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Thazria : Qui fait les garçons ?

Nos sages tentent de nous expliquer, avec plus ou moins de succès, comment procéder pour enfanter des garçons

Dans de nombreuses sociétés, la femme, lorsqu’elle accouche d’une fille, est mal considérée. Nos sages tentent de nous expliquer, avec plus ou moins de succès, comment procéder pour enfanter des garçons. La section Thazria traite en son début de la naissance d’un garçon, mais pourquoi ce texte apparaît-il juste après les lois sur la cacherout ?

Certains penseurs du judaïsme profitent de cette section pour nous donner des recettes sur la sexualité et la façon d’avoir des garçons

Pour Nahmanide, « les prescriptions ayant trait à la nourriture rituelle font partie des causes déterminantes qui agissent, par des voies inconnues, sur le caractère du futur être humain. »

Le Rav Munk complète ce commentaire en expliquant que « C’est pourquoi le passage concernant la venue au monde de l’enfant est intercalé au milieu des chapitres traitant de la nourriture rituelle et des maladies. Il est, en effet, généralement admis que la formation du caractère de l’enfant n’attend pas l’œuvre d’éducation proprement dite. »

Certains penseurs du judaïsme profitent de cette section pour nous donner des recettes sur la sexualité et la façon d’avoir des garçons.

Tout part de deux versets de cette section

Chap.12, V. 1 et 2 : « L’Eternel parla à Moïse en disant : « Parle aux enfants d’Israël : lorsqu’une femme a conçu et a enfanté un mâle, elle sera impure durant sept jours, comme au jour de l’isolement à cause de sa souffrance. » (A noter au passage que la naissance d’une fille la rend impure pendant deux semaines !)

Nahmanide (1194-1270) éminent commentateur, a écrit « La lettre du sacré » qui parle du mariage, de la sainteté et des relations sexuelles. Il fait cependant à un degré kabbalistique et le but est de se parfaire afin de s’unir au niveau spirituel et d’engendrer des « enfants parfaits » qui œuvreront à rapprocher la venue du Messie.

Il termine même son Epitre en déclarant « pouvoir se porter garant que quiconque respecte ses conseils et ses instructions, aura une postérité digne et pieuse et faisant honneur à Dieu. »

Je suppose, chers lectrices et lecteurs, que vous êtes impatients en cette veille de chabbat de savoir comment faire des garçons, alors lisons ensemble ce qu’écrit le Rav Munk sur la théorie de Nahmanide.

« Nos sages ont pourtant donné à notre verset une interprétation qui résulte du fait que la naissance d’un enfant mâle y est attribuée à la part active de la femme dans l’acte conjugal. Ils établissent en conséquence la norme suivante : « Si la femme est plus active dans l’acte de la fécondation, l’enfant sera du sexe masculin ; dans le cas inverse, il sera du sexe féminin »

Nahmanide explique « que les ovules sécrétés par la femme sont au sperme émis par l’homme ce que la substance est à l’attribut. La détermination du sexe dépend de leur rapport fonctionnel au moment de la fécondation. En tout état de cause, nos Maîtres tiennent pour axiomatique que « les garçons viennent de la femme et les filles de l’homme » (Lévit. Raba c, 14) »

Donc Mesdames, si vous voulez un garçon vous savez ce qu’il vous reste à faire : soyez plus actives !!!

Pourquoi l’homme ne serait pas considéré aussi comme impur pendant un certain nombre de jours ?

Malheureusement, il est très courant de penser que le sexe de l’enfant dépend des femmes. Dans certaines sociétés, les femmes accouchant d’une fille sont dans le meilleur des cas répudiées ou tuées avec leur bébé.

A ceux qui me diront que les sages ont toujours raison, je souhaite rappeler qu’en principe, une femme enceinte a autant de chances de mettre au monde un garçon qu’une fille. Et celui qui fait la différence, c’est le père, qui transmet le chromosome essentiel à la détermination du sexe.

Rappelons que chaque cellule de notre corps contient 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels. La femme possède deux chromosomes X (donc XX), alors que l’homme possède un chromosome X et un chromosome Y (donc XY). Lors de la fécondation, lorsque l’ovule et le spermatozoïde fusionnent, la mère transmet inévitablement un chromosome X, mais le père peut transmettre soit un X, soit un Y. Et selon ce que l’homme a transmis, l’enfant sera une fille (X de maman, X de papa) ou un garçon (X de maman, Y de papa).

Comme dit plus haut le verset stipule que « lorsqu’une femme a conçu et a enfanté un mâle, elle sera impure durant sept jours, comme au jour de l’isolement à cause de sa souffrance. »

Le Rav Feinstein nous enseigne « que la création de la vie humaine est le phénomène le plus sublime de l’univers. En y contribuant, l’homme et la femme deviennent partenaires de Dieu, qui accorde une âme à leur enfant. Cependant cette nouvelle existence commence par une impureté soulignant que la vie ne constitue pas une fin en soi mais doit être un outil pour le service de Dieu, sans quoi elle perd toute sa valeur. »

Je ne peux être que d’accord avec la première partie de ce commentaire car, oui, avoir un enfant est sublime. Dire que la vie « doit être un outil pour le service de Dieu » est dangereux car cela peut amener les esprits faibles à l’extrémisme religieux et quelquefois à tuer au nom de Dieu.

Une autre question me vient en lisant le verset cité plus-haut et le commentaire du Rav Feinstein : si « cette nouvelle existence commence par une impureté soulignant que la vie ne constitue pas une fin en soi mais doit être un outil pour le service de Dieu », alors pourquoi l’homme ne serait pas considéré aussi comme impur pendant un certain nombre de jours ?

A ceux qui se posent la question sur la définition de la pureté et de l’impureté qui est un débat en soi, je leur conseille de méditer la phrase de Bouddha « Pureté et impureté sont personnelles, nul ne peut purifier autrui. »

Chabbat chalom

Eric Gozlan

à propos de l'auteur
Eric Gozlan est co-directeur de l'International Council for Diplomacy and Dialogue . il est Conseiller diplomatique de plusieurs gouvernements Son dernier ouvrage est : Extrémisme et radicalisme : pistes de réflexion pour en sortir. Éric a toujours été intéressé par le social et les relations intrernationales. Il a été nommé il y a peu par le roi des Roms ambassadeur de sa cause pour la France et a reçu la médaille de la paix en Roumanie et celle de la Belgique Il a participé à de nombreux colloques sur la paix en Corée, Russie, Etats-Unis, Bahreïn, Belgique, Angleterre, Italie, Roumanie… Eric Gozlan écrit dans plusieurs revues dont le Nouvel Observateur en France, Times of Israël en Israël et a publié dernièrement, suite à une demande du Vatican, une étude sur l’apostasie dans le Judaïsme
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