Qu’ils nous haïssent, pourvu qu’ils nous craignent

Au vu des attaques (physiques et verbales) perpétrées contre nos soldats, force est de constater que l’ armée israélienne a tragiquement perdu son pouvoir de dissuasion, et ce depuis au moins la première Intifada (1987).

Depuis quelques années, de petites vieilles voilées ou des enfants arabes n’hésitent plus à attaquer des soldats (et des policiers) avec des couteaux, des ciseaux ou des tournevis.

Les pierres continuent de pleuvoir sur des véhicules de Tsahal en Judée Samarie et des villes ou des villages habités exclusivement par des Arabes israéliens sont devenus tout bonnement des zones de non-droit.

Prenons pour exemple certains Bédouins du Néguev qui non seulement construisent sans autorisation des habitations sur les terres de l’État mais en plus n’hésitent pas à voler face à des soldats impuissants et médusés (à cause des règles d’engagement qui leur sont imposées) du matériel militaire dans des bases de Tsahal.

Même si pour endiguer ce grave phénomène, le valeureux et estimé état-major de Tsahal vient de changer son règlement en permettant aux soldats de tirer dans les jambes des voleurs, il est à craindre que les militaires israéliens, qui ont déjà peur de se retrouver en prison lorsqu’ils doivent répliquer à des attaques terroristes, manqueront de détermination quand il faudra tirer dans les jambes d’un pillard avec le « risque » d’atteindre une autre partie du corps de l’ennemi.

Cette chienlit est le résultat d’années de laxisme et d’apaisement dont est responsable l’appareil politico-militaire d’Israël. De plus, l’insupportable judiciarisation de l’action militaire a participé grandement à une inadmissible retenue dans l’environnement géopolitique pourtant le plus dangereux de la planète (avec aussi pour le moment la péninsule coréenne).

La dissuasion est par définition l’ « avant-garde » de toute posture face à un ennemi, et la dissuasion repose sur la peur que l’ennemi doit ressentir vis-à-vis de l’État et de ses services de sécurité.

L’État Israël devrait s’inspirer de l’adage que le tragédien romain Lucius Accius (170-86 avant l’ère chrétienne) mit dans la bouche d’Atrée, roi de Mycènes : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. »

Malgré les très nombreux gestes de bonne volonté et d’apaisement, l’État juif est pourtant de plus en plus haï mais de moins en moins craint.

C’est donc du « perdant/perdant » pour l’État hébreu qui doit au plus vite revoir sa stratégie de dissuasion.

à propos de l'auteur
​Frédéric Sroussi est journaliste et essayiste. Il a collaboré, entre autres, au Journal du Parlement français, à l'édition française du Jerusalem Post, à la revue de l'Instituto Centroamericano de Prospectiva e Investigación (ICAPI), à la revue France-Israël Information, à Front Populaire, Tribune Juive et Atlantico. Il est aussi l'auteur de trois essais dont un ouvrage collectif pour les éditions du Centre Pompidou de Paris.
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