Vers la fin de l’agriculture israélienne ?
Dans quelques jours, les Juifs célèbreront la fête de Shavouot en souvenir du don de la Torah sur le mont Sinaï.
Shavouot est aussi une fête agricole qui célèbre le début de la saison de la moisson du blé.
En Israël, les préparatifs de Shavouot vont relancer le débat public autour de la cherté des produits agricoles et laitiers ; le consommateur qui a l’habitude de garnir sa table de fête de produits lactés se sent « pris en otage » par les réseaux de distribution qui tirent les prix vers le haut.
Le problème de l’agriculture israélienne ne se limite pas à la cherté de ses produits ; c’est son existence même qui est remis en cause.
L’agriculture israélienne de 2022 fait face à de nombreuses difficultés, pénuries et obstacles, qui rendent inévitable sa fin prochaine ou, tout au moins, sa lente agonie.
Pénurie de fruits et légumes
La production de fruits et légumes est très loin de suivre l’augmentation de la population ; la démographie israélienne est très dynamique alors que la production de nombreux produits est en chute libre.
Entre 2010 et 2020 (pour nous en tenir à la dernière décennie), la population israélienne a augmenté de 21% ; en revanche, la production locale de primeurs a baissé de 8% alors que la production de légumes chutait de 17% sur la même période.
Autrement dit, Israël devient de plus en plus dépendant des importations étrangères pour satisfaire à la demande intérieure de toute une ligne de produits alimentaires.
Seule exception à cette règle : la production de volailles et œufs continue de progresser, ce qui tombe bien puisque l’Israélien en est un gros consommateur.
Pénurie de terres agricoles
Si la production diminue, c’est surtout en raison de l’insuffisance des terres agricoles ; en termes de superficie, Israël est un petit pays alors les besoins urbains et industriels rognent sur les surfaces agricoles.
C’est ainsi que de 2005 à 2020, la superficie agricole a baissé de 3% alors que la population augmentait de 30% sur la même période.
Même en comparaison internationale, Israël consacre peu de superficie à son agriculture : seulement 13% de sa superficie totale sont consacrés à la production agricole, contre plus de la moitié dans la plupart des pays européens (comme 52% en France et Espagne).
Pénurie de main d’œuvre
L’agriculture israélienne souffre aussi d’un manque de main d’œuvre. En 2020, 24.000 Israéliens étaient employés dans l’agriculture, soit 22% de moins en une décennie.
Ce n’est donc plus que 1% de la population active qui est employé dans l’agriculture, ce qui exige un recours massif à la main d’œuvre étrangère (palestinienne comprise).
A tel point qu’en 2020, on comptait davantage d’étrangers (38.000) qui travaillaient dans l’agriculture israélienne que d’Israéliens (24.000).
Pénurie alimentaire
Si Israël a réussi à dépasser la pénurie d’eau en dessalant l’eau de mer, le pays est de plus en plus dépendant de l’étranger pour les engrais, la main d’œuvre et l’approvisionnement en fruits et légumes.
Il faut se rendre à l’évidence ; Israël n’est plus un pays agricole. Certains s’en réjouiront, préférant mettre l’accent sur les activités à forte valeur ajoutée comme la technologie.
Toujours est-il que le pays devient tributaire de l’étranger pour son alimentation ; une dépendance qui se traduit, à certaines périodes, par la pénurie de produits alimentaires et qui pourrait se payer cher en cas de conflit mondial.
En 2022, L’agriculture israélienne emploie 1% de la population active, contribue pour 1,5% à la production nationale et représente 2% des exportations ; les chiffres parlent d’eux-mêmes…