Sur les pavés, la haine
A peine le confinement terminé, la tragédie de la mort de George Floyd aux Etats-Unis a été l’occasion de manifestations dites « antiracistes » à travers le monde. Si l’objet de ces rassemblements était juste et leur déroulement dans la plupart des cas pacifique, son exploitation récupérée en France par le comité Traoré et ses alliés qui ne cachent pas leur détestation de la France, a entrainé des dérives parfois graves ici ou là à des fins étrangères à la cause défendue a généré des dérives parfois graves.
Outre des accès de violence inacceptables, on a encore à l’esprit la manifestation qui s’est déroulée à Paris le 13 juin et où des cris de « sales juifs » ainsi que des slogans anti-israéliens ont été lancés par des groupes haineux utilisant les prétextes des violences policières et racistes pour déverser ouvertement leur haine de la France et des Juifs.
Ces dérapages totalement contrôlés et voulus ne peuvent pas être tolérés et leurs auteurs doivent répondre de leurs faits. Les espoirs nourris ces derniers mois d’un « monde d’après » expurgés des maux du monde d’avant ont brutalement été mis à mal. La haine et ses dérives sont profondément enracinées dans notre société. Le combat pour les en extraire sera, on le sait, long et difficile. Il faudra continuer à le mener avec force et détermination. Mais les autorités sont-elles prêtes à prendre leurs responsabilités ?
C’est dans ce contexte électrique et dangereux qu’est prévu ce samedi 27 juin à Paris un nouveau rassemblement ouvertement anti-israélien, organisé par une longue liste d’association qui ne cachent pas leur militantisme antisioniste et leur remise en cause des valeurs de la République.
De BDS, dont les appels au boycott d’Israël demeurent illégaux en France, à l’association Free Abdallah, demandant la libération du terroriste emprisonné à vie en France après l’assassinat de deux diplomates sur notre sol, en passant par le part des indigènes de la République, et des partis qui ont présenté des candidats à différentes élections, y compris les plus importantes.
Au vu des évènements récents et des pratiques passées de certains de ces groupes organisateurs, on peut légitimement crainte de nouvelles dérives dans les rues de Paris, avec Israël et les Juifs en ligne de mire.
Au-delà de tout jugement a priori, et alors que les commentaires à posteriori arriveront trop tard, la question de l’autorisation par les pouvoirs publics de cette nouvelle manifestation de la haine dans la capitale doit donc se poser.
Nous gardons en mémoire les propos en 2019 du ministre de l’Intérieur qui ne voulait pas s’opposer à des manifestations BDS au nom de la liberté d’expression, et qui ces dernières semaines a fait preuve de « compréhension » pour des manifestants malgré l’interdiction de la Préfecture de Police. Souhaitons que le ministre de l’Intérieur et le Préfet de Paris n’oublieront pas de faire respecter sans faille l’ordre républicain et stopper net toute expression de la haine antisémite.
L’arrêt rendu le 11 juin par la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg condamnant la France qui avait précédemment condamné des militants BDS et légitimant de fait l’appel au boycott d’Israël pourtant illégal en France est de nature à libérer encore davantage les pulsions de haine antisioniste, et donc antisémites, et fait courir de graves dangers aux Français Juifs.
Notre pays dispose de trois mois pour faire appel d’une décision parfois incohérente et qui ouvre la porte encore davantage aux porteurs de haine anti-juive.
La France a adopté il y a peu la résolution de l’IHRA assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme. Une fois de plus, au-delà des mots, il y a les actes. Et il y a urgence. A un moment où la République est menacée par certains, toute tolérance laissée à l’antisémitisme ne ferait qu’accentuer les maux profonds dont souffre si gravement notre société. Avant qu’il ne soit trop tard.