Qui est le vrai gagnant dans la réconciliation entre le Hamas et Abbas?
Au cours de ces derniers jours, le monde a assisté à ce que certains appellent un rapprochement entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Les deux parties souhaitent la même chose : la destruction totale d’Israël et du peuple juif. Ils ont peut-être des approches différentes pour atteindre leur but, mais néanmoins l’objectif reste le même. Alors, y a-t-il un vrai gagnant dans la réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne?
Le Hamas, fondée en 1987 par les Frères Musulmans, est aujourd’hui considéré comme une organisation terroriste dans la plupart du monde. « Hamas » signifie « enthousiasme » ou « zèle » en arabe. C’est aussi un acronyme pour « mouvement de résistance islamique ». Du fait de ses connections avec les Frères Musulmans, le Hamas réitère sa devise et déclare que: « Allah est son objectif, le Prophète est le modèle, le Coran sa constitution, le djihad son chemin et la mort pour l’amour d’Allah sa croyance la plus sublime. »
Le Hamas affirme également que ses guerriers continueront leurs actions jusqu’à ce qu’ils aient détruit l’entité sioniste. Leur alliance est pleine de haine et d’antisémitisme. Ismail Haniyeh est leur premier ministre, et le chef de leur bureau politique se prénomme Khaled Mechaal. Ce dernier a vécu au Koweït, en Syrie, en Jordanie et réside maintenant au Qatar, alors qu’il prétend être un Palestinien. Pourquoi ne vit-il pas dans les « territoires palestiniens » ? Mais je m’éloigne du sujet !
L’Autorité palestinienne est sous la direction de Mahmoud Abbas depuis 2005. Son parti politique est le Fatah, et au risque d’être accusé de simplifier les choses, je dirais seulement que le Fatah est un parti politique laïc alors que le Hamas se penche vers l’intégrisme islamique. Le Fatah a perdu sa majorité lors des élections palestiniennes de 2006, ce qui a produit une scission entre les deux partis. Le Fatah se charge donc de la Cisjordanie et le Hamas contrôle la bande de Gaza. Le Fatah était considérée comme une organisation terroriste jusqu’à ce qu’il renonce « officiellement » au terrorisme en 1988. Ce qui se passe derrière des portes closes concernant Israël est loin d’être pacifique, mais l’Occident voit Abbas comme un modéré. Jouant sur sa réputation de modéré, Abbas et l’Autorité palestinienne continuent leur forcing auprès de l’Occident, en vue d’une reconnaissance de la Palestine sur la scène mondiale, et ce en s’appuyant sur l’ONU ou l’UNESCO. Au cours de ces dernières années, petit à petit, ils ont pris un certain élan et continuent à se rapprocher de leur but. Toutefois, la « réconciliation » mise en scène depuis quelques jours pourrait freiner cet élan.
Avouons-le, Mahmoud Abbas semble être plus intéressé par un partenariat avec une organisation terroriste que par un processus de paix avec Israël. Du coup, les avancées diplomatiques en faveur d’une reconnaissance de la Palestine pourraient être remises en cause. Mais l’objectif final d’un état palestinien sans Juifs semble pour eux de plus en plus proche. Pourtant, la réconciliation entre le Hamas et Abbas n’est rien qu’un mélange d’eau boueuse avec davantage d’eau boueuse. On n’assiste pas à une dilution de cette boue mais plutôt à une concentration, et ce non seulement au détriment d’Israël, mais aussi du reste du monde. L’enjeu est ici de taille !
Benjamin Netanyahu a immédiatement décidé de mettre un terme au processus de paix, puisqu’Israël ne négociera jamais avec des terroristes ! La sécurité d’Israël est primordiale. Mais peut-on franchement dire que le processus de paix actuel était viable, puisqu’Abbas n’avait jamais vraiment été intéressé par la nécessité de reconnaitre Israël ? Pris en sandwich entre Gaza et la Cisjordanie, Israël demeure sous la menace constante du Hamas et de son déluge régulier de roquettes, menace qui bafoue les négociations, les accords et – bien sûr – la vie des israéliens. Maintenant que les deux factions palestiniennes se sont réconciliées, la menace pour Israël est bilatérale, sans oublier le Hezbollah à la frontière nord.
John Kerry a proposé d’envoyer des troupes internationales pour stabiliser la région, mais leur efficacité est loin d’être prouvée dans une région si volatile. Les États-Unis devront décider s’ils vont continuer à soutenir Abbas financièrement. Il est très possible que l’administration américaine actuelle choisisse de mettre un terme à ce financement si Abbas reste lié au Hamas, ce qui pourrait beaucoup nuire à l’Autorité palestinienne. Là encore, notre administration actuelle est rarement caractérisée par le courage quand il s’agit de punir les leaders et soldats palestiniens pour leurs crimes. Le président Obama appelle la réconciliation « inutile. » Ne serait-il pas plus exact de l’appeler « contraire à l’éthique » et « potentiellement mortelle », Monsieur le Président ? D’autre part, John Kerry et Barack Obama ont déclarés que le processus de paix devait être mis en « Pause ». Mais quand vous faites une pause, tout s’arrête, et je peux vous promettre que même si Israël s’abstient de tout, rien ne cessera pour autant du côté palestinien.
Un autre aspect de cette trêve entre Abbas et le Hamas, c’est le fait que le Hamas n’a absolument aucun désir de ralentir ses activités anti-israéliennes. Les dirigeants ont fait savoir qu’ils ne recevront aucun ordre d’Abbas. En fait, c’est l’inverse qui est à craindre. Il est presque certain que le Hamas va influencer l’Autorité palestinienne pour procéder à plus de carnage. De plus, le Hamas a maintenant une chance beaucoup plus forte de gagner les prochaines élections, ce qui pourrait très bien être la raison pour laquelle le groupe semble s’être réconcilié avec Abbas. Dans ce cas, lorsque vous mélangez la laïcité avec le fondamentalisme islamique, la charia prend le dessus et la planète en souffre.
A l’arrivée, même si l’Autorité palestinienne semble avoir quelques miettes à gagner de cette réconciliation, elle finira par être utilisée par le Hamas pour prendre le contrôle politique dans la région, c’est garanti !
La réconciliation Hamas / Abbas est mauvaise pour Israël.
La réconciliation Hamas / Abbas est aussi mauvaise pour les États-Unis.
La réconciliation Hamas / Abbas est même mauvaise pour Abbas.
La réconciliation Hamas / Abbas est seulement bonne pour le Hamas !