Va, Vers toi ! Lekh, Lekha
Dans le cadre de mes réflexions intérieures et grâce aux conseils avisés de mon épouse, j’ai découvert le livre d’Erich Fromm L’Art d’Aimer. Fromm propose deux types de croyances : une croyance irrationnelle, qui est orientée vers une puissance supérieure et indéfinissable, et une croyance rationnelle, fondée sur la reconnaissance de nos forces intérieures pour transformer et créer. Lorsque je pense à Abraham, le premier des croyants, je vois ce conflit de manière plus claire – une croyance en une force divine contre une force intérieure pour agir et modifier le cours des choses.
Abraham est pour moi un modèle d’inspiration, celui qui a osé partir en voyage animé par une foi profonde en une puissance invisible, contrairement à tous ceux qui l’entouraient. Il a répondu à l’appel divin « Va, Vers toi », a quitté sa maison, son environnement et tout ce qu’il connaissait, et s’est lancé sur un chemin nouveau et incertain. Certains diraient que son acte était l’expression d’une croyance irrationnelle – une foi absolue en une puissance supérieure, et en le destin. Mais d’un autre côté, on peut aussi le voir comme une croyance en sa propre force intérieure, en sa capacité à provoquer un changement profond dans le monde.
Il n’est pas rare que je me retrouve face à des décisions similaires. Il y a 20 ans, je me suis retrouvé devant un choix aussi extrême que de partir en voyage vers une terre inconnue (l’Alyah). Au fil des ans, j’ai pris des décisions où je devais choisir entre suivre le chemin « sûr et balisé », ou croire en mes propres capacités et choisir un chemin incertain. Par exemple, il y a eu une période où je me suis retrouvé face à une décision difficile dans ma vie amoureuse. J’avais un chemin assuré et stable, mais quelque chose en moi n’était pas en paix. Je ressentais le besoin de prendre un risque, de suivre un chemin nouveau, même au prix de perdre cette stabilité. Et j’ai choisi de le faire !
Ma croyance à ces moments-là était un mélange de croyance rationnelle et irrationnelle – d’une part, la confiance en mes capacités, en ma faculté à être attentif à ma voix intérieure. D’autre part, il y a eu des moments où je n’avais pas de réponse claire et où j’ai dû faire confiance à « notre Père céleste », à une force au-delà de ma compréhension.
Le voyage d’Abraham me rappelle que parfois, la véritable foi est celle qui combine les deux modèles. La foi dans l’invisible et dans une puissance supérieure qui nous accompagne dans notre chemin, et la foi en notre capacité à choisir, à prendre des décisions et à construire une nouvelle réalité. Ainsi, ma foi se développe et se construit, non seulement à travers la soumission au destin ou aux forces qui me dépassent, mais aussi à travers la reconnaissance de ma propre essence divine, qui jaillit de mon intérieur, et qui m’engage envers le monde qui m’entoure.