Transfert

Le président américain Donald Trump s'adresse à la presse avant de signer un décret dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 30 janvier 2025. (Crédit : Roberto Schmidt/AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse à la presse avant de signer un décret dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 30 janvier 2025. (Crédit : Roberto Schmidt/AFP)

Donald Trump préconise le transfert de tout ou partie de la population gazaouie en Égypte et en Jordanie où ils « pourraient vivre dans des zones beaucoup plus sûres et peut-être beaucoup plus confortables ». Ceci afin de « faire le ménage » dans la bande où la reconstruction (et l’évacuation de 50 millions de tonnes de décombres) pourrait prendre quinze ans, et coûter 80 milliards de dollars.

Trump a précisé que la question serait discutée avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de son voyage à Washington.

L’idée du transfert de la population arabe n’est pas nouvelle. Elle a été défendue dès l’origine par des dirigeants du mouvement sioniste persuadés qu’un État juif ne pourrait conserver en son sein des populations hostiles à son existence. L’idée s’est matérialisée en 1948 avec des centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs terres et de leurs maisons et qui s’installèrent aux frontières, notamment à Gaza.

Depuis le 7 octobre 2023, la marotte est reprise par des responsables politiques, pas toujours de droite, qui pensent ainsi résoudre le problème de la sécurité au sud d’Israël. Les sondages montrent que les Israéliens, dans une large majorité, voient désormais d’un bon œil un tel projet.

À la différence du président égyptien et du roi de Jordanie, qui, comme l’ensemble des dirigeants du monde arabe, le rejettent : « La déportation et le déplacement des Palestiniens de leur terre est une injustice à laquelle nous ne prendrons pas part » a déclaré le premier. Mais Donald Trump est persuadé qu’ils finiront par céder.

Il ne manque pas de moyens de pression. Washington leur fournit une aide militaire (1,1 milliard pour l’Égypte) et une aide civile indispensable sous forme de livraisons diverses (de céréales par exemple).

D’autres pays musulmans, comme l’Indonésie ou l’Albanie, pourraient être mis à contribution. On sait que pendant la guerre, 100 000 Gazaouis (le chiffre n’est pas officiel) disposant de moyens financiers suffisants, ont réussi à franchir la frontière avec l’Égypte.

En tout état de cause, l’idée du transfert fait son chemin. Mais pas sa justification : un déplacement pendant le temps de la reconstruction ou une relocalisation qui permettrait de mieux combattre le terrorisme ?

Le problème est que même avec seulement un million de Gazaouis (sur 2,4 actuellement), le Hamas trouvera facilement à recruter. Le général Danny Rothschild, ancien coordinateur de l’armée dans les territoires palestiniens, l’avait dit il y a déjà bien longtemps : « Le terrorisme est dans la misère comme un poisson dans l’eau ». Et il ajoutait : « Il faut combattre le terrorisme. Et il faut vider l’eau ».

Donald Trump propose, lui, de vider la bande de sa population. On peut en effet transférer des habitants. Pas un problème politique.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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