Président Trump II : le Tout Puissant 1/2

– 02 février 2025 –
Le cœur, élastique, tirait au bout de ses limites. Encore une libération au compte-goutte des otages, encore une mise en scène malsaine, encore des monstres du Hamas qui se la jouent maîtres des lieux, gonflés à bloc sur les ruines de Gaza, victorieux au sommet de la termitière, privant les captifs de leur liberté jusqu’à la dernière seconde.
Face à la pression des intermédiaires/complices, les moudjahidines ont supprimé – pour une fois – le passage de leurs victimes à travers de la masse écrasante d’une foule enragée de haine génocidaire.
Aujourd’hui, le chagrin déborde. Un père, Yarden Bibas, libéré après 483 jours en enfer, entre dans un monde de désolation, vidé de sa femme Shiri, et de ses enfants Kfir et Ariel. Leur absence nous accompagne depuis le 7 octobre, depuis l’infâme massacre de Simhat Torah, leurs cheveux rouges enflammés marquent l’ignominie des tueurs à gage d’Allah, leurs visages d’une joie enfantine interrogent la conscience humaine. Le génocide, c’est ça. C’est la volonté d’exterminer notre peuple jusqu’aux bébés, jusqu’à Kfir et Ariel Bibas. Les photos de famille, les vidéos, leur bonheur nous hantent.
Parlons donc du bras tendu de Musk. Libre à chacun de spéculer sur la forme et le fond, il y a mieux pour définir les affinités du bras droit du président. Musk, bien au chaud avec ses compères Don Jr. , J.D. Vance, et Tucker Carlson qui a dernièrement profité de la liberté d’expression pour parler des Israéliens qui, d’après lui, tuent intentionnellement des enfants gazaouis[1].
Musk justifie son soutien acharné au parti néo-nazi AfD, en réprimandant ceux qui persistent à tenir les Allemands pour responsables des anciens forfaits. Vous avez compris ? Arrêtez de pleurnicher sur la Shoah et embrassez l’AfD qui affiche fièrement une nostalgie nazie mise à jour.
Executive orders : un écran de fumée taille Spacex
Le Président Tout Puissant signe d’une main volontaire une centaine, deux cents, d’innombrables executive orders, imposés comme des décrets divins. Le bon peuple qui l’a élu se réjouit de le voir agir sans entrave pour exaucer ses prières. C’est si simple. Comme un produit miracle qui élimine les pires saletés d’un coup de chiffon, leur Trump efface les scories et dévoile l’âge d’or promis. Ça fait du bien de voir le Chef en action. Comme l’Homme fort du Cirque, il brise les chaînes par la force de ses muscles bandés.
Ce serait mesquin de se demander s’il a bien le droit de gouverner ainsi.
Derrière l’écran de fumée, c’est open bar dans les entrailles des services publics pour l’éminence grise. Elon Musk, ni élu ni assermenté, brise les portes blindées des institutions et entre, avec une équipe de fourmis laborieuses, dans les coffres de l’État. Rien ne résiste.
Musk pousse à la démission des directeurs qui gênent, enlève aux fonctionnaires l’accès aux banques de données, court dans les IT-couloirs des administrations où les informations personnelles des citoyens sont exposées comme des carcasses à l’abattoir. On commence à comprendre que les feux d’artifice trumpistes – qui attirent du matin au soir l’attention des médias et des populations distraites – servent à couvrir une opération périlleuse et criminelle de destruction de l’appareil démocratique national.
On fait croire que le wunderkind Musk est capable d’analyser, l’espace d’un weekend, les arcanes d’une immense bureaucratie responsable de la gestion de sommes astronomiques et soumise à des lois et des principes.
Il peut reconnaître d’un rapide coup d’œil des règlements frauduleux qui justifient sa mainmise sur tout l’appareil.
Il sait trier les bonnes des mauvaises dépenses, il est à lui seul plus fiable que des centaines, des milliers, des millions d’employés, depuis le directeur jusqu’au préposé à la propreté.
Des programmes sont supprimés, des bureaux et des agences démantelés, des fonctionnaires se voient offrir le choix entre le départ volontaire, avec huit mois d’indemnités, ou le licenciement immédiat.
On est invité à applaudir cette épuration brutale, ce downsizing arbitraire et instantané qui nous épargne des arbitrages onéreux.
Vous n’aimez pas le woke ? Le DEI c’est de la foutaise ? Prenez donc le DJT à la place. En établissant des quotas de femmes, de trans, de noirs et de « basanés », on a détruit la sacrée méritocratie américaine. Crac ! Le DEI est décapité, démembré et effacé du paysage. Les agences disparaissent avec leur personnel et bon débarras.
Pendant ce temps se déroulent, sous la deuxième tente de ce Cirque, l’audition des incompétents nommés par le président aux postes clés de l’administration, devant diverses commissions bipartisanes du Sénat. Le scénario grotesque se répète à l’identique : les sénateurs républicains caressent le candidat dans le sens du poil, en le remerciant de son service à la nation, ses qualités exemplaires et sa patience devant les interrogations malpolies des Démocrates ; ces derniers citent les écrits, les podcasts, les entretiens, les prises de position affirmées, et soudain reniées, par le candidat.

On a demandé à Pete Hegseth s’il tenait toujours à l’interdiction – « point final » – de femmes soldates dans les unités de combat, comme il l’avait déclaré et réitéré jusqu’à la veille de sa nomination comme ministre des Armées. Mais non, répond Pete (qui n’a jamais géré une équipe de plus d’une centaine de personnes) ; c’est juste qu’il ne faut pas abaisser les exigences afin que des femmes puissent être au niveau.
Une sénatrice a remarqué que Mister Hegseth – dont la rumeur dit qu’il serait alcoolique, mauvais gestionnaire, brutal coureur de jupons et amant infidèle – est tout de même content qu’on abaisse les exigences pour le poste qu’il convoite, pour lequel il n’a aucune qualité, compétence, ni preuve de moralité.
L’un après l’autre, les candidats ont reçu l’aval des commissions, suivi de confirmation par le Sénat en séance plénière. Pete Hegseth est aujourd’hui Secretary of Defense ; Tulsi Gabbard, qui a refusé de dire qu’Edward Snowden est un traître, est chef du SNI (service des renseignements) ; Robert F. Kennedy Jr., qui s’est dit pour les vaccins, contre les vaccins, pour la liberté d’avorter mais contre l’avortement et tutti quanti, est à la tête des services de santé.
L’Attorney General (ministre de la Justice) Pamela Bondi s’occupe à présent des purges au FBI, avec le soutien de l’ « Exterminateur » Kash Patel qui en sera bientôt le directeur.
Éblouis par la promesse de solutions magiques, les citoyens ne se rendent pas compte qu’ils sont autant méprisés que les institutions et les serviteurs de l’État.
Sous l’effet de ces coups d’éclat, on crée l’illusion de résultats épatants. Le président, qui se fie à son bon sens pour analyser, avant les experts, les causes d’une collision aérienne meurtrière, fait dérailler le bon sens collectif. S’il réussit à faire approuver par le Sénat un cabinet d’incompétents obéissants, c’est bien qu’on peut vraiment s’improviser ministre des Armées, des Renseignements, de la Santé, de n’importe quoi.
Voici un exemple de l’incohérence qui en découle : Eli Lake signe un article de fond sur des anciens du Quincy Institute intégrés au Pentagone par le ministre des Armées, novice.
Dan Caldwell, Michael di Mino et Andrew Byers, directeurs adjoints, chargés respectivement de l’Ukraine, du Moyen-Orient et de l’Asie, sont des adeptes de la « stratégie de la retenue » : il faut éviter toute confrontation avec nos ennemis qui risquerait de nous plonger dans des forever wars, ces guerres sans fin qu’on ne gagne jamais. Selon di Mino l’idée que l’Iran va dominer le Moyen-Orient, c’est alarmiste, c’est du flan, ce n’est pas confirmé par la réalité.

Cette faction, soutenue par Don Jr. et Tucker Carlson – qui râle contre les néocons — a évolué sous l’influence de l’isolationniste libertaire Charles Koch, financier de divers think tanks dont les buts vont à l’encontre de la politique étrangère préconisée par le président.
Comble de cette confusion de genres, le lobbyiste iranien notoire, Trita Parsi, était directeur exécutif du Quincy Institute, co-financé par l’Open Society de Georges Soros.
Engouement transatlantique
Certains pensent, les yeux scintillant d’excitation, que ce serait bien d’avoir un Trump de chez nous. Qui saurait régler nos problèmes brûlants d’un trait de plume. Nous sommes lents, faibles, timides, inefficaces. Lui c’est l’audace qui débloque les situations et défait les nœuds. C’est merveilleux. Il n’a pas de surmoi. Mais enfin, nous non plus.
Qui peut contraindre des pays tiers à accepter leurs voyous expulsés ? Pas nous ! La Colombie refuse ? Le Trump cogne ! Des droits de douane qui font mal. La Colombie accepte. L’affaire est réglée. Applaudissements du public. Dominic Pino de la National Review estime que c’est une stratégie contre-productive, du cinéma.
On aurait pu arriver à une entente mutuellement satisfaisante par des négociations respectueuses. Combien de fois peut-on faire le coup de droits de douane, déjà servi pour le Canada et le Mexique, sans perdre sa crédibilité ?
Pour les expulsés qu’on n’arrive pas à caser, le secrétaire d’État, Marco Rubio, voit d’un bon œil l’offre « généreuse » du Salvador de les accueillir dans ses prisons [de mauvaise réputation]. Des criminels dangereux de nationalité américaine y seraient également les bienvenus.
N’attendez pas grand-chose des Démocrates empêtrés dans leurs causes perdues et cherchant en vain à se faire entendre dans un paysage sonore étourdissant. Trump franchit le mur du son 24 h/24, 7 j/7. Et la gauche chouine, sanglote et se mouche avec des idées reçues.
Volontaire et courageuse, la Représentante Laurie Pohutsky (D. Michigan) annonce qu’elle a subi une stérilisation chirurgicale afin de s’assurer de ne jamais devoir « gérer » une grossesse dans l’Amérique de Trump.
Il faudra chercher ailleurs des analyses percutantes.
Publié par Tribune Juive le 8/02/25.
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[1] NDLR – Tucker Carlson : « C’est démoniaque […] de tuer des civils intentionnellement. Vraiment. Des femmes et des enfants. » (Vidéo)