Poser les bonnes questions

Le système antimissile dôme de fer tirant des missiles interceptant les roquettes tirées de la bande de Gaza vers Israël, dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 19 mai 2021. Photo d'Olivier Fitoussi / Flash90
Le système antimissile dôme de fer tirant des missiles interceptant les roquettes tirées de la bande de Gaza vers Israël, dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 19 mai 2021. Photo d'Olivier Fitoussi / Flash90

Jusqu’à présent, je peinais à étaler sur la place publique des opinions qui ne regardent que moi, ou des sentiments qui me sont personnels. Enfant cosmopolite du monde occidental, j’ai toujours eu une double allégeance, entre mes deux cultures, occidentale et juive.

Quand mon coeur battait au rythme de Jérusalem, mon cerveau pensait avec celui d’Athènes. De la première j’ai gardé le goût de la Justice, de la seconde celui de la Raison. Ce que nous vivons actuellement entre en conflit avec l’un comme l’autre. C’est pourquoi j’ai décidé de prendre la plume.

Depuis près d’une semaine, 2.600 roquettes sont tombées sur Israël, sans que personne n’arrive à identifier une origine precise à cette situation. Provocation des extrémistes nationalistes en Israël ? Peut-être un peu, mais dans la balance des causes, pèse beaucoup plus lourd l’esprit mortifère et belliqueux du Hamas, empreint de ressentiment et d’esprit de revanche. Humiliation ? Provocation ?

Pourquoi les moyens considérables dont le Hamas s’est doté n’ont pas été utilisés pour reconstruire la vie de Gaza plutôt que pour tenter de détruire celle d’Israël ? Pourquoi ce seul conflit mobilise-t-il, par une indignation borgne et sélective, les opinions publiques ?

Les vies des Ouighours ou des Tibetains en Chine, des victimes de Boko Haram en Afrique, des Kurdes en Asie Centrale, ont-elles une valeur différente ? Pourquoi une gifle donnée par un soldat de Tsahal indigne-t-elle plus que des vies supprimées en Syrie ou en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan ? Pourquoi un crime odieux, comme la torture et la defenestration de Sarah Halimi, n’est-il pas pénalisé en France, au prétexte que le criminel était sous l’effet d’un joint ?

Y aurait-il jurisprudence ? Un automobiliste sous l’effet de l’alcool ne serait-il pas jugé en cas d’accident ? Les juges auraient-ils réagi de la même façon si un Juif avait défenestré une Arabe ?

Depuis près d’une semaine, plus de 2,000 roquettes sont tombées aveuglement depuis Gaza dans un rayon de 80 km. C’est la premiere fois que la vallée du Sharon, le Gush Dan et Tel Aviv sont vises. Les habitants de Sderot ont 15 secondes pour atteindre les abris quand résonnent les sirènes, ceux de Tel Aviv 1 minute 15. Quel gouvernement souverain ne réagirait pas ? Plutôt que de lever des impôts, le premier devoir régalien d’un gouvernement n’est-il pas de défendre sa population ?

Qu’aurait fait le gouvernement belge si des roquettes pleuvaient depuis Molenbeek sur Waterloo ? Et qu’aurait fait le gouvernement français si elles tombaient depuis les banlieues sur Neuilly ? Comment ne pas voir que le Hamas cible les civils israéliens alors que Tsahal cible, de manière chirurgicale, les objectifs militaires ? Comment ne pas reconnaitre que jamais dans l’Histoire, un peuple ne s’est vu arroser d’une pluie de missiles sans réagir pour se défendre ?

Et que tant de moyens soient mis en oeuvre pour opérer de manière chirurgicale, en préservant autant que possible les vies humaines ? Il y a toujours eu deux poids deux mesures s’agissant des juifs. Pourtant pour paraphraser le Shylock de Shakespaere, ne sommes-nous pas comme les autres ? Ne souffrons-nous pas quand on nous blesse ?

Poser toutes ces questions, parmi tant d’autres, c’est aussi y répondre.

à propos de l'auteur
Docteur en Médecine, chirurgie et accouchements, Albert est spécialiste en Gynécologie-Obstétrique. Il est aussi membre de plusieurs sociétés scientifiques et membre honoraire des hôpitaux de Bruxelles. Il habite à Tel Aviv, consulte à Bruxelles.
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