Vivre libres
A nouveau l’effroi devant un énième attentat terroriste revendiqué par Daech.
A nouveau l’horreur en apprenant le bilan terrible de cet acte de guerre à Orlando : près de 50 morts, l’une des fusillades les plus meurtrières de l’histoire des Etats-Unis.
La colère, ensuite, face à cet ignoble acte homophobe. L’assassin n’a pas choisi sa cible au hasard : il a délibérément choisi de tuer des clients d’un bar gay, le Pulse, de tuer des homosexuels parce qu’ils sont homosexuels, de s’en prendre à des femmes et des hommes pour ce qu’ils aiment, pour ce qu’ils désirent, pour ce qu’ils sont.
Cette réalité ne doit pas être masquée ou minorée, elle confirme pour ceux qui ne l’avaient toujours pas compris que l’idéologie mortifère de Daech veut mettre à bas nos libertés.
Daech exécute ce que d’autres prêchent
Personne hélas n’a été surpris par cette tragédie. Combien de gays et de lesbiennes pendus, lapidés, assassinés, condamnés à la prison à vie, forcés à se cacher pour ne pas mourir ? Combien de déclarations et de prêches homophobes dans les mosquées européennes et américaines dans la plus totale impunité ? Daech exécute ce que d’autres prêchent.
Comment ne pas se révolter face aux déclarations de l’imam d’Orlando qui, il y a à peine deux mois, expliquait que les homosexuels méritent la mort ? Comment continuer à se taire après ce massacre devant un Tariq Ramadan expliquant doctement à ses admirateurs qu’il faut combattre « la normalisation de l’homosexualité en Europe » ?
Il faut s’attaquer sans circonvolutions aux discours de haine, aux idéologies de mort, aux propagandes nauséabondes. Arrêter de minimiser, arrêter de trouver des excuses ou des explications à tous les appels aux meurtres sexistes, antisémites, homophobes, anti-occident.
Aujourd’hui comme hier, les mots tuent
Nous le voyons, aujourd’hui comme hier, les mots tuent. Ceux contre les Juifs ont poussé à ce que des terroristes viennent assassiner des enfants à Toulouse ou des clients d’un supermarché à Vincennes. Ceux contre les homosexuels ont poussé avant-hier à ce qu’un homme, parce qu’il avait « vu deux garçons s’embrasser, ouvre le feu sur des innocents ». Et c’est exactement la même chose pour les femmes et les hommes qui voulaient aller à un concert ou dîner dans un restaurant à Paris ou prendre le métro à Bruxelles, et qui y ont trouvé la mort simplement parce qu’ils souhaitaient vivre libres.
En Europe comme aux Etats-Unis, nous connaissons très bien l’objectif des djihadistes. Celui de nous diviser, de nous jeter les uns contre les autres, de provoquer des guerres civiles en isolant les populations musulmanes, en tentant de les convaincre qu’ils ne peuvent fraterniser ou être acceptés par les autres communautés des pays dans lesquels ils vivent.
Mustafa Sethmariam Nasar -mieux connu sous le nom d’Abou Moussab El-Souri, cerveau et instigateur de la dernière génération du terrorisme islamiste, l’avait expliqué dans un manuel : l’objectif est de provoquer dans les pays visés des réactions anti-musulmanes qui en retour souderaient la communauté prise à partie et serviraient la radicalisation.
Ne donnons donc pas raison à cette stratégie en tendant l’oreille aux discours simplistes et extrémistes. Chacun sait très bien que les populistes, dont on constate jour après jour la progression dans les sondages comme dans les esprits en Europe mais aussi, c’est un fait, aux Etats-Unis, se nourrit de cette fracture. Tout comme l’extrême gauche toujours prompte à infantiliser les tueurs en leur trouvant des excuses. Ne choisissons pas entre deux haines, rejetons-les de la même manière en ne lâchant rien sur la défense de nos valeurs de liberté et de dignité de la personne humaine.
L’islamisme djihadiste est le totalitarisme de notre siècle. Il faut le combattre les yeux ouverts, sans avoir peur de nommer les choses et sans se vautrer dans le lâche confort du relativisme. Oui, nous sommes en guerre, celle que les assassins du Bataclan, de l’Hypercacher, du métro de Bruxelles ou du Pulse d’Orlando nous ont déclarée.
Nous avons des armes qui font peur aux djihadistes
La réponse politique, sécuritaire, militaire antiterroriste doit être réfléchie et ferme. Notre mission à chacun est de continuer à lutter pacifiquement pour dire que personne ne nous empêchera d’écrire, de dessiner, de croire, de sortir, d’aimer…
Nous avons des armes qui leur font peur : l’égalité entre les femmes et les hommes, entre les homosexuels et les hétérosexuels, la séparation entre la foi et la politique, l’état de droit, le respect des minorités, la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité, soyons en fiers et faisons les vivre au quotidien pour dire aux terroristes qu’ils ne gagneront jamais.
C’est le meilleur hommage que nous pourrons rendre aux femmes et aux hommes qui sont tombés hier parce qu’ils voulaient simplement vivre libres.
Cet article a été publié dans le Huffington post.