Une diplomatie saoudi-futuriste toujours à quai ?
Si la diplomatie afro-futuriste porte ses fruits dans le domaine des sciences, des technologies, de la santé, de la sécurité alimentaire et de l’innovation, quelle forme pourrait prendre une diplomatie saoudo-futuriste au moment où Israël et le Royaume d’Arabie saoudite progressent vers la normalisation de leurs relations.
Premier chantier : Ressourcer le monde
À côté de ses voisins régionaux exportateurs de gaz naturel liquéfié comme le Qatar, l’Arabie saoudite doit penser à l’après-pétrole. Il existe un intérêt très fort pour les initiatives en matière de méthanisation, de cleantech, de chimie agroalimentaire, d’agrocarburants, voire même d’exploration spatiale.
En effet, des chercheurs parient actuellement sur les capacités d’exploitation de l’hélium (mot issu du grec Hélios : « le Soleil »). Presque inerte, c’est le deuxième élément le plus abondant dans l’univers, après l’hydrogène. Il sert à la fabrication de nombreux circuits intégrés : fibres optiques, titane, matériel médical.
D’autres pistes futuristes sont à explorer comme l’optimisation des transports de méthane, en chargeant les méthaniers vides sur le chemin du retour en CO2 pour produire dans les zones exportatrices (notamment le Golfe persique), des agrocarburants de troisième génération.
À l’instar de la Qatar Foundation, la Saudi Aramco, Vision 2030 ainsi que d’autres programmes voisins proposent des financements à des porteurs de projets/innovateurs et chercheurs impliqués en faveur des énergies du futur. Voici un exemple de dossier de candidature à soumettre en anglais sur cette plateforme.
Selon le Washington Institute, le rapprochement entre Israël et le Royaume d’Arabie saoudite faciliterait un accord qui permettrait aux Saoudiens d’exploiter leurs vastes réserves d’uranium pour un programme nucléaire civil restreint.
Deuxième chantier : Innover dans l’éducation
Si beaucoup d’innovateurs disent placer l’individu au cœur de leur démarche, la perception du ressenti des utilisateurs est souvent trop superficielle. La faible écoute de la société devient à ce titre grandissante dans une révolution technologique centrée sur le virtuel et l’intelligence artificielle (algorithmes).
Les organisations internationales, inquiètes de ce déficit, ont lancé des programmes visant à promouvoir des innovations plus humanistes (OCDE : Better life initiative, CEE : Quality of life indicators, Objectifs du Millénaire, O.N.U. – PNUD : The World we want – Sustainable Development Goals), relayées et interprétées par des centaines d’ONG et de grandes entreprises.
Dans cette actualité, l’Arabie Saoudite organise de nombreuses conférences liées à l’innovation et à l’éducation. Ces forums se positionnent souvent en compétition avec la diplomatie d’influence du Qatar qui récompense par exemple, dans le cadre de son prochain Sommet mondial pour l’éducation – WISE, des initiatives qui permettent de passer de l’innovation au progrès humain. Voici un exemple de dossier de candidature en anglais WISE Awards. Les critères de sélection des projets retenus sont souvent calqués sur des standards anglo-saxons.
Troisième chantier: Innover dans la santé
Au moment où BpiFrance travaille à la création au Val-de-Grâce d’une «Station F» pour les biotechs, l’Arabie saoudite prépare de nombreuses conférences scientifiques comme un Sommet mondial en faveur de l’innovation dans la Santé – inspiré de son concurrent qatari : WISH (World Innovation Summit for Heath), dont l’organisation, confiée à une agence française, entend rivaliser avec la JP Morgan Healthcare Conference, la grande messe de l’industrie pharmaceutique qui se tient chaque année à San Francisco.
C’est l’occasion pour les startups et entreprises israéliennes innovantes de présenter leurs solutions à des investisseurs du Moyen-Orient, médecins, cliniciens, chercheurs et d’aller à la rencontre de futurs partenaires et professionnels de santé du monde entier. Voici un exemple de dossier de candidature en anglais : Innovation Showcases | Young Innovators Competition