Protestations du Beit Haverim contre les propos homophobes du rabbin Sitruck
En tant que président du Beit Haverim, association Juive LGBT (Lesbienne Gay Bisexuelle et Transsexuelle), je voulais vous faire part de la profonde indignation qui frappe notre communauté suite aux propos intolérants et homophobes tenus par le rabbin Joseph Sitruck dans sa chronique du 3 juin 2016 à 7H50.
Ses propos ont largement dépassé la limite de l’acceptable et constituent clairement un appel à l’homophobie et à la haine.
Petit rappel des faits. Monsieur Sitruck commence par faire montre d’une indignation toute personnelle. Il nous explique que : « La Torah considère l’homosexualité comme une abomination et un échec de l’humanité ».
Puis, il enfonce le clou en déclarant : « Israël, par cette manifestation, se trouve rabaissée au rang le plus vil. »
Il poursuit en prêtant à ses coreligionnaires homosexuel(le)s des intentions ignobles : « Je n’hésite pas à qualifier cette initiative de tentative d’extermination morale du peuple d’Israël. »
Par là même, il fait des juifs LGBT des bouc-émissaires. (Sachant que le peuple Juif est déjà, en soi, le bouc émissaire des nations….)
La conclusion, quant à elle, est à la limite du supportable :
« J’espère que les auditeurs écouteront mon appel au secours et réagiront de façon radicale à une telle abomination. »
A quelle « radicalité » pense-t-il ?
. Poignarder une ado, comme ce fut le cas l’an dernier à Jérusalem?
. Jeter les gays par-dessus une falaise ?
On n’est plus là dans l’expression d’une opinion politique.
On est ici, clairement, dans une dérive intégriste.
Pour mémoire, la jeune femme en question s’appelait Shira Banki. Elle n’avait que 16 ans. Le rabbin s’en souvient-il ? A-t-elle eu droit à un Kaddish de sa part?
Décidément, Monsieur Sitruck ne fait pas honneur aux lumières du Judaïsme ni à la charge qu’il occupait naguère. Par ses réflexions lapidaires et virulentes, il injurie une grande partie de la communauté et se répand lui-même dans une médiocrité.
En tant que représentant du peuple élu parmi les nations, plus d’humanité et d’amour dans sa lecture de la Torah pour nous guider eut été appréciée.
N’est-il pas écrit que le seul qui nous jugera tous sera Hachem ?
Est-il utile de rappeler que l’homosexualité n’est nullement un choix mais une identité ?
Comment pourrions-nous, après une telle manifestation de rejet, entrer sans crainte dans les synagogues du consistoire ?
Et vous, Radio J, comment pouvez-vous relayer de tels propos sans filtres et sans commentaires ?
Par cette mise en ligne, vous cautionnez clairement une incitation à la haine, ce qui est réprimé pénalement.
Avez-vous pensé au nombre d’homosexuel(le)s qui vous écoute ? Avez-vous pensé à leurs familles et à leurs amis ? Savez-vous le nombre de jeunes religieux qui se donnent la mort chaque année, à raison d’une orientation sexuelle qu’ils n’osent pas révéler ? Savez-vous ce que c’est, quand on est juif et gay, et qu’on a déjà tant à faire avec les antisémites, de devoir en plus composer avec des religieux qui, à l’instar de Monsieur Sitruk, associe votre intimité à une « perversité », une « immoralité », une « abomination » ? Et croyez-vous vraiment que vos auditeurs attendent ce type de ligne éditoriale ?
C’est d’autant plus irresponsable que cette chronique n’a vraisemblablement pas été réalisée en direct. Vous avez pourtant fait le choix de la diffuser et de la rendre accessible sur votre site internet. Vous légitimez, ce faisant, le discours de ce Monsieur, ce qui est extrêmement grave.
Sachez que nous allons faire valoir nos droits, en enclenchant une procédure contre le rabbin Sitruck.
Nous exigeons en outre des excuses officielles de Radio J envers la communauté juive LGBT ainsi qu’une intervention de notre part sur votre antenne.
Sans réponse de votre part, nous agirons de même à votre endroit, par la voie judiciaire.
Il est regrettable de constater comment le rabbin Sitruck et Radio J ont rompu le Shalom de la communauté, en cette veille de Chabbat. C’est bien l’unité de la communauté dans son ensemble que vous avez compromis.
Beit Haverim