Pessah : pour la 2ème fois nous dirons « Bring them home now !! »

Des Israéliens participent à un seder de Pessah sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 12 avril 2025. (Crédit : Dana Reany / Forum des familles d'otages et de disparus)
Des Israéliens participent à un seder de Pessah sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 12 avril 2025. (Crédit : Dana Reany / Forum des familles d'otages et de disparus)

Dans le monde entier, le peuple Juif fête Pessah, la Pâque commémorant la sortie des Hébreux du pays d’Égypte, après un long esclavage. Au-delà de la dimension spirituelle, cette célébration revêt une dimension universelle et intemporelle.

Une fête de l’unité, du rassemblement des différences 

C’est un moment collectif, d’échanges et de partage. Durant le Séder, le repas traditionnel, les membres de la famille sont réunis quel que soit leur âge, leur position sociale, leurs idées ou leur degré de pratique. Chacun y a sa place et la possibilité de s’exprimer. Même celui qui ne se sait rien ou l’opposant, tous sont invités à y prendre part. Comme l’inconnu qui frappera à la porte ce soir-là.

Une fête de la libération, un saut radical

C’est un changement de condition qui marque le passage de l’esclavage à la liberté. Ainsi, Pessah revêt une dimension politique, avec l’émancipation d’un peuple. Une véritable révolution où les asservis ont défié leurs anciens maîtres. En sacrifiant l’agneau pascal, c’est une de leurs divinités qui est immolée. De nos jours, nous avons du mal à percevoir la violence et l’impact psychologique sur les Égyptiens de l’époque de cet acte sacrilège. De symbole de la tyrannie, l’agneau devient celui de la délivrance. Changement de sens et de perspective.

Une fête du renouveau

Les Hébreux ont dû partir à la hâte, leur pain n’ayant pas eu le temps de lever. C’est la signification de la matza, ce pain azyme, consommé durant cette période. Les enfants d’Israël ont laissé derrière eux leur vie passée pour aller vers un avenir inconnu. Pour cela, Ils ont dû se défaire du carcan de l’esclavage, du superflu, et de l’orgueil qui limite la pensée. À l’image de la modestie de cette fine galette qui n’est composée que de farine et d’eau. Ils sont revenus à l’essentiel pour pouvoir recommencer dans une nouvelle direction. La symbolique de l’homme face au divin.

Une commémoration de la résilience

À chaque génération se lève un Pharaon qui ne connaissait pas Joseph. Il veut en finir avec ce peuple à la nuque raide. Hier le roi d’Égypte, puis Amalek / Haman, Nabuchodonosor, Antiochus Épiphane ou Titus, en passant par Hitler et ses héritiers modernes de la République des mollahs.

La liste est longue mais le résultat toujours le même. Malgré les moyens mis en œuvre, ce petit peuple survit et apprend de l’histoire. Il se relève et poursuit sa route en évoluant. Car « Am Ségoula », improprement traduit de l’hébreu par « peuple élu » signifie « peuple qui évolue ». Et pour ne pas oublier ces « temps difficiles », sont consommées des « herbes amères », le maror, durant le repas.

Moïse, un modèle de leader

Sous la houlette de Moshé Rabbenou (appellation biblique de Moïse), autrefois prince et devenu prophète, les Hébreux atteindront la « Terre promise ». Ses réussites, ses échecs, ses qualités comme ses défauts en font un personnage très moderne, dont le personnel politique actuel gagnerait beaucoup à s’en inspirer.

  • Il n’agissait jamais seul, toujours secondé par son frère Aaron.
  • Il acceptait les avis de personnes compétentes comme son beau-père, Jéthro qui le conseilla pour mettre en place une gouvernance avec des délégations de responsabilité et rendre la justice.
  • Pour la seule fois où il usa de violence, au lieu de parler au nom de l’Éternel, il fut condamné « avec exécution immédiate » à ne jamais rentrer au pays de Canaan.
  • Surtout, il a organisé sa fin politique en transmettant, alors qu’il avait toutes ses facultés, le pouvoir à son successeur, Josué.

« Laisse partir mon peuple », telle est la demande

Le sens fondamental de Pessah est que chaque année nous revivions cette histoire comme si elle nous concernait directement et maintenant. Comme la réalité du moment, c’est-à-dire de l’actualité. Ce n’est pas une cérémonie figée mais une célébration de la libération de tous les jougs, de la matérialité au totalitarisme sous toutes ses formes, et de tous les instants.

Et pour la deuxième fois, nous ajouterons aux solennités traditionnelles, ces mots pour nos sœurs et frères détenus dans les tunnels du Hamas dans des conditions inhumaines : Bring them home now !

à propos de l'auteur
Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée, il est vice-président du Think tank Le Mouvement. Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif Tous Enfants d'Abraham.
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