Rencontre cruciale Netanyahu-Trump à Washington

La mission d’un Premier ministre israélien est sans doute la plus difficile, la plus complexe et la plus ingrate de la planète. Cependant, après la trêve au Liban et à Gaza, et surtout devant la libération de tous les otages, Benjamin Netanyahu peut en effet se réjouir et être soulagé.
Il entre à la Maison-Blanche décontracté, la tête haute, et avec le sourire. Il est reçu par un président large d’esprit qui partage avec lui les mêmes valeurs républicaines, c’est-à-dire les mêmes opinions sur les plans politique, diplomatique et économique.
L’importance de cette rencontre est donc inspirée avant tout par un changement de ton, de style et de forme. Soulignons que la fluidité et l’alchimie dans les relations personnelles sont des atouts considérables dans la diplomatie et dans les rapports internationaux.
Plus que jamais, les États-Unis réalisent que l’État juif est vraiment leur seul allié fidèle de la région, et que sans sa puissance militaire, ses excellents services du renseignement et ses valeurs démocratiques, c’est tout le Moyen-Orient qui plongerait dans un chaos irréversible. De ce fait, Israël devrait être renforcé, réconforté et admiré.
Cependant, nous devrions être très prudents sur la marche à suivre : Donald Trump n’est pas un diplomate, mais à l’origine un homme d’affaires chevronné et ambitieux, qui souhaite faire des « deals », de bonnes affaires, et gagner toujours la partie. Durant les quatre prochaines années à la Maison-Blanche, il souhaite marquer son empreinte sur l’histoire des États-Unis et sur les relations internationales.
Après avoir étudié profondément tous les dossiers, le Moyen-Orient demeurait le plus complexe, convaincu que le conflit israélo-arabe devra être réglé par des idées originales et spectaculaires. Un nouveau plan Marshall qui pourra modifier complètement la donne géopolitique et économique.
Dans ce contexte, la reconstruction du Liban, de la Syrie et de Gaza est indispensable, mais sera conditionnée par des investissements de l’Arabie saoudite et des émirats du Golfe, et une normalisation avec l’État d’Israël.
Ainsi, l’accomplissement des Accords d’Abraham sera mis sur les rails dans un esprit plus clair et pragmatique, et géré par de grandes entreprises expérimentées.
Le président Trump a prouvé qu’il est un grand ami d’Israël sous certaines conditions. Il a offert à Netanyahu une large manœuvre et un grand crédit. Il soutiendra l’État juif au sein des instances internationales, imposera fièrement son veto au Conseil de sécurité, et écartera toute tentative des Arabes de délégitimer ou de boycotter Israël, et combattra avec acharnement contre le fléau de l’antisémitisme.
Il travaillera, main dans la main avec Netanyahu, dans le combat contre le terrorisme et sera plus vigilant que son prédécesseur sur la menace iranienne. Toutefois, il exigera toujours la note et un constat des faits accomplis sur le terrain. Il n’y a pas chez les Américains de repas gratuits.
Dans ce contexte favorable et satisfaisant, Netanyahu est donc mis à rude épreuve. Il devra prouver ses capacités d’homme d’État et présenter une stratégie claire et cohérente sur les dossiers brûlants.
Plus particulièrement, comment va-t-il résoudre le problème palestinien et obtenir une solution viable qui satisfera toutes les parties ? Pour ce faire, il devra également montrer de l’audace et une grande fermeté à l’égard de ses adversaires politiques au sein de sa propre coalition.
Certes, ses problèmes de santé et les enquêtes policières en cours le tracassent, mais elles ne devraient, en aucun cas, changer son comportement et sa conduite dans les affaires de l’État.
De toute évidence, un plan israélien audacieux, coordonné et approuvé par les États-Unis, aura l’approbation de la majorité écrasante des Israéliens.