Rien n’a changé…

L'ancien dirigeant et fondateur du parti d'extrême droite français Front national (FN) Jean-Marie Le Pen pose pour une photo à son domicile de Saint-Cloud, en banlieue parisienne, le 14 janvier 2021. (Photo de JOEL SAGET / AFP)
L'ancien dirigeant et fondateur du parti d'extrême droite français Front national (FN) Jean-Marie Le Pen pose pour une photo à son domicile de Saint-Cloud, en banlieue parisienne, le 14 janvier 2021. (Photo de JOEL SAGET / AFP)

Il n’est jamais très correct de se réjouir de la disparition d’une personne, fusse-t-elle peu recommandable, surtout dans notre culture où la vie est sacrée. Mais je suis au regret de constater que la disparition de cet antisémite notoire que fut Jean-Marie Le Pen me laisse dans une indifférence totale.

Il faut dire que c’est dans cet esprit de tolérance qui l’a toujours caractérisé qu’il a poussé sa petite-fille, Marion Maréchal à entrer en politique, ce qui vient de valoir à cette dernière une plainte de la part de l’actrice Karla Sofia Gascon, choquée par un tweet pour le moins injurieux à son égard.

Mais, le vrai danger n’est jamais venu de ce personnage dont les propos outranciers n’auraient pu réunir une majorité suffisante pour accéder à la présidence, même si sa présence au second tour fut un choc pour beaucoup d’entre nous. Le vrai danger réside dans la compréhension de Marine Le Pen vis-à-vis de notre société, et, l’ayant exclu de son propre parti, a compris que ce dernier n’accéderait au pouvoir qu’en présentant une image où les outrances de son ancien président ne seraient plus qu’un mauvais souvenir.

S’il faut reconnaître un mérite à l’ancien président du FN, c’est qu’il a montré, sans ambages, le vrai visage de l’extrême droite. Sa fille a rapidement comprit que ce dernier ne saurait jamais réunir une majorité suffisante pour accéder au pouvoir. Exit donc l’antisémitisme de façade, les propos outranciers et autres provocations de mauvais goût.

Force est de constater que le véritable héritier de cet odieux personnage est plutôt à chercher du côté d’Eric Zemmour, qui a publié suite à ce décès :

Ce que nous retiendrons de lui dans les prochaines décennies, c’est qu’il fut parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient. Il restera la vision d’un homme, et son courage, à une époque où les hommes courageux n’étaient pas si nombreux.

Même si Jordan Bardella, actuel président du RN, salue : « l’ homme qui a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté », il n’en reste pas moins que Marine le Pen a su transformer en une vingtaine d’années, un parti de contestation contestable en outil de pouvoir. Dans un passé pas si lointain, les instituts de sondage savaient pertinemment que les prévisions des scores du FN de l’époque étaient largement sous-estimés, les électeurs n’osant pas avouer voter pour ce parti.

Malheureusement, ce dernier est devenu respectable et nombreux sont ceux qui osent affirmer leur vote, vote qui a réuni près de 11 millions de voix aux dernières élections.

La mort du père n’a plus aucune importance, ce dernier l’ayant déjà été politiquement depuis ces dernières années. Elle ouvre simplement en grand la porte à une accession à la présidence de sa fille qui a su comprendre qu’elle ne pourrait réunir de majorité qu’en rendant son parti « acceptable » par cette dernière. Le RN, ce n’est qu’un FN « respectable », un loup déguisé en mouton, et surtout, un parti dont les racines restent toujours antisémites.

Jordan Bardella pourrait rentrer dans une synagogue avec une kippa sur la tête, il n’en reste pas moins le président d’un parti aux fondamentaux contestables.

Entre un parti d’extrême gauche dont les prises de position systématiquement pro-palestinienne frisent l’antisémitisme, et une extrême droite qui à réussi à glisser ce dernier sous le tapis, le choix est pour le moins problématique, d’autant plus que le front républicain qui a empêché cette dernière d’accéder à la majorité absolue au Parlement est pour le moins fragile.

Les idées passent, les valeurs restent. Aussi, je ne puis qu’inciter le lecteur, (ou la lectrice), à voter pour un candidat respectueux des valeurs républicaines, valeurs qui constituent le ciment d’une société soumise aux aléas de l’histoire…

à propos de l'auteur
Fondatrice du collectif Trans-Europe, première candidate trans a l'élection présidentielle
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