Le sioniste biblique et les Palestiniens

Chaque fois que l’on met les mots “biblique”, “sioniste” et “palestinien” dans une même phrase, il est crucial d’en définir le sens exact. L’unité ne sera peut-être jamais réellement atteinte, mais cela ne devrait jamais être dû à un manque de clarté.

Tout d’abord, ce que je veux dire par biblique est « en accord avec le récit de la Bible », donc les soixante-six livres de la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse. En ce qui concerne une définition du sionisme, de peur que je ne sois accusé de parti pris en tant que juif, je préfère donner une définition du dictionnaire : « un mouvement pour (à l’origine) le rétablissement et (maintenant) le développement et la protection d’une nation juive dans la terre d’Israël. Il a été créé en tant qu’organisation politique en 1897 sous la direction de Theodor Herzl et a ensuite été dirigé par Chaim Weizmann. »

Maintenant, pour définir qui est un Palestinien, c’est un peu plus délicat. Encore une fois, par souci de clarté, je propose : « tout descendant physique des divers habitants arabes de la terre d’Israël connue sous le nom de Palestine avant 1948. » Bien que je ne pense pas que la définition d’un peuple palestinien soit historiquement possible, nous nous devons de reconnaître que les Arabes nés en terre d’Israël appelée “Palestine” ne sont pas responsables du conflit dans lequel ils sont nés.

Rappelons-nous que le mot “Palestine” a été introduit par l’empire romain lors de la révolte de Bar Kohba en 132 ap. JC (une révolte juive ratée contre Rome.) Pour humilier le peuple juif, Israël a été rebaptisé Palaestina. Le mot restera dans l’histoire et jusqu’en 1948, « Palestine » était le nom utilisé pour décrire la zone géographique qui a toujours été connue comme Israël auparavant. Puis, sous la direction de Yasser Arafat et des dirigeants « palestiniens » ultérieurs, l’étymologie du mot a été élargie pour signifier à la fois une terre ET un peuple, ajoutant une revendication politique qui ne peut être prouvée historiquement, archéologiquement, culturellement ou bibliquement.

Nous devons maintenant voir ce qui définit un « sioniste biblique ». Nous utilisons souvent les mots « Chrétien » et « Sioniste » ensemble pour décrire quelqu’un qui se considérerait comme un disciple de Yéchoua (Jésus) et un partisan d’Israël et du droit du peuple juif à la terre d’Israël.

Je préfère le terme « biblique » à « chrétien » en ce qui concerne ceux qui aiment et soutiennent Israël.
Malheureusement, ces dernières années, de nombreuses personnes qui se disent “chrétiennes” ont manifesté un certain antisémitisme et ont soutenu des points de vue erronés tels que la théologie du remplacement ou le Palestinisme chrétien. Nous devons également mentionner la récente augmentation du soutien au mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) de certaines confessions chrétiennes.

La position sioniste biblique est généralement prise en fonction de la perspective eschatologique (de la fin des temps) et / ou de l’approche théologique. Beaucoup de chrétiens évangéliques ont soutenu Israël au fil des années, voyant que Dieu n’en a pas fini avec le peuple juif et n’a jamais pleinement accompli sa promesse donnée à Abraham et à ses descendants dans Genèse 12:1-3. Cette même promesse a été ratifiée dans une alliance connue sous le nom d’Alliance Abrahamique, avec la promesse d’une descendance, d’une terre et d’une bénédiction.

Lors de la signature de l’alliance conclue entre Dieu et Abram (Genèse 15:7-19), aucune condition n’a été exigée, mais des frontières de terre spécifiques ont été données (elles sont d’ailleurs beaucoup plus vastes que celles d’Eretz Yisrael aujourd’hui). Lorsque Dieu a spécifiquement communiqué à Abram les limites de la terre qu’il lui donnait, il a simplement déclaré : « À tes descendants, j’ai donné cette terre. »Lorsque le fils d’Abraham, Isaac, s’installe à Guérar au lieu d’aller en Egypte, Dieu lui rappelle mes promesses proclamées dans l’alliance faite avec son père Abraham (Gen 26:1-4) : « Il y eut une famine dans le pays – en plus de la première famine qui avait eu lieu aux jours d’Abraham. Isaac alla chez Abimélek, roi des Philistins, à Guérar. Le Seigneur lui apparut et dit : Ne descends pas en Egypte, demeure dans le pays que je te dirai. Séjourne en immigré dans ce pays-ci ; je serai avec toi et je te bénirai, car c’est à toi et à ta descendance que je donnerai tous ces pays ; je tiendrai ainsi le serment que j’ai fait à Abraham, ton père. Je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel ; je donnerai tous ces pays à ta descendance. Toutes les nations de la terre se béniront par ta descendance, »

En outre, dans Genèse 28:13-15, l’alliance d’Abraham est reconfirmée : elle passe par le fils d’Isaac, Jacob, et même terre (versets 13 et 15) dont il est question précédemment est promise à Jacob et à ses descendants, comme promis à Isaac auparavant. Elle continue à être donnée inconditionnellement, même si à travers le récit biblique nous apprenons que Jacob a menti à son père au sujet de son droit d’aînesse. Apparemment, cela faisait partie du plan de Dieu d’avoir Jacob et non pas Esaü comme hériter des bénédictions de l’Alliance abrahamique d’Isaac. Donc, bibliquement parlant, les descendants d’Abraham, par Isaac et par Jacob, ne peuvent être que le peuple juif.

L’amour du sioniste biblique pour Israël et le peuple juif est le résultat de sa compréhension de l’alliance Abrahamique éternelle, inconditionnelle et unilatérale et de ses trois promesses qui ont ensuite été amplifiées dans trois autres alliances inconditionnelles connues sous le nom d’Alliance terrestre (Deutéronome 29:1 à 30:20; Ézéchiel 16:53-63), l’Alliance Davidique (II Samuel 7:11-16) et la Nouvelle Alliance (Jérémie 31:31-34).

Mais le grand amour que les sionistes bibliques manifestent pour Israël et le peuple juif ne devrait pas être exclusif et devrait s’étendre à tous, même à ceux qui ont été endoctrinés dans le but de détester et détruire Israël. 

Dans les mots de Yéchoua dans Matthieu 5:44, nous lisons : « Mais je le vous dis, aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. »Ne généralisons pas : cela ne signifie absolument pas que tous les Palestiniens d’aujourd’hui détestent les Juifs, mais, aussi difficile que cela puisse paraître d’accomplir ce commandement, pour ceux qui prennent la Bible au sérieux, c’est tout de même un commandement.

Donc, oui, un sioniste biblique non seulement peut mais doit aussi aimer les Palestiniens. Au fil des années, j’ai souvent remarqué que pour aimer Israël, on n’est pas « obligé » de détester les Palestiniens. Mais malheureusement, le contraire est rarement vrai !

à propos de l'auteur
Olivier enseigne la Bible et les racines juives du christianisme. Né à Paris, il écrit et enseigne aujourd'hui, aux Etats-Unis et en France, sur l'antisémitisme classique et nouveau. Il est l'auteur de deux livres dont un sur l'antisémitisme. Il travaille actuellement à la suite de son ouvrage paru en 2007 sur l'antisémitisme ("They have conspired against you"). Olivier est aussi le directeur régional de Chosen People à Seattle.
Comments