Rima Hassan, l’activiste palestinienne qui fait tomber les masques

Le plan stratégique palestinien : utiliser la création d'un Etat palestinien sur les territoires de 1967 comme une première étape pour, par la suite, continuer, et avoir un Etat palestinien sur toute la région, et donc faire disparaître l'État d'Israël. C'est ça le projet palestinien.

Retranscription de l’interview de Yomtob Kalfon par Ilana Ferhadian sur Radio J.

I. F. : Lors de son interview sur BFM TV, Rima Hassan a détaillé sa vision du conflit israélo arabe. Pour elle, la solution à deux États, pourtant soutenue par son parti, n’est qu’une étape pour rééquilibrer : un État palestinien face à l’État israélien. Alors, qu’est ce que cela signifie ? Quel est votre regard sur cette déclaration ?

Y. K. : Oui. Dans cette interview de Benjamin Duhamel chez vos confrères de BFM TV elle a, et on peut même la remercier pour cela, elle a un peu fait tomber les masques. Je ne suis même pas sûr qu’elle s’en soit totalement rendu compte. Mais en réalité, elle a utilisé le mot « étape ». Ce n’est pas pour rien. Elle a dit « Vous savez, la solution à deux états, c’est qu’une étape » qui est pourtant défendue par son parti et par une grande partie des diplomaties occidentales.

Elle dit « C’est une étape vers un État binational », c’est à dire que l’État palestinien n’est pas une fin en soi, mais juste une étape pour par la suite créer un État binational et donc faire disparaître l’État Juif. C’est ce que lui a dit d’ailleurs le journaliste : « Un État binational ? Où sera Israël et où sera l’État juif ? »

C’est pas pour rien que que dans mon oreille le mot étape a sonné, et que je l’ai remarqué. Le mot plan par étapes, en réalité, c’est une théorie de base du nationalisme palestinien. On en parle rarement dans les médias en France. D’ailleurs, cette théorie du plan par étapes n’a même pas de page Wikipédia en français. Elle en a une en arabe, en anglais, en hébreu, mais pas en français.

Le « plan par étapes », c’est un plan de l’OLP de 1974 qui a été fixé par Arafat à l’époque, qui dit qu’on l’OLP peut faire des négociations en réalité et récupérer une partie des terres de ce qu’il appelle la Palestine historique par étapes, sachant que le but final, c’est évidemment la Palestine de la mer au Jourdain et donc la destruction totale de l’État d’Israël.

Il faut savoir que ça, c’est le plan stratégique palestinien : utiliser la création d’un Etat palestinien sur les territoires de 1967 comme une première étape pour, par la suite, continuer, et avoir un Etat palestinien sur toute la région, et donc faire disparaître l’État d’Israël. C’est ça le projet palestinien. Et c’est pour ça qu’en réalité l’État palestinien est une sorte de cheval de Troie pour détruire Israël.

Ça a été dit clairement par l’OLP pendant de nombreuses années et il faut savoir que même à la veille des accords d’Oslo, Yasser Arafat avait été interrogé, on lui avait dit « Comment fais-tu les accords avec Israël ?! », il avait dit « Rappelez vous le plan par étapes. Ces accords d’Oslo rentrent dans le cadre du plan par étapes ». On voit bien qu’aujourd’hui, 30 ans après, Rima Hassan nous reparle d’étape lorsqu’elle parle d’état palestinien, pas de finalité, c’est à dire que l’État palestinien n’est en fait qu’une étape vers la destruction de l’État d’Israël.

I. F. : Alors justement, comment se fait-il que ce plan par étapes que vous décrivez de destruction d’Israël n’inquiète pas la communauté internationale qui soutient, on le rappelle effectivement, cette solution à deux États ?

Y. K. : Concernant la communauté internationale, je vous l’ai dit, en préparant cette chronique, j’ai déjà été étonné qu’en français dans Wikipedia, ce plan n’existe même pas. C’est à dire qu’on voit bien que la communauté internationale, parfois, aime bien ignorer, ne pas voir la réalité ; particulièrement concernant le monde arabe et le monde islamique, et des dangers qui peuvent exister.

C’est un peu le cas présent, où on voit qu’en réalité il y a un projet. Ce projet nationaliste palestinien, il prend ses sources bien plus en profondeur.

On a commémoré hier le Yom Hashoah ; le père du nationalisme palestinien Mohammed Amin al-Husseini qui était le grand mufti de Jérusalem et le grand oncle d’Arafat avait été membre du parti nazi et avait à l’époque réfléchi avec Hitler à comment construire des camps d’extermination en Israël, pour les Juifs.

On est bien avant « l’occupation » des territoires de 67. On est dans les années 40, on est même bien avant la création de l’État d’Israël. Il y a ici un projet d’extermination. Il y a aussi un projet de destruction de la présence juive en terre d’Israël. Car les Palestiniens ne veulent pas d’un État à côté d’Israël, mais d’un État à la place d’Israël.

En réalité on n’est même pas sûr qu’ils veulent vraiment un état, ce qu’ils veulent, surtout, c’est que les Israéliens ne soient pas là, c’est que les Juifs ne soient pas là. C’est ça le projet. Et c’est pour ça que, à aucun moment, que ce soit le plan de partage la Palestine en 1947 voté par l’ONU, que ce soit les différents projets qui ont été proposés durant les 76 ans qui ont suivi, tous ont toujours été refusés par la partie palestinienne. Toujours refusés pour deux choses :

– le refus de la reconnaissance d’un État Juif sur quelque frontière que ce soit,
– et le refus de ce qu’on appelle « La fin des revendications » [1].

 

Et on voit bien en quoi cela rejoint le plan par étapes. Les Palestiniens ont toujours refusé de reconnaître la fin des revendications, donc de dire « On se contente d’un Etat palestinien à côté d’Israël » ; pour eux, on refuse de reconnaître l’État juif.

Lorsqu’on relie tout ça, on comprend qu’en réalité, le projet palestinien n’est pas un projet de libération nationale, mais un projet d’extermination et de destruction d’un autre État, en l’occurrence l’État d’Israël.

[1] « La fin des revendications » est une des conditions émises par Israël et les États-Unis (plan Clinton de 2000) dans le cadre des différents plans de négociations de paix avec les palestiniens qui est que la création de l’Etat Palestinien et la signature des accords de paix mettent fin au conflit et à toutes les revendications futures. Les Palestiniens ont toujours refusé cette condition.

Retranscription avec l’aimable autorisation de Yomtob Khalfon. 

à propos de l'auteur
Me. Yomtob Kalfon, avocat spécialisé en contentieux des affaires et droit international. Associé dans la firme S. Friedman, Abramson & Co à Jerusalem. Ancien Député de la 24e Knesset - Président (de facto) la Commission de l’Alyah et Intégration, et Membre des Commissions : des Lois, de la Sécurité intérieure, de la Défense et des Affaires Étrangères.
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