Une ville « juste » océane en pointe Finistère

Les enfants juifs cachés dans des familles bretonnes pendant l’Occupation gravent une empreinte dans les consciences et le temps d’une région et sa pointe Finistère qui se revendiquent encore aujourd’hui comme laboratoire national des pratiques mémorielles.

Mémoire des hommes, portail culturel du ministère français des armées offre l’occasion de retrouver des témoignages d’archives de ces bretons discrets comme Louis Marie Pellé (1900-1944) mais profondément habités de valeurs humanistes et européennes à transmettre aux générations futures.

Né le 18 novembre 1900 à Ploumoguer dans le département du Finistère, ce jeune commerçant sera fusillé par les Nazis à l’âge de 44 ans. Sous l’Occupation allemande, il avait contribué à un « réseau » qui avait caché des enfants juifs dans les campagnes du Nord-Finistère, avec le concours officieux des gendarmes du Conquet.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Ploumoguer. Mais où se trouve Ploumoguer sur la péninsule de la Bretagne ? Et quelle est son origine ?

A la pointe Finistère, l’origine de Ploumoguer suscite toujours des débats : Est-elle romaine ou le Plou d’un Saint-Fondateur? Pour les partisans de l’origine religieuse, Ploumoguer est la paroisse de Magoer, en français Magloire : une hypothèse confortée par la paroisse de Ploumagoar en Côtes d’Armor et la chapelle de Locméven à Ploumoguer, dédiée à saint Méen disciple de saint Magloire, le premier évêque de Dol-de-Bretagne.

En 1330, on écrivait Ploë Maoer. En 1440, Ploë Moguer : littéralement la paroisse de la muraille. Les fervents de l’origine romaine voient en Ploumoguer le « Plou de la Muraille », des murailles qui seraient des vestiges gallo-romains. Autre argument, Ploumoguer possède un village romain : Kerouman…

En 1899, Ploumoguer fut amputée des sept îles (Béniguet, Quéménez, Banec, Balanec, Triélen, Chrétiens et Lédénès) au profit du Conquet. En 1961, Le Conquet bénéficiait à nouveau de 200 hectares répartis entre la presqu’île de Kermorvan, les dunes des Blancs Sablons et une partie du village de Lanfeust.

La population israélite du Nord-Finistère était répartie dans de petites villes-ports ancrées sur la Mer d’Iroise. Au Conquet, il y en a toujours qui gèrent des petits commerces près du port. Leur présence ancienne remonte à des échanges maritimes avec le sud de l’Angleterre et même avec la péninsule ibérique au nord du Portugal. Les expulsions à l’époque médiévale ont amené des communautés israélites en Finistère qui ont su apporter des innovations dans les techniques d’accastillage, d’optique et de cartographie maritime qu’ils avaient acquises depuis leurs différents foyers européens d’émigration. Véritable laboratoire des pratiques mémorielles, le Nord Finistère est ainsi passé d’une terre de refuge à une terre d’innovation.

Mémoire des hommes, portail culturel du ministère français des armées offre la possibilité de marcher sur les traces de Louis Marie Pellé (1900-1944) qui exerçait la profession de commerçant :

Pour entretenir cette mémoire, les archives orales sont également précieuses. Devenue pupille de la Nation à l’âge de 14 ans, une de ses filles a fêté ses 92 ans d’anniversaire le 11 août dernier.

Malgré la disparition des parents, Jeanne Le Faou est aujourd’hui la doyenne de la rue Richelieu située dans la ville de Brest, cité portuaire et océane du Ponant.

à propos de l'auteur
Originaire de la cité corsaire de Saint-Malo sur la côte d’Émeraude, Kevin Lognoné est un analyste en capacités partenariales, managériales et d'innovation. Français du sixième département breton (diaspora), il a réalisé plusieurs tours du monde et publie régulièrement des carnets de voyages qui participent au renouvellement du champ des « borders studies ».
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