Un président très présent
Dans cet État où le pouvoir appartient au Premier ministre, le Président Itzhak[1] Herzog tient sa légitimité du Parlement qui l’a élu en 2021 pour sept ans non renouvelables. Ses fonctions, essentiellement honorifiques, pourraient être comparées à celles du roi d’Angleterre. Mais en Israël, l’instabilité du système politique conduit parfois le président à jouer un rôle important. On l’a vu en 2021 avec le président Rivlin lors des négociations ayant conduit à la mise en place du « gouvernement du changement », ce curieux attelage qui groupait trois partis de droite, deux partis du centre, deux partis de gauche et – pour la première fois – un parti arabe.
En 2022, son successeur, Itzhak Herzog, recevant les groupes parlementaires, n’avait pas hésité à tancer une députée communiste arabe, Aïda Tomas Soliman, qui avait tenu des propos complaisants à l’égard du terrorisme en Cisjordanie. Car, sans sortir de la neutralité politique que son rôle lui impose, le président Itzhak Herzog est tout sauf une plante verte agrémentant le paysage institutionnel. Cet avocat de métier, plusieurs fois ministre et chef de l’opposition travailliste, a une longue tradition politique derrière lui.
Itzhak Herzog, avant son élection à la présidence, a été député, ministre, chef de l’opposition travailliste et président de l’Agence juive. La politique, il est tombé dedans dès son plus jeune âge, son père, Haïm Herzog, ayant été ambassadeur à l’ONU et député (travailliste) avant d’être élu, déjà, président de l’État. Son grand-père, Itzhak Halevi Herzog, avait été le premier Grand rabbin ashkénaze d’Israël, une fonction qui n’est jamais bien loin de la politique.
Président de l’État, il continue à intervenir dans le champ politique : sur la scène internationale, où ce diplomate-né possède un riche carnet d’adresses ; sur la scène politique intérieure aussi, surtout lorsque le pays est bloqué.
En 2023, il a inlassablement cherché à ce que partisans et adversaires du projet de réforme judiciaire trouvent un compromis sous ses auspices. Car pour cet amoureux du consensus, naturellement centriste, les divisions de la société sont mortelles. Encore plus après le 7 octobre.
C’est avec inquiétude qu’il assiste aux déchirements qui opposent les familles des otages aux décideurs, à l’impuissance de ces derniers à définir une stratégie claire pour aujourd’hui et pour demain, à la grande incertitude qu’éprouvent les Israéliens.
S’il le faut, il n’hésitera pas à s’engager au premier rang dans le combat électoral pour réunir les Israéliens autour d’un projet de résilience, de renaissance du pays. D’autant qu’au centre, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, stagne dans les sondages, tandis que Benny Gantz fait la course en tête mais en cultivant l’indécision. Itzhak Herzog serait la personnalité idoine pour unir et réunir les forces vives du pays. Personne ne l’y voit. Personne n’y pense. Sauf lui.
[1] Isaac en français et en anglais.