Radicalisation et après ?

Des étudiants bloquant l'entrée de l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) lors d'une manifestation de solidarité pro-palestinienne, à Lille, dans le nord de la France, le 2 mai 2024. (Crédit : Sameer al-Doumy/AFP)
Des étudiants bloquant l'entrée de l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) lors d'une manifestation de solidarité pro-palestinienne, à Lille, dans le nord de la France, le 2 mai 2024. (Crédit : Sameer al-Doumy/AFP)

Des étudiants partout dans le monde manifestent pour une « free Palestine » du fleuve à la mer, manière à eux de s’insurger contre la riposte israélienne aux massacres du 7 octobre qu’ils qualifiaient de « disproportionnée » parfois avant même que les troupes israéliennes n’entrent à Gaza.

En France, la nouvelle égérie de la cause palestiniste se nomme Rima Hassan née en Syrie et de nationalité française. En bonne position sur la liste de La France Insoumise aux élections européennes, elle va de plateau en plateau, de meeting en meeting pour défendre les « damnés de la terre » contre « l’oppresseur », les « opprimés » contre le « colonialiste ». Comme avant elle, Edwy Plenel aux côtés des dirigeants de l’OLP de l’époque justifièrent avec une dialectique bien rodée l’attentat qui couta la vie aux athlètes israéliens à Munich en 1972 ou celui qui, il y a 50 ans tout juste, fut commis par « la résistance palestinienne » qui prit en otage une centaine de civils israéliens à Maalot dans le nord d’Israël et aboutit à l’assassinat de 22 écoliers dont un enfant de 4 ans et 3 enseignants.

Rima parcourt les plateaux de TV et radios ainsi que les universités pour effacer ou justifier les atrocités commises par les assassins du 7 octobre qui se terrent sous des écoles, hôpitaux ou mosquées. Ne demandez pas à Rima ce qu’elle pense des otages israéliens aux mains des tortionnaires du Hamas, elle n’en a que faire puisqu’elle nie aux Juifs le droit de faire nation sur cette terre. Elle se fout également de la police politique du Hamas qui tue les opposants, les homosexuels ou les femmes adultères. Son seul objectif n’est que de radicaliser les esprits.

Il faut reconnaître aux communicants des organisations terroristes de savoir judicieusement choisir leurs porte-voix en France : des femmes, non voilées, cheveux au vent, se disant émancipées et évitant de parler de la véritable idéologie de leurs employeurs qui sont les pires tyrans et intégristes qu’il soit.

Rima Hassan participant à une manifestation anti-Israël, devant l’Institut d’études politiques (Sciences Po Paris) occupé par des étudiants, à Paris, en France, le 26 avril 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)

Pendant que ces femmes paradent en France au nom de la liberté, le droit international et pour la Paix ; à Gaza, en Iran ou au Yemen, leurs sœurs subissent le joug de sociétés archaïques qui les ignorent, les cachent et les enferment sous des voiles ou burkas, et les assassinent pour des questions de morale ou d’honneur.

Tout le monde devrait remarquer que Rima la passionaria a volé la vedette à une autre femme « émancipée », l’ambassadrice de Palestine qui se nomme Hala Abbou Hassira pratiquement invisible depuis le 7 octobre : il faut dire qu’elle représente l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas qui se satisfait amplement du travail fait par l’armée israélienne pour détruire le Hamas que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, mais ça il ne faut pas le dire.

Mais revenons aux calculs abjects de cette « France Insoumise » en perte de vitesse, et plus généralement de cette gauche qui a perdu son socle électoral au profit du Rassemblement National. Ils ont fait le choix dangereux d’importer le conflit israélo-palestinien en France plutôt que de s’intéresser aux vrais problèmes des Français. Les Mélenchon, Caron, Portes, Guiraud ou Panot jouent sur l’émotion des images qui circulent sur les réseaux, les poncifs antisémites, et la méconnaissance totale de ce qui se passe au Proche-Orient depuis 100 ans.

Ils comptent sur une mobilisation étudiante et une indignation naturelle devant les photos et films atroces qui montrent la guerre pour gagner du temps d’antenne et détourner l’attention de l’opinion française sur les vrais enjeux de ces européennes avec au premier chef : la sécurité, l’immigration et le pouvoir d’achat.

Qui pourrait rester de marbre devant les ravages de la guerre à Gaza, avec son lot de civils suppliciés et d’enfants martyrisés ? Comment ne pas être révolté, blessé, ravagé, lorsque à la suite d’un bombardement de l’armée israélienne des civils sont brulés, estropiés, écrasés, massacrés.

Enquête après enquête, Tsahal constate l’horreur que constitue les morts collatérales, ou les soldats tués dans son propre camp par des tirs « amis ».

Prompts à se révolter, en mal de causes à défendre, une poignée d’étudiants, encadrés et manipulés par des professionnels de l’agitprop imaginent qu’ils luttent pour « l’axe de la résistance » dont ils oublient que ceux qui le dirigent sont l’Iran, la Russie et la Chine.

Ils se mobilisent contre un « génocide », « une occupation », « un colonialisme » : des mots qui sentent bon la « belle époque des maquis » mais vides de sens pour qui connait l’histoire de ce conflit centenaire. Ces mêmes étudiants qui étaient restés silencieux lorsqu’un pogrom fut perpétré le 7 octobre, qui n’ont moufté lorsque depuis 75 ans nombre de pays arabes, l’Iran, le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, le Hezbollah à la frontière libanaise et bien d’autres mouvements comme les Houthis, le FPLP, le Djihad islamique, Daesh, le FDPLP et d’autres clament haut et fort qu’ils luttent pour la destruction du seul état juif et appellent à des attentats contre les Juifs.

Ils sont antisionistes, c’est-à-dire contre l’existence de l’état nation du peuple juif, et ne seraient pas antisémites, comme ne l’étaient pas leurs alter ego allemands de 1933 à 1944 lorsqu’ils résistaient contre la mainmise des Juifs et des bolchéviques sur la société allemande. Ils résistent et servent les intérêts de tyrans qui se frottent les mains à Doha, Téhéran ou Istambul pendant que, malgré les bombes israéliennes, les milices du Hamas pillent l’aide alimentaire et continuent d’assassiner leurs opposants à Gaza.

Pour ceux qui réfléchissent encore un peu parmi ces jeunes, il est peut- être temps de répondre à des questions simples : Avez-vous déjà entendu des foules hurler « Mort à la France », « Mort à la Russie » ? Avez-vous déjà entendu des leaders politiques dans l’enceinte de l’ONU revendiquer la disparition d’un état indépendant ? En 1944, se trouvaient-ils des étudiants résistants qui demandaient la disparition de l’Allemagne ? Lorsque les nazis envahirent la France, avaient-ils pour objectif de tuer tous les Français ?

La haine du Juif en tant qu’individu est unique, comme l’est la haine d’Israël.

Et si malgré tous ces faits, vous sombrez dans le complotisme négationniste, si vous êtes encore dans le déni : rappelez-vous que le 7 octobre, les djihadistes ne faisaient que mettre en œuvre leur charte. N’oubliez jamais que ce sont les caméras et les téléphones des milices du Hamas qui ont filmé les meurtres de civils, les viols, les prises d’otages. Imaginez quelle emprise l’endoctrinement des masses palestiniennes depuis l’enfance fut prégnant pour aboutir à autant de haine et d’inhumanité ?

Dans ce contexte d’émotion extrême, le danger serait de réfléchir d’une façon binaire ; c’est eux ou nous, noir ou blanc, bien ou mal. Du côté des farouches partisans du gouvernement de Benjamin Netanyahou, il y a ceux qui soufflent sur les braises et s’agitent. Parmi eux, des stratèges machiavéliques aux ordres, qui voient d’un bon œil la montée de la peur des Juifs de diaspora, imaginant que ce sont autant de futurs candidats à l’alyah.

Il faudrait être aveugle ou sot pour ne pas comprendre que le pogrom du 7 octobre sert aussi d’alibi pour procéder à un travail de destruction et d’humiliation à l’encontre de la population palestinienne de Gaza dont ils espèrent qu’elle partira.

Dans une société israélienne fracturée plus que jamais, on avait espéré que le cataclysme du 7 octobre souderait durablement la société : ce n’est pas le cas. Ceux qui étaient catalogués « suprématistes, messianistes ou extrémistes » ont le vent en poupe, grimpent dans les sondages et deviennent de plus en plus puissants au grand dam des israéliens laïcs. Sans céder à un quelconque extrémisme, on est toutefois en droit de se demander comment cette guerre pourrait s’arrêter sans un retour des otages, sans que les citoyens israéliens des localités en bordure de Gaza ou proche de la frontière nord puissent vivre tranquillement chez eux en Israël.

Comment faire pour que les prochains dirigeants à Gaza acceptent de vivre paisiblement aux côtés d’Israël ?

Comment faire pour que les fonds qui arriveront le jour venu pour la reconstruction de Gaza ne servent pas à armer les criminels qui rêvent de prochains pogroms ?

Comment cette guerre pourrait cesser sans que les dizaines de milliers d’habitants des villes du nord d’Israël qui sont actuellement réfugiés dans leur propre pays, puissent retourner dans leur foyer ?

Qui pourrait imaginer que le Hezbollah, force militaire au service de l’Iran, véritable état dans l’état libanais, renonce à son idéologie prônant la destruction d’Israël ?

Ce conflit est complexe, et ils sont nombreux ceux qui ne veulent pas solutionner le problème de la coexistence entre Juifs et Arabes depuis 100 ans. Trop d’intérêts, qu’ils soient économiques, politiques, religieux ou stratégiques sont en jeu, et les lister n’est pas le propos ici.

A Damas, Beyrouth, Amman, Le Caire, Téhéran, La Mecque, Paris, Londres, Moscou, Washington, Ramallah, Gaza ou Tel Aviv, Ils préfèrent sacrifier la vie des gens, plutôt que de trouver des compromis et des solutions.

Il n’existe pourtant aucune solution militaire.

Après presque huit mois de guerre, demeure une seule question qui devrait hanter les nuits des leaders politiques, rabbins, et imams : tous ces gens sont-ils morts pour rien ?

Devrions-nous accepter un cessez-le feu qui ne serait qu’un prélude à de nouveaux attentats, et de nouvelles guerres.

Le temps n’est-il pas venu pour que les peuples placent à leur tête des leaders courageux pour imaginer une paix durable ?

Le temps n’est-il pas venu pour que les hommes de foi se rencontrent, montrent l’exemple à leurs ouailles qui prient le même Dieu, en rappelant une vérité commune : la terre est à Dieu, l’homme est poussière et retournera à la poussière. Dans ces conditions pourquoi ne pas la partager et créer les conditions pour la Paix ; Shalom – Salam.

à propos de l'auteur
Ancien responsable de l'Union de Étudiants Juifs de France. Maitrise en Droit. Sciences Politique. Chef d'entreprise.
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