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Pourquoi Roch Hachana est Yom HaZikaron ?

Roch Hachana appelle chacun à explorer ce qui peut être recréé

La réponse au bout des lèvres est que Roch Hachana est le « Nouvel An juif, » une réponse aussi prosaïque comme irréfléchie. Symptomatique de la raison par laquelle 65 % des Juifs trouvent qu’il ne fait aucun sens de célébrer Roch Hachana en se rendant à la synagogue.

Dans presque toutes les cultures humaines connues, il y a une conception de périodes temporelles qui ont un début et une fin. Le judaïsme, tel qu’il l‘exprime dans sa liturgie, entend que la création est un événement quotidien. Chaque matin, chaque aube répète le premier lever du soleil, le jour de la création, voilà, c’est ça.

Pour le judaïsme, Roch Hachana ne porte pas sur le mouvement du soleil et le changement des saisons, pas plus qu’il ne l’est sur l’année, mais porte sur la capacité humaine de transformer sa propre vie à nouveau.

Le mot hébreu “chana” traduit comme “année” est la raison pour laquelle le message d’accueil “Chana Tova” est interprété à tort comme signifiant “Bonne Année”. Le mot “chana” en fait dérive d’une racine hébraïque qui signifie à la fois “changement” et « répétition ».

Chana Tova, n’est donc pas souhaité pour que les forces non-humaines, telles que le temps, soient bonnes (ou aient de la miséricorde), mais il s’agit d’une formule d’encouragement pour renforcer la résolution de chaque individu de faire des changements personnels pour le mieux.

Ce n’est pas un désir anodin. La fête donne une expression à l’expérience humaine qui témoigne que des changements peuvent et doivent être faits, que l’on peut réapprendre les leçons oubliées de l’humanité.

Alors que nous célébrons Roch Hachana, le judaïsme dit que les êtres humains doivent continuer à se développer sans cesse moralement et intellectuellement. Le seule alternative étant de tomber dans le trou noir de l’absence de but existentielle.

Roch Hachana invite aux êtres humains à explorer ce qui peut être recréé, quelles barrières physiques, émotionnelles, intellectuelles et spirituelles doivent être démolies, ce qui doit être rappelé afin de ne pas répéter les erreurs du passé.

Ceci est quelque chose qui ne peut être réalisé sous l’anesthésie de l’alcool, la musique étourdissante ou un comportement incontrôlé. De même c’est quelque chose qui ne peut pas être atteint en utilisant des formes et des mythes archaïques qui cherchent à superposer le passé juif sur le présent juif, ou par des expressions de mode qui font se sentir bien, mais qui sont moins naïfs.

Les jeunes juifs, nés il y a à peine vingt ans, comprennent tout cela. Voilà pourquoi des études récentes nous disent que les jeunes adultes juifs s’identifient souvent résolument en tant que juifs, mais ils voient peu de valeur dans les formes du judaïsme institutionnel ou communautaire.

Face aux institutions visiblement fixées sur leur propre conservation, la grande majorité des Juifs, au moins ceux qui sont concernés avec le sens de leur vie, partent ailleurs, ou ne vont nulle part. Ainsi, la question fondamentale pour le judaïsme du 21e siècle est : Comment se sauver de soi-même ?

La réponse se trouve dans la recette qui détient la clé de la survie juive à travers les siècles. Le judaïsme non seulement a survécu, mais en fait il a augmenté sa contribution aux êtres humains, pas en répétant méticuleusement le passé, mais en incorporant les leçons du passé au développement constant des nouvelles capacités et formes de compréhension.

De longues prières chargées de poésie théologique médiévale ne sont pas les instruments pouvant aider les Juifs du 21e siècle à bien comprendre l’état de leurs vies. Pas plus qu’elles n’offrent des prescriptions capables de donner des conseils pour comprendre comment vivre son plein potentiel.

Les grandes fêtes sont la contribution inestimable du judaïsme pour rappeler aux êtres humains que se connaître soi-même n’est pas un choix. Qu’ils le veuillent ou non, afin de vivre, les êtres humains ont besoin de penser, former des croyances. Les fausses religions, dont le judaïsme parle à plusieurs reprises sont celles qui enseignent des concepts qui ne sont pas connaissances.

Le manque de vision des institutions a non seulement vidé les sièges des synagogues ou a construit des forteresses pour empêcher le développement humain, jetant la jeunesse du 21e siècle aux mains de points de vue aujourd’hui disqualifiés et se déguisent pour tirer profit des jeunes et des innocents.

Alors que les Grecs ont compris qu’une vie sans examen ne mérite pas d’être vécue, le judaïsme précisa : ‘Sachez devant qui vous vous tenez’.

Le nom original de Roch Hachana que l’on trouve dans le TaNaKh est Yom Hazikaron, ‘le jour du Souvenir.’ Un rappel des questions concernant la vie qui doivent être posées, ainsi qu’un rappel devant qui on doit poser ces questions.

Les synagogues ne doivent pas être des sources de distraction, mais bet Knesset, ‘maisons de réunion’ où les Juifs devraient se rassembler au cours de ce Yom Hazikaron, ce ‘Jour du Souvenir’ pour discuter, échanger des notes, être ému par la sagesse accumulée des générations passées, chercher des vies dignes d’être vécues, des vies qui sont des bonnes vies.

Qui sommes-nous vraiment et pourquoi existons-nous pendant un moment éphémère de temps ? Cela n’est pas homilétique, mais les vraies questions que ces fêtes sont destinées à éveiller en nous.

à propos de l'auteur
Moshe Pitchon est directeur de BY, un projet pour le judaïsme du 21e siècle. Il est également président des amis du central médical Ziv à Tzefat et a servi comme rabbin dans des communautés en Amérique du Sud et aux Etats-Unis.
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