Une partie d’échecs
Dans le film de Bergman, Le Septième Sceau, il y a une scène hallucinante où le chevalier joue avec le diable aux échecs. Ce dernier, grâce à sa roublardise, parvient à extorquer la stratégie tactique du premier et donc à gagner la partie. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est similaire, un joueur d’échec avisé entame un coup qu’il pense être un coup de maître contre un adversaire que nous appellerons le Destin. La stratégie du joueur paraît sans faille, il est presque sûr de son initiative.
L’occident annonce qu’il n’interviendra pas militairement dans un conflit éventuel et qu’il se contentera de prendre des sanctions conséquentes si… Le si s’est produit, avec des résultats inattendus. Les Ukrainiens ont opposé une résistance farouche, l’armée russe a exposé ses faiblesses, et la réaction occidentale a pris la forme d’un raz-de-marée. Le joueur d’échecs a d’ores et déjà perdu la partie, il ne pourra pas s’emparer de l’Ukraine sans un grand nombre de victimes, le ressentiment qui en résultera à long terme aura des conséquences désastreuses pour Moscou.
Même si un gouvernement pro-russe est installé à Kiev, il ne pourra perdurer qu’avec des troupes russes stationnées de manière permanente, comme des millions d’Ukrainiens ont des armes la Russie devra faire face à une guérilla armée qui la minera tout comme elle a été minée en Afghanistan dans les années 80. Sans parler du train de sanctions qui continuera à peser sur son économie.
A ce stade-là, personne ne sait ce qui se passera, tous les scénarios sont possibles y compris ceux qui risquent d’égratigner voire de meurtrir l’Occident, mais nous pouvons avancer sans grands risques de nous tromper. Le joueur d’échec a mal calculé son coup, il n’en sortira pas indemne.