Race et décolonialisme 

François Rastier, Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (Er-Tim Inalco, Paris). Derniers ouvrages : Heidegger, Messie antisémite. Ce que révèlent les Cahiers noirs, Lormont, Le bord de l’eau, 2018. Faire sens. De la cognition à la culture, Paris, Classiques Garnier, 2018. Mondes à l’envers — De Chamfort à Samuel Beckett, Paris, Classiques Garnier, 2018. Exterminations et littératureLes témoignages inconcevables. Paris, PUF, 404 p., 2019

Comment expliquer le grand retour de la « race » dans les sciences sociales ? 

François Rastier: Depuis une vingtaine d’années, la notion de race est revenue dans les sciences sociales, alors qu’elle avait disparu depuis un siècle. Elle est certes considérée comme une « construction sociale », mais, au sein des Cultural studies, elle se combine avec d’autres identités. La conception identitaire de la culture a-t-elle un fondement scientifique ou se limite-t-elle à un postulat idéologique ? La race peut-elle devenir une grille de lecture du monde social ? Comment et pourquoi les théories de la domination ont-elles remplacé les théories de l’exploitation ?
Ces questions deviennent à présent cruciales et font l’objet de débats à l’échelle internationale. 

Alors qu’au long du XIXe siècle, l’anthropologie physique s’était évertuée à catégoriser des races par toutes sortes de mesures, en crâniométrie notamment, en raison des variabilités individuelles, elle vit ses hypothèses infirmées et connut une crise, si bien qu’en 1891, Paul Topinard, pourtant successeur de Broca, tenant des mesures crâniennes, pouvait affirmer « la race n’existe pas ». De nos jours, en 2019, Éric Fassin intitule un article-manifeste La race, cela existe. Que s’est-il donc passé ?  

La race a été spiritualisée, elle est devenue politique et correspond à une vision du monde. Souvent oublié aujourd’hui, Leo Frobenius, éminent représentant de la Völkerkunde et proche de la « révolution conservatrice », voulut sans succès convaincre les autorités du Reich que la première civilisation, celle de l’Atlantide, antérieure à celle des Grecs, était africaine (il pensait à celle d’Ifé au Nigeria, pourtant datable du xiie au xive siècle) et que la culture égyptienne antique y trouvait sa source(1). Son culturalisme empathique et intuitif fondé sur l’Einfühlung posait que la culture, conçue comme « vision du monde », détermine la race car elle « détermine les nations et […] d’après notre enseignement, façonne aussi en tant qu’entité animée (Seelenhaftes) le corps et doit donc, dans cette mesure, déterminer la race(2) » 

Aussi, loin de s’opposer au racisme biologique, le racisme idéologique peut-il en devenir le complément, voire le couronnement idéal. À chaque identité raciale correspondrait ainsi une mentalité qui prime sur tout critère biologique, devenu secondaire. Il suffira aux idéologues décoloniaux de réaffirmer l’existence de races mentales (et non biologiques) pour prétendre qu’ils ne sont pas racistes, puisqu’ils inversent explicitement les hiérarchies coloniales de jadis. Ainsi le sociologue Éric Fassin écrit-il : « Dire de personnes qu’elles sont ’’blanches’’ (ou ’’non-blanches’’), ce n’est donc nullement revenir à la race biologique. Au contraire, c’est les caractériser, non par leur couleur de peau, mais par leur position sociale » (« La race, cela existe », AOC, 2020). 

Éric Fassin conclut : « L’approche critique de la race, qui caractérise aujourd’hui ce champ d’études au sein des sciences sociales, est ainsi la figure inversée du racisme scientifique. C’est d’ailleurs pourquoi elle connaît un écho important dans les milieux militants d’un antiracisme qui se revendique ’’politique’’» (je souligne). Hélas, la figure inversée du racisme scientifique reste un racisme à prétention scientifique qui renverse simplement la hiérarchie des races, en passant de la race biologique à la race mentale.  

La race ainsi comprise reste un pseudo-concept qui a une double fonction : 

  • Tenir un discours militant sous couleur scientifique, avec hélas le soutien des tutelles. 
  • Diviser les populations et attiser les haines raciales, sous prétexte d’un antiracisme qui fait bon ménage avec le racisme anti-blanc et l’antisémitisme : je rappelle qu’aux USA comme en France, des manifestations de défense des noirs (de Black Lives Matter au comité Adama Traoré) ont été ainsi émaillées de slogans antisémites(3). 

Quel rôle les intellectuels et universitaires français ont-ils joué dans tout cela ? Je pense à Foucault et à d’autre ?  Je pense à la « théorie française » aux États-Unis sur les dominés et les dominateurs …

François Rastier: Épouvantés par la Révolution française, les idéologues réactionnaires se sont attachés à détruire le concept d’humanité par des théories racialistes (chez Gobineau notamment) des conceptions irrationalistes (de Schopenhauer à Nietzsche), une esthétique du pathos (depuis Burke). L’éthique de l’autonomie et de la libération sociale fut récusée par un certain satanisme romantique qui faisait de l’inversion des valeurs une vertu suprême, de Sade à Lautréamont. 

Alors que les courants marxistes se réclamaient de l’héritage des Lumières, l’effondrement du marxisme a laissé place à leur exécration convenue. Bref, l’hostilité aux qui fait le fond de la pensée réactionnaire depuis plus de deux siècles est maintenant partagé par tous les radicalismes, de l’extrême droite à l’ultra-gauche. 

La French Theory et aussi l’Italian Theory, avec des auteurs comme Vattimo et Agambense sont efforcées de détruire de l’entreprise scientifique : c’est l’Abbau heideggérien, littéralement « mise à bas », euphémisé en « déconstruction ». Le courant déconstructionniste commença à s’affirmer pour délégitimer la notion même de connaissance rationnelle. Cet irrationalisme de tradition nietzschéenne se recommandait des philosophies de la vie, Heidegger en premier lieu. Cependant, la légalité propre des objets culturels et la légitimité des sciences sociales se trouvait éludée, voire récusée. 

La notion de postmodernisme a été élaborée par Rudolf Pannwitz, philosophe alors proche du cercle de Stefan George et des milieux de l’Allemagne secrète, pour approfondir la critique nietzschéenne de la modernité (Die Krisis der europäischen Kultur, 1917). Repris à partir des années 1950 par des théoriciens de l’art, notamment de l’architecture, le terme de post-modernisme et s’est diffusé dans le monde culturel pour désigner une forme d’éclectisme agressif, alors que la déconstruction est issue du courant heideggérien de la philosophie ; mais ces deux courants ont assez vite superposé leurs étiquettes, chez des philosophes comme Jean-François Lyotard (La condition post-moderne, 1979)(4). 

La démocratie est évidemment une des premières cibles de ces radicalismes soucieux d’en finir avec l’héritage des Lumières — voir notamment le collectif La démocratie, dans quel état ? (La Fabrique, 2009) qui recueille notamment des contributions de Nancy, BadiouAgambenZizek. Les droits de l’homme, les cosidetti diritti (prétendus droits) d’après Agamben, sont également récusés par Badiou comme une dangereuse illusion. 

Ainsi, sous des dehors révolutionnaires, le postmodernisme, décliné de mille manières, de la postdisciplinarité à la postvérité(5), s’oppose aux principes positifs de la modernité et des Lumières, aux lois rationnelles et morales, pour promouvoir la forme sophistiquée de l’obscurantisme qui serait une libération de ces lois. Pour cela, la pensée postmoderne prolonge et reprend les postures messianiques, en évoquant le Messie des derniers jours(6). De Arendt à Agamben, elle fait un révolutionnaire de Sabbatai Zevi, le faux messie qui proclamait que l’accomplissement de la Torah réside dans sa transgression. 

Comment cette fixation de la race a-t-elle eu un impact négatif sur une saine position antiraciste ? 

François Rastier: C’est là le paradoxe insoutenable d’un racialisme antiraciste. L’antiracisme récuse le critère racial, qu’il soit biologique et/ou mental. 

Pour les racialistes, la culture se réduit à une vision du monde, et finalement à un destin. Tout arabe serait musulman de naissance, et donc la critique de l’islamisme serait un racisme — ce qui permet à la direction de l’Université Al Ahzar au Caire de dénoncer comme du racisme les mesures prises par le gouvernement français suite à la décapitation de Samuel Paty. 

 L’obsession du colonialisme a-t-elle joué un rôle ? 70 ans après la décolonisation, on parle encore de « décolonialisme ». En Angleterre, il y a un balayage du passé … 

François Rastier: Plus d’un demi-siècle après la fin des colonisations, du moins des colonisations occidentales, le décolonialisme, idéologie développée au siècle suivant, connaît un essor remarqué. Bizarrement, il n’évoque presque jamais la part des courants anticolonialistes et internationalistes, et il réécrit l’histoire « en nègre et blanc »(7). On lit ainsi que le XIXe siècle aurait été celui de l’esclavage, alors qu’il fut celui des abolitions, souvent du fait des colonisateurs eux-mêmes. Peu importe cependant la réalité historique, dès lors qu’il s’agit de « décoloniser les imaginaires » selon la formule partout reprise de Achille Mbembe, auteur de La postcolonie. 

Depuis les indépendances, le passé colonial a été souvent dénoncé par les régimes en place ; mais après trois générations, les peuples libérés sont en droit de leur demander des comptes, ou du moins de ne plus se satisfaire de l’invocation du passé : c’était le sens du remarquable l’essai de Hélé BéjiNous, décolonisés (Arléa, 2008). 

Cependant, le décolonialisme pose que la colonisation n’a jamais cessé, du moins dans les esprits, et qu’incarnée par un racisme systémique, elle se poursuit partout, au sein même des anciennes métropoles. Ainsi le décolonialisme peut-il rencontrer les intérêts de tyrannies en place. 

Un exemple récent, en septembre 2020, Nicolas Maduro ouvrait en grande pompe à Caracas un Institut national de la décolonisation du Venezuela, avec une conférence inaugurale qui avait pour invités vedettes Ramón Grosfoguel, présenté opportunément comme « caribéen », car né de père portoricain (alors qu’il a la nationalité américaine et enseigne à l’Université de Berkeley), et Houria Bouteldjaislamiste longtemps porte-parole du Parti des Indigènes de la République. 

Maduro avait déjà créé un « Ministère des Mines écologiques », et manie en virtuose la langue de bois : alors que le Venezuela est indépendant depuis 1811…, sa décolonisation reste évidemment un programme d’avenir. 

Le décolonialisme se présente comme antiraciste, puisqu’il assimile colonialisme et racisme. Cependant il ne dénonce que le colonialisme occidental du passé — oubliant notamment le colonialisme ottoman puis turc, le colonialisme japonais et chinois. De même, il n’évoque que la traite occidentale, mais jamais les traites arabes et africaines. 

 En tant que linguiste, pensez-vous que la manipulation du langage affecte ce mouvement ? Comment et avec quelles conséquences ? Beaucoup évoquent l’antiphrase d’Orwell … 

François Rastier: La linguistique a été jadis traversée par des théories racialistes heureusement récusées à présent, et qu’enfin les discours identitaires relèvent pleinement de son objet et du champ d’application de la sémantique des textes. J’avais par exemple assuré la codirection scientifique d’un projet européen de détection automatisée de sites racistes, et j’ai retrouvé ensuite dans les discours décoloniaux certaines de leurs tournures caractéristiques, et un pathos signalétique, mixte kitsch de violence et de mièvrerie, qui légitime l’agression par la victimisation fantasmée. 

Il est toujours émouvant d’assister à la naissance d’une langue de bois. 

Parmi les innombrables tribunes indignées publiées en réponse à un Manifeste d’intellectuels qui à la suite des attentats de l’automne 2020 pendant le procès de la tuerie de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le texte publié le 7 novembre 2020 sur Mediapart et intitulé « La menace de l’autoritarisme académique » est signé par les principaux promoteurs du décolonialisme international : inquiet des décisions du gouvernement américain et de la majorité britannique de ne plus financer la Critical Race Theory, il crédite les signataires du Manifeste d’une forme de « maccarthysme », « fondée sur le ’’blanchiment’’ (whitewashing) de l’histoire de la race et du colonialisme et sur une vision du monde islamophobe » (plusieurs signataires se sont distingués par leur soutien chaleureux à Tariq Ramadan). La tribune conclut à propos de la liberté académique : « Dans un moment de profonde polarisation, qu’exacerbent des élites asservies à la suprématie blanche, la défense de cette liberté est plus vitale que jamais ». Le langage de la haine raciale, du « blanchiment » à la « suprématie blanche », se diffuse dans tout le texte, avec l’inversion victimaire qui fait des musulmans d’aujourd’hui les substituts menacés des juifs d’hier. 

Joignant le geste à la parole, un des signataires, auteur africain d’audience internationale, connu pour s’appuyer sur l’idéologue nazi Carl Schmitt et pour avoir fait scandale en Allemagne par des écrits et conférences jugés antisémites (voir notamment la Frankfurter Allgemeine Zeitung, 20.04.20), n’avait pas manqué de menacer le comité de rédaction de la revue Non fiction d’un procès pour avoir publié quelques semaines auparavant mon étude « Sexe, race et sciences sociales » : cela éclaire parfaitement sa conception de la liberté d’expression. 

En France, la situation est particulièrement grave. Comment l’islamisme, l’indigénisme et une certaine classe intellectuelle travaillent-ils ensemble pour affaiblir et briser les liens républicains, culturels et moraux du pays ? 

François Rastier: À propos de ces penseurs, l’écrivain algérien Boualem Sansal a parlé d’« idiots utiles », mais, pour fondée qu’elle paraisse, cette formule de tradition léniniste néglige que leurs propos sont parfaitement concertés et même adroits si l’on en juge par leur diffusion. De fait, nos penseurs radicaux partagent avec les islamistes les mêmes ennemis, l’Occident fantasmé, la démocratie, les droits de l’homme, la justice internationale, la rationalité. Tous redoutent que l’État de droit ne désarme et ne dissipe leurs théologies politiques, qu’elles s’appuient sur Sayyid Qutb ou Hassan Al Banna, Martin Heidegger ou Carl Schmitt. 

Un bon nombre de philosophes radicaux, de Nancy à VattimoAgambenŽižekBadiou récusent l’État de droit en invoquant Heidegger – qui, avant même la publication de ses écrits les plus antisémites et ouvertement hitlériens, s’attira le suffrage de divers islamistes, de Abdul Rahman Al Badawi à Ibrahim Vadillo. Ahmad Fardid en Iran s’en revendiqua pour créer une école de pensée dont est issu Mahmoud Ahmadinejad(8). Au demeurant, les théoriciens de Daech, malgré des références occasionnelles à des penseurs d’époque mérovingienne, maîtrisent parfaitement la rhétorique postcoloniale et l’ont mise à profit pour recruter.  

En quoi cependant nos penseurs radicaux seraient-ils aujourd’hui utiles aux islamistes ? Le but des attentats n’est pas seulement de s’en prendre à des symboles comme Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher, le Musée juif de Bruxelles, la fête du 14 juillet à Nice. Au-delà de la sidération de la violence, il s’agit pour les islamistes de désorienter l’opinion, d’empêcher la réflexion, d’inverser les rôles des victimes et des bourreaux. En aggravant la confusion, en l’approfondissant stratégiquement, en poursuivant la violence par d’autres moyens, nos idéologues peuvent prétendre ainsi à la mission historique de supplétifs. 

N’oublions pas que la France est depuis trente ans la cible privilégiée des islamistes en Europe, tant par son attachement particulier à la laïcité que par le nombre de musulmans. Par exemple, dans la petite ville de Trappes, 64 jeunes sont partis combattre en Syrie, alors même qu’un professeur de philosophie, accusé « d’islamophobie », a dû quitter l’enseignement le mois dernier. 

 Que se passerait-il si cette idéologie réussissait à dominer le discours des intellectuels occidentaux ?  

François Rastier: Cette idéologie poursuit plusieurs objectifs concordants. 

— Par des divisions de race, de genre ou de sexe, elle affaiblit la cohésion sociale et prépare la lutte de tous contre tous. Accroître les divisions rend impossible l’exercice de la démocratie et même impensable l’idée de corps électoral. On l’a vu récemment avec l’attaque sans précédent contre le Capitole. Pourquoi d’ailleurs les démocrates avaient-ils perdu l’élection contre Trump ? Sur leur site, pour entrer, il fallait décliner son identité raciale, selon les 16 critères officiels. Un discours politique vraiment démocratique s’adresse à tous de la même manière, et même à l’ensemble de l’humanité. 

— Les institutions elles-mêmes sont en jeu : ce n’est pas seulement tel ou tel gouvernement, mais l’État de droit qui est en cause, dès lors qu’on le résume à un « racisme systémique », un colonialisme aussi éternel qu’inconscient, et un sexisme patriarcal blanc (il n’existe apparemment pas de patriarcat non-blanc). 

Dans le domaine culturel, cela se traduit par les entraves à la création et par la censure des œuvres.  

— L’incrimination de la « pensée blanche » et « colorblind » rend impossible a priori tout débat philosophique et plus généralement théoriquecar un débat est par principe ouvert à toute personne compétente — de l’esclave du Ménon à la Diotima du Banquet. 

— La cancel cultureforme « démocratique » de totalitarisme, vise à l’éradication de la culture : il ne s’agit pas de brûler des livres juifs et/ou marxistes, mais d’exclure de la création culturelle comme de sa transmission tout ce qui peut déplaire à des sensibilités autoproclamées. Elle s’étend de l’éradication de l’ensemble des œuvres majeures, de Homère à Chaucer : l’université de Sheffield a ainsi décidé de supprimer des programmes toutes les œuvres antérieures à 1500, en faisant au passage l’économie de 60 postes. 

On connaît de longue date lalliance de fait du gauchisme avec l’islamisme, prisé pour son radicalisme « décolonial » et sa guerre contre l’Occident, et paradoxalement victimisé à mesure qu’il développe une politique de terreur dont la décapitation de Samuel Paty n’est qu’un épisode. Mais c’est une situation nouvelle et de grande conséquence, que les institutions culturelles et éducatives se laissent intimider, voire favorisent un obscurantisme agressif. 

Ainsi la cancel culture s’apprête-t-elle à réaliser le vœu suprême de l’industrie culturelle : remplacer la culture par du culturel, calibré pour des communautés qui sont autant de segments de clientèle.  

N.B. — Ce texte est d’abord paru partiellement en traduction italienne dans le Il Foglio, le 13 mars 2021, sous le titre Razza & caos.  

 

Notes:

1 Leo Frobenius, Mythologie de l’Atlantide, tr. fr. Paris, Payot, 1949. Thèse illustrée littéralement par les albums photo de Leni Riefenstahl sur les Nuba et reprise par Cheikh Anta Diop, puis Martin Bernal dans le mythique Black Athena, The Afroasiatic Roots of Classical Civilization, Rutgers University Press, 3 vol., 1987, 1991, 2006.

2 Voir Édouard Conte, Cornelia Essner, « Völkerkunde et nazisme, ou l’ethnologie sous l’empire des raciologues », L’Homme, 1994, tome XXXIV, n° 129, p. 147-173. Ici p. 162 (sur l’antisémitisme singulier de Frobenius, voir p. 162-163) ; et Louis de Heusch, « Le rayonnement de l’Égypte antique dans l’art et la mythologie de l’Afrique occidentale », Journal de la Société des Africanistes, 1958, t. XXVIII, p. 91-109. La détermination de la race par la culture rappelle chez Judith Butler la détermination du sexe par le « genre » voire chez Houria Bouteldja l’identification de la race et de la position politique.

3 L’antisémitisme traditionnel des mouvements afro-américains comme Nation of Islam n’a pas disparu. Voir au besoin notre « Antisémitisme et suprématismes blanc et noir », Observatoire du décolonialisme, en ligne : http://decolonialisme.fr/?p=1852

4 «Après le postmodernisme : pour une reconstruction.», Texto !, XXVI, 1, 2021, en ligne : http://www.revue-texto.net/index.php?id=4527.

5 En forgeant la notion de contre-culture en 1965, Leslie Fiedler annonce avec ce terme une culture « post-humaniste, post-mâle (post-male), post- blanche (post-white)… » (voir « The New Mutants », Partisan review, 1965, vol. 32). À présent, en sciences sociales, les recherches « post-disciplinaires » reçoivent des financements de plus en plus importants.

6 Voir au besoin l’auteur, 2018.

7 Voir Aurélia Michel, Un monde en nègre et blanc – Enquête historique sur l’ordre racial, Paris, Seuil, 2020.

8 Pour un développement, on pourra consulter au besoin notre Naufrage d’un prophète. Heidegger aujourd’hui, Paris, PUF, 2015.

à propos de l'auteur
Alexandre Gilbert, directeur de la galerie Chappe écrit pour le Times of Israël, et LIRE Magazine Littéraire.
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