Rawan Osman, une lionne pour un meilleur Moyen-Orient
Il existe parfois des rencontres qui changent votre perspective. Des personnes qui vous redonnent foi en l’humanité, qui vous rappellent qu’il faut toujours se battre pour un monde meilleur. Et que la vie doit toujours vaincre.
Rawan Osman fait partie de ces personnes.
Rawan est née au Liban, syrienne par son père, libanaise par sa mère, élevée dans une école française catholique. Déjà sans le savoir, la graine de la diversité germait…
Rawan a vécu au Liban, en Syrie, en Arabie Saoudite, au Qatar, en France, en Allemagne et encore d’autres endroits que j’ai oubliés tant sa vie se raconte comme un roman d’aventure. Et pourtant elle est d’une discrétion et d’une réserve qui n’ont d’égales que son courage.
Car Rawan est courageuse. Très. Elle se dit simplement une bonne mère. Mais c’est une lionne.
Lorsque Rawan est arrivée en Europe, elle a rencontré des Juifs, ces créatures dont son enfance est jonchée de souvenirs de mises en garde contre eux. Sans venir d’une famille d’islamistes ou de radicaux, l’environnement dans lequel grandissent les enfants, et vit la population, est une éducation permanente à la haine contre les Juifs, ces individus si différents et maléfiques, responsables de tous les malheurs du monde (surtout celui arabo-musulman) et dont il faut absolument se méfier.
Ce n’est pas la première fois que j’entendais un tel récit.
Loay Alshareef, saoudien vivant aux Émirats Arabes Unis, s’est donné pour mission de parcourir le monde et de porter une parole de réconciliation entre Juifs et Musulmans. Lui-même raconte sa première expérience à l’étranger tandis qu’il se retrouvait confronté à une famille de Juifs, ceux dont il redoutait tant le contact, pour finalement découvrir la filiation religieuse et l’enrichissement mutuel.
Et la liste n’est pas si courte de ces femmes et hommes qui un jour ont réalisé qu’ils avaient été abreuvés de mensonges sur un peuple et un pays, et qui ont décidé de mettre en garde les autres ; car finalement ceux qu’on manipule en agitant une menace fantasmagorique sont les premières victimes de ces régimes qui préfèrent le bouc émissaire au bien-être de leur propre peuple.
Le 7 octobre a d’ailleurs fait sortir de leur réserve de nombreux Arabes qui refusent de céder au projet totalitariste des islamistes. Ce qui rend le soutien des jeunes ignorants occidentaux d’autant plus pathétique. Rêver du Grand Soir est une chose compréhensible à 20 ans. Mais il arrive un moment où il s’agit de retrouver son indépendance d’esprit et réaliser la manipulation.
D’ailleurs Rawan est incrédule face à l’immense ignorance du Moyen-Orient de ces jeunes occidentaux qui n’hésitent pas pourtant à prendre position et servir d’idiots utiles.
Rawan la magnifique est donc entrée également en guerre le 7 octobre. Car elle sait. Elle connaît le danger. Et elle sait qu’Israël n’est qu’un hors-d’œuvre dans le festin morbide de conquête du monde qu’ont entrepris les islamistes. Elle sait que l’Occident est la prochaine cible. Elle sait aussi surtout que les pays arabo-musulmans, qui ont vu grandir en leur sein cette maladie, en souffrent. Elle sait qu’Israël n’est qu’un prétexte et que la simple existence de Juifs vivant sur leur terre ancestrale, libres et souverains, est une insulte aux régimes totalitaristes.
La première fois que j’ai rencontré Rawan, nous nous sommes vues à Jérusalem dans un café qui lui rappelle Damas. D’ailleurs la ville lui semble familière.
L’on se prend à rêver à un Moyen-Orient différent, où l’on pourrait se rencontrer et échanger sans se lever chaque matin en se demandant d’où va venir la prochaine attaque.
L’infatigable Rawan a participé à un documentaire revenant sur le 7 octobre avec elle en tête d’affiche, intitulé « Tragic Awakening ». Un documentaire à voir. Surtout en Occident.
Je suis heureuse d’avoir rencontré Rawan, de la compter parmi mes amies depuis, une femme qui refuse la fatalité et a le courage de faire entendre sa parole dans presque toutes les langues. Une femme qui sait les dangers encourus, mais lorsqu’on lui demande pourquoi a-t-elle décidé de s’embarquer dans une telle mission, elle répond simplement : pour son fils. Pour lui offrir un meilleur avenir.
Une lionne.