Questions du jour

En ces temps troublés, mon côté ashkénaze reprend le dessus. J’ai du mal à être optimiste quand je vois la fracture qui existe dans le pays. Je ne vais même pas rentrer dans des considérations politiques car je ne me sens pas qualifiée pour le faire. Je veux juste partager avec vous quelques observations et interrogations qui me perturbent.

Commençons par le fait qu’au sein de notre peuple qui se veut « éclairé », il y ait autant de sombres crétins prêts à véhiculer des informations fausses pour diaboliser leurs adversaires (comme par exemple, le fait que les manifestants de gauche touchent 70 shekels de la part d’Ehud Barak). Comment accepter qu’au XXIe siècle des religieux refusent de faire l’armée en argumentant que leurs prières sont suffisantes pour protéger la nation ? Comment expliquer l’adoration de Bibi par les personnes mêmes qui souffrent le plus de sa politique ?

Comment expliquer que tant de personnes encouragent les Juifs du monde à faire leur alyah, y compris dans cette période de guerre où l’avenir est plus qu’incertain, et où le présent est si cher ?

Pourquoi trouve-t-on bien que des Juifs fassent leur alyah par fuite de l’antisémitisme ? Pourquoi certains ne tolèrent pas la moindre critique du gouvernement ou de sa politique ? Pourquoi on laisse la haine monter en se croyant moralement supérieur ? Pourquoi ceux qui se disent moralement supérieurs sont justement ceux qui vont commettre des petits larcins, comme ne pas payer dans le bus, ou à la plage ?

Où est passé le sionisme ? Celui qui rêvait d’une société égalitaire et juste, sans discrimination ? Faut-il rester dans un pays qui perd ses valeurs, juste par peur de l’antisémitisme ailleurs ?

J’avais commencé à écrire ce texte avant ce jour où nous venons de récupérer 6 cadavres. Je suis effondrée et je n’ose même pas imaginer ce que les familles des otages peuvent ressentir en ce moment.

Ce que je constate, c’est le naufrage absolu de ce gouvernement. Pas d’accord, pas de stratégie, et en plus, trop de compromissions pour plaire aux orthodoxes. La dernière en date étant la réforme proposée dans le ministère de l’éducation : plus besoin d’avoir un diplôme d’enseignement pour avoir le droit d’enseigner (cf les « professeurs » dans les yeshivot), pour pallier le manque d’enseignants.

C’est déjà un défi de tenir une classe israélienne aujourd’hui, notamment à cause du manque de respect des profs par les parents et leurs enfants, sans compter les salaires ridicules et les classes surchargées… Et là ils pensent que la fonction va attirer du monde ?? C’est malheureusement assez comparable à la situation en France, mais toujours en plus exacerbé…

Bref, pour en revenir aux questionnements : où sont passées nos belles valeurs ? Quel exemple nos dirigeants donnent-ils à notre jeunesse ? Où est passée la fraternité ? Qu’est-il advenu de la compassion ? Pourquoi certains d’entre nous ne sont-ils pas capables de regarder la réalité en face quand elle est moins glorieuse ?

Les questions ne manquent pas. Les réponses si. Le sens de tout cela m’échappe visiblement.

J’espère comprendre un jour.