Triste rentrée
Le jour de la rentrée des classes est toujours une fête en Israël. Des ballons et de la musique accueillent les écoliers un peu anxieux dans un joyeux brouhaha, les élèves de première année d’école élémentaire sont fêtés comme des héros.
Mais pas cette année.
Cette rentrée est triste malgré les ballons, et la musique qui sonne bizarre.
Même le ciel a pleuré et versé quelques gouttes de pluie inattendue.
Israël s’est levé avec la confirmation de la terrible nouvelle que l’on suspectait en allant tenter de trouver le sommeil. 6 otages ont été exécutés de sang froid à bout portant par le Hamas, et leurs dépouilles ont été abandonnées dans un tunnel à Rafah.
3 policiers ont été tués lors d’une attaque en Judée Samarie, et un autre soldat a été tué.
Le concept de martyre et de délectation de la mort étant des concepts contraires au judaïsme et à Israël, ce jour est d’une tristesse inouïe. Sur fond de perte de confiance dans la direction du pays, et d’attaques et autres indécentes condamnations des hypocrites internationaux.
Nos otages n’ont reçu aucune visite de la Croix Rouge, ou d’une quelconque organisation humanitaire, ou de l’ONU. Cette dernière d’ailleurs s’apprête à lancer, par le biais d’une de ses agences, une grande campagne de vaccination d’enfants à Gaza. Mais aucune information quant à savoir si Kfir et Ariel Bibas, les 2 enfants otages les plus tristement célèbres, vont bénéficier de cette vaccination. Ou d’une simple visite.
Au-delà de la tristesse, c’est la colère qui s’est emparée du pays.
Comment en est-on arrivés là ? 11 mois de guerre déclenchée par des monstres barbares animés de la haine la plus primitive et sauvage, qui ont commis des atrocités dont par pudeur Israël n’a peut-être pas suffisamment fait étalage, mais dont ceux qui l’ont vu de près souffriront leur vie entière de séquelles psychologiques.
11 mois depuis que le Hezbollah bombarde quotidiennement les villes du nord d’Israël forçant ses habitants à être réfugiés dans leur propre pays. Le Hezbollah qui a pris en otage le Liban et l’entraîne inexorablement dans une guerre dont personne ne veut, dont personne ne comprend l’intérêt ; Liban dont la population vit déjà une situation sociale et économique dramatique. Et qu’Israël n’a pas attaqué. Un détail que le monde semble oublier.
Et nos enfants ? Témoins passifs de cette folie, qui grandissent en sachant qu’une cible est marquée dans leur dos. Qui voient leurs frères et sœurs, leurs parents, combattre en uniforme, le décompte des jours égrainé depuis le 7 octobre sans savoir vraiment ce qui mettrait un terme à cette folie. Et ceux qui ont dû quitter leur maison, leur école, et s’habituer à un nouveau cadre de vie temporaire, parfois plusieurs fois depuis 11 mois ; mais qui rêvent encore d’avenir radieux et font des projets d’études, de service militaire qui a un sens. Mais dont la majorité souffre d’anxiété.
Et ne me dites pas que le sort des enfants de Gaza est bien pire. Dites-le au Hamas et à ceux qui ont pris d’assaut les rues des capitales occidentales en criant à la globalisation de l’intifada.
Si ces rebelles du dimanche et les terroristes du Hamas et autres suppôts de la République islamique d’Iran avaient un quelconque amour de ces enfants, ils auraient déjà rendu les otages et s’abstiendraient de tirer sur les populations civiles israéliennes.
S’ils pensaient sérieusement qu’Israel mène une guerre d’occupation et vise à assassiner tous les Musulmans, comment peuvent ils expliquer que la libération d’un otage musulman bédouin s’est faite au péril de la vie de nos soldats et que le pays entier a connu une courte période d’euphorie et d’allégresse se réjouissant de ce sauvetage ?
Mais dans notre nouvelle réalité les faits ne comptent plus.
Des ignares se ridiculisent chaque jour en parlant avec autorité d’un sujet dont ils ne comprennent ni les tenants ni les aboutissants, et se renferment dans leur coquille outragée dès qu’on leur apporte la contradiction. Car en bons élèves des idéologies totalitaristes, la contradiction est une attaque personnelle, qu’elle soit fondée n’importe pas.
Je ne changerai pas le monde, je ne changerai pas les mentalités. Mais je ne cesserai de mettre sous le nez de ceux qui me lisent discrètement la vérité de ce que nous vivons en Israël.
Pour les préparer à ce qui les attend. Car se taire devant la dictature et le mensonge n’est jamais gage de survie.
L’Histoire de l’humanité l’a prouvé.
Je sais aussi que nous, en Israël, ne baisserons pas la tête. Malgré les coups. Malgré la tristesse. La colère. La lassitude.
Car le véritable trésor d’Israël, sa force, réside dans sa population. Et le 7 octobre l’a démontré à l’envi. C’est la société civile, non pas les dirigeants, qui s’est immédiatement organisée pour venir en aide aux uns et aux autres. Ce sont nos jeunes soldats, ceux à peine sortis du lycée, et ceux en réserve qui ont tout lâché, qui combattent avec amour du peuple d’Israël, qui combattent ensemble, tous issus de la vaste mosaïque qu’est Israël. Ce sont ceux restés dans les villes et villages qui n’ont eu de cesse de venir en aide aux réfugiés, aux agriculteurs, apporter du réconfort aux soldats. Et aux femmes de ces soldats réservistes, ces héroïnes qui tiennent seules leur famille entière sans penser à l’angoisse de savoir son conjoint dans une situation de danger quotidien.
Et puis nous n’avons pas d’autre terre.
Viendra le temps de faire les comptes et de panser nos plaies, et j’espère que ce temps est imminent, mais nous continuerons d’avancer. Car désormais nous sommes maîtres de notre destin, souverains sur notre terre ancestrale.
Et personne ne nous en délogera.