Un cessez-le-feu, en attendant la prochaine guerre
« Si tu vaincs un ennemi, il sera toujours ton ennemi. Si tu convaincs un ennemi, il deviendra ton ami ». Morihei Ueshiba.
Les crises post 7 octobre auraient-elles dues être traitées d’un angle biopolitique plutôt que libéral institutionnel ?
Le terme biopolitique est un courant popularisé par Michel Foucault pour promouvoir un exercice du pouvoir, Trans politique et Trans humanitaire, qui favorise la vie des individus, donc des populations plutôt que les intérêts hégémoniques. N’était ce pas cela l’idéal des organisations multilatérales au lendemain de la guerre mondiale 1939-45 ?
La guerre à Gaza a mis inéluctablement en évidence, encore une fois, les limites du rôle des Nations Unies en temps de guerre et des limites des autres institutions internationales. Force est de constater que la résolution politique des conflits est soumise aux intérêts hégémoniques. Les populations arrivent en troisième rang, après les intérêts politiques locaux.
D’où la notion de subsidiarité, le principe de subsidiarité est une pensée politique et sociale qui devient plus que présente dans l’esprit international de la politique et de la sécurité globale. Il faut revenir à l’entité compétente et influente la plus susceptible d’avoir un impact envers celles et ceux qui sont directement concernés par le conflit. Surtout que les valeurs morales des organisations internationales ne résistent en aucun cas face aux intérêts économiques (commerce énergétique, armement, matières premières…). La crise actuelle démontre que les instituts supranationaux sont un élément bureaucratique et communicationnel, ni plus ni moins.
Des voix alternatives sortent du lot pour exiger une refonte du système actuel, mais en attendant, il est de mise de travailler sur l’individu et les esprits populaires.
Autrement dit, mettre l’emphase sur les relations humaines plutôt que sur une structure de pouvoir.
À Gaza, par exemple, cela nous mène vers une application positiviste du conflit, c’est-à-dire résoudre les effets de la guerre plutôt que tergiverser sur les causes et l’échange des accusations entre un gouvernement contesté en interne et des milices armées.
N. Angell dans « the Great illusion », met le point sur la continuité des anciennes idées, malgré le progrès. Cité dans « Rereading early twentieth centrury IR theory », il affirme que le principal obstacle à l’abolition des vieilles politiques sont les difficultés morales, les habitudes mentales, les mentalités, les opinions et impulsions des hommes qui n’ont pas été à la hauteur des changements entraînés par les contraintes mécaniques. Selon Angell, l’interdépendance économique entre les pays serait « le véritable garant du bon comportement d’un État à l’autre ».
Ainsi, pour éradiquer toute menace envers l’État d’Israël, il faudrait travailler sur un plan d’enrichissement de la population palestinienne. L’amélioration des conditions de vie éradiqueront certaines causes et discours menant à la violence. Mais encore ? Respecter la volonté démocratique du vote palestinien. L’élection d’un mouvement violent comme le Hamas ne devrait pas être un frein à l’instauration de la paix ni même une crainte. Le parti islamiste avait remporté les élections législatives de 2006. Aucune élection n’a eu lieu sous ce prétexte.
Résultats :
– Le mouvement s’est renforcé à Gaza, a développé un arsenal de guerre sophistiqué, sa puissance morale est devenue transfrontalière et a ébranlé les structures sécuritaires de l’État d’Israël à plusieurs reprises, notamment lors de l’attaque du 7 octobre;
– L’autorité palestinienne de Ramallah, dirigée d’une main de fer par M. Abbas, est devenue une organisation caduque et considérée comme une extension du pouvoir israélien. Non seulement elle a perdu la confiance des Palestiniens, mais aussi celle des partenaires arabes. Elle est perçue comme un sous-traitant de la sale besogne.
Les politiciens israéliens devraient être capables de négocier avec les politiciens palestiniens et les faire fléchir, lorsque nécessaire, grâce à la négociation, le respect des engagements et des accords gagnant-gagnant.
Il y aura un cessez-le-feu et les armes se tairont. Cependant, l’idée de la résistance ou de la vengeance demeurera chez les victimes de cette guerre. Il s’agit d’une réelle menace de la paix et de la viabilité de la vie en terre sainte.
L’après-guerre se déroule aujourd’hui, la pérennité de l’État d’Israël également. Après la signature d’un cessez-le-feu, les négociateurs devront mettre l’emphase sur une préparation d’un gouvernement de transition et un accord sur une réforme politique, radicale et sérieuse, alliant toutes les forces politiques palestiniennes qui ont à cœur l’avenir de leur peuple. Ensuite, il devrait s’ensuivre la tenue d’élections générales sous supervision internationale. La nouvelle classe politique aura une double mission; à savoir la reconstruction de Gaza et la conclusion d’un accord de paix israélo-arabe menant à une normalisation généralisée avec les pays arabes.
« Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé ». Nelson Mandela