, prise illégale d’intérêts et abus de pouvoir.
Comme dans tout procès, l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire ; la confiance dans la justice est un élément essentiel de la démocratie israélienne.
Laissons donc la justice faire son travail aussi sereinement que possible ; ce qui n’interdit pas de s’interroger sur la définition de la corruption politique dans une démocratie libérale.
L’accumulation de faits délictueux reprochés à Benyamin Netanyahou, avec le soutien de sa femme Sarah et son fils Yaïr, est troublante ; certains parleront de comportement immoral, d’autres de corruption systématique.
Contentons-nous de rappeler quelques soupçons qui ont fait la une de la presse israélienne de ces derniers jours pour tenter d’y voir plus clair.
Recevoir des cadeaux protocolaires de chefs d’Etat étrangers et ne pas les remettre au service du patrimoine national, c’est bien de l’abus de confiance.
Recevoir des caisses de champagnes et cigares de la part d’hommes d’affaires qui en attendent des contreparties, c’est bien du donnant-donnant repréhensible par la loi.
Exiger une couverture médiatique favorable d’un media électronique, c’est bien de l’abus de pouvoir.
Revendre sur Internet un cadeau reçu dans le cadre protocolaire ou diplomatique (en l’occurrence le tee-shirt d’une célèbre équipe de football), c’est un détournement de bien public.
Recevoir d’un cousin des fonds pour financer sa protection juridique alors que les deux hommes sont unis par des transactions commerciales et immobilières, c’est bien un cadeau entaché d’un soupçon de corruption.
Intervenir auprès de l’ambassadeur des Etats-Unis à Tel Aviv pour faciliter l’obtention d’un visa à l’un de ses bienfaiteurs, c’est bien un abus de pouvoir.
Oui, tous ces faits et actes sont troublants : sont-ils de la corruption ? La justice en décidera.
Les juges siégeant à Jérusalem établiront d’abord si les faits reprochés à un Premier ministre dans l’exercice de ses fonctions sont exacts ; et s’ils le sont, il sera difficile de ne pas y voir des actes délictueux, apparentés à de la corruption…
Sans attendre le dénouement du procès en cours, on est en droit de s’interroger dès maintenant : si l’accusé est acquitté par la justice, alors c’est quoi la corruption politique ?