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Rosh Hashana – Le changement, c’est maintenant !

Ce qui nous est demandé à Rosh Hashana est donc de dépasser le simple renouvellement-répétition pour introduire dans notre vie un véritable changement.

Dans le calendrier juif, le début d’un nouveau mois (Rosh ‘hodesh) est un jour particulier, dont l’importance est soulignée de plusieurs manières, aussi bien dans la prière (récitation du Hallel et d’une prière supplémentaire, lecture publique de la Torah, omission des « supplications ») que par l’habillement et la nourriture.

Le Shabbat précédant immédiatement Rosh ‘hodesh – désigné comme « Shabbat mevarechim » en raison d’un texte que l’on ajoute dans la prière du matin et dans lequel on « bénit » le mois à venir – possède lui aussi un statut particulier.

Or, curieusement, le mois de Tishri, dont le début coïncide avec Rosh Hashana, échappe à cette règle : aucune mention dans la prière, pas de Hallel, pas de « Shabbat mevarechim« , … il semblerait que ce Rosh ‘hodesh soit totalement éclipsé par Rosh Hashana.

Des nombreuses explications fournies par nos Sages à cette anomalie, je souhaiterais en partager une avec vous, qui m’a été transmise par le rav Menachem Margulies.

Le calendrier juif connaît plusieurs cycles, parmi lesquels trois principaux ayant chacun une fonction différente : celui de la semaine, ponctué par le Shabbat; celui du mois, ponctué par Rosh ‘hodesh; enfin, le cycle de l’année, ponctué par Rosh Hashana.

La fonction du Shabbat est principalement d’opérer une coupure entre deux semaines de travail, coupure destinée à nous rappeler que le monde dans lequel nous vivons n’est pas fait, malgré les apparences, que de matérialité. Le Shabbat nous permet en effet de nous imprégner de la spiritualité qui nous manque (parfois) tant durant la semaine; et les divers interdits concernant ce jour ont précisément pour but de nous rappeler à l’essentiel : notre relation aux autres, à Dieu, à nous-mêmes.

Mais le Shabbat est trop court ! A peine a-t-on eu le temps de se reposer de la semaine écoulée et de puiser de nouvelles forces (aussi bien spirituelles que matérielles) à la source shabbatique, et voici qu’une nouvelle semaine commence !

C’est pourquoi nous avons besoin d’un autre cycle, celui du mois, afin de répondre à un besoin plus profond : celui de se renouveler.

Le terme ‘hodesh, que l’on traduit par le mot « mois », désigne en réalité… la lune ! Le début du mois est en effet défini comme le moment auquel la nouvelle lune peut être aperçue; il s’agit donc d’un moment où nous pouvons, à l’instar de l’astre nocturne, trouver les forces nécessaires au renouveau, que ce soit dans le domaine matériel ou spirituel.

Mais renouveau n’est pas synonyme de changement. Et l’homme peut, à l’image de la lune, se renouveler chaque mois tout en restant fondamentalement le même.

L’effort nécessaire pour opérer un véritable changement est en effet bien plus grand… et c’est là qu’intervient le cycle de l’année. Le mot « shana » (année) vient d’une racine qui peut signifier aussi bien le changement que la répétition.

Ce qui nous est demandé à Rosh Hashana est donc de dépasser le simple renouvellement-répétition pour introduire dans notre vie un véritable changement. C’est pour cette raison que Rosh ‘hodesh est éclipsé : pour nous faire prendre conscience que, cette fois-ci, ce n’est pas dans la symbolique de la lune que nous devons puiser des forces, mais bien au fond de nous-mêmes. C’est d’ailleurs à cela que nous invite le son du shofar : à une introspection suffisamment profonde pour nous permettre de changer.

Que ce Rosh hashana soit pour nous tous celui du changement, dans tous les domaines. Shana tova, ktiva va’hatima tova !

à propos de l'auteur
Traducteur indépendant (hébreu-français et anglais-français), Julien Pellet est né à Lausanne (Suisse) dans une famille juive traditionaliste. A l'adolescence, les discussions autour de l'actualité proche-orientale le poussent à s'intéresser à ses racines juives et à se rapprocher de la communauté. Ce rapprochement s'accentue au cours de ses études de droit, durant lesquelles il est actif au sein de l'association locale des étudiants juifs. Son Bachelor en poche, Julien délaisse le droit pour se consacrer à la lutte contre l'antisémitisme avec l'association CICAD, basée à Genève. Puis, en 2010, les montagnes suisses cèdent la place aux collines de Jérusalem, où il étudie à la yéshiva Machon Meir. Julien rentre en Suisse pour partager son temps entre la CICAD et l'école juive de Lausanne, où il découvre les joies (et parfois les peines !) de l'enseignement. Mais Jérusalem le réclame à nouveau et c'est grâce à celle qui finira par devenir sa femme que Julien y fait son grand retour à l'été 2014, accueilli comme il se doit par les roquettes du Hamas.
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