Daniele Saffar
Polack, donc angoissée, mais je me soigne:)

Une vie de chien ?

Un homme promène des chiens dans le quartier de Florentine, au sud de Tel Aviv, le 6 novembre 2018. (Crédit: Moshe Shai/Flash90)
Un homme promène des chiens dans le quartier de Florentine, au sud de Tel Aviv, le 6 novembre 2018. (Crédit: Moshe Shai/Flash90)

J’adore les chiens mais il y en a trop à Tel Aviv, surtout dans mon quartier (Florentine). Depuis une dizaine d’années, leur nombre a augmenté de façon faramineuse. Thérapie pour les post -traumas, ou ersatz d’enfant, c’est vrai qu’ils sont une garantie d’amour inconditionnel et je peux comprendre que, dans ce monde de brutes, ce soit un besoin. C’est sympa et moins contraignant qu’un bébé. Du coup (comme diraient les jeunes) les magasins d’accessoires et de nourriture pour chiens sont même plus nombreux que les magasins pour enfants dans mon coin.

Il est indéniable qu’avoir un chien est un facilitateur de communication : si je croise quelqu’un qui a un chien dans l’ascenseur et que je fais une remarque du style « eyze hamud » (comme il est mignon), la glace se rompt immédiatement et au lieu d’avoir un voisin qui va faire semblant de ne pas me voir, j’aurais eu une micro-conversation le temps de ma descente. Même dans la rue les maîtres de chiens se parlent plus facilement, pendant que leurs compagnons se reniflent le derrière, et dans le meilleur des cas, ils vont s’asseoir au café pour continuer à discuter. Ils se fixent même des rendez-vous aux plages ou parcs pour chiens pour permettre à leurs cabots d’avoir une vie sociale. Malheureusement, le chien, comme l’enfant, est laissé libre d’uriner là où il veut : sur la roue d’une voiture ou moto, sur la porte d’un magasin, à l’entrée d’un parking, sur une bâche de protection ou à 1 cm de la jambe d’une amie assise sur un banc, sans souci d’hygiène et de respect des autres.

Qui dit chien dit aussi crottes, et l’observation de la manière dont on les ramasse, ou pas, est très édifiante. L’étourdi qui cherche désespérément avec quoi les ramasser, le pressé qui en laisse une partie, le gay qui a des sacs plastiques de toutes les couleurs etc…,  le ramassage de la crotte canine est un vrai révélateur de personnalité. À tel point qu’il y a même eu une publicité où une jeune femme s’extasie auprès de sa mère : « ima, ou erim li ! » (maman, il me l’a ramassée !) , manifestation ultime du geste galant et romantique, si rare ici.

Je n’ai pas de chien, donc pas de crottes à faire ramasser par un chevalier servant, donc je me demande si la galanterie peut encore se manifester autrement, à Clebs -Aviv.

à propos de l'auteur
Je suis professeur d'anglais depuis 30 ans dont 6 en Israël. Ayant le sens de l'humour, j'aime rire de tout mais je m'insurge contre la bêtise et l'injustice. Je suis intéressée par le cinéma, le théâtre, les spectacles ainsi que les danses. En effet, je pratique les rikoudey am ( danse populaire israélienne) depuis 36 ans.
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