Sud global et tentation révolutionnaire

Des manifestants pro-palestiniens traversent le pont Mandela, dans le centre-ville de Johannesburg, en Afrique du Sud, le mercredi 29 novembre 2023. Des centaines de personnes ont défilé pour protester contre l'intervention israélienne à Gaza, appelant à un cessez-le-feu permanent. (Photo AP/Jérôme Delay)
Des manifestants pro-palestiniens traversent le pont Mandela, dans le centre-ville de Johannesburg, en Afrique du Sud, le mercredi 29 novembre 2023. Des centaines de personnes ont défilé pour protester contre l'intervention israélienne à Gaza, appelant à un cessez-le-feu permanent. (Photo AP/Jérôme Delay)

Le concept de globalisation des pouvoirs et des économies est un concept qui taraude les intellectuels depuis des temps immémoriaux. L’idée maîtresse est d’effacer les identités politiques nationales et de parvenir à la création d’un gouvernement mondial. La sanction de cette orientation politique est une atteinte des libertés, et au terme de l’évolution objective d’un tel système, c’est l’instauration d’une gouvernance autoritaire voire totalitaire.

Les derniers avatars de ce projet ont été les dictatures criminelles du nazisme, du stalinisme et du maoïsme et leurs répercussions mortifères sur des millions de citoyens. On peut considérer par expérience que les organisations globales uniformisées aboutissent à leur terme à des structures totalitaires. Des tentatives globalisées politiques internationales moins violentes ont été mises sur pied. Il en fut ainsi pour les « pays non alignés », à égale distance des deux blocs, sous la présidence du maréchal Tito.

Une émanation de cette mouvance fut la « tricontinentale » sous l’égide du leader charismatique marocain Mehdi Ben Barka, regroupant des pays du tiers monde en recherche de révolution politique non violente anti-capitaliste contre l’occident. Sauf que les services russes pilotaient en secret cette initiative.

Après la disparition de Mehdi Ben Barka, cette instance de regroupement de pays non alignés a été reprise par Fidel Castro pour entretenir ça et là des foyers révolutionnaires violents. Les conséquences de cette initiative ont été en Amérique du Sud une destruction des structures politiques de certains pays et des contre révolutions violentes.

La mouvance révolutionnaire internationale cubaine violente et sans frontières a inspiré la création des « Brigades rouges » et d’« Action directe », en Europe et du « FPLP » en Orient pour semer la terreur en Europe et au Moyen Orient. Les cercles de réflexion trotskistes français ont repris ces thèmes de regroupement international des luttes révolutionnaires. Les trotskystes lambertistes ont été dans les années 70 des cellules de réflexion de lutte révolutionnaire globale préconisant la déstabilisation politique de la société comme outil d’accès au pouvoir.

D’autres trotskistes non violents se sont intéressés à la place centrale des migrants, au sein de toutes les sociétés occidentales. Ce fut la création des cercles de «Terra nova» avec les échecs que l’on sait. Pour barrer la route à cette influence politique révolutionnaire les démocraties occidentales ont organisé avec succès en contrepoint la mondialisation économique globalisée. Ce fut l’avènement de la « mondialisation heureuse » qui a réussi à démobiliser les mouvements révolutionnaires par la prééminence de la réussite économique.

Cette révolution libérale internationale a été accompagnée par la chute du mur de Berlin et la métamorphose libérale des régimes communistes de l’Est. Les partisans de la révolution permanente se sont retrouvés retranchés dans des combats d’arrière garde auprès des ONG ou parfois dans des alliances improbables, comme par exemple avec Chavez au Venezuela.

La résurgence de la crise financière et économique mondiale de l’occident a remis en cause la mondialisation économique et le modèle politique de globalisation. Nous assistons alors à l’émergence de deux courants internationaux contradictoires dans les sociétés occidentales.

Le « wokisme » et «la cancel culture» ont fait naître un besoin fantasmatique de repentance à l’égard des peuples «opprimés» et des citoyens «martyrisés» dans leurs identités. Ce mouvement très populaire auprès des universitaires américains s’est propagé dans tous les pays. Sous l’influence de groupes de pensée islamistes se développe partout dans le monde le laboratoire de l’instrumentalisation politique de l’Islam. L’Iran en devient un modèle tutélaire.

Les palestiniens sont parmi les premières victimes de cette instrumentalisation et sont happés par la tentation de la révolution islamiste en remplacement de la révolution marxiste. Après la période de stupeur du printemps arabe les nations arabes du Moyen Orient ont réalisé le danger de la révolution islamiste internationale risquant d’emporter leur régime dans un chaos ingérable régional.

Les nations arabes ont donc décidé de couper les ponts avec cette mouvance. La réalisation des accords d’Abraham a été l’incarnation de cette rupture. Forts de leur ingéniosité diabolique, les trotskystes lambertistes ont eu l’idée perverse d’associer à leur combat révolutionnaire les idéaux internationaux wokistes et les ambitions expérimentales internationales islamistes.

Ce qui donnerait aux trotskystes lambertistes une assise et une accélération à l’échelle internationale. Leur stratégie est à terme de créer un mouvement international de défense des opprimés et d’en faire un instrument politique de victoire. Remplacer l’« Internationale marxiste » par la mondialisation révolutionnaire populiste.

L’instrumentalisation de la haine du Judaïsme et du sionisme sera utilisée comme combustible pervers liant les utopies contradictoires.

La deuxième étape est la création des alliances objectives politiques hétéroclites avec les courants wokistes et islamistes puis procéder à des discours clivants et insurrectionnels provoquant la déstabilisation des pays.

Dernière étape, la mondialisation par l’association à ce courant protéiforme des pays d’Afrique et d’Asie en proie à des crises économiques politiques et religieuses. Création d’un groupement mondial de pays défenseurs des « damnés de la terre ».

C’est l’avènement de l’entité : « le Sud global ».

À titre d’incohérence au sein de ce sud global siègent la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, dont la puissance politique et économique n’a rien à partager avec une révolution politique permanente et insurrectionnelle. D’autres pays réputés pour la « Défense des droits de l’Homme » comme la Syrie et la Libye viennent rajouter leur « ingénierie politique » à cet assemblage hétéroclite.

L’Iran et ses proxis sont également partie prenante de cet équipage attractif. Israël, véritable démocratie avancée en Orient, devient pour cette mouvance l’entité à abattre car opposée à toutes ces dérives totalitaires liberticides. Cette illusion politique globalisée est dirigée par des idéologues révolutionnaires post marxistes en mal de reconnaissance et de pouvoir qui utilisent des paradigmes de déstabilisation et de violence.

Cette démarche est d’une très grande dangerosité par la violence qu’elle suscite auprès d’une jeunesse sans repères et de peuples désorientés en recherche d’identité et d’espoir.

Dernier point tragique, cette initiative perverse insurrectionnelle repose sur un antisémitisme violent international polymorphe dangereux utilisé comme ferment politique d’une ambition totalitaire internationale, dans un climat de risque de conflit mondial.

Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que les plus violents de ces inter-courants prennent le pouvoir au sein même du sud global par des violences que seuls les régimes totalitaires sont habitués à exercer. Le Sud global sera le berceau de l’illusion révolutionnaire totalitaire globalisée qui est un danger pour les démocraties et les identités humanistes diverses et multiples.

Israël par sa volonté de survivre représente le rempart contre l’obscurantisme et le fanatisme et incarne la Défense des valeurs de liberté et justice héritées de l’enseignement des textes sacrés. Les soldats israéliens morts sur le champ de bataille sont par leur sacrifice les chevaliers des temps modernes qui ont donné leur vie pour que vive la civilisation.

à propos de l'auteur
Docteur en médecine, Gilbert est aussi médecin du travail, acupuncteur, homéopathe ainsi qu'enseignant de neurophysiologie.
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