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Quel futur pour les réfugiés de la bande de Gaza ?

Des bâtiments détruits dans la bande de Gaza, sur une photo prise depuis le sud d'Israël, le 17 janvier 2024. (Crédit : Jack Guez/AFP)
Gaza inhabitable

1. Qui est le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza

La guerre fait rage à Gaza entre l’État d’Israël et la milice terroriste du Hamas en charge des quelques deux millions de Gazaouis depuis 2007, c’est-à-dire 17 ans.

Le Hamas est une branche des Frères musulmans, la seule qui se trouve au pouvoir dans le monde arabe. Il prône un islam radical dont le but est de propager l’islam dans le monde entier et de transformer le Dar al H’arb (la maison de la guerre, c’est-à-dire l’espace géographique où l’islam doit diffuser sa doctrine par la force, c’est-à-dire tous les pays occidentaux et les autres non musulmans) en Dar al Islam (l’espace géographique où règne l’islam après avoir terrassé par la force ou la conviction les forces d’opposition).

La première étape des Frères musulmans gazaouis est de conquérir la Terre d’Israël, de faire disparaitre les Juifs et l’État d’Israël avant de s’occuper du reste du monde. Les Gazaouis ont été acquis à cette doctrine enseignée dans les écoles gérées par l’UNRWA depuis leur plus jeune âge.

Le Hamas sait parfaitement bien que s’attaquer à Israël, et de plus de la manière aussi violente que celle du 7 octobre aura des conséquences désastreuses pour lui et la population qu’il gouverne. Il le fait quand même car il en va de son obligation religieuse qui est de montrer à allah sa détermination et sa persévérance à suivre sa parole, quel qu’en soit le coût. Et de toute façon, toute personne qui meurt sous les balles de Tsahal va directement au paradis des 72 vierges car elle est considérée comme shahid.

Membres palestiniens des forces de sécurité du Hamas qui ont terminé leur formation militaire, lors d’une cérémonie de remise de diplômes à Gaza, le 26 avril 2021. Photo par Atia Mohammed / Flash90

Le shahid part dans un monde futur et meilleur, le vrai monde, avec tous les privilèges que cet état lui accorde et qui, de surcroit, octroie à 50 autres membres de sa H’amoula, sa famille élargie, son clan, un accès direct au même paradis sans passer par la case Enfer (Dgénam comme la Géhenne en français ou le Guéhénom en hébreu). Allah est patient dans son essence, et ne manquera pas de faire triompher le musulman contre l’ennemi juif à condition que le pieux musulman montre sa persévérance. Et surtout si cela lui coûte, la récompense en sera plus grande encore. L’attaque réussie du 7 octobre au-delà de toute espérance, le réconforte dans cette impression d’une réussite à long-terme, quel qu’en soit le prix à payer en retour.

Voici pour la logique interne du Hamas à laquelle il est impossible d’accéder sans en connaitre la prémisse dogmatique du Frère musulman et qui est tellement étrangère à l’esprit occidental.

2. La guerre et ses conséquences

Devant l’ampleur du désastre, près de 1 200 tués, plus de 5 000 blessés et 253 otages, Israël pris au dépourvu, en raison de sa volonté toute occidentale d’ignorer la logique qui anime les Frères musulmans du Hamas, loin d’être mis à genou, a donc riposté. Et cette fois la détermination est de se débarrasser une fois pour toute de la menace grandissante que cette épée de Damoclès suspendue depuis 17 ans fait planer sur la région périphérique à la bande de Gaza puis plus récemment sur Tel Aviv, malgré quatre opérations militaires d’envergure (2006, 2008-2009, 2014, 2023) menées depuis le retrait total d’Israël en 2005 de ce territoire qui aurait pu se transformer en un prospère Singapour.

Cette guerre est un combat asymétrique contre une entité terroriste qui se cache au cœur de la population. Tsahal a divisé la bande de Gaza en une partie nord et une partie sud délimité par le fleuve qui passe par ce territoire. L’armée a demandé à la population de quitter le nord de la bande afin de lui éviter de se trouver dans la zone de combat et mettre sa vie en danger. Les images des longues files de civils migrant vers le sud sont notoires.

Tsahal a débuté cette guerre contre le Hamas par le pilonage aérien du nord de la bande de Gaza. Les images du nord de la bande de Gaza en ruines sont marquantes et les combats se continuent au Sud. Il se dit que plus 85 % de la population de la bande de Gaza est déplacée et que 70 % des bâtiments sont endommagés et ne sont plus habitables. Cela crée un vrai problème humanitaire, car de surcroît, au terme de la guerre qui ne manquera pas d’arriver, ces personnes n’auront plus où rentrer, leurs maisons presque toutes abritant des tunnels et des caches d’armes, ne sont plus qu’un tas de décombres.

Les Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza après un avertissement de l’armée israélienne demandant une évacuation sans précédent du nord de l’enclave côtière, le 13 octobre 2023. (Crédit : Hatem Moussa/AP Photo)

Cette étape était indispensable avant de procéder à l’entrée des forces terrestres dans la bande truffée de maisons piégées et de tunnels souterrains reliés entre eux. Et voici le déjà dramatique destin de ces réfugiés palestiniens qui se transforme en une tragédie humanitaire.

3. Le réfugié palestinien de la bande Gaza, son histoire

Son histoire commence à la fin de la guerre d’Indépendance de l’État d’Israël. Au lendemain de sa déclaration d’Indépendance du 15 mai 1948, cinq pays arabes envahissent le territoire de l’État nouvellement créé : l’Égypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie et l’Irak afin de le détruire et de rejeter les Juifs à la mer. La déclaration du Secrétaire général de la Ligue arabe Azzam Pasha en dit long sur le dessein : ce sera une guerre d’extermination et un massacre notoire dont on parlera comme des massacres des Mongols et des Croisés (« This will be a war of extermination and a momentous massacre which will be spoken of like the Mongolian massacres and the Crusades »). La population arabe locale prend part à la guerre. La première guerre israélo-arabe conduit une nombreuse population arabe à quitter ses lieux d’habitation et à chercher refuge dans un territoire contrôlé par les Arabes, c’est-à-dire en Judée, en Samarie et dans la partie est de Jérusalem occupées par les troupes jordaniennes ainsi que dans la bande de Gaza occupée par l’Égypte.

La Jordanie va illégalement annexer le territoire qu’elle a conquis à l’ouest de sa frontière internationale et les notables arabes accepteront la juridiction jordanienne lors de la Conférence de Jéricho le 1er décembre 1948. A l’ouest, l’Égypte, au terme de l’accord de cessez-le feu avec le jeune État d’Israël, n’a aucune intention d’annexer ce territoire qu’elle administre. Elle attend la prochaine guerre pour exterminer Israël.

Dès lors, la population de la bande de Gaza est composée de Gazaouis de souche ainsi que d’Arabes déplacés de leurs villages s’étant trouvés sur le territoire du jeune État d’Israël, les réfugiés palestiniens. Très rapidement en décembre 1949, l’ONU suite à un vote de son Assemblée générale crée un organisme dédié spécifiquement à subvenir aux besoins primordiaux de cette population déplacée par la guerre israélo-arabe, l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East).

Le but de l’UNRWA est de répondre aux besoins des réfugiés palestiniens en matière de santé, d’éducation, d’aide humanitaire et de services sociaux qui se trouvent en Judée-Samarie sous le contrôle de l’autorité palestinienne, de la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Avec l’existence de cet organisme particulier, les réfugiés palestiniens sont les seuls réfugiés au monde à ne pas dépendre du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Le mandat de l’UNRWA est temporaire et doit être renouvelé tous les 3 ans par l’Assemblée générale (prochain renouvellement en 2026).

Selon la définition de l’UNRWA, un « réfugié de Palestine » est une personne dont le lieu de résidence habituelle était la Palestine mandataire entre juin 1946 et mai 1948 (seulement 2 ans, pourquoi si peu pour une population qui prétend une présence locale depuis le temps immémorial des Cananéens ?) et qui a perdu à la fois son domicile et ses moyens de subsistance en raison de la guerre israélo-arabe de 1948/1949.

Palestinians receive their monthly food aid at an (UNRWA distribution center in the Rafah refugee camp in the Gaza Strip (photo credit: Abed Rahim Khatib / Flash90)
Les Palestiniens reçoivent leur aide alimentaire mensuelle dans un centre de distribution de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Rafah dans la bande de Gaza (Crédit : Abed Rahim Khatib / Flash90)

Contrairement à la notion de réfugié adoptée par le UNHCR qui considère que le statut de réfugié ne peut s’appliquer aux descendants, la définition de réfugié palestinien couvre également tous les descendants des mâles palestiniens (tout comme l’islam se transmet par les hommes et pas par les femmes !?) qui sont devenus des réfugiés en 1948 et en 1967. Ainsi, le réfugié palestinien est le seul au monde à bénéficier de cette notion extensive. De plus, contrairement à la définition officielle du réfugié, les personnes ayant obtenu la citoyenneté jordanienne ou bénéficiant de la protection de leur lieu d’accueil restent encore considérées comme « réfugiées » aux yeux de cette agence.

En 1959, la Ligue arabe émet une résolution qui encourage les pays ayant accueilli les réfugiés palestiniens à ne pas leur octroyer la nationalité du pays d’accueil pour éviter la dissolution de leur identité et protéger leur droit à retourner à leur patrie. A l’époque, l’UNRWA réagit à cette résolution en disant que cela signifie que « les États arabes ne souhaitent pas résoudre le problème des réfugiés. Ils désirent le conserver comme une blessure ouverte et une arme contre Israël. Le bien-être de cette population leur importe peu ».

De nos jours la situation a peu changé, les pays autres que la Jordanie continuent leurs discriminations, ils interdisent aux réfugiés palestiniens d’acquérir des biens immobiliers et leur barrent de nombreuses activités professionnelles. Le tout dans le but de maintenir cette population dans un état de précarité aiguë et continue.

Dans la bande de Gaza, 75 % de la population bénéficie du titre de réfugié. L’enclave reçoit l’aide de l’UNRWA qui se préoccupe de la santé, l’éducation, et la nourriture de cette population assistée. Mais son action est très particulière. Tout d’abord, cette agence emploie près de 28 000 personnes pour s’occuper de 5 millions de réfugiés palestiniens, soit un employé pour environ 200 réfugiés palestiniens. Le HCR emploie 6 400 personnes pour s’occuper d’environ 60 millions de réfugiés du reste du monde, soit un employé pour environ 10 000 réfugiés. La quasi-totalité des employés de l’UNRWA sont des Palestiniens, seuls une centaine ne le sont pas. Une autre cocasserie est qu’à Gaza, l’UNRWA exige (!!) de régler le salaire de ses employés, tous palestiniens, en dollars. Elle refuse le shekel, les virements bancaires sécurisés ou les cartes de paiement à traçabilité. Cette organisation est la seule autorisée à faire entrer des dollars dans la bande de Gaza en plus des valises mensuelles de millions de dollars apportées par le Qatar. Le lecteur bien intentionné peut se demander pourquoi cette exigence toute inattendue. L’assisté palestinien possèderait-il des exigences qui sont propres à son état ? Pour la petite histoire, depuis 2006, le Hamas détient la majorité absolue au sein de l’union des travailleurs de l’agence à Gaza, soit 10 000 personnes.

4. Le devenir du réfugié palestinien Gazaoui au terme de la guerre

L’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas a permis au monde de comprendre l’ampleur de la menace qu’il exerce sur la souveraineté de l’État d’Israël. Au lieu de se préoccuper du bien-être de la population sur laquelle il gouverne, il a détourné tous les fonds généreux que le monde occidental a octroyé à cette population, qui conserve son titre de réfugié de générations en générations, pour créer une cité terroriste souterraine sans précédent dans l’Histoire, acquérir une quantité astronomique d’armes en tous genres qui ont transité par l’Égypte.

Israël a compris qu’il fallait neutraliser le pouvoir de nuisance du Hamas sous peine de revivre d’autres évènements d’une telle horreur. Sa riposte militaire est féroce et est proportionnelle à l’horreur endurée. Les combats sont encore en cours.

Pour résoudre la crise humanitaire des habitants de la bande de Gaza, les pays occidentaux et Israël en premier chef doivent exiger de remettre à plat le statut de réfugié professionnel du réfugié palestinien. Il n’y a aucune raison de différencier les Gazaouis des 60 autres millions de réfugiés de par le monde. Le réfugié est aidé dans un premier temps dans l’urgence et ensuite il est accueilli dans d’autres pays pour refaire sa vie dans des conditions plus humaines et dans la dignité. Il doit en valoir de même pour les réfugiés palestiniens de la bande de Gaza. C’est une aubaine pour ces 2 millions de réfugiés palestiniens de quitter cet état de précarité.

Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent dans le monde pour diffuser la crise humanitaire des réfugiés palestiniens. Une initiative de politiciens israéliens de la coalition gouvernementale au pouvoir et de l’opposition, l’ancienne ambassadrice des États Unis à l’ONU et candidate à la présidence des États Unis, Nikki Haley, des membres du Congrès américain exigent de donner la possibilité aux réfugiés palestiniens, cette population civile innocente, de quitter Gaza et d’être accueilli dans des pays plus cléments, leur proposer une vie moins miséreuse et plus digne que celle à laquelle ils ont été obligés de se soumettre durant des générations.

La candidate à la présidence républicaine des États-Unis, Nikki Haley, salue après s’être adressée au public du Republican Jewish Coalition (RJC) Annual Leadership Summit, le 28 octobre 2023 au Venetian Conference Center de Las Vegas, dans le Nevada. (Crédit : Frederic J. BROWN / AFP)

Avec raison, ils disent qu’il faut montrer une grande compassion envers cette population de réfugiés qui ont souffert. Les réfugiés syriens ou afghans ont pu être accueilli en Europe. Mais le choc culturel est dur pour ces pauvres gens qui sont arrivés dans des pays où la langue, la culture, la religion et les mœurs leur sont étrangers. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs avec les réfugiés palestiniens de Gaza. Il faut faire montre d’une plus grande empathie qu’avec les autres réfugiés. Il faut les préserver du choc insurmontable de la langue et de la culture et des mœurs des pays d’accueil. Il faut que dès leur arrivée dans ces havres où ils pourront jeter l’ancre pour reconstruire leurs vies ils puissent rebondir le plus rapidement possible sur les meilleures bases possibles.

Et n’est-ce pas que la solution la plus généreuse, à la compassion la plus grande est que les pays frères arabes, qui soutiennent si bravement les réfugiés palestiniens, les accueillent sur leur territoire. Eux dont la contribution au budget annuel de 1.6 milliard de dollars de l’UNRWA, est de 4 %, une misère.
Les réfugiés palestiniens de la bande de Gaza, tous ceux qui possèdent ce statut, seraient distribués dans les 21 pays arabes de la Ligue arabe. Dans un pays arabe, il n’y a ni choc culturel, ni choc linguistique, ni choc de religion, ni choc de mœurs, tout serait tellement plus simple pour ces réfugiés déjà tellement abimés dans leur vie.

Que les généreux soutiens financiers des pays frères arabes s’expriment en une réelle empathie humaine envers leurs frères. Rapidement, très rapidement, les réfugiés seront réhabilités, ils pourront travailler, reconstruire leur vie et bénéficier d’une vie plus humaine. C’est la solution la plus humaine à apporter à cette tragédie humaine qui a trop duré. Et si les pays arabes refusent d’accueillir leurs frères et bien il faudra exercer sur eux toutes les pressions nécessaires pour que cela ait lieu. Des voix de plus nombreuses et des plus diverses montent et promeuvent cette solution. Il faut que ce mouvement s’intensifie dans le monde et la pression de plus en plus tangible, exercés par les politiques et par les institutions internationales.

L’UNRWA doit être dissoute au plus vite car cet organisme a montré qu’il perpétuait le problème humanitaire au lieu de le régler. Israël doit être intraitable sur cette question, car cette guerre qu’elle n’a pas demandée et qui lui a été imposée de façon si horrible est l’occasion de rebattre les cartes qui lui ont été imposées par la Ligue arabe au terme de la guerre d’Indépendance en 1949 sous la forme d’une bombe humaine à retardement déposée le long des lignes de cessez-le-feu. Les pays occidentaux aussi doivent être intraitables, il en va de leur humanité et de leur conscience morale. Par le passé, le Koweït était le foyer de plus de 400 000 Palestiniens. Ils furent chassés du jour au lendemain car Arafat avait soutenu l’invasion du Koweït par Saddam Hussein le dictateur irakien. Il est temps qu’ils les reprennent sous la forme d’un accueil généreux de leurs frères. Le Qatar qui soutient avec tellement de constance le Hamas doit ouvrir ses frontières et accueillir cette population pour résoudre la crise humanitaire. Il en va de même pour l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Egypte, les pays d’Afrique du Nord ; les pays de la Ligue arabe sont nombreux, ceux l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) encore plus (57).

Les pays arabes, le monde occidental, la gauche israélienne, doivent être mis au pied du mur : Ils doivent être sommés de montrer si ce qui les intéresse est de résoudre la crise humanitaire à Gaza ou de préserver la cause palestinienne au mépris de la crise humanitaire qui se déroule sous leurs yeux.

à propos de l'auteur
Shaul, diplômé de Sciences Po, analyse les développements intérieurs et extérieurs en rapport avec Israël. Spécialisé sur la thématique "Israël, Jérusalem, la Judée-Samarie et le Droit international", il anime depuis plusieurs années des conférences et présentations sur ce thème en France ainsi qu'en Israël. Il intervient souvent dans les médias francophones, i24News et Qualita.
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