Ramadan

Le mois de Ramadan a commencé le 10 mars au soir et avec lui une déception et des craintes.

La déception que ne soit pas intervenu un accord pour la libération des otages. C’est le Hamas qui a bloqué les négociations espérant mettre à profit le mois sacré pour atteindre un but qu’il s’était fixé dès le 7 octobre : entraîner les Palestiniens de Cisjordanie et les Arabes israéliens dans la guerre, espoir déçu jusque-là. Cet espoir alimente des craintes en Israël.

On sait que le mois de Ramadan est propice à tous les débordements à la porte de Damas et ailleurs. C’est là-même que tout avait commencé en mai 2021. Après des semaines de tension et d’affrontements entre de jeunes Musulmans et la police, le Hamas avait lancé une série d’attaques de roquettes.

Israël avait répliqué avec l’opération « Gardien des murailles ». Le conflit avait dégénéré dans les villes mixtes en Israël : des affrontements avaient fait des morts et des blessés. Trois ans après, on pouvait craindre que la guerre à Gaza provoque de semblables incidents. Il n’en a rien été.

Plusieurs raisons à cela. D’une part, le 7 octobre, des Arabes israéliens (des Bédouins principalement) ont aussi été victimes de meurtres et d’enlèvements de la part du Hamas.

D’autre part, toute manifestation de solidarité avec le Hamas dans la rue ou sur les réseaux sociaux a été interdite, ce qui n’a pas été sans quelques excès, la notion de « soutien au terrorisme » ayant été parfois été interprétée de façon extensive. Mais pour l’essentiel, le clame est dû à la volonté des Arabes israéliens de ne pas envenimer la situation. En Cisjordanie, il en va autrement.

Dans les sondages et dans la rue palestinienne, on constate une approbation de l’action du Hamas. En fait, depuis près de deux ans, les groupes terroristes redoublent d’activités. La tension est aussi avivée par des exactions commises des extrémistes juifs, notamment les « jeunes des collines ».

L’administration américaine et l’Union européenne  ont du reste pris des sanctions contre certains d’entre eux. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, n’est pas en reste, refusant de condamner ces actions violentes. Il comptait aussi limiter l’accès de l’Esplanade des mosquées (le Mont du Temple pour les Juifs) pendant le mois de Ramadan, y compris pour les Arabes israéliens.

Le Premier ministre a préféré le dessaisir du dossier pour s’en occuper lui-même.

Sage décision dont on peut espérer qu’elle sera suivie d’effets.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
Comments