Provocations

On ne connaît pas encore la date des futures élections, mais elles pourraient se dérouler avant l’échéance prévue fin octobre 2026. On sait par contre, selon tous les sondages, que Benjamin Netanyahu devrait les perdre.
Pour redresser la cote de popularité de sa coalition et assurer son avenir personnel, il ne peut compter que sur deux projets, l’un avouable et l’autre non.
Le premier serait une intervention militaire couronnée de succès contre les bases nucléaires iraniennes. On saura au cours des prochaines semaines si l’issue des négociations entre Washington et Téhéran autorise cette intervention.
Il est un projet moins avouable dont le maître d’œuvre est son allié d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, qui depuis le 7 octobre prédit un nouveau « gardien des murailles », nom de l’opération militaire qui en mai 2021 avait conduit à des émeutes anti-juives de la part de jeunes Arabes dans les localités mixtes. Pendant 10 jours, les incendies de voitures et de maisons, les agressions physiques avaient traumatisé les Israéliens, renforçant le sentiment – bien avant le 7 octobre 2023 – que décidément « on ne peut pas faire confiance aux Arabes ». Les conséquences politiques de ces événements étaient lisibles dans les résultats des élections du 1er novembre 2022 : la liste Smotrich-Ben Gvir obtenait 14 sièges (sur 120), permettant à Benjamin Netanyahu de revenir au pouvoir avec une coalition solide. La leçon a été retenue par Itamar Ben Gvir, qui à défaut d’être le « Monsieur Sécurité nationale » – comme le voudrait le nom de son ministère – est devenu le « Monsieur provocations ».
Les « jeunes des collines » qui se réclament de lui en Cisjordanie multiplient les exactions à l’égard de la population palestinienne, entrant dans les villages pour incendier, passer à tabac et parfois tuer, sans que les forces de l’ordre n’arrivent à temps pour les en empêcher.
D’autres groupes comme « la familia », les supporters de l’équipe de football Beitar Jérusalem, qui est aussi un fan club du ministre à la kippa blanche, ont agressé des chauffeurs d’autobus arabes lors de la finale de la coupe d’Israël.
Last but not least, Itamar Ben Gvir a réuni fin mai les commissaires de police pour les réprimander : ils n’appliqueraient pas avec la rigueur nécessaire la loi sur « le bruit des muezzins » qui vise à limiter le niveau sonore de l’appel à la prière diffusé par les mosquées. Les commissaires lui ont expliqué qu’ils préfèrent ne pas multiplier les amendes et les saisies afin de ne pas susciter d’émeutes. Ils ont fait semblant de ne pas comprendre que c’est précisément ce que souhaite leur ministre : que les rues des villes mixtes soient de nouveau à feu et à sang et qu’il en recueille tout le bénéfice électoral.
La provocation à l’égard des Arabes israéliens est l’une des dernières cartes dans le jeu de la coalition de Benjamin Netanyahu. Et c’est la plus dangereuse.