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Conte de deux manifestations

Mame conte la fable des manifestations aux relents nauséabonds

« C’était le meilleur des temps et le pire des temps. »

Il y’a quelque chose de Dickensien dans l’air parisien, et ça n’est pas l’arrivée au Paris St Germain d’Oliver Twist.

Ou peut-être sommes nous en plein dans l’empire de l’illusion, les jours de destruction, et les jours de révoltes de Chris Hedges, ou l’égoïsme, et la paranoïa identitaire de certains vient chercher validation dans les grandes causes morales du jour, en pleine confusion entre le moi et l’univers, entre l’égoïsme et l’empathie, le tout sur fond d’effondrement socio-économique.

Et peut-être, suis-je moi-même coupable de voyeurisme social.

Toujours est-il que. Laissez-moi vous narrer le Conte de Deux Manifestations :

Un matin de Thermidor, de l’an 2014, la population de la bourgade de Paris, au cœur de la brumeuse Île de France, sujette, il convient de le dire, à un été des plus capricieux, se réveilla en prise a un vent colérique et orageux soufflant sans ménage au gré des rues et des chaumières.

Un relent nauséabond s’éleva du fleuve Seine, qui doucement s’infiltra par les fissures et les embrasures, se roulant de manière moqueuse sous le nez des somnolant parisiens, les arrachant a une torpeur toujours trop courte. Car, comme chacun le sait, le Parisien aime son vin et encore plus son oreiller.

A l’autre bout du monde, dans le Levant lointain, les esprits échauffés, réglaient leurs différents par la force des armes, à grands coups de sang et de larmes, d’amour et d’incompréhension mutuelle.

Les pleurs d’un enfant, la fuite d’une famille, et le bruit des sirènes, portés par la mousson, et les câbles électroniques, firent irruption dans les salons et les ipads, interrompant le parisien bien pensant mordant dans son croissant, et le banlieusard musulman en proie à la faim, comme il convient pour Ramadan.

Commençons par ce dernier, qui manifesta premier, au cri d’Allah u Akbar, de drapeau d’ELIL et de Keffieh, une frustration qui, j’en conviens, a ses racines bien ancrées, dans l’absence de débouchés, et la diabolisation de la société, dont ce jeune est victime, alors même qu’il est français.

Il en veut au président, au CRS et aux juifs, qui font tous partie à ses yeux, de l’infâme complot sioniste.

Et surfant la douleur des Gazaouïs opprimés vient revendiquer sa haine et par la même tout casser, attaquer des innocents pour leur religiosité, et justifier au peuple de le diaboliser.

Roquette, Sarcelles, Barbes, et République, les images parlent d’elles même est-il besoin que je m’explique ?

D’autant que les choses ne s’arrêtent pas là, car durant qu’à République des jeunes mènes un combat contre des moulins et leur destin, une quenelle à bout de bras; dans les hauteurs du seizième, à Trocadéro même, la Place des droits de l’homme connait son lot de problème.

Chrétiens du Levant, Irakiens et Libanais, surtout ces premiers victimes de violences inimaginables, se retrouvent main dans la main, avec une foule d’autres chrétiens, réunis ce matin au vocable de la paix.

A cette foule silencieuse, se mêlent de jeunes français, aux t-shirt bleu blanc rouge, au message de victimisation, citant ce qu’apparemment dans l’ignorance d’aucun ne sait : ils sont une espèce en voie de disparition.

Mais où va-t-on je vous le demande ? Car bien que leur malaise soit ancré dans toute cette immigration, la crise et les changements de société, nous sommes loin, bien heureusement de la disparition des chrétiens français.

Et au bruit d’une manifestation de mauritaniens sans papiers, le rassemblement pacifique a tourné à l’injure, traitant ces africains de terroristes patentés, de Boko Haram assassin qui se veut à infiltrer les français, afin de leur inculquer par des moyens détournés, les valeurs barbares d’une religion brutale, rétrograde et sans futur.

Cette histoire est vraie je vous le jure, elle se déroula sous mes yeux, et une manifestante pacifique ne s’est pas gênée pour m’exprimer que la France ne veut pas de l’islam et encore moins des sans-papiers.

La politique est ce qu’elle est, et cette dame est libre de s’exprimer, mais les slogans qu’elle scandait ne sont pas ceux de la paix, encore moins des chrétiens d’Irak, du Levant et d’ailleurs, mais le fond de pensée de l’extrême droite et de ses électeurs.

Et pendant que se pavanent les extrémistes en tour genre, sur la place de la Bastille, on lève la guillotine et Marianne y place son cou, entonnant une version cynique des mots de Sydney Carton sur l’échafaud Londonien :

« Je vois les vies pour lesquelles je donne la mienne, belligérantes, inutiles, pauvres et malheureuses, dans cette France que je ne verrais plus. »

Excusez cette parenthèse maladroitement lyrique, en espérant que Dickens, Balzac, Zola et La Fontaine ne se retournent pas dans leur tombe.

Il est assez évident que dans toutes manifestations, ce genre d’éléments perturbateurs viennent se greffer au cortège, et soient la seule chose que l’on retienne d’évènements a l’envergure, et à la portée beaucoup plus large.

Cependant, il convient de noter ce phénomène, et d’y prendre garde autant des revendications identitaires des jeunes issus de l’immigration, que des français chrétiens dit de souche. Les changements profonds se fond dans la minorité, et la tendance du moment est à la fracture sociale.

Je tiens à remercier les forces de l’ordre (CRS) pour leur excellent travail, autant à la manifestation pro-palestinienne autorisée de Denfert Rochereau aux Invalides, ou les jeunes provocateurs ont tout fait pour susciter la colère des CRS qui sont restés impassibles et professionnels, qu’au rassemblement « pacifique » en soutien aux chrétiens d’Irak, ou leur interposition a fait que les manifestants Mauritaniens n’aient pas été violemment attaqués.

Je n’ai pas mentionné non plus l’arrivée au Trocadéro de jeunes « pro-palestiniens » qui voyant les mauritaniens musulmans se faire insulter, on répondu en traitant les chrétiens du moyen orient et consorts de juifs et de sionistes. J’imagine qu’ils étaient en route vers République et se sont trompés de direction.

Malheureusement des causes humanistes telles que le soutien aux civils de gaza, et en soutien aux chrétiens d’Irak, deviennent l’excuse pour la haine, et la colère sublimée dans la noblesse des causes précitées.

J’aimerais que l’on puisse montrer ces images aux Gazaouïs, et aux chrétiens de Mosul, je suis sûr qu’ils apprécieraient l’enthousiasme, et qu’une grande partie condamnerait la bêtise et l’extrémisme exprimés par ces minorités.

J’aimerais qu’ensuite on montre ces réactions a ces jeunes casseurs et ces gens racistes, qu’ils prennent conscience de leur erreur, que ceux qu’ils prétendent « soutenir » leur rappel à quel point ils ne les représentent pas, mais ne font qu’aggraver le cercle vicieux des conflits identitaires, du communautarisme, et de la violence.

Je serais ce dimanche à la manifestation pacifique républicaine à la Bastille, et ce jeudi à la manifestation en soutien aux amis d’Israël, organisée par le CRIF, en espérant cette fois, que le peuple parisien ne me déçoive pas, et que le vent nauséabond a tourné.

à propos de l'auteur
Mame est fonctionnaire international en congés permanents même quand il travaille 70 heures par semaine
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