Quels leviers de pression sur le Liban ?

Est-ce que la France a des leviers de pression sur le Liban et/ou le Hezbollah ? La France a toujours redouté une guerre entre Israël et le Liban. La visite actuelle de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, fait partie d’une série de visites, et de contacts continus au cours de l’année, destinés à empêcher la dérive vers une guerre entre Israël et le Hezbollah avant même le déclenchement de la guerre à Gaza.

Le Liban a une position particulière en France, en raison de leurs liens historiques, laissant penser que la France pourrait exercer son influence.

Israël est intéressé à tirer profit de cette influence. De son côté, la France est intéressée à calmer la tension et empêcher le glissement vers une guerre entre les deux pays. La France a-t-elle réellement ce pouvoir d’influence ? La question reste posée.

Dans le cadre des contacts, une conversation entre Benny Gantz et Colonna a eu lieu mercredi dernier, au cours de laquelle Gantz a sollicité l’aide de la France, soulignant que la situation actuelle ne pourrait pas perdurer, et que si le Hezbollah ne s’éloignait pas de la frontière, Israël serait forcé de réagir.

La question libanaise a également été évoquée lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, et avec d’autres responsables israéliens.

La demande est l’application de la décision 1701, et l’éloignement du Hezbollah de la frontière libanaise.

Le Liban n’attend rien de cette visite, et il y règne une indifférence à l’égard de la démarche française.

Au Liban, beaucoup ne considèrent déjà plus la France comme un acteur influent. Au Liban, on est sceptique quant à la volonté de la France de promouvoir les intérêts libanais. La France craint une guerre entre le Liban et Israël, qui ruinerait un pays qui a déjà beaucoup de mal à s’en sortir, et une guerre régionale pourrait s’ensuivre.

La France n’a aucun levier de pression sur le Hezbollah, qui ignore les demandes répétées de la France pour l’application de la décision 1701. Le Hezbollah reçoit des instructions et des directives de Téhéran et non de Beyrouth.

Au-delà des craintes pour le Liban, les intérêts associés de la France et des États Unis pourraient être affectés.

à propos de l'auteur
Miriam a fait ses études à Paris et est titulaire d'un Doctorat d'histoire, (université Paris I Panthéon-Sorbonne) sur les Relations Internationales et en particulier entre la France et Israël. Passionnée par la France et Israël, elle a écrit un livre sur leurs relations: "La France et Israël 1947-1970, de la création de l’État d’Israël au départ des Vedettes de Cherbourg", publié en janvier 2009 chez Honore Champion. Ce livre a été traduit en hébreu et est paru en 2014 chez Resling. Elle participe à des documentaires et intervient régulièrement dans des médias en français, ainsi qu'en anglais et hébreu en tant qu'expert dans les relations internationales. Mais également, elle participe à des conférences internationales et dispense des cours dans différentes langues.
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