Tsahal à La La Land

Nous vivons une époque particulièrement troublée au point que même le président de la Chine, Xi Jinping, a déclaré le 30 juillet dernier : « Le monde n’est pas sûr et une armée forte est plus nécessaire que jamais.»

Et pourtant, dans le même temps, le petit État d’Israël se paye le luxe de ratiociner encore et toujours sur la « pureté des armes » et l’ « éthique » qu’il faudrait observer face aux ennemis qui menacent pourtant directement son existence précaire.

L’affaire Elor Azaria – du nom de ce soldat qui vient d’être injustement condamné à de la prison ferme par une cour militaire de justice pour avoir tiré sur un djihadiste qui venait de perpétrer un attentat – est un symptôme alarmant de la pathétique pusillanimité de l’État-major de Tsahal.

L’armée israélienne est de plus en plus prompte à accuser ses soldats pour « mauvaise conduite » afin d’apaiser l’Occident, l’ Autorité palestinienne et ses hordes de fanatiques. Des militaires israéliens sont mis aux arrêts pour avoir cassé des appareils photo appartenant aux activistes factieux des organisations BT’selem et Breaking the silence.

Les membres de ces gangs subversifs harcèlent les soldats israéliens en les photographiant (ou en les filmant) en toute illégalité et publient leurs photos sur les réseaux (anti-)sociaux afin de tenter de les intimider (guerre psychologique).

Les responsables de Tsahal et des forces de sécurité sont de plus en plus politisés et inféodés aux desiderata de l’ Autorité palestinienne et des États-Unis. Plus impensable encore !

Ehud Barak, alors ministre de la défense, s’était même vu opposer une fin de non-recevoir concernant des ordres qu’il avait donné – en accord avec le premier ministre B. Netanyahou – au Chef d’État-major Gaby Ashkenazi concernant une attaque préventive contre l’Iran (ynetnews.com; 07/05/17) !

Les responsables de la défense (ministre compris) sont en train d’émasculer l’armée israélienne en frappant au cœur son fighting spirit au profit d’ineptes considérations pseudo-éthiques et diplomatiques.

Dans l’affaire Azaria, le professeur Asa Kasher, le « brillant » auteur du code d’éthique de Tsahal (on se demande quelle est la légitimité de ce monsieur ?) en a même appelé à condamner le jeune soldat à une peine qui pourrait atteindre 20 ans de prison !

Pendant ce temps, les armées occidentales, russes et arabo-musulmanes bombardent allègrement des populations civiles en Syrie, en Irak, au Mali ou encore au Kurdistan, sans que cela ne fasse broncher les belles âmes !

Les procureurs militaires (de plus en plus à gauche sur l’ échiquier politique) ont pris le pouvoir sur les stratèges et les hommes d’action !

Georges Clemenceau avait raison de dire que « la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique ».

En attendant, nos ennemis ne se posent aucune question éthique (ils doivent vraiment se bidonner en assistant à ce genre de débats propres à Israël) et attendent juste le bon moment pour nous frapper afin de nous anéantir.

à propos de l'auteur
​Frédéric Sroussi est journaliste et essayiste. Il a collaboré, entre autres, au Journal du Parlement français, à l'édition française du Jerusalem Post, à la revue de l'Instituto Centroamericano de Prospectiva e Investigación (ICAPI), à la revue France-Israël Information, à Front Populaire, Tribune Juive et Atlantico. Il est aussi l'auteur de trois essais dont un ouvrage collectif pour les éditions du Centre Pompidou de Paris.
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