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Rationaliser la haine, ou le nouvel antisionisme

Il n’aura même pas fallu une semaine après les massacres des terroristes du Hamas pour que les hyènes ne viennent se repaître du charnier. Grande question de savoir si on peut ajouter de l’immonde à l’horrible, du dégout à la haine. Comme s’il fallait recouvrir de noir un tableau monochrome noir.

Certains sont des spécialistes, des artistes en la matière. Ils profitent de leur notoriété, des micros ouverts pour défendre leur cause, celle de l’antisionisme viscéral. Cette passion les dévore au point de ne pas pouvoir se retenir plus que quelques jours, voyant en cette barbarie, une occasion non pas d’appeler à la paix, comme ils veulent souvent nous le faire croire, mais de diaboliser Israël. Le rendre responsable de tout, y compris de son malheur. Ces stratégies oratoires ont déjà fait leur preuve dans le passé, tous les totalitarismes s’en sont donné à cœur joie.

Parmi ces maîtres de l’opportunisme moral, il y a bien sûr le plus fidèle, le lévrier Qatari : Dominique de Villepin. Prête-nom de la « cause palestinienne » et de la diabolisation outrancière d’Israël, il n’a pas réfléchi à deux fois pour aller répandre son « expérience » dans les médias. Se sentant obligé de rattacher, d’expliquer cette abomination par les conflits précédents et la situation de Gaza, il s’empresse de rappeler, culot ultime, le terme de « prison à ciel ouvert » dans la même phrase où il exprime « sa solidarité » pour Israël. Comme si la prétendue réalité de l’un devait nuancer la toute-aussi-prétendue réalité de l’autre.

Dans la plus pure tradition pro-palestinienne du Quai d’Orsay, il voit déjà Tsahal chercher la vengeance « indiscriminée » et profite de l’occasion pour appeler à la création d’un état palestinien, affirmant qu’il n’y aura pas de sécurité pour Israël sans un état palestinien.
Voilà le but de sa représentation. Faire avancer son projet.
Inutile de rappeler à ce diplomate d’expérience à quel point cela est inapproprié dans cette période et que son discours fait de lui le meilleur porte-parole du Hamas : conditionner la sécurité d’Israël à la création de l’état palestinien c’est un chantage inacceptable. Faire croire que la responsabilité d’un état suffirait à apporter la paix est fallacieux. Il suffit de regarder la menace que le Hezbollah libanais représente pour le comprendre.

Karim Zeribi, l’outsider.

Personne ne l’attendait là, mais Karime Zeribi a réalisé le tour de force d’avoir doublé tous les antisionistes par la droite. Lorsqu’il déclare « oui ce qu’il s’est passé le 7 octobre, c’est du terrorisme, mais… ». S’en suit deux arguments des plus contestables afin de victimiser et dédouaner autant que possibles les terroristes du Hamas.

Son premier argument étant : Après 56 ans d’oppressions d’Israël, il ne faut pas s’attendre à une autre réaction.

Puisque M. Zeribi se permet de donner des leçons (c.f. ses récentes interventions dans les médias), il sait sûrement que le Hamas, fondé en 1987, porte dans ses statuts fondateurs la destruction de l’état d’Israël et des juifs. Il sait donc que cette haine, cette barbarie n’a rien à voir avec les 56 dernières années. La rhétorique antisémite sans discontinue du Hamas, depuis ses origines jusqu’au pogrom du 7 octobre en sont les garants. Faut-il rappeler le massacre de deux soldats israéliens égarés à Ramallah en octobre 2000, par une foule « assoiffée de sang », dixit l’un de ces barbares nommé Aziz Salha ?

Deuxième argument osé : C’est le Premier ministre d’Israël qui a créé le Hamas. Comprenez : il est donc responsable du massacre.

M. Zeribi utilise une nouvelle fois les mécanismes antisémites classiques : la cause de tous les maux, la causes de tous les malheurs des Palestiniens comme des Israéliens, c’est bien sur Netanyahu. Tous les autres acteurs sont ses marionnettes. Le « Sioniste » qui manipule le monde entier pour servir ses intérêts, étant prêt à tout, y compris sacrifier son peuple sur l’autel de la barbarie. La réalité est que la soif du sang juif n’a rien à voir avec la situation de Gaza, et qu’elle ne résulte pas de la politique d’Israël de ces 20 dernières années.

L’ultime coup de M. Zeribi : son air ahuri en apprenant la stupeur provoquée par le massacre du 7 octobre 2023 en opposition à ce qu’il qualifie de silence complet face « à la mort quotidienne de victimes palestiniennes ». Car M. Zeribi, arborant un principe moral à faire pâlir les maîtres de la casuistique explique: « un mort est un mort, et je ne fais pas de différence entre un enfant palestinien mort et un enfant israélien mort ». Cet état de fait implacable traduit non pas un aveuglement de M. Zeribi mais plutôt une myopie : il ne peut pas voir un tout petit peu plus loin que ces sophismes. Soit il pense que Tsahal cherche délibérément à tuer ou pire torturer des enfants palestiniens. Soit il ne voit pas en quoi les actes de barbarie et mutilations donnent une responsabilité plus lourde à ses auteurs qu’un décès, évidemment abominable, d’un civil utilisé en bouclier humain par des terroristes. Dans les deux cas, il y a un déni de la réalité très à la mode mais incompatible avec toute morale.

La faute revient à ceux qui cherchent aujourd’hui à mettre sur un même plan moral les victimes collatérales d’une guerre et la barbarie la plus atroce, visant à assouvir une passion sanguinaire. Leur faute consiste aussi à chercher des justifications et des excuses à cette haine qui ne devrait pourtant soulever que du rejet et nulle tentative de rationalisation.

à propos de l'auteur
Technologiste - Ingénieur en intelligence artificielle
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