Trump sera-t-il bon pour l’économie d’Israël ?

Donald Trump prend ses fonctions de président des États-Unis ce 20 janvier 2025 à Washington ; l’économie d’Israël pourrait être largement impactée par la nouvelle direction américaine.
Nul doute que le gouvernement israélien est très satisfait du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Benjamin Netanyahu avait réagi avec enthousiasme à l’élection de Donald Trump, qualifiant son élection à un second mandat de plus grand retour de l’Histoire.
On connaît les bonnes relations qu’ont entretenu les deux leaders durant la première présidence de Trump (2017 à 2021), notamment dans le conflit israélo-palestinien avec, à la clé, la signature des accords d’Abraham entre Israël, les EAU et Bahreïn. En revanche, l’imprévisibilité de Donald Trump rend les prévisions aléatoires, en diplomatie comme en économie.
Dossiers sensibles
Dans le domaine économique, beaucoup d’observateurs considèrent que le retour de Trump constitue une menace pour l’économie mondiale : son programme économique annonce des réductions d’impôts, des droits de douane plus élevés, moins de réglementation et moins d’engagements financiers étrangers.
Reste donc à savoir si le second mandat de Trump est une bonne nouvelle pour l’économie d’Israël ou, au contraire, s’il faut craindre les retombées néfastes de plusieurs promesses électorales qui pourraient impacter les entreprises israéliennes et les finances publiques de l’État juif.
Trump entend notamment déclarer une guerre commerciale mondiale : il est résolu à taxer davantage les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, principaux partenaires économiques des États-Unis.
Cette politique de protection des produits américains pourrait aussi s’étendre à Israël ; en 2024, les entreprises israéliennes ont vendu pour 18 milliards de dollars aux États-Unis, un marché important qu’il serait dommage de perdre. En revanche, les États-Unis et Israël sont liés par un accord de libre-échange ; on voit mal Trump annuler cet accord qui profite aux industries des deux pays.
Trump a promis aussi de réduire les engagements financiers étrangers, notamment l’aide internationale que les États-Unis accordent à leurs principaux alliés et dont Israël est le principal bénéficiaire. L’actuel plan de soutien financier, valable de 2019 à 2028, attribue à Israël une aide de 3,8 milliards de dollars par an ; dans trois ans, Trump devra renouveler l’enveloppe et rien ne garantit la poursuite du soutien sans faille des États-Unis à Israël.
Trumponomics et Bibinomics
Dans l’industrie israélienne de haute technologie, l’inquiétude va grandissante : les restrictions sur les visas de travail promises par Trump fermeraient les portes des États-Unis aux Israéliens en quête de délocalisation outre-Atlantique.
Si les craintes s’accumulent, une chose est sûre : Trump et Netanyahu ont la même vision de l’économie, ultralibérale et dérèglementée.
Leur politique économique conservatrice présente les mêmes caractéristiques : baisse d’impôts, réduction des dépenses publiques, libre marché, privatisations, libre-échange, équilibre budgétaire, dette publique minimale, etc…
À tel point que si les observateurs américains surnomment « Trumponomics » la politique économique de leur président, en Israël on parle volontiers de « Bibinomics » pour rapprocher l’idéologie des deux hommes.
Mêmes combats
Malgré la proximité idéologique des deux dirigeants, les intérêts américains reprennent souvent le dessus sur les intérêts internationaux, et israéliens en particulier. Durant sa première présidence, Trump a affirmé fréquemment que les États-Unis ne pouvaient pas continuer à être le gendarme du monde.
Même si Trump pense qu’un Israël fort sert les intérêts de l’Amérique, il n’a jamais signé de chèque en blanc ; il vise surtout à satisfaire les intérêts de sa politique intérieure, notamment sa base évangéliste qui le porte régulièrement au pouvoir.
Surtout qu’aux États-Unis comme en Israël, les intérêts du pays auront tendance à se confondre avec les intérêts de son dirigeant ; par exemple, Trump serait disposé à beaucoup de compromis pour obtenir le prix Nobel de la Paix 2025, grâce notamment à un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, mais aussi entre Israël et l’Arabie saoudite.
Du reste, Trump et Netanyahu ont en commun d’associer leur idéologie nationaliste à la tradition religieuse, ce qui leur permet de s’attirer les voix des électeurs pratiquants et fondamentalistes : Juifs ultraorthodoxes en Israël et Chrétiens évangélistes aux États-Unis.
La présidence de Donald Trump sera sans doute favorable à la politique nationaliste et libérale conduite par Benjamin Netanyahu ; elle ne sera pas forcément bonne pour l’économie d’Israël…