Un second mandat de Trump : perspectives et défis

Le candidat républicain victorieux à la présidence, l'ancien président Donald Trump, faisant un signe de la main alors qu'il marche avec l'ancienne première dame Melania Trump lors d'une soirée de veille de l'élection au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024 (Crédit : Evan Vucci/AP)
Le candidat républicain victorieux à la présidence, l'ancien président Donald Trump, faisant un signe de la main alors qu'il marche avec l'ancienne première dame Melania Trump lors d'une soirée de veille de l'élection au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024 (Crédit : Evan Vucci/AP)

La victoire décisive du président Trump a surpris, d’autant plus que les sondages annonçaient une lutte serrée avec la candidate démocrate Kamala Harris. Avec un écart de 4 millions de voix dans le vote populaire, une majorité écrasante de 86 sièges au Sénat, et le contrôle total du Congrès, Trump domine désormais les branches exécutive, législative et judiciaire. La Cour suprême, conservatrice grâce à ses précédentes nominations, reste un atout majeur. Malgré deux tentatives d’assassinat et de destitution, ainsi que de multiples accusations civiles, Trump entame son mandat avec un pouvoir sans précédent. Il dispose d’une marge de manœuvre considérable.

Mesures économiques

Les États-Unis font actuellement face à des dettes annuelles colossales, avoisinant 1 milliard de dollars. Pour y remédier, Trump souhaite ralentir la mondialisation. Ces dernières décennies, des milliers d’usines ont été délocalisées vers l’Asie, principalement en Chine. Alors qu’en 1945, la production industrielle américaine représentait 50 % de la production mondiale, elle n’en représente plus que 15 % aujourd’hui.

Sous la bannière de « America First », Trump envisage des taxes d’importation massives, avec une imposition de 60 % sur les produits chinois et de 20 % sur ceux en provenance d’Europe. Le but recherché est d’augmenter la production manufacturière aux États-Unis même. Une réduction radicale des services gouvernementaux, supervisée par Elon Musk et Vivek Ramaswamy, est également prévue en vue de faire des économies substantielles.

Sur le plan environnemental, Trump continue de s’écarter des engagements internationaux : les États-Unis restent hors de l’accord de Paris sur le climat et envisagent d’augmenter la production pétrolière de 13,5 à 15 milliards de barils.

Politique intérieure

L’administration Trump prévoit un durcissement des mesures contre l’immigration illégale, ciblant spécifiquement les criminels et émeutiers sans nationalité américaine.

La campagne électorale américaine a été marquée par des attaques verbales des deux côtés, au détriment de propositions socio-économiques concrètes. Les partisans du « progressisme » et du « wokisme » universitaires feront face à une opposition féroce : Trump a promis de déployer tous les moyens pour contrer ces mouvements.

Politique extérieure

Sous la présidence d’Obama, la dissuasion américaine a reculé. La Russie a annexé des territoires en Géorgie et en Ukraine, tout en établissant une base militaire permanente en Syrie. Trump, lui, s’engage à redéfinir les alliances, revenant à une doctrine claire : soutenir les pays alliés et s’opposer aux ennemis.

Le budget militaire des alliés américains sera augmenté. Des pays comme le Japon, la Corée, Taïwan et les pays membres de l’OTAN devront consacrer 2 % de leur PNB à la défense, en investissant notamment dans les avions furtifs F-35. Trump demande également aux alliés de financer la présence des armées américaines sur leur territoire. Son plan d’action pourrait revitaliser les armées des pays alliés et amoindrir le danger militaire russe ou chinois.

En ce qui concerne l’Ukraine, la position de Trump reste incertaine. Sa priorité sera d’affaiblir l’alliance Russie-Chine, même si cela impliquerait de forcer un accord entre la Russie et l’Ukraine, potentiellement aux dépens de Kiev.

Dans le Pacifique, Trump va chercher à contenir la Chine tout en cherchant des terrains d’entente sur le plan économique et un modus vivendi sur le statut de Taiwan.

Quelle que soit l’administration américaine en place, Israël demeure le seul allié fiable dans l’ensemble des pays du Moyen-Orient. Le futur secrétaire d’État Marco Rubio va s’éloigner des politiques démocrates qui ont cherché à contenir l’Iran, brider Israël et œuvrer pour une solution à deux états. Il défend les mesures prises par Israël pour lutter contre le terrorisme palestinien et se propose d’exercer des pressions maximales sur l’Iran.

Revirement stratégique

Des figures telles que Matt Gaetz, accusé de délit sexuel, Tulsi Gabbard, proche de la Russie et de la Syrie, ou encore Pete Hegseth, animateur de Fox News sans expérience militaire suffisante, respectivement pressentis pour des hauts postes dans la justice, le renseignement et la défense font sourciller les observateurs. Ces nominations devront toutefois être approuvées par le Sénat.

Les positions de Trump reflètent une volonté de rupture stratégique. Avec une imprévisibilité qui est à la fois sa force et sa faiblesse, Trump s’oriente vers un rétablissement de l’hégémonie américaine sur des bases claires. Contrairement à l’administration Biden, il ne tergiversera pas sur les grandes questions de l’heure.

à propos de l'auteur
Dr. David Bensoussan est professeur d’électronique à l’École de technologie supérieure. Il a été président de la Communauté sépharade unifiée du Québec et a à son actif un long passé d’engagement dans des organisations philanthropiques. Il a été membre de la Table ronde transculturelle sur la sécurité du Canada. Il est l’auteur de volumes littéraires dont un commentaire de la Bible et du livre d’Isaïe, un livre de souvenirs, un roman, des essais historiques et un livre d’art.
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