Pour juger d’une société, écoutons ses enfants…

SEMMO n°16 – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient
Depuis le 7 octobre 2023, on entend souvent des voix bien-pensantes qui expriment cet argument absurde : « la violente réplique d’Israël contre Gaza aura pour conséquence de fabriquer la prochaine génération de combattants terroristes haineux contre Israël ».
Cet argument est raciste. En effet, les mêmes voix qui les énoncent, ne diront jamais : « le massacre du 7 octobre 2023 commis par des combattants du Hamas et par des civils gazaouis dans des conditions de cruauté et de barbarie inhumaines, va générer une nouvelle génération d’Israéliens qui va développer une haine à l’égard des Palestiniens ».
Les Musulmans, les Arabes, oui, pourraient se laisser aller à cet extrême, mais les Juifs non ?
Pourquoi ces voix bien-pensantes ne diront jamais au sujet des Juifs, ce qu’elles disent au sujet des Arabes ?
Premièrement, parce que c’est non seulement faux mais aussi improbable. Les Juifs ont été haïs et massacrés partout, tout le temps, par tous, depuis des millénaires. Pas une seule génération, pas même celle qui a suivi la Shoah qui pourtant détient le record en termes de cruauté et d’ampleur, n’a développé les fondements d’une génération activiste terroriste.
Deuxièmement parce que ces voix bien-pensantes ne veulent pas décrire un phénomène social prévisible à leurs yeux. Leur objectif n’est en fait que de légitimer la haine à l’égard des Juifs. « Vous comprenez, avec ce qu’il a vu étant enfant, comment voulez-vous pas qu’il ne haïsse pas les Juifs étant adulte ? ».
La différence est essentielle. Là où les Juifs, par tradition millénaire, éduquent leurs enfants dans le respect ou, à tout le moins, dans l’indifférence de ceux qui les haïssent, les exemples de paroles d’enfants qui invoquent leur haine des Juifs et leur désir d’en tuer autant que possible, ne manquent pas.
Pour juger d’une société, il faut regarder ses enfants , pourrait-on statuer.
Info n°1 : « … Nous allons achever les Juifs »
Un jeune écolier originaire de Rafah dans le sud de la bande de Gaza est interviewé par Al-Aqsa TV, dépendant du Hamas, le 18 janvier 2025.
Le jeune écolier : Nous étudions ensemble. Nous sommes amis. Nous nous aimons et nous parviendrons à vaincre les Juifs.
Intervieweur : Tu vas retourner à Rafah, inchallah ?
Le jeune écolier : Oui, inchallah. Personne ne pourra nous en empêcher. Ni les Juifs, ni aucun autre peuple d’aucun autre pays. Le savoir est l’arme la plus puissante du monde et nous sommes en train de l’acquérir.
Intervieweur : Que souhaites-tu ? Que la guerre se termine ?
Le jeune écolier : Oui, je souhaite que la guerre se termine et qu’on puisse achever les Juifs.
Intervieweur : Nous achèverons les Juifs avec notre détermination, nos armes, notre puissance et notre savoir. Aujourd’hui, tu poses un défi aux Juifs, n’est-ce pas ?
Le jeune écolier : Oui, personne ne peut nous vaincre. Nous sommes Arabes. Notre arme est le savoir, personne ne peut nous vaincre.
On le voit, l’intervieweur, loin de reprocher au jeune écolier des paroles de haine qu’un enfant ne devrait jamais dire, il les encourage… Et les publie.
L’objectif est clairement de multiplier ces paroles de haines, de planter des graines dont la croissance fertile favorisera des répétitions de massacres du 7 octobre. On le sait, c’est la stratégie du Hamas, c’est la volonté plusieurs fois exprimée par des civils gazaouis : cette guerre n’aurait pas dû être déclenchée par le Hamas s’il n’était pas sûr de la gagner.
Soyons-en sûrs : ce jeune écolier et ses camarades chercheront, si on ne les en empêche pas, à redéclencher un nouveau 7 octobre encore plus violent et cruel.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/rafah-schoolboy-wish-finish-off-jews-hamas-tv
Info n°2 : Vous êtes réfugié Syrien ? Bienvenue en Allemagne. Gazaoui ? Restez chez-vous !
Une habitante de Gaza est interviewée le 29 janvier 2025, alors que la trêve avec Israël vient d’entrer en vigueur.
Que pense-t-elle de la guerre lancée par le Hamas contre Israël, le déluge d’Al-Aqsa ? Qu’elle était immorale ? Cruelle ? Qu’elle a réussi à convaincre les plus pacifistes d’Israël que les Arabes n’étaient animés par rien d’autre que la haine des Juifs ? Qu’elle avait délégitimé la lutte des Palestiniens ?
Non, cette habitante pense que cette guerre était inutile.

Honnêtement, cette guerre fut inutile. Il [le Hamas] ne nous a pas préparés à la guerre. […] Nos maisons ont disparu, nos enfants ont disparu. Vers quoi revenons-nous ? Vers des ruines. Par Allah, nous n’avons rien gagné [de la guerre]. Qu’avons-nous gagné ? J’espère que quelqu’un nous sortira de là. Deux générations de nos enfants ont été détruites et la troisième est sur le point de l’être.
Où est le monde ? J’en appelle à Abu Mazen [Mahmoud Abbas]. Il devrait venir et nous sauver de cette situation. Je remercie la Turquie pour son soutien du début à la fin. J’espère que la Turquie nous accueillera. J’espère réellement que quelqu’un qui regardera cette vidéo m’accueillera moi et mes filles. C’est mon vœu. Que quelqu’un m’accueille. Nous sommes sur des ruines. Il n’y a rien d’autre. L’infrastructure a disparu. Il n’y a pas de maisons. Nous sommes dans les rues.
Il y a deux éléments dans ce discours :
- le premier porte sur un point de vue très répandu dans Gaza depuis le massacre du 7 octobre : « si vous, Hamas, n’étiez pas sûrs de vaincre Israël, vous n’auriez pas dû lancer cette guerre » ;
- le deuxième élément est un appel à l’aide internationale. Cet appel date du 29 janvier, quelques jours avant l’annonce du Président Trump portant sur le besoin d’évacuer la bande de Gaza. Cette habitante de Gaza cherche une solution d’émigration, vers la Turquie ou n’importe où ailleurs.
Mais le monde, à part Donald Trump, reste étrangement sourd à cet appel. Imaginons simplement que cette dame soit syrienne, il y a 10 ans, lors des massacres commis par Bachar Al-Assad contre son peuple.
Les réponses positives à son appel se seraient multipliées : l’Allemagne, la France, les pays scandinaves, les associations d’aide aux migrants en auraient appelé au bon cœur des sociétés favorisées.
Mais là, rien. Au contraire, l’appel de Trump est foulé du pied. Quelle différence ?
La différence est simple : un Syrien qui quitte la Syrie pour émigrer vers l’Allemagne, un pays éloigné, de culture et de langue différentes, c’est de la charité, une œuvre de bienfaisance.
Un Gazaoui qui quitte Gaza pour émigrer, vers un pays même voisin, un pays de même religion, de même culture, de même langue comme l’Égypte par exemple, ce serait de « l’épuration ethnique » ?
Pourquoi cette différence ? Parce que dans ce cas, cela est censé être favorable à la vision sioniste d’Israël. Et ça, il faut éviter à tout prix… Ce prix, ce sont les Gazaouis qui le paient.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/woman-gaza-following-ceasefire-not-gain-war-hope-turkey-takes-me-in
Info n°3 : « Scouts du Hamas, toujours prêts au 7 octobre »
Mohammad Al-Najjar dirige le département « jeunesse » du Hamas.
Ceux qui estiment que le Hamas n’est pas qu’un mouvement guerrier, mais qu’il assume aussi un rôle social vis-à-vis de la population gazaouie, changeront peut-être d’avis en entendant les paroles de Al-Najjar (paroles qu’il a tenues le 22 janvier 2025 à la télé iranienne).
Les organisateurs du 7 octobre et ceux qui ont attaqué Israël et qui ont pris des […] otages, vivent encore. Ils ont apporté la victoire.
Et le 7 octobre sera répété. [Des attaques] depuis la Judée Samarie, depuis le Liban, depuis l’Égypte, de l’Est et de toutes les directions seront lancées. Nous avons accompli une grande victoire contre un ennemi qui prétendait être invincible.
[…] Nous remercions l’Iran pour son soutien et espérons que les Iraniens et la République Islamique d’Iran continueront à soutenir Gaza.

Voilà des paroles d’un responsable jeunesse prometteuses. « Scouts du Hamas, toujours prêts au 7 octobre ! ».
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/head-hamas-youth-department-mohammad-al-najjar-iran-tv-october-7-will-be-repeated-attacks
Info n°4 : Gaza aujourd’hui, c’est pire que quand les Juifs y étaient encore.
Tahani Abu Daqqa est née à Gaza. Elle était ministre de la Jeunesse et des Sports pour l’Autorité palestinienne de 2007 à 2009. Interviewée à la télé saoudienne le 25 janvier 2025, elle aussi se plaint des conséquences de la guerre lancée par le Hamas le 7 octobre 2023.
Comment cette guerre est-elle une victoire ? Oui, on peut dire que le Hamas a fait preuve de force, a montré qu’il pouvait prendre des otages sans qu’Israël ne parvienne à les libérer, mais finalement, c’est nous qui avons été sacrifiés. Nous avons été déplacés, tués, humiliés, des femmes ont été jetées sur les routes, les corps ont été dévorés par les chiens. Tout cela aussi doit être pris en considération.
Tahani Abu Daqqa ne reproche donc pas son illégitimité au Hamas, ni à cette guerre. Elle lui reproche son inefficacité. D’autant que, ajoute-t-elle :
Tout l’Axe de la Résistance s’est écroulé. [Il] devait servir à menacer et intimider Israël. Mais [au lieu de cela], les pouvoirs du Hezbollah, de la Syrie et du Hamas dont les armes étaient craintes par l’occupation… Ont disparu. À mes yeux, nous n’avons plus de mouvement de résistance.
Mais l’élément le plus marquant de son intervention reste sans doute la comparaison qu’elle fait avec les guerres précédentes :
Au cours des guerres de 1948, de 1956 et de 1967, ma famille et moi n’avons jamais été expulsés de notre terre ou de notre maison. À aucun de ces moments, nous ne sommes devenus des réfugiés. Mais dans cette guerre [le déluge d’Al-Aqsa], j’ai été expulsée de ma maison et suis devenue une réfugiée en Égypte.
Tahani Abu Daqqa reproche donc au Hamas le sort qu’elle trouve plus grave même que celui de la période de 1967 à 2005, avant qu’Israël n’évacue complètement la bande de Gaza.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/gaza-born-palestinian-politician-abu-daqqa-first-time-family-displaced-refugees-how-is-this-victory